vendredi 28 décembre 2012

La puissance de Dieu dans une gare


Je pense que nous sommes nombreux à avoir arpenté les quais des gares ces derniers temps… Pour Noël, on court souvent retrouver ses proches, sa famille, et c’est justement ce que j’ai fait, il y a de ça quelques jours…
En repartant de mon pays natal, j’avais une heure à perdre dans une gare, rien à faire pendant une heure. Dit comme ça, l’idée parait plutôt séduisante, ne rien faire pendant une heure… Mais finalement, la foule qui foisonnait autour de moi fut plus forte que ma paresse et l’heure à ne rien faire se transforma en heure de spectacle. Assise par terre sur mon sac de voyage, je n’avais qu’à ouvrir les yeux et écouter, pour comprendre à nouveau la puissance de l’Evangile. Si, si j’ai bien parlé de la puissance de l’Evangile ! Vous allez comprendre…
Tout commença par ce charmant petit tableau de vie : deux vieilles dames chapeautées et gantées s’avançait élégamment vers le tableau d’affichage de départ des trains:
« - Quai E, regardez Mademoiselle M***…
-Oh chère amie, je vous remercie. Sans vous je n’aurais pas trouvé… 
-RAK POUFF ! »
Cette saynète assez désuète, mais au demeurant sympathique, fut perturbée par ce bruit de crachat. Instinctivement, j’ai alors tourné la tête et vu un ado. Sans surprise celui-ci commença à râler après sa mère : «  mais c’est trop badant d’aller chez ta mère, m’man… », la mère désabusée dirigea son regard vers un tas de valises et de skis derrière lequel se cachait probablement le père : « Chéri, fais quelque chose je n’en peux plus… » Et c’est ainsi que j’ai entendu, pour la première fois de ma vie, parler une montagne de valises : « A****, tu entends, arrête de faire chier ta mère !!! ». A ces mots, vu la situation, un fou rire me fit détourner mon regard et une autre histoire s’offrit à moi : les fameux amoureux ! Ceux-là n’étaient pas assis sur un banc public, mais ils avaient une « gueule  bien sympathique » ! Leur bonheur se lisait dans leurs yeux… Ils sont toujours présents ces amoureux dans les gares. On ne sait pas où ils vont, s’ils seront encore ensemble d’ici un an ou deux, s’ils se quittent ou se retrouvent… La seule certitude que j’avais en les voyant à cet instant précis de leurs vies, c’était leur joie d’être ensemble !
Soudain une odeur de parfum sucré et très présente me fit sortir de cette ambiance romantique : c’était celle d’une femme d’une cinquantaine d’année, maquillée de couleurs vives, toute vêtue de léopard. Elle marchait avec ses talons aiguilles de long en large en cherchant sans avoir l’air d’attendre réellement quelqu’un… et surprise ! Un jeune homme cravaté, tiré à quatre épingles, s’avança vers elle : « Maman… allez viens ! ». Cette mère et son fils semblaient très différents en apparence, rien ne pouvait me faire soupçonner leur lien filial ! Et pourtant… à l’arrivée de son fils, la femme plutôt vulgaire qu’elle représentait pour moi jusqu’alors, prit un air nouveau : celui d’une mère tendre, ravie et fière de revoir son fils…
Puis, vint le passage de cet énigmatique voyageur. Il existe dans toutes les gares… Il est difficile de lui donner un âge, de dire aussi ce qu’il pense, s’il a une famille, une seule chose est sûre, c’est un baroudeur ! Dans son regard, on peut lire l’aisance mais aussi le bien être qu’il a de se trouver ici, dans ce lieu de transit. Rien en lui ne paraît extraordinaire ou inconnu, c’est un homme qui vit de voyages et les attend…
Quelques minutes de rêves et de voyages plus tard, me voici interpellée de nouveau par deux autres personnages, avec l’arrivée de deux petits bonshommes, chapeautés d’un borsalino, moustachus, ce qui leur donnait un vague air de Popeck… Ils sont passés, sans rien dire, sans s’arrêter pour attendre un train ou venir chercher quelqu’un. Ils sont simplement passés sous mes yeux, mais leur présence, leur allure gentiment comique fait que je les ai remarqués.
A cet instant, après avoir prêché la veille et l’avant-veille sur la Bonne Nouvelle, l’arrivée du Christ dans nos vies, la grâce de Dieu qui nous était donnée par lui, une question envahit mon esprit : Comment comprendre cette grâce infinie de Dieu face à cette diversité de modes de vie, d’êtres que m’offrait ce lieu de voyages ?
Je suis toujours mal à l’aise quand on me parle de la toute-puissance de Dieu, pour moi Dieu n’est pas un superman, un magicien ! Mais être dans cette gare m’offrit une autre perspective, celle d’une puissance divine qui peut tous nous reconnaitre, nous chercher, nous aimer… Tous en même temps, la puissance de Dieu nous pouvons la recevoir. Cette grâce donne un autre sens à nos existences : à l’ado qui crache par terre, aux courtoises vieilles dames, au solitaire voyageur, à une mère et à son fils, cette puissance divine vient offrir à chacun de nous le discernement nécessaire pour nous guider vers notre unique et véritable chemin de vie. C’est cela qui rend Dieu puissant, sa capacité à susciter, écouter, diriger, des vies si différentes et complexes…
Comme dans une gare, nous pouvons répondre à cette puissance divine à notre manière : certains prendront le temps de la réflexion pour répondre, anticiperons leur « départ » pour dialoguer avec Dieu. D’autres, les inconditionnels pondérés, « maître du temps » arriveront à écouter Dieu et à lui parler dans les temps. Sans jamais prendre le risque de rater l’occasion. D’autres répondront à la dernière minute, comme lorsqu’on saute du quai sur la première marche du train, avec toute l’excitation et le risque de rater son train, que cela représente.
Heureusement dans cette histoire de voyage vers Dieu, il n’y a pas d’heure juste, parfaite pour arriver ou pour repartir…
AP

mercredi 26 décembre 2012

Season's Greetings

Bonjour ! C'est un peu tard pour vous souhaiter un joyeux Noël... Nous espérons que vous avez passé une belle journée. Que la paix du Seigneur, venu dans le monde pour y rester, vous accompagne et que la joie de la vie nouvelle règne dans votre vie.
Bonnes vacances, à très bientôt !


samedi 22 décembre 2012

Comme unique...

Leçon inaugurale du professeur Michel Bertrand, doyen de la faculté de Montpellier, à la rentrée. Communiquer, c'est un événement de parole. Faire sens, dans une parole incarnée, qui touche l'être humain dans toutes ses dimensions : l'acte de communiquer renvoie au fondement de toute humanité. En cette période de communication forcenée, il est toujours vital de rappeler ce qui nous met en relation, les uns avec les autres... sous un regard venu d'ailleurs. 


jeudi 20 décembre 2012

Synthèse



Ce matin, nous avons fait ensemble la synthèse du séminaire sur la vocation qui nous a occupés ces quatre derniers jours à Paris. Nous avions à notre disposition une liste de questions proposées par nos professeurs, libre à chacun des groupes de traiter une de ces questions en profondeur.
Première question, « quel changement dans votre vie est provoqué par l’appel de Dieu en Jésus-Christ ? », selon la formulation barthienne. Un groupe s’est attaqué à cette question, pour dire que le changement, c’est d’abord de reconnaître la vocation. Pour le petit Samuel par exemple, il y a une question de temps : ça prend du temps de la reconnaître, de la comprendre. Ensuite, il s’agit d’en rendre compte, pour soi, mais aussi autour de soi, car cette vocation change ce qu’on a été jusque-là. C’est une prise de risque que de rendre compte de cet appel. La vocation, c’est finalement prendre conscience de façon forte de l’amour de Dieu pour soi, et de cette prise de conscience découle un engagement, celui d’être témoin. En quelque sorte, on reconnaît la vocation chrétienne à ce qu’elle change l’homme en témoin, elle l’engage tout entier, et toujours.
Deuxième question : « la vocation est-elle appel de Dieu ou réponse à Dieu ? ». Deux groupes ont répondu à cette question. Pour le premier, si nous croyons à un Dieu vivant, alors la vocation est un appel auquel il s’agit de répondre. Prudence cependant, car la psychologie a montré qu’on pense faire des choix de façon rationnelle, alors que la plupart du temps, nous inventons après coup des raisons qui auraient motivé nos choix. Ce qui motive profondément un choix, c’est soi en fonction d’un futur qu’on imagine, soit en fonction d’une loi qu’on se donne. Là, le problème est qu’il s’agit d’une affaire de foi, et tout l’enjeu pour la dogmatique chrétienne est bien de penser un Dieu vivant de façon systématique. Pour le deuxième groupe, il y a une vocation à la vie qui précède toute autre vocation : l’être humain qui vient au monde a une vocation à vivre. Quant aux autres vocations, comment savoir qu’elles sont adressées par Dieu ? Comment faire avec l’incarnation, qui impose de penser que nous ne pouvons penser cet appel que dans des catégories contextuelles ? Le bourreau du Moyen-Âge pensait lui aussi répondre à une vocation en exécutant la justice. En revenant aux textes bibliques, notamment l’envoi des disciples (Mc 6 par exemple), on note que si l’appel à la suivance est adressée à des individus uniques, l’envoi est un appel qui pousse vers l’ailleurs en vue de guérir et de proclamer, en communauté (ils ne sont pas envoyés un par un mais deux par deux : on ne vit pas sa vocation seul), sans compter sur ses propres forces mais en se risquant toujours. Notons d’ailleurs que les disciples y comprennent rarement grand-chose, qu’ils sont la plupart du temps évangélisés plutôt qu’évangélisants, et que si nous pouvons avoir une certitude d’après les textes bibliques, c’est qu’en tant que disciples on a toutes les chances de se tromper à la fois sur celui qui envoie, sur le contenu de l’envoi et sur les véritables raisons qui nous font partir !
Troisième question : « quelqu’un vous demande ce que vous pensez du fait que, chrétien, il travaille dans une société qui fabrique des armes ; que faites-vous en ce cas avec l’interprétation luthérienne Beruf-Berufung ? » Rappelons que pour Luther, le métier (Beruf) est une réponse valable à la vocation (Berufung). Le premier groupe qui a traité cette question a rappelé que dans notre monde actuel, la conception que Luther se faisait du travail ne pouvait plus avoir cours : dans un monde où règne la précarité et le chômage, il est impossible de vivre une vocation dans le travail, puisque cette vocation supposerait la liberté de créer. Le travail n’est plus quelque chose qu’on puisse considérer comme créateur dans un monde créé. La tâche des Églises serait alors d’apporter une spiritualité à notre monde et de réveiller les consciences anesthésiées. Le deuxième groupe a souligné que la question de savoir si tout travail était acceptable pour un chrétien est une question éthique pour laquelle on ne peut poser de normes. La clé de la réflexion se situerait alors du côté d’une interrogation sur la finalité du travail : cette finalité risque-t-elle d’être pervertie ?
Quatrième question : « comment reconnaître la vocation ? » Elle a éveillé beaucoup d’espoirs parmi les participants, espérant enfin une réponse claire ! Mais c’est une problématisation qui seule est possible. Il s’agit de savoir si la vocation interne peut être reconnue extérieurement par des critères objectivants. Le récit de soi permet de réfléchir à la vocation interne. Un autre critère, celui de la capacité, peut permettre de trancher. D’où la question des mœurs du ministre : les pasteurs doivent-ils être des modèles, des exemples ? Cela ne risque-t-il pas d’enfermer le pasteur dans un rôle qui le coupe d’une humanité « ordinaire » ? Quelles sont, au fond, les qualités indispensables ?
Cinquième question : « la vocation pastorale est-elle spécifique ou comprise dans la vocation chrétienne ? » Dans ce groupe, deux tendances se sont dégagées. Les uns posaient que le pasteur était un être à part, puisqu’il était appelé par l’Eglise, elle-même missionnée par l’Esprit, à administrer les sacrements : il faut donner du poids à une fonction telle. Les autres se refusaient à donner autant de poids à la vocation ministérielle, source d’un risque d’abus de pouvoir mettant en danger la reconnaissance de la vocation spécifique de chacun. Le pasteur est-il une figure d’autorité propre à maintenir l’ordre d’une communauté donné, ou n’a-t-il d’autre rôle que l’édification sans souci de diriger ?
On le voit, les polarités se sont dessinées, selon les origines ecclésiales, les tendances théologiques, les parcours personnels de chacun. Ces quelques jours ont permis, sinon de trouver des réponses, du moins de constater qu’en matière de vocation, nous sommes toujours en quête de sens. Peut-être faut-il surtout ne jamais oublier qu’un appel est lancé et qu’oublier la source de l’appel, c’est vouloir se faire propriétaire de sa vocation, oublier la source du don premier de la grâce. L’horizon se dessinerait alors du côté d’un impératif paradoxal : toujours attendre l’inattendu ! C’est dans ce clair-obscur que l’appel de Dieu, encore et toujours, est lancé et sera entendu, parfois, comme une vocation...
PRG

mercredi 19 décembre 2012

En quel état...

L'intervenant de ce matin nous rappelait que la théologie chrétienne tentait depuis des siècles de réconcilier cet héritage du droit romain qu'est le concept d'états avec des arguments bibliques. Au coeur de ce débat : les états relèvent-ils de l'ordre de la création ou d'autre chose ? Il y avait dans la société romaine trois types d'état : homme libre/esclave, homme marié/femmes et enfants, magistrat/simple citoyen. Chacun de ces états représentait un engagement particulier. 
Articuler une idée de ces états et les données scripturaires, c'est poser la question de la vocation générale et de la vocation particulière. Un exemple avec 1 Co 7,17-24 que la théologie scholastique a compris comme une allusion à la catégorie romaine des états, chaque état étant voulu par la providence et traduisant un engagement stable vis-à-vis, non pas de la société, mais de Dieu. Ce n'est pas une question de salut (un état donné ne garantit pas le salut en soi), mais une question d'ordre puisqu'il existe une hiérarchie entre les différents états, le clerc se trouvant tout en haut. 
Luther a remis en cause la conception médiévale de la vocation qui découlait de cette interprétation, dans le contexte d'une double polémique, contre les moines d'une part, contre la Réforme radicale d'autre part. Il visait les moines qui se prévalaient de leur statut pour en faire une garantie de salut, ce qu'il dénonçait comme une auto-justification. Il visait aussi ceux qui voulaient conduire la Réforme vers une perfection évangélique entraînant la modification des relations sociales. Il ne renonce donc pas à l'idée d'états pour structurer la vocation, mais il dissocie ceux-ci de celle-là. Dans son commentaire au passage cité, Luther précise que seule la liberté intérieure de la foi compte, rien ne sert de changer d'état. Aussi, on peut être charcutier et vivre une vocation dans cet état, ça ne changera rien au salut. 
Chez Calvin, la vocation est une manière particulière de répondre, par sa manière de vivre, au don de la grâce. Pour lui, c'est en vivant le commandement de Dieu (la loi) que l'être humain trouve sa vocation et c'est ainsi qu'il lui faut dresser sa vie pour qu'elle corresponde à la volonté de Dieu. La vocation est donc le lieu où apprendre la docilité. La loi recommande d'aimer Dieu et le prochain ; si une nouvelle vocation permet de mieux accomplir ce commandement, alors on peut changer de vocation. Calvin a une conception élevée du ministère pastoral. Si la vocation interne reste secrète, la vocation externe est examinée par l'Eglise qui juge de deux types d'aptitudes : les connaissances et la vertu. Ces aptitudes sont des préparations à la vie pastorale, car c'est Dieu qui fournira lui-même au pasteur les armes nécessaires à l'exercice de sa fonction. 
Pour résumer avec l'intervenant, quatre critères se sont imposés après la Réforme pour juger d'une vocation -- et il nous rappelait que ces critères sont utilisés par la commission des ministères à laquelle lui-même appartient. Le désir d'abord, qui permet à la personne de se poser la question de savoir quelle personne il ou elle veut devenir face à la loi de Dieu, pour réaliser sa volonté ; c'est de l'ordre du secret parce que Dieu seul est juge de la conscience des humains. La capacité ensuite, car il s'agit d'être apte à faire ce qu'on désire devenir : c'est aussi la capacité à vivre ce qu'on croit être vrai. L'utilité est également un critère : il doit y avoir correspondance avec ce dont l'Eglise a besoin (chez Calvin, s'il y a un seul ministère, celui de l'annonce de la Parole, celui-ci prend différentes formes). Le quatrième critère, c'est la reconnaissance par les autres ; d'ailleurs après Calvin, les autres c'était le peuple, les paroissiens : ce sont eux qui élisaient directement leurs pasteurs. Si ces quatre critères sont réunis, alors la vocation est confirmée comme étant bien l'appel de Dieu. Il y a donc un équilibre à trouver entre ces quatre aspect. 
Cet après-midi, après avoir exploré la théologie de la vocation, nous abordions la vocation de la théologie. Si la vocation de la théologie est quadruple (ecclésiale, scientifique, missionnaire et civique), comment envisager un modèle formel qui permette à la théologie de contribuer au débat public tout en étant fidèle à sa vocation ecclésiale, scientifique et missionnaire ? Nous avons réfléchi à une vocation de la théologie qui tiendrait à construire avec les autres communautés morales (au sens politique du terme) un socle commun de valeurs permettant un vivre-ensemble dans une communauté donnée, sur le modèle par exemple du Canada (avec la théorie des accommodements raisonnables). Contribuer à la fois au bien commun, à la construction d'une pensée critique et scientifique dans et hors l'Eglise et viser à répandre le message chrétien, serait-ce là la vocation à multiples facettes de la théologie ? 
Demain, nous concluerons ces journées très riches de débats et de discussions, riches nous-mêmes d'approches que nous n'avions pas jusqu'ici formalisées. Car une des vocations de la théologie, ça doit bien être, en effet, d'armer les théologiens en général mais aussi les futurs ministres pour la pensée...
PRG

mardi 18 décembre 2012

Stéréotypes

Devant l'amphi de l'IPT Paris, de l'autre côté du mur, flotte un inattendu drapeau tricolore. Comme un petit coup d'oeil de la société qui viendrait faire traîner un oeil discret sur nos débats de théologiens. 
La vocation, donc. On ne la choisit pas, on y consent ; pour le dire autrement, on ne se choisit pas soi-même. Du coup, entre appelé(e) et appelant, il y a relation, d'où naît un désir. Ce qui compte est moins l'appel en lui-même que le fait d'être appelé, toujours, et de désirer l'être, encore et toujours. 
En faisant dialoguer Barth et Vinet, ce matin, nous avons tenté de dégager des stéréotypes à propos de la vocation pour savoir s'il était possible de les dépasser. Le premier des stéréotypes identifiés, c'était de dire que la vocation est uniquement vocation à un ministère, en oubliant que la première vocation est la vocation chrétienne : il ne s'agit pas d'abord d'exercer une fonction dans l'Eglise, mais d'être appelé à la vie et au salut. La vocation première, pour le dire comme Barth, c'est l'existence du chrétien, tout simplement. 
Deuxième stéréotype : le fait qu'on ne soit appelé qu'une fois pour toutes. Pour Barth toujours, il faut penser à la fois la vocatio unica et la vocation continua. C'est l'acte de la vocation qui fait le chrétien (autrement dit, on ne naît pas chrétien, on le devient). Comme le dit Vinet, "dans un sens on n’est appelé qu’une fois comme on n’est converti qu’une fois ; dans un autre sens, on est appelé et converti tous les jours". Dans les textes bibliques (Rm 13,11 et Ep 5,14), le réveil concerne des chrétiens, déjà appelés. Barth insiste : « Ce qui fait de quelqu’un un chrétien, c’est que celui qui l’a appelé une fois ne s’en tient pas là, mais que, lui qui est fidèle, l’appelle encore et toujours à nouveau – et à chaque fois avec la même puissance, la même rigueur et la même bonté que la première fois. » 
Troisième stéréotype : il y aurait des signes objectifs permettant de garantir qu'on est bien appelé et sur lesquels on pourrait se fonder. Comment reconnaître une vocation ? Pour Vinet, ça tient de l'ordre du désir, mais ça peut être équivoque : on peut souhaiter un état respectable. Il y a un clair-obscur de la vocation. Le protestantisme se débat désespérément avec cette confirmation (de la vocation, de l'élection, du salut). On peut, par contre, douter de sa vocation si la reconnaissance ecclésiale n'est pas là. Mais là encore, ça reste équivoque : la question que tendraient à poser les commissions des ministères "es-tu celui qui devait venir ?" pourrait s'entendre comme désignant un nouveau Christ ! Là encore, le discernement est complexe.
Quatrième stéréotype : la vocation ne serait plus attrayante aujourd'hui. Or, Barth le rappelle, tout chrétien est un "témoin harcelé", qui doit fuir non le monde, mais la mondanité. Hier, la vocation n'était pas plus simple qu'aujourd'hui...
Cinquième stéréotype : la vocation serait une fin en soi. La vocation, qu'elle soit universelle ou singulière, oriente vers un service, service de Dieu et du prochain. Vinet va jusqu'à dire que c'est, pour le ministre, une vie de dévouement total qui inclut même sa famille. La vocation est un point de départ, jamais un aboutissement.
Pour faire face à chacun de ces stéréotypes, il faudrait toujours se souvenir que toute vocation implique le désir (désir du sujet, de l'Eglise, de la communauté), sans jamais perdre de vue le "pas encore" de toute théologie chrétienne, dans toute la fragilité humaine.
PRG

lundi 17 décembre 2012

Veau carré ?

La vocation, c'est quoi ? Les étudiants en Master sont en ce moment à Paris pour une session interfacultaire, pour se poser précisément cette question. Il y a la vocation universelle d'abord, celle qui fait de chaque chrétien un témoin de l'amour de Dieu, de sa Parole et du salut offert par grâce. Cette vocation découle d'un appel irrévocable. On pourrait dire de cette vocation-là qu'elle est vocation à servir Dieu en servant le prochain. 
Mais l'autre, la vocation personnelle qui appelle quelques-uns, à laquelle quelques-uns répondent, qu'est-ce que c'est ? D'ailleurs, qui appelle ? Comment être sûr qu'il s'agit bien de Dieu et non pas des rêves du sujet lui-même ? Luther disait que la vocation immédiate envoyée aux prophètes sous forme d'une voix péremptoire qu'on ne peut pas faire semblant de ne pas entendre (encore qu'ils aient à peu près tous essayé de l'ignorer), cette vocation-là n'avait plus cours de nos jours (et il disait ça il y a déjà un moment). Mais il y a bien une médiation dans l'appel : ça ne se fait pas hors du langage humain. Langage, altérité : la vocation vient d'ailleurs, forcément, mais comment ? et pourquoi ? et pour quoi ?
Quand on aborde la question de la théologie des ministères, la question s'éclaire et s'opacifie en même temps. Pourquoi en effet des gens sont-ils dans une position particulière dans l'Eglise, quel est leur rôle exactement, et comment s'est combiné pour eux cet attelage étrange entre vocation interne et vocation externe ? 
Au fond, on ne peut que revenir toujours à ça : la vocation nous échappe. Le fondement en est hors de nous. Toute la question au cours de ces trois prochains jours sera de comprendre comment en parler malgré tout, et comment on peut légitimement dire "oui, j'ai la vocation". Parce que ça arrive, forcément. A certains. Et certains répondent. Vaste question, donc, dont vous trouverez quelques échos ici même.
PRG

samedi 8 décembre 2012

Ecole mondiale de théologie en Corée


Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) organise du 25 octobre au 9 novembre 2013 son Assemblée générale en Corée. A cette occasion aura lieu une réunion de théologiens ouverte aux membres des Eglises membres du COE. Nous avons reçu cette information par le biais de la Communion mondiale des Eglises réformées (CMER) qui a été chargée de sélectionner les participants. Vous trouverez ci-dessous les informations nécessaires. Si cela vous intéresse, merci de nous demander le bulletin d'inscription par mail, nous vous l'enverrons. 


The World Communion of Reformed Churches (WCRC) is looking for young theologians interested in ecumenism. This is your chance to go to Korea as a participant in the Global Ecumenical Theological Institute (GETI) hosted by the World Council of Churches (WCC) in parallel with WCC Assembly in Busan, Korea (25 October to 9 November 2013).

Who is eligible?
Theology students or lecturers up to 45 years old who are members of WCRC member churches.

What is the GETI programme?
GETI is an intensive learning programme focussed on introductory courses in Asian Christianity, Asian theologies and interfaith realities as well as the specific Korean historical, religious and social context.

The programme coincides with the World Council of Churches Assembly in Busan. This allows GETI participants the opportunity to take part in major assembly events including thematic plenary sessions, worship, ecumenical conversations, workgroups and exhibitions. GETI students will not however participate in Assembly business sessions.

GETI seminars will be oriented according to major themes of the WCC Assembly. There will be opportunities for inter-generational dialogue with important leaders of the ecumenical and evangelical movement.

The programme will also include excursions such as a visit to Gwangju which is a city of great significance for Korean history. Here lectures will be given on Christian mission history and the role of churches in the process of democratization of Korea. The trip will include visits to the national monument of the Gwangju Movement for Democracy as well as to the commemoration site of Christian martyrs and the graves of Christian missionaries close to Honam Theological University. The programme may also include a visit to a traditional Korean village setting.
 What will be required of you?
  • A presentation about your church background and a major ecumenical issue related to a WCC Assembly theme;
  • A presentation on a text from the GETI workbook;
  • A major paper on one aspect of the ecumenical movement experienced during the assembly to be submitted no later than mid-February 2014;
  • One comprehensive report and presentation on the GETI and the assembly experience to be given to your theological seminary, local churches or ecumenical youth organization
At the end of the course you will receive a certificate which includes credits for all course elements attended and academic assignments carried out.

What will it cost?
As part of WCRC’s support of the ecumenical movement and leadership formation, WCRC will fully sponsor successful candidates to attend the GETI programme.

Selection process
WCRC will choose the five best applications to be forwarded to the GETI selection committee.

vendredi 7 décembre 2012

Tournez mon vieux, tournez !

La fête de Noël de l'IPT c'est mercredi prochain à partir de 18h !
Pour vous faire patienter, un petit avant-goût en forme de clin d'oeil aux artistes bénévoles...

(Et si ce n'est déjà fait, merci de vous inscrire au plus vite pour le repas, auprès de Mireille ou par doodle en suivant ce lien : http://doodle.com/qtyxexcpm5npfvs5.)


jeudi 6 décembre 2012

Justice restaurative

On en a parlé l'an dernier ici même : le concept de justice restaurative consiste à examiner les faits délictueux à la lumière, non pas de la rétribution qui doit leur être attachée, mais de leur effet sur le tissu social et sur les personnes. On s'intéresse donc aux gens, tous les gens impliqués : les auteurs des faits, les victimes, l'entourage, la communauté, la société dans son ensemble. Le but est de "restaurer", autant qu'il est possible, les relations et le bien-être de tous pour un vivre-ensemble acceptable.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas réservé à de petits faits pas trop graves : la justice restaurative est par exemple mise en oeuvre dans le cadre de la commission "Vérité et réconciliation" en Afrique du Sud.
En France, l'aumônerie protestante aux prisons tente de développer cette approche. Les effets en sont parfois étonnants. 
Alors la justice restaurative, comment ça marche ? Vous pourrez vous en faire une idée en visionnant ce film.


mercredi 5 décembre 2012

Plein de bonheur

Le dernier épisode de la série "Paroles en l'air" ! C'est bien connu, le mariage est la première cause de divorce...


lundi 3 décembre 2012

Grâce pour tous

- Et toi, tu en penses quoi, de ce "mariage pour tous" ?
- Je n'ose plus penser...
- C'est quoi ça, un protestant qui n'ose plus penser?
- C'est un protestant qui s'inquiète de l'unité de l'Eglise.
- Tiens, pourquoi ?
- Parce qu'à force de débattre on finit par se haïr.
- Mais la laïcité, si chère aux protestants, c'est justement voir l'espace public comme lieu du débat, et même du conflit, entre idées honnêtement exposées !
- C'est vrai. D'ailleurs dans le système ecclésial luthéro-réformé, le processus de prise de décision est collégial et évolutif. Une décision n'est jamais éternelle, seul Dieu l'est. N'empêche que ce qui me pose problème, c'est qu'on va forcément laisser des gens au bord de la route.
- Oui... quelle que soit la décision, il y aura des mécontents. Certains disent qu'il faut malgré tout prendre une décision et qu'un critère éthique est qu'il faut prendre soin des "plus petits" au sens biblique. Ceux qui n'ont pas la voix au chapitre. Autrement dit, les minoritaires.
- Mais ce n'est pas parce qu'une minorité veut quelque chose qu'il faut automatiquement l'accorder ! il faut que ce soit fondé ailleurs !
- Ailleurs, c'est bien le problème. J'ai l'impression qu'il y a deux logiques qui s'affrontent, d'une certaine manière. D'un côté, on affirme qu'il y a une altérité fondatrice à l'être humain, que cette altérité s'incarne dans la différence des sexes (on évoque aussi les références bibliques et métaphoriques entre Christ et son Eglise). 
- Oui, mais de l'autre côté, on rappelle que l'anthropologie chrétienne et notamment protestante, c'est l'acceptation de tous par Dieu, sans distinction de culture, d'importance sociale... ou de genre. Et que la norme ne peut pas, ne peut jamais, être le lieu de la grâce. Sinon on fait de la norme une nouvelle idole. 
- C'est ça. Et là, une parole forte des Eglises sur le sujet serait maintenant le plus beau signe de l'Evangile dans ce monde, non ? rappeller que le salut n'est pas dans la norme... 
- En même temps, ça ne règle pas le problème. 
- Pourquoi pas ? 
- Parce qu'au fond, ce dont on discute, ce n'est pas le "droit" à un mariage pour tous. De toute façon pour nous, le mariage n'est pas un sacrement, donc le débat peut sembler être de l'ordre de cette question qu'on posait à Luther et à laquelle il répondait "processionnez, processionnez donc !"
- Ah oui, ce que tu veux dire c'est que ce n'est pas le mariage qui est en question, mais autre chose ?  comme la question de la parentalité pour tous ?
- Peut-être, oui. 
- Et c'est là, du coup, que la question de l'altérité qui nous précède prend tout son sens. Une naissance témoigne de l'altérité absolue des deux parents, et aussi de l'altérité absolue de ce nouvel être humain. 
- Oui, faudrait creuser... au fond, il faut savoir de quelle représentation de l'humain on veut répondre. 
- Et de quelle représentation de la religion on se réclame.
- Tiens, ça me rappelle cette citation de Ferdinand Buisson en 1900, dont on a parlé en cours de théologie pratique l'autre jour : "Non, certes, la religion, surtout quand elle prétend me le révéler miraculeusement, ne m'apprend pas de science certaine, ne m'apprend même à aucun degré ce qu'est le monde et ce que je suis, d'où il vient et où il va, ni quel est mon rapport avec l'universalité de l'être. Mais elle m'empêche d'oublier que ces questions se posent, elle m'interdit de croire que je suis seul au monde, ce qui serait une erreur, ou de croire que je sais tout, ce qui en serait une autre, ou encore de croire que tout est parfaitement clair, ce qui serait la pire de toute."
- C'est beau dis donc.
- Ca donne envie d'être intelligent. Ensemble.

dimanche 2 décembre 2012

Fête de Noël


La traditionnelle fête de Noël de l'IPT Montpellier aura lieu le mercredi 12 décembre, avec un culte célébré à la chapelle par le professeur Gilles Vidal à 18h, suivi d'un apéro et d'un repas préparé par les étudiants (participation libre aux frais), avec des animations tout au long de la soirée. Nous invitons les bonnes volontés pour amener une boisson ou un dessert pour garnir le buffet !
Vous et vos familles/amis êtes invités à passer cette soirée avec nous. 
Nous vous remercions de bien vouloir vous inscrire auprès de Mireille au secrétariat si vous restez pour le repas, sinon il risque de ne pas y en avoir pour tout le monde! Vous pouvez également utiliser le doodle (clic ici) pour vous inscrire.
Pour que ça soit vraiment une chouette soirée, il y aura deux choses à déballer pour vous :

  • Déballez vos talents et vos passions. Chantez, dansez, jouez la comédie... Merci d'informer Vanessa ou Juliane de ce que vous prévoyez de faire.
  • Déballez des petits cadeaux. Celui qui apporte un petit cadeau de 2-3 euros maximum reçoit un cadeau apporté par quelqu'un d'autre !
A très bientôt, le 12 !

samedi 1 décembre 2012

Concentration

En ce début décembre, avec les validations qui approchent tout doucement, sachons rester concentrés...



mardi 20 novembre 2012

La méditation liturgique : quelques balises



Le culte, a-t-on l'habitude de dire, est réponse à une invitation de Dieu.
Peut-on, en extrapolant, appliquer la même affirmation à la méditation liturgique ?

Quoi qu'il en soit, ce temps de méditation se voudrait invitation à une démarche différente de toutes celles où notre intellect durant la semaine tient la vedette. 

Ce temps de méditation se voudrait moment où le coeur se place dans une position d'écoute simple, unifiée. 

Ce temps de méditation se voudrait moment de coeur à coeur avec Dieu, au travers du silence et au travers de mots balisés, spontanés...

La méditation liturgique telle que proposée est orientation du début à la fin vers la prière, qui en constitue le centre et l'aboutissement. Elle est dite liturgique parce qu'elle s'inspire d'une longue tradition orante qui prend tout son sens au fur et à mesure qu'elle est pratiquée.
Ses étapes sont inspirées voire calquées sur les offices de la communauté protestante de Poymerol :
- Formule d'entrée dans le temps de prière
- Chant (prière du siècle)
- Psaume (prière des siècles, (selon la liste de la Bible en 6 ans de la FFP))
- Lecture des Ecritures (Evangile du dimanche, (selon la liste de la Bible en 6 ans de la FFP))
- Commentaire patristique (sur l'évangile lu, sélectionné pour son orientation vers la prière)
- Temps de prière silencieuse/spontanée, clôturé par le “Notre Père”.
- Chant (Magnifique est le Seigneur, recueil Alléluia N° 14/03, prière des siècles par le texte et du siècle par la mélodie).
- Formule d'envoi.
Entrer dans ce chemin balisé vise à éliminer tout aléa et favoriser la position d'écoute puis de restitution qui sont l'inspiration/expiration d'une même respiration.

Prier c'est se relier autrement entre nous.
Prier, c'est replacer notre action et nos pensées à l'intérieur du coeur, lieu, croyons-nous, où réside Celui que nous prions.
Prier c'est...

Alors plutôt que de se mettre à penser sur la forme, le moment, les participants, relâchons et entrons dans la prière où celui qui dit être doux et humble de coeur nous attend et dit "viens".

O.D.

L'Amicale vous rappelle que, sur une initiative des étudiants, ce temps de méditation liturgique se tient tous les jeudis à 9h à la chapelle. 

dimanche 18 novembre 2012

Dimanche à Sète

"C'est le shabbath, faut enlever les piles !"
Nous avons en ce dimanche enlevé les piles de l'ordinaire en rejoignant la communauté de Sète pour le culte dominical. C'était un dimanche tout particulier de joies et de peines partagées, pour se souvenir ensemble des baptêmes et des mariages célébrés pendant l'année, et se souvenir aussi de ceux qui nous ont quittés. "Merci", leur a-t-on dit par la voix de la liturgie : merci d'avoir été là parmi nous et d'avoir, par votre présence, changé ce monde et nos vies. Merci d'avoir partagé nos chemins, nourri notre espérance. Joies et peines partagées - car sa fidélité est pour toujours, avons-nous répété avec le psalmiste. Même au coeur de la tourmente, dans les jours du deuil, l'espérance ne cède pas parce que la fidélité de Dieu est cette promesse de la nourriture pour tous, d'un lendemain toujours possible. Les voix se sont mêlées pour dire à la fois la joie et la tristesse, la tristesse et la joie. 
"Ne rentrez pas chez vous comme avant, ne vivez pas chez vous comme avant, changez vos coeurs, chassez vos peurs, vivez en hommes nouveaux !" C'est une bénédiction : bien dire, dire le bien. C'est à prendre au sérieux, joyeusement. Ce que nous avons fait en faisant un nouveau détour pour goûter aux nourritures terrestres (enfin maritimes puisque nous sommes dans un port de pêche et que les parcs à huîtres sont à deux pas). "Quand même, la skyline de Sète, c'est beau..." Oui, c'est bel et beau d'avoir entendu une parole qui mêlait la promesse à notre humanité, et que ça continue à résonner ensuite, dans nos regards et nos paroles. 
C'est à la chapelle qui domine la ville sur le mont Saint Clair que nos pas ont fini par nous mener. Sur les voûtes basses, des fresques rappellent les grandes scènes de nos bibles : la pêche miraculeuse, bien sûr, la nouvelle Jérusalem qui fait se joindre les deux arbres de l'Eden, la Passion, le dernier repas, la résurrection de Lazare, le baptême de Jésus par Jean... Un livre est ouvert au-dessus de nos têtes, des mots qui se disent et se lisent autrement de se voir, d'autres images s'ajoutent à toutes celles que nous avons en tête, déjà. 
Peut-être qu'on n'a pas vraiment enlevé les piles, tout compte fait... Tant pis. Ou tant mieux ?






samedi 17 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012

mercredi 14 novembre 2012

Autorité et management

Le management en Eglise, mais vous n'y pensez pas ! d'abord l'Eglise, tout le monde y est frère, il y a le sacerdoce universel, nous sommes égaux devant Dieu... et surtout, on risquerait de ressembler aux catholiques, si on se risquait à parler d'autorité parmi nous... Et puis ce que nous avons à "vendre", ça ne nous appartient pas, de toute façon bien malin celui qui sait ce que c'est, ce fameux Evangile, et puis de toute façon personne n'en veut, alors l'Eglise-entreprise, non merci, ça ne colle pas du tout.
On pourrait tourner la page. On pourrait. Mais ça serait sans doute faire preuve d'un irénisme coupable. Parce que l'Eglise est une institution et que l'autorité s'y exerce effectivement. Encore faut-il distinguer autorité et pouvoir. L'autorité ça se reconnaît à quelqu'un. Le pouvoir ça s'exerce sur le plus grand nombre. Et si nous reconnaissons de l'autorité à d'autres qu'au Christ seul dans cette institution qu'est l'Eglise, c'est en vertu d'un mandat qui leur est confié. Par Dieu et par des humains. Ecouter un prédicateur par exemple, c'est l'inviter à parler pour soi et lui reconnaître l'autorité d'un porteur de parole. Soumettre la conduite d'une communauté locale aux décision d'un conseil presbytéral ne se fait que par délégation lors d'une assemblée générale. Reconnaître l'autorité de nos synodes et des conseils (régionaux et national) qui mettent en oeuvre leurs décisions, c'est choisir de confier à certains la conduite des affaires de tous. Et c'est bien un choix : ça ne s'impose pas. C'est le principe d'organisation de notre Eglise et c'est ainsi que nous fonctionnons, tous ensemble, pour le bien de tous et l'annonce de l'Evangile.
L'autorité en Eglise, donc, ça existe. Et il faut bien voir que l'exercer ne se fait pas en dehors des lois. Lois de la société d'abord, qui impose certaines régulations auxquelles nos institutions doivent se plier. La forme d'une association, par exemple, ce n'est pas nous qui la décidons, c'est un principe auquel nous nous conformons. Lois humaines ensuite. Il est important de savoir comment s'exerce l'autorité, quels sont les risques humains encourus dès que ça dérape d'une façon ou d'une autre. Il est important également de savoir quelles sont les qualités humaines nécessaires pour exercer l'autorité de façon constructive, au service du bien des autres et de soi-même. Il n'est pas négligeable de savoir comment gérer un conflit, comment instaurer des instances de médiation si nécessaire, comment définir avec clarté le rôle de chacun et impliquer les uns et les autres dans la conduite des affaires communes. 
Ce sont ces questions dont nous traitions hier au séminaire "Autorité et management" destiné au premier chef (si j'ose dire) aux Master pro. Ils auront, très bientôt, à se confronter à une expérience immédiate et bien réelle de l'exercice d'une autorité respectueuse de tous, au service de tous. Ca ne va pas de soi. Ca suscite des interrogations, souvent existentielles, et des questions (celles-ci et bien d'autres) que nous avons pu partager, sous la conduite bienveillante de Bernard Dugas, consultant en ressources humaines et fin connaisseur de l'Eglise, et de Michel Bertrand, qui supervise le programme de Master pro. 
PRG

dimanche 11 novembre 2012

Maison d'étude à Montpellier (bientôt deux mois)


Mois après mois, l’ambiance d’étude s’infuse dans les esprits. Si le travail est celui de chacun, l’étude est volontiers dialoguée, confrontée ; c’est vraiment dans ces moments de parole et d’écoute, les uns formels, ce sont les cours, les autres informels, et c’est tout le reste, c’est dans ces moments de parole et d’écoute que l’on progresse ; il faut saluer la disponibilité de chacun, enseignant ou étudiant, à ces échanges avec chacun de nous. On pense à ces universités anglaises, où le professeur coache un ou deux étudiants, sous la lampe, dans de profonds fauteuils, et derrière des fenêtres assourdies par des rideaux, sauf qu’ici, c’est parfois encore dans le jardin, au soleil ou sous les arbres, sur les bancs et les tables, entre salles de cours et bibliothèque, ou encore à la salle de l’Amicale, avec ses canapés et sa bouilloire.
Après les élections à l’Amicale et aux diverses commissions, les équipes se rôdent ; c’est la démocratie protestante, avec ses usages et ses moments obligés ; c’est un apprentissage à part entière ; bientôt, dans conseils et synodes, les étudiants revivront ces moments de débats argumentés mais toujours policés.
Tous les rythmes de présence existent, les pensionnaires et les sessionnaires, les temps partiels et les internet, les habitués et les oiseaux de passage, comme les flamants roses sur les lagunes à deux pas d’ici. Toutes les cultures aussi : accueil d’enseignants, mais aussi d’étudiants, d’autres facs, protestantes ou catholiques, françaises ou européennes. Parmi les débutants, ce n’est qu’une impression, une large fraction n’est pas initialement de culture protestante.
On jargonne peu dans ces conversations, parfois quelqu’un laisse échapper un mot entendu autrefois, ou lu d’un auteur obligé et est salué d’un souriant : « Oh, vous, vous utilisez des gros mots… » précédant un appel à définir simplement de quoi on parle, et si on se réfère au message de la Bible, d’en apporter la référence, la citation, et de l’environner de son contexte. De même, les langues anciennes ne sont pas cultivées pour elles-mêmes, mais pour l’accès qu’elles procurent à un supplément de compréhension des textes ; parfois ça diffracte des nuances insoupçonnées, bonheur pour qui prépare de nouveaux commentaires.
Nuances, c’est bien le mot ; rien n’est jamais noir ou blanc ; les états de la pensée ne sont que des étapes ; on est « en mouvement », on est en « tension », la réflexion continue à infuser ; si vous n’arrivez pas à intégrer tout ça, nous a-t-on dit un jour, ce n’est pas grave, vous êtes en sciences humaines, ce n’est pas comme ces sciences dures où si on loupe une étape de la démonstration le fil du discours est perdu, ici on décrit des climats d’idées par touches successives, si vous n’intégrez pas tout le tableau aujourd’hui, il se dessinera mieux une autre fois, quand on reprendra indirectement ou directement le même sujet.
Les mots d’aujourd’hui, les sciences de l’homme aujourd’hui, pour lire des problématiques de tous les temps ; les apports de la critique historique, de la psychanalyse en ce qu’elle aide à analyser le tréfonds des mythes les plus anciens de l’humanité, de la psychologie, tout cela pour apprendre à dialoguer avec nos contemporains dans leur bonheur ou leur souffrance, avec notre fragilité, nourris seulement de la perspective que ces paroles échangées les accompagnent dans leur chemin de vie, et les mettent à l’écoute d’un autre comme nous voulons l’être nous-mêmes.
Il y a deux mille ans, de braves gens, le plus souvent sans éducation, abasourdis par la mort de celui dont la parole leur avait ouvert des horizons radicalement nouveaux, ont été éblouis par la certitude que cette parole ne pouvait pas ne pas continuer à cheminer avec eux ; ils en ont répandu la nouvelle ; c’est ce moment dont se transmet ici l’écho, avec la ferme assurance qu’il se reproduit, de génération en génération, avec la même nouveauté.

GC

samedi 10 novembre 2012

Joyeuse collaboration

Mercredi soir, lors du traditionnel apéro de l'Amicale, Eva Nocquet, pasteur de l'Eglise de Sète et du bassin de Thau, est venue nous parler de son expérience dans sa communauté et partager quelques questions. Comment intéresser des gens à la fréquentation de l'Eglise et de ses activités ? Comment s'adresser à des générations jeunes (les deux "générations absentes", enfants et moins de 50 ans) qui ne voient pas forcément l'intérêt de venir écouter et participer ?
Au cours d'un échange informel, nous avons proposé certaines choses, pour des interventions ponctuelles dans différents lieux possibles, soit dans l'espace protestant (temple, centre familial du Lazaret) soit dans la Cité : une animation autour d'un film avec débat et/ou théâtre forum ; un "culte-autrement" avec musiques modernes et discussion ; une réunion avec les étudiants en théologie, ouverte à tous ; du théâtre autour d'une pièce écrite ensemble pour le projet de vie "constituer un trésor d'Eglise", avec une porte ! Pourquoi pas aussi une "chorale pour tous", comme cela se fait en Allemagne ?
Cela n'aurait pas lieu dans le cadre de l'Amicale (qui n'a pas vocation à ça) mais comme une façon de faire des choses ensemble, d'apprendre au contact de la réalité. Il n'y a pas de génération spontanée, mais peut-être peut-on considérer ces projets comme le signe d'un genre de ministère spontané, dans une joyeuse collaboration !
Pour plus d'infos et proposer vos idées, toujours précieuses, contacter Pascale à l'Amicale.

vendredi 9 novembre 2012

Voyage à Rome


L'Amicale vous rappelle que la date limite pour l'inscription au voyage à Rome, c'est ce week-end ! Le chèque d'acompte de 150 euros qui valide l'inscription est à remettre à la présidente de l'Amicale, Elda,  ou aux gardiens de la trésorerie, Maxime ou Vanessa, ce vendredi ou lundi matin au plus tard
Le coût réel du voyage est de 300 euros. Quelques informations qui expliquent ce coût :

Voyage en autobus : 82€/personne
Départ avec Eurolines par autobus le jeudi 28 février 2013 de Montpellier à 17h, arrivée Rome 11h le vendredi 1er mars 2013. Retour Rome mardi 5 mars à 17h, arrivée Montpellier vers 11h le 6 mars 2013.
Hébergement : 35€x4 nuits soit 140€/personne (PDJ inclus)
Pass visites : 24€/personne
Nourriture : à la charge de chacun
Total : 246 euros mais nous n'avons pas encore les dépenses pour les sorties et visites, d'où les 300 euros envisagés. 

L'Amicale est en train de mettre en place des campagnes pour aider le financement de ce voyage et permettre à chacun de payer le minimum, sachant que l'IPT nous aidera financièrement de façon substantielle. Pensez à ceci si vous hésitez encore à partir... oui il y aura une partie à payer outre les 150 euros d'accompte, mais nous ferons TOUS notre maximum pour que cette somme soit réduite!
Nous rappelons à tous que ce voyage est un voyage d'études : pour ce voyage seuls les étudiants de la faculté inscrits en cycle normal (hors cour par correspondance et étudiants ne suivant qu'un ou deux cours) pourront s’inscrire. Des emails seront envoyés aux inscrits par la suite mais n'oubliez pas de consulter le blog de l'Amicale pour suivre les évènements.