mercredi 29 février 2012

Lutin et calvaire

Question : que serait une faculté sans son journal étudiant ? En tant qu'éditeur en chef d'une feuille de chou (qui d'ailleurs s'appelait La Feuille, le monde est bien fait) dans mon jeune temps, je dirais "Pas grand-chose !" Plus sérieusement, il est légitime de se demander à quoi ça sert et là, il y a plein de réponses possibles : permettre aux étudiants de se faire la main à la communication, dire là ce qu'on ne peut pas dire ailleurs, écrire un faux horoscope... mais surtout, c'est un espace de liberté que les étudiants se créent pour eux-mêmes et qu'ils font à leur image. L'acte de la création, c'est important. Non ? 
Toujours est-il que Lutin et Calvaire, le journal étudiant de l'IPT, n'avait pas réussi à renaître de ses cendres l'an dernier pour tout un tas de raisons et que cette année, même si on s'y prend bien tard, on a décidé que ça ne se passerait pas comme ça, nom d'un pétard mouillé. Voilà pourquoi nous vous annonçons l'Assemblée Générale de Lutin et Calvaire, qui se tiendra le 

7 mars 2012 à 18h, salle Vincent

Lutin et Calvaire, c'est le journal de l'IPT dans son ensemble, c'est-à-dire à la fois Paris et Montpellier. Pour des raisons de coût et d'organisation, nos collègues de Paris seront donc avec nous par vidéo-conférence. Nous nous réjouissons du travail à venir, qui nous permettra de manifester ensemble la vivacité de notre vie étudiante et le désir que nous avons de créer ensemble. 
Allez donc faire un tour sur le site de Lutin et Calvaire "le journal qu'il ne fallait pas faire", où sont hébergés en PDF les anciens numéros que vous pouvez télécharger, grâce à l'efficacité de nos prédécesseurs. 
Alors venez nombreux pour soutenir Lutin et Calvaire, l'AG est ouverte à tous... et affûtez vos plumes, les amis, ça va bientôt servir !

mardi 28 février 2012

Retour sur culte

Voici la "Prière sur les Écritures" qu'au tout dernier moment, on  a préféré ne pas dire lors du culte de ce midi. Et on a vraiment bien fait... mais avec quelques heures de recul et dans un autre contexte ...cela ferait peut-être sens malgré tout,...en ce temps de Carême kénotique et chaotique.
Cela commençait par un texte de Christian Bobin...

Le jour de l'enterrement de sa mère, C. a été piquée par une abeille.
Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la maison familiale.
J'ai vu C. dans l'infini de ses quatre ans, être d'abord surprise par la douleur de la piqûre puis, juste avant de pleurer, chercher avidement de ses yeux parmi tous ceux qui étaient là, celle qui la consolait depuis toujours,
Et arrêter brutalement cette recherche, ayant soudain tout compris de l'absence et de la mort. 
Cette scène, qui n'a duré que quelques secondes, est la plus poignante que j'aie jamais vue.
Il y a une heure où, pour chacun de nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire.
C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble.





Lourmarin – Pays D'aigues – Val de Durance

Le voyage de l'Amicale cette année se déroulera à Lourmarin...
Quelques précisions ...


DATES : Du Vendredi 23 au Dimanche 25 Mars 2012
LIEU : Gîte « Le four à chaux », Lourmarin (couchage)
PRIX : 30euros par personne. (Chèque ou espèces à remettre à Rémi ou Basile avant le 16/03/2012. Remettre ce chèque confirme la participation au voyage.)
HORAIRES : Départ : 14h30 à l'IPT – Vendredi 23.
                      Retour : 20heurs à l'IPT – Dimanche 25.

Et il ne faut pas oublier... :
-Un pique-nique pour le vendredi midi, à déguster à l'IPT, juste avant le départ.
-Un sac-de-couchage (draps + couvertures : fournis)

Temple de Peypin d'Aigues (Culte dimanche matin)
Au programme : Moments de détente et de partages, visites de villages vaudois (Mérindol, Cabrières-d'Aigues...), rencontres avec les paroissiens, balades, veillées ludiques, moments spi, dégustations...

lundi 27 février 2012

Le BAFA !

Beaucoup d'étudiants ici se forment à l'animation, au BAFA. Qu'est ce que ce sigle ? Le BAFA signifie Brevet d'Aptitudes aux Fonctions d'Animateur. C'est un diplôme qui est d'ailleurs vivement recommandé par la Commission des Ministères pour les candidats au ministère pastoral.

Avec le BAFA, on apprends beaucoup, avec des alternances entre théorie et mise en situation...
Ceci étant, pour ceux qui passent ou vont passer le BAFA, il y a souvent des questions : avec quel organisme me former ? il vaut mieux que j'exerce en centre de loisir, en colo, en camp ? Avec quel tranche d'âge ? Avec qui, ou, quand, faire le stage pratique ?

Pour aider tous ceux qui se posent ces questions, je propose mes conseils en vous mettant en relation avec mes connaissances et mes contacts : je peux vous conseiller sur la formation, vous recommander des organismes, vous mettre en contact pour les stages pratiques dans les milieux ecclésiaux ou semblables... et répondre à vos questions et vos attentes sur ce thème !

Pour ceux qui sont intéréssés, laissez un commentaire ou contactez-moi par mail ou directement. En fonction de ce qui se présente, je pourrais peut-être organiser une réunion ou autre ! A vous de voir !
Simon

dimanche 26 février 2012

Prendre le temps d'écouter

Notre doyen, Michel Bertrand, a publié il y a un peu un livre consacré à L'Eglise dans l'espace public : de quel droit prend-elle part à ses débats ? Pour ceux de ses étudiants qui connaissent ses cours consacrés à la parole dans tous ses états, c'est une façon de lire ce qui a résonné entre nos quatre murs universitaires et qui est désormais accessible au plus grand public (chez Labor et Fides, publication 2011). 
Le blog de notre faculté soeur Jean Calvin rend compte de cette publication et d'un entretien radiophonique donné par Michel Bertrand à cette occasion, clic ! c'est ici. Et si vous êtes étudiant à l'IPT, on n'a jamais vu notre cher doyen refuser de dédicer ses oeuvres à ses ouailles ! 

vendredi 24 février 2012

Soirée ciné


Lundi 27 février débutera notre cycle cinéma "Un regard chrétien". Nous verrons ensemble La ville est tranquille de Robert Guédiguian à la salle de l'Amicale : présentation de l'auteur et du film, visionnage du film, puis discussion autour d'un verre. Début à 18h30.
Venez nombreux !

jeudi 23 février 2012

Oh Toulouse ?


Quand on passe à Toulouse, on a des mélodies de Nougaro en tête, des histoires de pierres roses, et St Sernin "qui illumine le soir...", on pense à son équipe de rugby... à ses saucisses... oui, c'est un peu court ! Il y a aussi la technologie de pointe, les usines, l'aérospatiale... mais on ne pense pas forcément à la Catho. Elle y est pourtant, lovée dans son centre ville strié de rues piétonnes où l'été, l'envie vient de flâner en humant l'air du soir, à la terrasse d'un café magique, devant une bière dont la fraîcheur incite au rêve. Mais la Catho n'incite pas aux songes, dans ses murs des étudiants sérieux s'emploient à semer les graines de leur avenir, des théologiens courtois déclinent des imprudences conciliaires, et résistent aux délices du temps qui passe. Des apprentis théologiens montpelliérains, la Réforme en bandoulière, sont venus en novembre dernier saluer leurs frères contre-réformés. La rencontre fut courtoise, on y a discuté avant la poire, et après le fromage, de l'Ecriture et des traditions.
Il y fut question de Luther, ce curieux bonhomme qui osa reprocher à l'Eglise de son temps de mélanger Ecriture et Tradition - pour lui le mélange n'était pas goûteux ! Comme toujours ignorant la nuance, il déclama "ce qui n'est pas de l'Ecriture est une tradition de Satan !", ce qui n'incline pas à se faire des amis en ce bas monde... Bien sûr, ce jour-là à Toulouse on entendit aussi la "nécessité du discernement" et l'on nous rappela, car mauvais paroissiens nous étions, qui l'avions oublié, que Benoît XVI "lisait l'Ecriture Sainte comme parole de Dieu grâce à la tradition vivante" (oh mais, n'est-ce pas là un oxymore, pensa soudain presque tout haut un cruciverbiste, calviniste de surcroît ?).
Mais sourd à l'insolent, le conférencier ajouta qu'à Vatican II "on rejeta la théorie des deux sources". In petto, le calviniste conséquent crut à une révolution dans la Révélation, mais que nenni, le conférencier insista, disant que "la complémentarité entre l'Ecriture et la Tradition n'est pas quantitative mais qualitative", et de nous confier, gourmand, "la nécessité de l'élaboration d'une critériologie des traditions". On crut alors sentir dans la ville aux XV couleurs rouge et noir, monter les heures des vieilles disputes - allait-on répondre que l'Ecriture était source vivante ? Non, la dispute hélas mourut avant que de naître, car, docte, l'orateur, romain de col, reconnut que l'Eglise Catholique "soulignait une continuité de Tradition au contraire des Eglises protestantes pour lesquelles il y avait là une césure". 
L'après-midi touchait à sa fin, les héraultais avaient un train à attraper à Matabiau - "la gare du Talgo", dit un luthérien taquin. Nous nous séparâmes donc, sans oublier de nous arrêter au Capitole en chemin. Il y avait foule, et des toulousaines y déambulaient, mutines. Un attroupement soudain - on brûle un hérétique ? Non, on y vend des hot dogs, répondit, sadique, un catholique. L'enseignant, bonne mère, étendit son aile paisible et nous désigna, bon pasteur, le salut attendu : Matabiau ! 
On s'est promis de se revoir, en 2012, avant l'été. D'ici là, la France pleurera ses 3 A, l'élection présidentielle aura mis bas, et les enfants de Trente rejoindront ceux de Wittenberg. Tiendrons-nous jusque-là, tant le suspense grandit de Rome à Genève ? On disputera pour savoir "ce qui a bougé depuis Luther,  avec quelle compréhension de l'autorité et du salut ?", susurra notre systématicien. "Ca nous changera des "données corrigées des variations saisonnières"", répondit un sémillant économiste...
Oh Toulouse !
Patrick

mercredi 22 février 2012

Confessions d'un grand monsieur (video)

Marc Boegner (1881-1970) a été un pasteur incontournable de l'Eglise Réformée de France, voire même son "incarnation" aux yeux de beaucoup. Son oncle maternel n'est autre que le célèbre Tommy Fallot auquel Boegner consacrera sa thèse de doctorat. En secondes noces, il épouse Mary Thurneysen (la soeur d'Eduard Thurneysen qui fonda la "théologie dialectique" avec Karl Barth et Friedrich Gogarten).
Il est l'un des artisans de la reconstitution de l'unité réformée qui sera scellée en 1938. Il deviendra président du Conseil national de l'E.R.F. jusqu'en 1950. Durant la Seconde guerre mondiale, il s'illustre par ses revendications publiques à l'encontre de la politique antisémite et xénophobe du gouvernement de Vichy. Malgré la surveillance de la Gestapo et de la milice, il couvre de toute son autorité tous les pasteurs et la CIMADE (dont nous parlions récemment) qui cachent et font sortir de France les personnes juives et recherchées par les nazis et les autorités vichyssoises. Après la guerre, il assume la présidence de la Société des Missions évangéliques de Paris tout en oeuvrant au redressement des Eglises protestantes en France.
Enfin, en 1964 et 1965, il est invité personnellement aux 3e et 4e sessions du Concile de Vatican II.

Arnaud

mardi 21 février 2012

La Cimade


"Accueillir, accompagner, défendre et témoigner". Voilà les mots d'ordre qui orientent toute l'action de la Cimade, association loi 1901 créée en septembre 1939, au moment où les populations d'Alsace et de Lorraine vivaient l'exil des évacués. Suzanne de Dietrich, une théologienne protestante, a pris toute la mesure de la détresse de ces gens déplacés contre leur gré, au fil des aléas de l'histoire, et obligés de vivre de l'accueil qui leur était réservé, avec plus ou moins de bonne grâce. A l'origine de l'association, on trouve des mouvements de jeunesse protestants (et à ce titre, de nombreux prédécesseurs de l'IPT Montpellier et Paris). S'il s'agissait au départ de témoigner de l'Evangile dans l'action et dans le partage, l'association a rapidement gagné une dimension oecuménique avant de se laïciser progressivement et de toucher d'autres publics confrontés au déracinement et au danger d'être d'ailleurs dans une société de gens d'ici. Aujourd'hui, elle s'intéresse essentiellement au sort des étrangers en situation irrégulière. Pour ses 70 ans, l'affiche de l'association comportait la phrase "Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre" (qui fait écho à ce mot de Luis Rego "Il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde"). 
Il n'aura échappé à personne proche de l'ERF ces quelques derniers mois que le concept d'hospitalité tend à devenir un concept théologique. C'est bien là que tout se joue... Et ça se joue non seulement sur les bancs des scriptoriums que sont parfois nos facultés, mais aussi et surtout sur le terrain, là où des gens vont vraiment agir, en toute discrétion le plus souvent, mais aussi en sachant faire le foin nécessaire pour faire bouger les choses quand la brusquerie des mots devient aussi légitime que l'invisibilité des actions quotidiennes... C'est à nous qu'il appartient d'entendre, d'écouter, de comprendre que les mots recouvrent toujours des situations vécues, douloureuses, insupportables souvent. Tous, futurs pasteurs comme laïcs, ne pouvons rester indifférents face à ce qui se joue là.
Pour se tenir au courant des actions de la Cimade, allez régulièrement voir sur le site (clic). Et puis, ici, nous relaierons régulièrement ce dont nous entendons parler. Sachez aussi qu'il y a un groupe Cimade à Montpellier... D'ailleurs il y a deux jours, des Somaliens en situation irrégulière sont allés manifester pour... réclamer leur arrestation, tous ensemble. La préfecture refuse de leur délivrer un titre provisoire de séjour, ils sont régulièrement arrêtés individuellement, puis relâchés en raison des jugements en leur faveur, et ça fait des mois que ça dure... 70 dossiers sont en attente et ce sont 70 personnes qui attendent, contraintes de vivre dans la clandestinité. "Je suis parti de Somalie mais, ici, ma situation est la même que là-bas, alors qu'ici, il y a un Etat", notait l'un d'eux (citation ici, clic).
Vous pouvez voir ici (clic) une petite vidéo consacrée à la politique d'hospitalité, et ici (clic) l'appel "Urgence pour une politique d'hospitalité", que vous pouvez signer. 
L'humanité passe par l'autre...

lundi 20 février 2012

L'Urgence et le Temps

J'étais trop bien à l'IPT, ces dernières semaines. En décompression depuis les résultats d'examens. Avec l'envie de profiter du plaisir du cotoiement de chacun. Envie de temps de partage, de détente, de musique...
La réalité m'a secoué de ma dilétence cotonneuse ce mercredi : le gel des installations sanitaires d'un appartement que je loue modestement à une famille marocaine de 6 personnes, m'a obligé à rentrer d'urgence sur la Savoie, histoire de trouver un plombier qui veuille bien rétablir une situation normale.
Peine perdue! Deux jours plus tard, en l'absence de professionnel disponible, je me suis retrouvé jonché à 8 mètres de hauteur, en train de chauffer, sans succès, une canalisation d'eau potable avec une lampe à souder. Du coup, mon locataire m'a passé un savon que je ne suis pas prêt d'oublier : cela faisait cinq jours que lui et sa famille ne pouvait se laver. Cinq jours qu'il ne pouvait faire ses ablutions pour la prière. Et moi, je le priais de m'excuser... promettant une hypothétique intervention d'un ami plombier surbooké. Je lui donnais raison, mais j'étais sans solution.
Et le lendemain...arrivée du plombier qui, voyant l'ampleur de la tâche, me signifie gentillement « qu'il ne peut intervenir sans une nacelle… et encore ! ». En guise de solution, il me tend son chalumeau flambant neuf, au cas où je veuille me confronter au vertige qu'il ne supporte pas. Va pour l'acrobate! Je n'ai plus droit à l'erreur. Il y a une famille qui m'attend au tournant, à l'étage. Au bout de ¾ l'eau est rétablie. Merci Seigneur.
Cette péripétie m'a fait prendre conscience du caractère très particulier de la présence à l'IPT. Elle ne nous exonère pas de nos responsabilités, de nos engagements passés. Et la réorientation de nos vies n'est pas sans problèmes concrets, parfois lourds.
L'appel à devenir pasteur, je le porte à bout de bras depuis quatre ans. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ERF m'a toujours encouragé à prendre le temps... l'urgence étant d'attendre... Mais j'ai tenu bon, avançant à marche régulière... regrettant qu'il n'y ai pas de parcours professionalisant pour les adultes dans la fleur de l'âge... En avril, j'aurai 50 ans. Je dois être le plus vieux candidat au pastorat. Je ne me sens ni vieux de coeur, ni de culture; le cotoiement des jeunes ne me gêne pas. Mais le temps passe, je ronge mon frein ! A quand la pratique, à quand la vraie vie ?
Or, à l'autre bout de ma chaine, il y a ce frère qui vit le tiraillement de la séparation sur le quai d'une gare métropolitaine, d'avec sa fille de 5 ans dont il ne fêtera pas l'anniversaire cette année. A l'autre bout de la chaîne, c'est cette soeur qui peine à se dégager des affres de la maladie de son conjoint, ombre portée sur leur vie d'une épée de Damoclès. A l'autre bout de la chaine, c'est cette soeur qui rentrée chez elle, se rend compte que la vie a déserté son couple, sans violence, ni disharmonie apparente. A l'autre bout de la chaîne, c'est ce pasteur altruiste qui pleure le décès de son père à l'intérieur, mais qui garde un sourire pour chacun...A l'autre bout de la chaîne... on ne connait de l'autre que la partie émergée du volcan de sa vie.
Du coup, la légitimité de ma petite impatience m'apparaît toute relative, et me ramène au seul constat qui vaille.
Seigneur! tout est Grâce, et rien ne justifie le repli sur soi.
Rien ne justifie que la Grâce, qui est grâce d'être, d'être en Lui, et d'être ensemble.
Dans tout cela, le temps donné au temps est un élément incontournable. L'urgence est impatiente mais c'est le temps qui scelle son incarnation.

CH

dimanche 19 février 2012

une prédication pour la Saint-Valentin...

1 Corinthiens 12, 27-31 – 13, 1-13

14 février…

Et dans les journaux, et à la télévision, et dans les conversations, et surtout peut-être dans les magasins et les restaurants, on nous parle d’une fête, qui semble être une fête de l’amour, des amoureux.

Alors, sachant cela, hop, je cherche un texte biblique qui parle d’Amour, qui s’appelle même l’hymne à l’Amour… Pourtant, non,  ce texte biblique, l’hymne à l’Amour  nous parle à coup sûr d’un autre amour, ou d’un amour Autre. Déjà il est question d’un amour qui lui n’a pas des fins commerciales, et qui, n’entre pas dans une relation de marchandisation. Il n’y a pas de rétribution à cet amour là.
Alors quel est cet Amour dont il est question ici?

On ne nous parle pas d’un amour qui a des comptes à rendre. D’ailleurs on ne nous parle pas d’amoureux non plus.
Mais juste d’un  « je », un sujet, dépourvu d’Amour. Et qui nous dit le texte n’est rien, même s’il accomplit les plus grandes et belles choses… Ça ne lui sert à rien sans amour.

L’Amour dont il est question me concerne déjà moi, te concerne toi en tant que sujet sans considérer ce que l’autre rend dans cet amour. 
« Peu m’importe que tu m’aimes… ».

L’Amour, une fleur sauvage


Et il n’est pas question ici non plus d’un amour exclusif de l’un pour l’autre, mais c’est un amour qui ouvre des perspectives, qui laisse de la place aux autres dans cette rencontre de cet amour Autre.

L’Amour parfois, par foi, peut accepter de recevoir une parole critique de l’autre en ne considérant pas systématiquement qu’elle est parole de jugement, mais qu’elle peut être parole de remise en question, une critique qui pourrait être constructive. Car selon nos représentations de l’autre, c’est comme si on se disait tout de suite, d’une parole, qu’elle n’est pas pour nous, que c’est pour nous blesser, nous priver de notre liberté et alors nous coupons la relation.

Peut-être qu’il en serait de même d’une personne qui aime les belles fleurs, il voudrait se débarrasser des mauvaises herbes, et il met du désherbant dans son jardin. Il ne considérerait même pas que de jolies fleurs sauvages peuvent pousser au milieu de ces herbes… l’Amour est comme une fleur sauvage. Il ne peut s’épanouir dans l’exclusion. Il ne peut s’épanouir quand nous sommes repliés sur nous même,  moi et ma petite vie, ma relation de couple, mon petit monde, en mettant un désherbant contre les autres. Donc, oui, c'est dans cet amour qu'on peut remettre sa vie et son couple, pour qu'à notre tour on sème, on s'aime.
  

Ainsi on pourrait considérer, comme le conte nous le disait, 

Un amour aveugle, dans le sens où il ne considère pas le mal que fait l’autre, ou une parole. Il ne le médite pas mais retient le bon dans l’autre ;  La personne à côté de nous sans garder le mal que nous éprouvons ou en dépassant le préjugé négatif que nous avons sur l’autre pour découvrir le bon en lui.

D’ailleurs l’Amour décrit dans notre conte, a pardonné, pardonne et accueille l’autre qui revient vers lui.

Et aussi, selon ce que l’auteur de l’épître nous le présente, nous avons tendance à considérer que cet Amour est folie, inaccessible.

D’ailleurs que disait Pascal (Blaise)? « le cœur a ses raisons que la raison ignore ». ..
… Par l’Esprit Saint, Dieu peut donner le discernement,  nous donner de chercher et trouver et retenir ce qui est bon, laisser interroger la raison et accepter que Son Amour dépasse la raison. Ce qui serait de la folie de Dieu serait plus sage que la sagesse des hommes nous dit Paul au début de sa lettre aux corinthiens.
Ainsi dans cet Amour, nous sommes conviés à ne pas médire mais à parler un même langage mués par ce don de l’Esprit Saint.

L'Amour, un don insaisissable.

Comment parler de cet amour indicible? Paul,  en parle peu finalement pour le définir, ou alors surtout à la forme négative.  Avec 9 fois la forme négative… pour le caractériser... ou pas…  « L’amour n’est pas »

L’Amour  [Agape] (agaph) en grec est déjà un don insaisissable. Il est un don à part entière et même au-delà, le meilleur des dons.

Paul en parle dans sa lettre aux Corinthiens, pour l’opposer aux autres dons, dont semblent s’enorgueillir la communauté corinthienne. Il n’y a pas lieu de s’en glorifier, mais glorifier Dieu pour ces dons.

Ainsi parler d’Amour dans ce contexte revient à remettre chacun devant sa responsabilité à l’égard de l’autre, à son accueil, à son service pour que ce soit L’Eglise qui vive, avec tous les membres du corps du Christ.

Je reçois ce don de Dieu et avec ce don, je suis à même de servir Dieu et de rencontrer l'autre, de l'aimer.

Ainsi Paul, l’auteur de cette lettre aux Corinthiens dans sa définition, démonte les représentations humaines de l’amour, d’un amour qui demande des comptes, qui exige de l’autre.

Ce don de Dieu, don de L’Esprit vient dépasser tous ces autres dons,  et il s’exprime en acte. L’Amour agit, et tous les verbes en grec, sont à la forme moyenne ou active avec l’Amour comme sujet.

Il n’est pas cet amour qu’on met en boîte (l’Amour ne s’irrite pas) et il ne s’emballe pas (l’Amour prend patience)  dans un joli papier cadeau pour offrir comme pour prouver un amour.

L’Amour présenté par Paul défait la représentation de l’Amour, cet objet qu’on voudrait réduire à ceci ou à cela. C’est de ce même Amour dont Jésus a parlé dans les évangiles invitant à ne pas aimer seulement ceux qui nous aiment en retour.   

C’est donc aussi,  un  Amour qui démonte le mécanisme de la violence et de la rétribution. En cela, nous sommes amenés à voir au-delà de la souffrance que nous percevons et où nous aurions tendance à nous replier sur nous même en pensant qu’il n’y a pas d’issue. Pourtant, il y a une issue avec l’Amour DE Christ. Dès lors, ce n’est pas une parole qui nous enferme que nous devons retenir ici et qui consisterait à isoler une phrase de cet hymne et qui aboutirait à se soumettre à l’autre ou encore à ressentir un sentiment de culpabilité.

Et ce n’est pas retenir une phrase de jugement contre l’autre qu’on considérerait incapable d’Amour.

Nous aussi sommes incapables d’Amour par nous même puisqu'il se vit dans la rencontre... déjà rencontre avec Dieu. Par Son don, nous pouvons avoir l’Amour dans notre vie, et notre regard envers l’Autre peut changer. L’amour ne médite pas le mal. Il dépasse les préjugés, les à priori que l’on a sur l’autre, et il nous permet de nous remettre en question pour faire de la place à l’autre, à la parole de l’autre, à une parole Autre.

L’Amour délivre.

Le lévitique (Lv 19,18) nous dit, « aime ton prochain comme toi-même ». Il s’agit de ne pas se nier. De ne pas nier l’Amour qui nous anime, ni un peu de notre amour propre non plus… L’amour m’anime, et par ce don d’Amour, l’Esprit Saint me donne de pouvoir aimer les autres.

Finalement, cet Amour est un amour libérateur, comme la loi de Dieu, il ne nous tient pas esclave, mais permet de reconsidérer la relation à l’autre en ouvrant de nouvelles possibilités à ceux que nous enfermons dans notre propre jugement.

« Sans amour, je ne suis rien ». Sans une parole qui me construit et une relation avec un Autre, je peux passer à côté de ma vie. Combien il est difficile à un enfant de construire sa vie sans amour ou dans une image de l’amour qui l’enferme dans un cycle de violence. Comme un père qui abuserait et frapperait ses enfants en leur disant je t’aime.

L’Amour, Bonne Nouvelle a le dernier mot.

Non ! Réjouissez-vous dans cette Bonne nouvelle ! Il est question dans l’évangile, d’un père qui aime ses enfants et qui leur permet de trouver l’amour non en les battant, mais  en leur pardonnant.

Avec le discernement de l’Esprit Saint, il nous offre la possibilité de sortir, d’avoir une issue face au mal, chacun dans sa situation, car comme le texte nous invite à le considérer, c’est l’Amour qui a toujours le dernier mot.

Et si dans la septante, la traduction grecque de l’ancien Testament, on peut trouver d’assez nombreuses personnes qui aiment, de cet Amour Agapè…  dans les évangiles, je n’ai trouvé que deux personnes dont on nous dit qu’ils aiment avec cet amour dont la racine a pour origine le verbe grec agapaw. Hormis Jésus et Dieu, le père, on ne trouve ainsi que le centurion romain (un étranger) qui fait appel à Jésus pour guérir son serviteur…  et une prostituée, celle qui renverse du parfum sur les pieds de Jésus.

Ainsi, Nous n’avons pas à être fort pour aimer, mais être fort dans l’Amour de Dieu, et aspirer au don le meilleur pour accueillir l’Autre, notre Dieu, et ainsi notre frère, notre sœur, notre mère, notre père…

Et jamais son Amour ne tombera… L’Amour de nos proches ne s’arrête pas à la fin que nous imaginons, la séparation, la mort… mais il vit dans notre espérance et dans chaque graine qu’a semé l’Amour dans nos vies.

Alors, bien-aimés, Aimez-vous les uns les autres, comme Jésus nous a Aimé et nous Aime.

Aspirez aux dons les meilleurs.

Laissez germer en vous l’Amour de Dieu. Laissez sa source jaillir en vous pour que votre Amour irrigue à son tour tous les champs de vos rencontres afin que s’enracine cette Bonne Nouvelle.


                                                                                    prédication de Rémi Droin 14.02.2012

Prose et élitisme

Quand on voit ce qu'on et qu'on entend ce qu'on entend, je suis de plus en plus persuadé qu'on a bien raison de penser ce qu'on pense...


Mais au-delà de ce remarquable exemple de Tout-ce-qu'il-ne-faut-surtout-pas-faire, nous voilà confronté(e)s à la pugnace question de la frontière entre "christianisme" et "chrétienté": le premier est un mouvement de foi s'attachant à la figure du Christ — l'Emmanuel — reconnu dans les témoignages néotestamentaires (Parole écrite), mais aussi dans la prédication (Parole prêchée) et enfin dans tous ces instants fugaces où la foi lucide reconnaît la présence du Ressuscité (Parole révélée).

La seconde relève de l'ordre civilisationnel et culturel par l'implication des organes ecclésiastiques dans l'appareil d'Etat des divers systèmes sociétaux de l'Antiquité, de la féodalité, de la monarchie etc.

On n'en voudra pas à nos amis de cette paroisse — désespérée à ce point que ce placard (on en a pourchassé pour moins que ça!) ressemble plus au chant du cygne qu'à l'invite de l'Evangile — qui ont pour leur décharge ce terrible fardeau d'être à la fois citoyen du Royaume et citoyen d'un Etat ecclésiastique, le Vatican. Quand l'église du coin est perçue comme l'annexe de la maison vaticane, quand on se représente l'absence de l'immense majorité des "administrés" lors des cérémonies communautaires comme une trahison, une désertion, un acte antipatriotique... on peut comprendre à un autre niveau ce qui traîne dans l'air : je parle de ce discours détestable où l'allocataire, l'assisté, devient le catalyseur de tous les soupçons, de toutes les menaces insidieuses. Quand le chômeur devient comme le "juif" à l'étoile jaune, quand l'immigré devient le "colabo" de la dette souveraine, pas étonnant que le chrétien culturel deviennent la cible de celles et ceux qui se croient les véritables disciples de leur(s) Christ(s).

"Tu seras bien content(e) de nous trouver quand tu seras mort(e)...!"; "T'étais bien content(e) de nous trouver pour te marier...!". "Alors, n'oublie pas de te montrer un peu plus méritant(e), un peu plus reconnaissant(e), s'il-te-plaît, tu seras gentil(le)."
Voilà en gros le message sous-jacent de cette vilaine pancarte: fini, les arguties de la grâce; fini, le baratin sur la gratuité. L'Eglise (catholique romaine) se mettrait-elle à l'heure du néolibéralisme? : "seul le résultat compte..." (c'est même devenu un concept en soi: on dit "faire du résultat", comme on fait "du chiffre", comme on fait "du gras"). Pourquoi pas mettre en place un système sarkozien où au bout de deux propositions à venir à la messe, on obligerait l'indigent à accepter de gré ou de force à intégrer la paroisse la plus proche, sinon... que dalle pour une demande de baptême; que dalle pour une demande de mariage; que dalle pour un service funèbre. Voilà un système dans l'air du temps! Y'a qu'à faire un Raffarindum!

L'Eglise est une vieille dame... dira-t-on. Mais au moins, de grâce, lorsqu'elle veut s'injecter un coup de Botox pour plaire un peu, qu'elle fasse appelle à quelqu'un d'averti. Ca lui éviterait de se défigurer elle-même et d'effrayer plus que jamais.

A bon entendeur,

Salut ??!


Arnaud

samedi 18 février 2012

Invitation de la Folie (une histoire pour la Saint Valentin)


La Folie décida d'inviter ses amis pour prendre un café chez elle. Tous les invités y allèrent. Après le café, la Folie proposa :
  On joue à cache-cache ?
- Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
- Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez. Quand j'ai fini de compter, je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.

Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse. 1, 2, 3... la Folie commença à compter.

L'Empressement se cacha le premier, n'importe où. La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre. La Joie courut au milieu du jardin. La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se cacher. L'Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.
La Folie continuait de compter, tandis que ses amis se cachaient. Le Désespoir étaient désespéré en voyant que la Folie était déjà à quatre-ving-dix-neuf.

- CENT ! cria la Folie. Je vais commencer à chercher...

La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu s'empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert. En regardant à côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché. Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...

Quand ils furent tous réunis, la Curiosité demanda :
- Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu. La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d'une montagne, dans les rivières au pied des rochers. Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, pris un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri. C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un oeil.
La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours. L'Amour accepta les excuses.
C’est pourquoi encore aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours.

jeudi 16 février 2012

Je déclame, tu déclames, nous déclamons

Il y a des jours comme ça, où parler devient un mystère : c'est quand on se demande ce qui se passe, au fond, quand on parle... Aujourd'hui donc, nous avons exploré ensemble, avec le comédien Emmanuel Gradt, ce qui se joue dans l'acte de parler en public. Il paraît que le matin, les passants nous ont pris pour des lions en cage (là, on marchait dans tous les sens en essayant de prendre un air dédaigneux et en étouffant des rires nerveux) puis pour une ménagerie tout entière (là, on se chauffait la voix). On a aussi fait des exercices qui reposaient sur la complicité du regard pour se passer des ballons imaginaires. Là, notre pratique assidue des apéros du mercredi a été fondamentale, si j'ose dire, vu qu'on se connaît tellement bien qu'on sait souvent, d'un coup d'oeil, où en est l'autre. Si ça n'avait été pour le pied présidentiel qui l'empêchait de trotter autant que les autres, on aurait pu dire qu'on était rhétoriques-raques (non ? non, bon).
L'après-midi, c'était l'épreuve de la prise de parole en public. Et là, on a pu se rendre compte que compter sur l'auditoire est au moins aussi important que préparer ce qu'on a à dire : l'attention a priori bienveillante permet de s'appuyer sur quelque chose pour ne pas parler dans le vide. Chacun a pu lire/dire un texte, chacun à sa manière, avec sa propre intonation, ses propres émotions, sa propre façon d'habiter la parole. Comme l'a dit l'un de nous à la fin, il y a de la marge pour la progression... mais on a sans doute pris conscience, collectivement et individuellement, qu'on était bien capables de parler en public... et on n'a pas fini d'en explorer toutes les dimensions. 

mercredi 15 février 2012

Lorsque glaçons pendre par le mur





Lorsque glaçons pendre par le mur,
 
Et Dick le berger souffle son ongle,

Et les ours Tom se connecte dans la salle,
     
Et le lait vient à la maison congelés dans un seau,

Lorsque le sang est nipp'd et les moyens être immonde,
Puis chante tous les soirs de la chouette dévisager,
 
                Tu-whit;

Tu-qui, une note joyeuse,
Bien grasse Joan quille doth le pot.



Quand tout à voix haute le vent doth souffler,
    
Et la toux se noie scie du pasteur,

Et les oiseaux assis couve dans la neige,
     
Et le nez de Marion semble rouge et des matières premières,

Lorsque rôties sifflent crabes dans le bol,

Puis chante tous les soirs de la chouette dévisager,
  
               Tu-whit;

Tu-qui, une note joyeuse,
Bien grasse Joan quille doth le pot.

Le pauvre William se retournerait dans sa tombe s'il pouvait lire ça... C'est ce que donne la traduction automatique du poème "Winter" tiré de Love's Labour's Lost, une pièce de 1595. Il paraît que son humour érudit la rend particulièrement difficile d'accès pour le public moderne... pour un lecteur moderne, un peu paresseux et doté d'un accès internet, c'est sûr. L'original est ici (clic) et une traduction un peu plus respectueuse donnerait quelque chose dans le genre :

Quand les glaçons pendent des toits,
Dick le berger souffle dans ses doigts,
Tom entasse les buches au salon,
Le lait gèle dans le poêlon –
Quand le froid vous mord et que les sentes gadouillent,
Alors la chouette effraie, dans la nuit, gazouille :
Chu-hui,
Chu-hou, un joli son –
Et Jeanne la souillon noie le bouillon

Quand le vent hurle et secoue,
Le prêche du pasteur se noie dans la toux,
Les piafs frissonnent, petites pattes gelées,
Rouge et humide est, de Marion, le nez –
Quand les crabes rôtis dans le bol grouillent,
Alors la chouette effraie, dans la nuit, gazouille :
Chu-hui,
Chu-hou, un joli son –
Et Jeanne la souillon noie le bouillon


William Shakespeare, "Winter" (Love's Labour's Lost), 
trad. PRG


Charmant, non ? Mettons que c'est une façon de ne pas oublier que le texte traduit (quelle que soit la méthode de traduction) met forcément une barrière entre le lecteur et le texte original... 

lundi 13 février 2012

ALA, claire fontaine

Tous les étés depuis 31 ans, il se tient une école de langues dont on dit qu'elles sont mortes alors qu'en fait... elles gigotent encore beaucoup. Preuve en est le peps de ceux qui assistent aux cours de cette Académie des Langues Anciennes (ALA de son petit nom) et y reviennent, d'année en année, retrouvant souvent des visages connus, pour approfondir la connaissance d'une langue ou commencer l'apprentissage d'une autre. Ici à l'IPT, on apprend le grec, l'hébreu (et l'ougaritique, bien sûr). A Digne en juillet prochain, vous pourrez également apprendre l'araméen, l'akkadien ou l'arabe, ou encore le tibétain, le copte, l'égyptien ou le hittite, ou le sanskrit, ou... C'est une session intensive. A titre de comparaison, en hébreu on étudie en 10 jours à peu près l'équivalent du programme d'un semestre de cours à l'IPT. 
Ca se tient du 17 au 27 juillet à Digne-les-Bains, dans un site magnifique, dans des conditions d'hébergement impeccables. Bonne humeur assurée ! Pour plus d'infos, le site est là (clic), le programme sera mis en ligne prochainement, sinon vous pouvez cliquer sur les photos ci-dessous. Les étudiants de l'IPT peuvent également s'adresser à E. Correia, qui co-organise l'ALA. 




samedi 11 février 2012

ERF on Tour, ze retour


Ces temps-ci, si vous zappouillez sur le site de l’ERF, vous tomberez sur un lien qui évoque l’aventure ERF on Tour 2011 : quatre théologiens (et demi) en vadrouille en Vendée au mois d'août dernier, à la rencontre des communautés, au coeur de l’aventure, de l’attendu et de l’inattendu, de petites et de grandes surprises.
Et c’est reparti ! La « bande à Benji », complétée de quelques « petits » nouveaux, reprend du service en 2012 et part dans l’Est...
Pour plus d’infos, allez jeter un œil au blog ERF on Tour. Vous y trouverez la confession de foi de l’équipe 2011 et les nouveautés mises à jour régulièrement. Vous pouvez aussi écrire à l'équipe pour plus d'infos.
Attention, hautement contagieux !

vendredi 10 février 2012

Bonne nouvelle ?


Depuis quelques semaines, une fine brochette d'étudiants se réunit de temps en temps pour un "atelier contes bibliques". Il s'agit de lire ensemble un texte, de le travailler et d'en tirer un conte. Nous avons retenu la "vocation de Samuel" (1 Samuel 3). Et l'autre jour, un petit loup grand comme ça qui laissait traîner ses oreilles dans le coin a semble-t-il entendu deux-trois trucs qui lui ont un peu hérissé le poil. "Et d'abord, pourquoi Dieu il réveille Samuel au milieu de la nuit ? il était sûrement en plein milieu d'un beau rêve en plus ! Il aurait plutôt dû en parler à Eli, et comme ça Samuel il aurait pu dormir...". 
C'est là qu'on réalise que ce qui faisait "bonne nouvelle" pour nous dans ce texte, le fait que Dieu soit venu causer à un enfant et ainsi bouleverser le cours de l'histoire, ça ne fait pas forcément bonne nouvelle pour tout le monde... C'est une leçon ! Elle nous rappelle que la tâche de transmettre l'Evangile ne peut jamais se dissocier d'une attention particulière envers ceux qui vont écouter : et eux, qu'est-ce qui va les faire vivre ? 
Du coup lundi prochain, on va marcher sur des oeufs... encore que si nos pointes théologiques laissent un peu à désirer du côté des contes, le petit bonhomme en question se fera un plaisir de les détourner en outil pour faire des beaux trous dans le parc à la recherche de défenses de mamouth...

mercredi 8 février 2012

Post-it

Post-Scriptum : c'est ce qui est écrit après l'écrit : dans le cadre biblique, on pourrait penser que les apocryphes sont en quelque sorte des post-scriptum (sauf que parfois, les auteurs ont quand même opéré un glissement théologique assez important par rapport aux écrits canoniques)

Post-Christum : c'est ce qui vient après le Christ, autrement dit, nous.
Comme le disait l'autre, le Christ annonçait la venue du Royaume, mais c'est l'Eglise qui est venue ! A notre façon, nous sommes donc des post-scriptum de la figure christique, nous tentons d'être des imitateurs du Christ (accent Kierkegaardien je le concède).

Pour toute réclamation concernant la théologie développée dans ce billet, veuillez-vous adresser au service après-vente de l'Amicale des étudiants !

Le meeting de Balaruc

Imaginons. Imaginons que nous sommes début février... et imaginons, pure hypothèse d'école, qu'au mois de mai-juin, il y ait une élection présidentielle. Enfin pas présidentielle, mettons qu'on se trouve dans une civilisation où il n'y a pas de président (forcément, toutes les civilisations, paraît-ils, étant inégales entre elles, leurs systèmes politiques aussi), donc on élit... je ne sais pas, un champignon. Pure hypothèse d'école. Quelles questions poserions-nous au bolet putatif, pour s'assurer qu'il ne va pas aller mettre la pagaille dans nos institutions d'une part, qu'il respectera le droit des champignons d'autre part, que la parité sera garantie, enfin je ne sais pas, des trucs de base, quoi. Histoire de dire qu'on est bien tous dans la même champignonière. Et qu'il ne va pas se mettre à percer ici et là, dans l'humus de cette campagne, comme des relents de politique anti-mycélium - pure hypothèse d'école toujours. On ne se méfie jamais assez des truffes.
Imaginons. Imaginons qu'à Balaruc (juste parce que c'est un joli nom) se tienne toutes les semaines à partir d'aujourd'hui un meeting visant à interpeller les champignons du pouvoir actuel et les éventuels futurs sur leurs projets, vous leur diriez quoi, vous ?

mardi 7 février 2012

Quand l'Esprit parle (rien n'est certain que le vertige)

Mes week-ends à la maison sont en passe de faire de moi un champion du monde de Lila... de petits chevaux. Lila, c'est mon dernier bout de chou : quatre ans, tête blonde... un heureux accident de la Grâce, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Et les petits chevaux, c'est sa passion du moment ! Et quand on aime, on s’entraîne dur. L'équitation de salon, ça demande son pendant de coaching. Alors on s’entraîne, et on entraîne papa. Finies les parties d'échecs où l'on s'absorbe dans une méditation tout aussi hasardeuse que le jet d'un dé qui peine à faire des 6.
Lorsque, le dimanche soir, je repars sur Montpellier, j'éprouve une certaine culpabilité à tout le plaisir glané à faire mes études ; à rencontrer des gens qui éprouvent un plaisir voisin ; à confronter des points de vue ; à partager des temps de prière avec eux.
Oui, il y a une culpabilité à cet impartagé avec mon autre vie dans l'avant-pays savoyard. Je me dis que c'est pour de bonnes raisons que je le fais. Je me dis que l'évidence de l'appel est telle que tout cela fait sens : l'Esprit m'amène ici, le Christ doit bien me tenir un peu par la main sur ce chemin...
Mais parfois je me demande : « Et si je me trompais ? Si le souffle qui me porte n'était qu'un vent de pacotille au bord d'un précipice ? Si cet appel ressentit n'était pas VRAI, mais le fruit d'un for intérieur pathologique ou simplement en quête d'effervescence ?... Ai-je le droit ? ».
... Les signes ne sont jamais assez signes, lorsqu'on s'engage et qu'il en coûte. Je me sens défaillir à mes heures, pour le vide que je laisse à ceux à qui je manque au long de la semaine. J'ai beau m'en remettre à ces paradigmes en équilibre : nouage borroméen d'Ansaldi, pyramide de Gagnebin... Cocottes en papiers ! Rien n'y fait.
La théologie structure la pensée sur Dieu, et sur mon incapacité à Le penser. Décidément, il y a une part de folie dans nos engagements en Lui. Seigneur, garde-nous en Toi, garde-nous en Joie par-delà nos limites.  
CH

lundi 6 février 2012

Saint Téthique, Saint Cronisme et les autres


Le mardi 14 février, nous allons fêter à notre façon la Saint... heu... enfin l'anti Saint... euh... enfin on va fêter un truc, c'est sûr.

Rendez-vous à 19h chez les diaconesses du dernier étage, amenez un truc à partager !

samedi 4 février 2012

Centre fraternel de dépannage

C'était un premier février, en 1954, à la radio, une heure du matin.

"Mes amis, au secours...

Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée... Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !
Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE, ces simples mots :« TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS, ENTRE, DORS, MANGE, REPREND ESPOIR, ICI ON T’AIME »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux "sans abri". Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :• 5000 couvertures,• 300 grandes tentes américaines,• 200 poêles catalytiques. Déposez-les vite à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris. Merci !"