vendredi 28 septembre 2012

Vous avez dit dialogue ?

Je vous propose une petite expérience. 
Voici une première photo. Vous remarquerez le message tout à fait évangélique qui se trouve au-dessous. On peut l'interpréter comme un bel encouragement, une direction à suivre. Ca peut être une de ces phrases qui habitent une journée pour lui donner une saveur particulière et nous donne le sourire quand on y repense. La voici donc : 


Voici une deuxième photo. Toujours selon le message en dessous, vous remarquerez qu'on est dans un registre totalement opposé. Comme s'il s'agissait d'un message directement en contradiction avec le message ci-dessus. Le genre de message qui nous fait froncer les sourcils quand on se l'est mis en tête le matin et qu'on y repense dans la journée. La voici :


Maintenant, mettons-les en dialogue. Que se passe-t-il ? Est-ce qu'elles peuvent dialoguer, ces deux photos ? ou simplement entrer en confrontation directe ?
Mais je vous dois la vérité. 
En fait, ces deux photos ont été prises à quelques secondes d'intervalle, tout simplement parce qu'elles se trouvaient au-dessus du même rayonnage. De vente de bougies. Ces deux affichettes sont des recommandations de sécurité. Elles ne sont pas destinées à entrer en dialogue, mais à dire la même chose. Ne pas laisser s'éteindre la flamme toute seule c'est ne pas risquer l'incendie ; toujours l'étouffer soi-même c'est éviter qu'elle n'enflamme toute la maison... 
Qu'est-ce que ça nous dit sur le dialogue, tout ça ? Il me semble que ça nous dit que tout dépend de la façon dont on conçoit le dialogue en lui-même. Si on s'attend à être en opposition, on le sera. Si on s'attend à, au fond, mais d'une manière qui nous échappe encore, dire la même chose, on aura une recherche commune de la vérité, de cette forme de vérité qui fonde l'humain. Ca tient à pas grand-chose...

Tout ça pour revenir sur ce que Colette Poggi évoquait pour nous hier soir au cours public, sous le titre « Soi ou non-Soi ? La mise en scène d’un débat fondamental entre hindous et bouddhistes chez le philosophe Abhinavagupta (X-XIe s.) ». Elle nous parlait de l'extraordinaire osmose entre penseurs hindouistes et bouddhistes dans le Cachemire de l'époque : pour résoudre le problème de l'être-au-monde, de la conscience, ils sont entrés en dialogue et ont forgé, finalement, des outils communs (le Soi, la compassion, la vacuité, l'absolue transcendance) pour parvenir à évoquer, chacun par son approche, une vision de l'être humain. Car le constat est le même : il faut venir en aide aux êtres humains et les aider à sortir de la coquille dans laquelle ils s'enferment, celle du moi. Les deux traditions, portées par un même optimisme métaphysique, affirment que la connaissance est ce qui permet à la conscience de déchirer le voile des choses.
Ca ne vous dit rien ? la vérité voilée... l'homme incurvé... la question de qui vit en nous... Pour des théologiens chrétiens, ça résonne aussi. Et il n'y a pas de bonne raison de vouloir échapper au dialogue qui peut encore se nouer, des siècles plus tard. Mais de le vouloir ou pas, c'est vrai, ça tient à pas grand-chose...
PRG

mardi 25 septembre 2012

La télé est mon berger - Psaume 23

En hommage au pasteur Roger Parmentier, qui nous a quitté dimanche 23/09, je partage une actualisation du Psaume 23 qu'il avait écrite sur le thème de la... Télévision ! Beaucoup d'humour, mais ça fait réfléchir !

La télé est mon berger, je ne voudrais pour rien en manquer.
Elle me fait reposer dans un fauteuil confortable.
Elle me dirige vers une vie inutile et tranquille.
Elle divertit mon âme et me délecte de l'injustice.
Quand je suis menacé par les conséquences de mes choix,j'ignore tout mal, car tu m'aveugles.
Ton écran et tes programmes, voilà tout ce qui m'intéresse.
Tu remplis ma tête d'illusions et mon âme évidée se laisse vivre par tes idées.
Oui, le plaisir et la futilité m'accompagneront aussi longtemps que tu existeras.
Mais je n'habiterai jamais la maison du Seigneur,
Car tu m'en fermes la porte tous les soirs de ma vie.

Simon

dimanche 23 septembre 2012

Dialogue inter-religieux

"Dialogue" de Nancy Schön
Se parler avec ouverture et franchise, c'est vital non seulement dans les relations inter-humaines, mais aussi dans la construction de l'espace commun aux hommes, c'est-à-dire les sociétés. Prendre part au débat, c'est déterminer ensemble quelles sont les règles du vivre-ensemble. Une fois ceci posé, il reste une question essentielle : qui, au juste, est légitime pour prendre part aux débats communs ? Dans notre société, la stricte séparation entre sphère privée et sphère publique et une certaine idée de la laïcité tendraient à nous faire croire que les communautés spirituelles n'ont pas voix au chapitre. Mais les religions ne peuvent-elles aussi avoir un rôle à jouer dans la détermination d'un socle de valeurs communes ? Si l'on répond "oui", on peut penser alors que les religions peuvent être un fondement puissant de la solidarité.
Mais à quel prix, dans quelles conditions et pour quelles conséquences ? C'est là le cadre du cours public qui va se tenir tous les jeudis soir de 18h à 20h à la Faculté (Salle des actes, entrée libre) pendant ce premier semestre sous le titre "Religions entre elles : une conversation continue". 
Comme le rappelait Marc Boss jeudi dernier, ce n'est pas avec des bons sentiments qu'on ose se lancer dans le dialogue inter-religieux. J'irais jusqu'à dire qu'il faut sans doute savoir reposer les questions qui fâchent et oser la controverse, voire la polémique. Voilà qui n'est pas une chose facile à concevoir en ces jours difficiles où les uns accusent les autres de blasphème pour se voir répondre que c'est haïr la liberté de penser que de s'exprimer ainsi. On sait quelle violence couve là-dessous, au point de faire irruption de la façon la plus terrible parfois. Remettre le débat au coeur de l'espace public, c'est pourtant se permettre à soi-même et permettre aux autres de dire ce qui fâche. Comme l'écrit le pasteur Stéphane Lavignotte sur son blog (clic), il faut oser "construire un vouloir vivre ensemble suffisant pour désirer nos désaccords ; un espace public nous permettant de soutenir nos désaccords, de construire - selon l'expression d'Olivier Abel - des désaccords dont la formulation est acceptée par tous, des désaccords représentatifs pour les comprendre et les résoudre ou pas, mais les vivre ensemble pour différer chacun et différer ensemble". 
On ne peut pas dire que les autres religions ne nous concernent pas. Si, justement, elles nous concernent, ou plutôt ce sont les gens qui nous concernent. Nous avons là une posture particulière. Gilles Vidal nous le rappelait dans cette première conférence, le chrétien dans ce monde est toujours totalement étranger à l'autre et totalement son frère. 
De la mauvaise foi à la bonne intelligence, il faut un pas de foi... dans ce qui nous constitue tous humains. Et donc capables de dialoguer. Même si parfois on n'en a pas vraiment l'air.
PRG

jeudi 20 septembre 2012

Intrégr...ation

Ecureuil. Qui dort.
Intrégr..., il faut le rappeler en ces temps troublés, ne se termine pas nécessairement par ...iste. Il y a aussi l'intégrale, l'intégrité et l'intégration. Par chez nous, il arrive que la première soit celle des OEuvres de l'un ou l'autre des Réformateurs plutôt qu'un truc mathématique ; la seconde, qu'elle soit physique ou qu'elle soit une valeur morale (l'intégrité, je veux dire), c'est un truc vachement bien, en gros. Quant à la troisième, par chez nous, on doit vous avouer tout rougissants qu'on n'en fait pas nécessairement passer le concept par le filtre de la théologie. Enfin notre premier mouvement, mettons, sera surtout de compter nos cacahouètes pour savoir s'il y en aura assez pour que tous les nouveaux et tous les anciens se sentent également accueillis et que les uns comme les autres sachent, par l'expérience vécue, qu'ils sont intégrés à la même communauté étudiante. 
Après, on fera bien de la théologie. Mais avant, donc, on partage les cacahouètes, le poulet au curry, le gâteau au chocolat, les roses des sables, la mousse au chocolat, la salade de fruits et la coupe de poires aux spéculoos (tout ça, sauf les cacahouètes, fait maison), on écoute la musique que de talentueux musiciens (maison, eux aussi) nous offrent généreusement et on discute, beaucoup, sous le ciel plein d'étoiles par-delà les cimes des arbres où roupillent déjà les écureuils. D'anciennes conversations reprennent, de nouvelles naissent. C'était hier soir et ce fut bien beau. 
Alors certes, on s'inquiète un chouia à l'idée que l'Amicale qui porte tout ça (pour ce qui est des initiatives, parce que la mise en oeuvre, tout le monde y participe allégrement, il suffisait de voir les "nouveaux" porter les tables de la salle Bois hier soir jusque sous les arbles centenaires pour s'en convaincre), que l'Amicale, donc, va bientôt se transformer pour ne pas disparaître (AG le 10 octobre, n'oubliez pas !) et qu'on ne sait donc pas comment la nature, qui a horreur du vide, ou la théologie, qui nous porte à l'optimisme, vont nous permettre de combler le vide laissé par le départ de certains en attendant l'arrivée des autres. Pardon pour cette phrase à rallonge, les rallonges c'est quelque chose justement qui se chasse intensément par chez nous en ces débuts d'année pour brancher tous nos appareils informatiques, électroniques et éclairagiques, ça doit être ça. On s'inquiète, disais-je. Enfin pas tant que ça. On a toute confiance dans les nouveaux qui ont l'air tout à fait dynamiques et joyeux. Donc, les nouveaux, on vous attend au Conseil de l'Amicale, avec votre dynamisme et votre belle humeur ! C'est ainsi que se poursuivront les dialogues, les apéros et les nombreuses rencontres que nous espérons pour cette année.
Alors à nouveau, nous vous disons à tous "sentez-vous accueillis". Et par là, les amis, on commence déjà à faire de la théologie. Et ça, c'est pas pour des cacahouètes qu'on vous le dit.
PRG

mercredi 19 septembre 2012

Le Caravage passe


Le musée Fabre de Montpellier accueille actuellement une exposition intitulée "Corps et ombres : Caravage et le caravagisme européen". Nous avions d'ailleurs eu l'an dernier une belle conférence autour de ce sujet (clic). 
Nous avons la chance qu'une visite de cette exposition soit organisée pour les étudiants de l'IPT Montpellier, avec un guide. Elle aura lieu le mercredi 10 octobre à 18h30 (prix d'entrée 3 euros). Pour ne pas manquer cette très belle occasion, merci de vous inscrire au plus vite à la bibliothèque. 

mardi 18 septembre 2012

Journée de rentrée

Hier lundi, c'était la journée de rentrée à l'IPT Montpellier. C'est une de ces journées bien réglées où l'imprévu peut surgir. Un peu comme une prédication. Même si tout est écrit, ce sont dans les souffles imperceptibles que la Parole vient surgir, et ça nous dépasse toujours. 
Une journée bien réglée donc, qui commençait à 9 heures, comme toujours, par le culte de rentrée. Cette année, c'est le vice-doyen, Dany Nocquet, qui donnait la prédication. Deux textes étaient retenus : le jugement de Salomon et l'épisode dit de la femme adultère chez Jean. La loi et la parole, la parole et la loi, l'Evangile qui fait irruption pour bouleverser l'attendu quand la parole se fait Parole et fait barrage  à la violence prévisible... Nous allons cheminer cette année sur ces chemins-là, ceux de la Parole inattendue et toujours surprenante. Lire ces "vieux textes" comme les appelle avec affection Dany Nocquet, ce n'est pas arriver toujours plus près de leur sens exact et définitif, c'est leur donner une chance de nous parler toujours autrement. C'est un risque, mais c'est un pari aussi. Celui que nous faisons tous, étudiants et professeurs, à l'aube de cette nouvelle année universitaire. 
Après le culte, nous avons mis nos mémoires à l'épreuve pour retenir le nom de tous ceux qui chemineront de concert... car il y a beaucoup de nouveaux visages cette année et nous en sommes très heureux. Chacun, dans son parcours singulier, a choisi de venir ici et on le sait, on ne fait pas des études de théologie par hasard... alors le partage est toujours passionnant. D'ailleurs l'Amicale est bien consciente de cela et ça fonde notre action auprès de la communauté étudiante et dans la faculté tout entière. Les adhésions sont d'ores et déjà possibles, rendez-vous à la salle Vincent où des formulaires vous attendent : l'adhésion est à 10 euros pour l'année, au-delà de 10 euros vous serez membre bienfaiteur. 
L'après-midi, après une visite guidée de la fac et de la bibliothèque pour les nouveaux étudiants, Marc Boss, professeur de systématique et de philosophie, menait un atelier de réflexion sur la question "mais c'est quoi au juste, la théologie ?", entouré de ses collègues dans chacun des champs de la théologie telle qu'on l'enseigne (biblique, historique, systématique, théologie pratique). Bonne question... qui appelle des réponses plutôt qu'une seule, et c'est tant mieux !
A partir d'aujourd'hui, les cours commencent, les activités de recherche démarrent, la bibliothèque vous attend les bras grands ouverts. Quant à l'Amicale, elle vous donne rendez-vous dès ce mercredi pour la traditionnelle "fête d'intégration" qui consiste essentiellement à partager nourriture et conversations. Que chacun se sente accueilli ! Les soirées spéciales (ciné, rencontres et débats, etc.) seront annoncées au fur et à mesure. Ceci dit, notez bien que la vie de l'Amicale sera ce que vous en ferez ! Si vous avez des propositions, des envies ou des questions, hélez donc un membre de l'actuelle Amicale ou écrivez-nous (amicale.theo (@) yahoo.fr).

Nous en profitons pour vous indiquer les rendez-vous réguliers : 
  • Tous les lundis, 16h, terrain de sport : volley
  • Tous les lundis, 17h, conversation en Français pour les étrangers
  • Tous les mardis et/ou mercredis, 16h30, terrain de sport : foot
  • Tous les mercredis, 18h : apéro de l'Amicale, à la salle Vincent
  • Tous les jeudis, 9h, à la chapelle : temps de méditation et de prière

Prochaines dates importantes à noter :
  • Mercredi 20, 18h30 : fête d'intégration ouverte à tous, dîner partagé et animation musicale
  • Lundi 8 octobre : rentrée solennelle de la faculté, avec une leçon donnée par notre doyen Michel Bertrand
  • Mercredi 10 octobre entre midi et 14h : AG de l'Amicale (élection du nouveau Conseil et constitution du bureau) puis élection des représentants étudiants au Conseil de faculté et élections aux différentes commissions qui gèrent la vie de la faculté (commission communication, commission bibliothèque, commission culte).

Bonne rentrée à tous et à toutes !

mardi 11 septembre 2012

Retour aux affaires


Depuis vendredi midi, me voici de retour sur le sol français, après une quinzaine très riche en terme d'expériences, de rencontres, d'apprentissage aussi.
Que retenir de tout ceci, et comment le retranscrire en actes concrets dans le futur ?
C'est en substance ce que les personnes du COE qui nous encadraient nous demandent : un projet qui s'inscrit dans une dynamique oecuménique, en lien avec ce qui nous a le plus touché pendant ce séjour en Crète.
Vaste programme, d'autant plus que me concernant, je serai limité en terme d'initiative par mon stage en paroisse.

Et pourtant, j'ai vraiment envie de partager ce que j'ai vécu là-bas, de montrer que, quoiqu'on en dise, l'oecuménisme même s'il n'est pas révolutionnaire, porte des valeurs qui me sont chères, et qui reflètent ma vision de l'Eglise.
Alors, que faire pour pouvoir concilier à la fois l'année universitaire, le stage, le mémoire, les reprises de stage à la Faculté, les rencontres avec la Commission des Ministères et ce fameux projet qui nous est demandé ?
Ma première réponse fut de dire que je me contenterais d'un compte-rendu à l'Eglise Réformée de France, par qui j'ai été envoyé.
Mais j'avais envie d'aller plus loin, de pouvoir partager ce vécu et de faire la promotion de l'oecuménisme. Un compte-rendu écrit ne permet pas de remplir cet office.
Alors je me suis dit, que j'allais essayer de profiter des prochains évènements de l'Eglise pour essayer de partager mon enthousiasme oecuménique avec le plus de personnes possibles.
Avec ERF on Tour, j'ai été sensibilisé à l'importance du témoignage, de la présence de l'Eglise hors de ses murs. Avec mon expérience au COE, j'ai pris conscience de l'importance de travailler ensemble. Se rassembler malgré nos différences pour être encore davantage visibles, et montrer que nous pouvons dépasser ces divergences, ces clivages, pour annoncer quelque chose qui dépasse les questions de dénomination...

Finalement un mot revient constamment à mon esprit suite aux différentes expériences de cet été : être acteur.
Être acteur de sa vie, offrir une présence à l'autre, à celui que je ne connais pas, offrir aussi une possibilité de dialogue, accepter la diversité comme une richesse et non comme un obstacle à toute entreprise. Être l'acteur d'un possible, faire le pari de l'espérance, plutôt que de ne voir que les obstacles, et buter contre le mur de la peur, le tout humblement.
C'est pour moi une Bonne Nouvelle, celle d'oser, d'aller de l'avant, tout en sachant que le résultat quel qu'il soit, ne nous appartient pas.
L'important c'est de prendre le risque de s'exposer à l'autre, cet étrange, ce semblable mais non pas identique, accepter que l'Eglise aussi doit sauter le pas, prendre le risque de sortir de son confort, de son ronronnement quotidien, de sa routine parfois rassurante, pour se risquer au-dehors, que ce soit vers d'autres confessions, ou plus largement pour donner à tous l'opportunité d'entendre une Parole qui nous bouleverse et nous fait vivre, celle de l'Evangile.

C'est pourquoi j'essaierai de garder à l'esprit que nous n'avons qu'une obligation de moyen, celle de tenter, d'offrir, de s'offrir aussi, dans une forme de lâcher-prise à la rencontre et à la contradiction.
Mais j'ai compris cet été que c'est grâce à l'échange de convictions qu'on peut se forger sa propre identité, en réaction à celles qui nous sont soumises. L'essentiel est de respecter les convictions de chacun, sans pour autant tomber dans le piège du syncrétisme : être à l'écoute de l'autre ne signifie pas être d'accord avec l'ensemble de son discours, mais bien le reconnaître comme un sujet qui mérite tout autant que soi, d'être entendu, un autre qui a aussi, une Bonne Nouvelle à nous apporter.
En quelque sorte, un retour perpétuel aux affaires théologiques et à la formulation de sa foi !

mercredi 5 septembre 2012

Jours 10-11-12-13 : Reporting and closing actions


Pris dans le tourbillon des rapports et des décisions à prendre, le Comité Central du COE a connu des journées à rallonge, ce qui ne m'a pas laissé le temps de rédiger mes billets de blog comme je l'aurais souhaité. Le fatigue aidant, les journées se limitent maintenant à des sessions de plus en plus longues au cours desquelles les débats font rage. Chaque mot est analysé, chaque phrase est scrutée sous toutes ses coutures pour vérifier que les mots utilisés n'ont pas de connotations spécifiques (péjorative par exemple) dans une culture donnée, ou dans l'Histoire en général, et les discussions sont parfois âpres. Certains membres du Comité Central ont parlé plus de deux heures au micro (cumul de leur temps de parole) durant l'ensemble de la session, c'est dire si les débats ont pu durer. Les décisions par consensus sont donc longues, mais elles ont le mérite de ne laisser personne sur le bord du chemin, et de permettre à chacun d'être concerné par les décisions prises.

Il faut dire que le travail des comités a été important tant en termes quantitatifs, qu'en terme d'acuité des sujets traités, ce qui a nécessité beaucoup de temps.
Reste à espérer que le jeu en valait la chandelle, car certaines questions ont été expédiées plus vite que d'autres, sans doute en raison de la lassitude de la plupart des participants.
L'enjeu était cependant de taille, car comme l'ont rappelé respectivement le secrétaire général du COE, et le modérateur du Comité Central, certaines décisions, si elles reçoivent l'aval de l'assemblée générale qui aura lieu l'année prochaine (je pense notamment aux décisions modifiant certains textes, en terme de représentations des régions, du nombre de membres, de quotas concernant les jeunes (moins de 35 ans), les femmes et les personnes handicapées ; mais aussi des décisions portant modification du déroulement des sessions, d'autres ayant trait à la modérature...).

Bref, le travail fut long et fastidieux, mais il était nécessaire de le faire pour la pérennisation du mode de fonctionnement de l'institution.

Sans doute devez penser à la lecture de ce billet, que les questions spirituelles, ecclésiologiques, voire théologiques ont été reléguées à un second plan. Ce n'est pas totalement faux. Pourtant, je dirais que la spiritualité était bien présente durant tout le temps du Comité Central, qui s'est ouvert par un service cultuel, et qui s'est clos de la même façon. Chaque jour, le travail était « borné » par une étude biblique le matin, et une temps de prière le soir, deux temps qui ponctuaient la journée et remettait tout ce qui s'est fait et qui s'est dit, à Dieu, deux respirations qui nous permettaient de ne pas oublier ce pour quoi nous étions là.

J'ajoute que certains travaux des comités concernaient indirectement des questions de positionnement des églises : ainsi, les pays du proche et moyen orient ont été l'objet de discussions pour savoir que dire et que faire à leur sujet, et tenter de trouver un positionnement qui conviendrait à tous, sans aboutir à une position « molle » qui n'aurait aucun impact.
Les questions théologiques et ecclésiologiques étaient donc relativement sous-jacentes aux questions traitées à proprement parler.

Et puis, il faut bien avouer, que pour pouvoir aborder les sujets ecclésiologiques et théologiques, il faut que le fonctionnement soit bien huilé, et que chacun puisse y trouver sa place. Il était donc nécessaire de toiletter les textes, comme cela a été le cas en France à l'occasion de l'union de l'Eglise Réformée de France et de l'Eglise Evangélique Luthérienne de France.


Cela restera donc pour moi un excellent souvenir, et j'invite chacun à prendre connaissance de toutes ces questions touchant à l'oecuménisme (le site du COE est à ce sujet très fourni à condition de fouiller un peu), car en fin de compte, nous le vivons au quotidien quand nous allons à la rencontre des personnes, et des communautés qui nous entourent !

samedi 1 septembre 2012

Jours 8-9 : OAB ?


La moitié du séjour est cette fois-ci belle est bien arrivée. Voilà plus d'une semaine que je suis arrivé à Kolympari en Crète, et j'éprouve une étrange sensation, quelque peu ambivalente, sensation qui consiste en une impression de connaître les lieux sur le bout des doigts, tout en ayant le ressenti d'être quelque peu étranger. Non pas que je sois exclu, bien au contraire. Les sujets abordés ne me sont pas inconnus non plus.
Pour dire vrai, il me semble que ce sont les discussions qui ont cours au Comité Central qui me donnent ce ressenti. Quand nous en rediscutons entre stewards, j'ai l'impression de ne pas être toujours sur la même longueur d'ondes que certains d'entre eux (peut être même la plupart d'entre eux). Alors bien sûr, la pensée unique n'est pas une panacée, bien au contraire, mais à bien y réfléchir (je réfléchis tout en écrivant), j'éprouve une sensation de déjà vu.
Certains sont surpris que la gouvernance d'une institution telle que le COE se fasse au prix de consensus longs et délicats à obtenir, et que les différentes confessions réunies ne soient toujours pas arrivées à s'entendre sur des points aussi théoriquement simples que pouvoir donner une définition commune de ce qu'est l'unité, ou encore pouvoir s'entendre sur le statut à accorder à la mission.
Mais dans notre Eglise, notre ecclésiologie exigeante nous habitue à ces processus décisionnaires faits de débats, de consensus (de votations également). Alors, non je ne suis pas surpris, mais je sens que je ne me situe pas de la même manière que la plupart des stewards.
En creusant un peu la question, je crois que le steward dont je me sens le plus proche d'un point de vue théologique et ecclésiologique est un étudiant en théologie, de confession orthodoxe. Il a appris que le représentant de son Eglise s'était défaussé, et qu'il avait envoyé une personne qui ne connaissait que peu des problématiques au niveau de l'oecuménisme, et qui, qui plus est, n'a pas assisté aux réunions par régions. Or lors de ces réunions, les régions décident de demander formellement certaines choses en leur faveur : avoir davantage de membre, proposer des personnes pour les fonctions de gouvernance du COE, décider de la répartition des membres par région confession par confession... Cet étudiant était donc très frustré de voir que son Eglise avait confié cette tâche à une personne qui n'était pas du tout investie dans l'oecuménisme et qui ne faisait dès lors qu'acte de présence (et encore...). Mais il s'est heurté à l'ecclésiologie de son Eglise qui, bien que n'étant pas aussi clairement hiérarchisée que celle de l'Eglise catholique, l'est tout de même un peu. Il n'était dès lors pas possible pour lui de parler de ceci aux autres églises orthodoxes présentes...Et en en rediscutant avec lui, j'ai senti qu'il avait à cœur de pouvoir s'investir dans son Eglise, mais que s'il ne pouvait pas le faire, si on l'en empêchait d'une manière ou d'une autre, il s'en irait dans une autre Eglise pour servir ce qu'il croit être juste. C'est peut-être aussi ça l'oecuménisme : être prend à prendre conscience des faiblesses de son église, en regardant le fonctionnement des autres églises, et être capable d'admettre que tout n'est pas parfait.
Aucune ecclésiologie n'est parfaite, puisque toutes sont d'essence humaine, même si elles prennent appui sur des données scripturaires. L'église comme communauté ne doit donc pas être une fin en soi, mais bien un moyen offert aux croyants de pouvoir échanger et vivre ce que le Seigneur nous offre de vivre en sa présence.

Quant à la journée de samedi (jour 9), elle fut relativement tranquille du point de vue du travail à fournir en tant que steward. Nous avions l'opportunité de prendre un peu de repos, et de participer à une réunion sur la question du dialogue inter-religieux du point de vue du COE. La personne qui nous accueillait nous a brossé à grands traits le cheminement qui a conduit le COE à mettre en place une structure dédiée à cette question, structure qui produit notamment deux fois par an une revue sur la question (la revue s'intitule Current Dialogue).
Cette personne nous a expliqué que de son point de vue, et du point de vue du COE, il existe quatre possibilités d'instaurer un dialogue entre différentes religions :
  • dialogue de vie : qui a cours essentiellement dans les pays où toutes les religions se côtoient au cours de la vie quotidienne, et qui tire justement son essence dans la vie quotidienne ;
  • dialogue du travail : lorsque des personnes de religions différentes travaillent ensemble, les conditions d'un dialogue inter-religieux peuvent être réunies ;
  • Le dialogue théologique : celui qu'elle appelle des experts, et qui est pour elle un dialogue d'intellectuels ;
  • le dialogue des expériences spirituelles : dialogue entre des personnes croyantes, qui peut avoir lieu et qui doit s'expérimenter de deux façons : dialogue en face à face, et dialogue côte à côte. L'idée est de ne pas se contenter d'un dialogue en surface, qui se limiterait à une coopération en matière sociale (ce qui entre nous est déjà un bon début!) , mais de parvenir à un dialogue théologique plus profond, pour aborder les questions qui divisent (je ne sais pas comment elle comptait parvenir à surmonter les divergences inévitables entre les religions, mais je n'ai pas eu l'occasion de lui poser la question).

L'intérêt du dialogue inter-religieux selon elle, ne se limite pas à un intérêt de connaissance à propos des autres religions, mais présente aussi un intérêt réel et certain quant à la formulation de notre foi.
En réaction à ce que nous entendons, nous pouvons dire ce que nous croyons. C'est en somme un peu dans le même esprit que le dialogue oecuménique fonctionne, même si a priori, davantage de points communs nous unissent.

La deuxième réunion à laquelle j'ai assisté ce samedi fut celle des confessionnal meetings : il s'agit pour chaque confession de réunir l'ensemble de ses membres présents et de discuter des problématiques à faire émerger pour les Comités centraux à venir, mais aussi en l'occurrence pour l'assemblée générale du COE qui aura lieu l'année prochaine à Busan en Corée du Sud.
J'avais l'opportunité de me rendre à plusieurs réunions : celle des réformés/presbytériens, celle des luthériens (étant donné que nous allons être très bientôt unis), et celle des Eglises unies. J'ai opté pour la première solution mon badge indiquant que je fais partie de l'Eglise Réformée de France.
Le dialogue fut très apaisé, et aucune question ecclésiologique abordée, si ce n'est celle du rôle prophétique du COE et des églises. L'idée n'est en fait pas d'échanger et de débattre sur des différences théologiques ou ecclésiologiques, mais bien d'essayer de faire avancer ensemble le projet qu'est le COE, et d'arriver à mettre en place davantage d'unité et de communion entre les confessions. L'idée a donc été lancée qu'un service de la Cène soit mis en place, et que chacun puisse y prendre part. Evidemment, en proposant cela, nous savons pertinemment que les orthodoxes et les membres de l'Eglise Vieille Catholique ne pourront pas y prendre part, mais il nous semblait important de pouvoir initier une dynamique en vue de l'AG de Busan l'année prochaine. C'est peut-être par des actions concrètes que les décisions solennelles peuvent évoluer.

En tout cas, cette journée fut très enrichissante pour ma part, et j'ai beaucoup apprécié pouvoir prendre part à ces réunions, en tant que participant, et pas seulement en tant que steward, au service.
Car en fin de compte, participer au processus décisionnaire, c'est aussi rendre une forme de service aux Eglises qui nous envoie !


Au fait, vous devez vous demander ce que signifie le titre de mon billet : il s'agit d'une abréviation très utilisée par les membres du COE : AOB signifie any other business
Alors, rien à ajouter ?