mardi 20 novembre 2012

La méditation liturgique : quelques balises



Le culte, a-t-on l'habitude de dire, est réponse à une invitation de Dieu.
Peut-on, en extrapolant, appliquer la même affirmation à la méditation liturgique ?

Quoi qu'il en soit, ce temps de méditation se voudrait invitation à une démarche différente de toutes celles où notre intellect durant la semaine tient la vedette. 

Ce temps de méditation se voudrait moment où le coeur se place dans une position d'écoute simple, unifiée. 

Ce temps de méditation se voudrait moment de coeur à coeur avec Dieu, au travers du silence et au travers de mots balisés, spontanés...

La méditation liturgique telle que proposée est orientation du début à la fin vers la prière, qui en constitue le centre et l'aboutissement. Elle est dite liturgique parce qu'elle s'inspire d'une longue tradition orante qui prend tout son sens au fur et à mesure qu'elle est pratiquée.
Ses étapes sont inspirées voire calquées sur les offices de la communauté protestante de Poymerol :
- Formule d'entrée dans le temps de prière
- Chant (prière du siècle)
- Psaume (prière des siècles, (selon la liste de la Bible en 6 ans de la FFP))
- Lecture des Ecritures (Evangile du dimanche, (selon la liste de la Bible en 6 ans de la FFP))
- Commentaire patristique (sur l'évangile lu, sélectionné pour son orientation vers la prière)
- Temps de prière silencieuse/spontanée, clôturé par le “Notre Père”.
- Chant (Magnifique est le Seigneur, recueil Alléluia N° 14/03, prière des siècles par le texte et du siècle par la mélodie).
- Formule d'envoi.
Entrer dans ce chemin balisé vise à éliminer tout aléa et favoriser la position d'écoute puis de restitution qui sont l'inspiration/expiration d'une même respiration.

Prier c'est se relier autrement entre nous.
Prier, c'est replacer notre action et nos pensées à l'intérieur du coeur, lieu, croyons-nous, où réside Celui que nous prions.
Prier c'est...

Alors plutôt que de se mettre à penser sur la forme, le moment, les participants, relâchons et entrons dans la prière où celui qui dit être doux et humble de coeur nous attend et dit "viens".

O.D.

L'Amicale vous rappelle que, sur une initiative des étudiants, ce temps de méditation liturgique se tient tous les jeudis à 9h à la chapelle. 

dimanche 18 novembre 2012

Dimanche à Sète

"C'est le shabbath, faut enlever les piles !"
Nous avons en ce dimanche enlevé les piles de l'ordinaire en rejoignant la communauté de Sète pour le culte dominical. C'était un dimanche tout particulier de joies et de peines partagées, pour se souvenir ensemble des baptêmes et des mariages célébrés pendant l'année, et se souvenir aussi de ceux qui nous ont quittés. "Merci", leur a-t-on dit par la voix de la liturgie : merci d'avoir été là parmi nous et d'avoir, par votre présence, changé ce monde et nos vies. Merci d'avoir partagé nos chemins, nourri notre espérance. Joies et peines partagées - car sa fidélité est pour toujours, avons-nous répété avec le psalmiste. Même au coeur de la tourmente, dans les jours du deuil, l'espérance ne cède pas parce que la fidélité de Dieu est cette promesse de la nourriture pour tous, d'un lendemain toujours possible. Les voix se sont mêlées pour dire à la fois la joie et la tristesse, la tristesse et la joie. 
"Ne rentrez pas chez vous comme avant, ne vivez pas chez vous comme avant, changez vos coeurs, chassez vos peurs, vivez en hommes nouveaux !" C'est une bénédiction : bien dire, dire le bien. C'est à prendre au sérieux, joyeusement. Ce que nous avons fait en faisant un nouveau détour pour goûter aux nourritures terrestres (enfin maritimes puisque nous sommes dans un port de pêche et que les parcs à huîtres sont à deux pas). "Quand même, la skyline de Sète, c'est beau..." Oui, c'est bel et beau d'avoir entendu une parole qui mêlait la promesse à notre humanité, et que ça continue à résonner ensuite, dans nos regards et nos paroles. 
C'est à la chapelle qui domine la ville sur le mont Saint Clair que nos pas ont fini par nous mener. Sur les voûtes basses, des fresques rappellent les grandes scènes de nos bibles : la pêche miraculeuse, bien sûr, la nouvelle Jérusalem qui fait se joindre les deux arbres de l'Eden, la Passion, le dernier repas, la résurrection de Lazare, le baptême de Jésus par Jean... Un livre est ouvert au-dessus de nos têtes, des mots qui se disent et se lisent autrement de se voir, d'autres images s'ajoutent à toutes celles que nous avons en tête, déjà. 
Peut-être qu'on n'a pas vraiment enlevé les piles, tout compte fait... Tant pis. Ou tant mieux ?






samedi 17 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012

mercredi 14 novembre 2012

Autorité et management

Le management en Eglise, mais vous n'y pensez pas ! d'abord l'Eglise, tout le monde y est frère, il y a le sacerdoce universel, nous sommes égaux devant Dieu... et surtout, on risquerait de ressembler aux catholiques, si on se risquait à parler d'autorité parmi nous... Et puis ce que nous avons à "vendre", ça ne nous appartient pas, de toute façon bien malin celui qui sait ce que c'est, ce fameux Evangile, et puis de toute façon personne n'en veut, alors l'Eglise-entreprise, non merci, ça ne colle pas du tout.
On pourrait tourner la page. On pourrait. Mais ça serait sans doute faire preuve d'un irénisme coupable. Parce que l'Eglise est une institution et que l'autorité s'y exerce effectivement. Encore faut-il distinguer autorité et pouvoir. L'autorité ça se reconnaît à quelqu'un. Le pouvoir ça s'exerce sur le plus grand nombre. Et si nous reconnaissons de l'autorité à d'autres qu'au Christ seul dans cette institution qu'est l'Eglise, c'est en vertu d'un mandat qui leur est confié. Par Dieu et par des humains. Ecouter un prédicateur par exemple, c'est l'inviter à parler pour soi et lui reconnaître l'autorité d'un porteur de parole. Soumettre la conduite d'une communauté locale aux décision d'un conseil presbytéral ne se fait que par délégation lors d'une assemblée générale. Reconnaître l'autorité de nos synodes et des conseils (régionaux et national) qui mettent en oeuvre leurs décisions, c'est choisir de confier à certains la conduite des affaires de tous. Et c'est bien un choix : ça ne s'impose pas. C'est le principe d'organisation de notre Eglise et c'est ainsi que nous fonctionnons, tous ensemble, pour le bien de tous et l'annonce de l'Evangile.
L'autorité en Eglise, donc, ça existe. Et il faut bien voir que l'exercer ne se fait pas en dehors des lois. Lois de la société d'abord, qui impose certaines régulations auxquelles nos institutions doivent se plier. La forme d'une association, par exemple, ce n'est pas nous qui la décidons, c'est un principe auquel nous nous conformons. Lois humaines ensuite. Il est important de savoir comment s'exerce l'autorité, quels sont les risques humains encourus dès que ça dérape d'une façon ou d'une autre. Il est important également de savoir quelles sont les qualités humaines nécessaires pour exercer l'autorité de façon constructive, au service du bien des autres et de soi-même. Il n'est pas négligeable de savoir comment gérer un conflit, comment instaurer des instances de médiation si nécessaire, comment définir avec clarté le rôle de chacun et impliquer les uns et les autres dans la conduite des affaires communes. 
Ce sont ces questions dont nous traitions hier au séminaire "Autorité et management" destiné au premier chef (si j'ose dire) aux Master pro. Ils auront, très bientôt, à se confronter à une expérience immédiate et bien réelle de l'exercice d'une autorité respectueuse de tous, au service de tous. Ca ne va pas de soi. Ca suscite des interrogations, souvent existentielles, et des questions (celles-ci et bien d'autres) que nous avons pu partager, sous la conduite bienveillante de Bernard Dugas, consultant en ressources humaines et fin connaisseur de l'Eglise, et de Michel Bertrand, qui supervise le programme de Master pro. 
PRG

dimanche 11 novembre 2012

Maison d'étude à Montpellier (bientôt deux mois)


Mois après mois, l’ambiance d’étude s’infuse dans les esprits. Si le travail est celui de chacun, l’étude est volontiers dialoguée, confrontée ; c’est vraiment dans ces moments de parole et d’écoute, les uns formels, ce sont les cours, les autres informels, et c’est tout le reste, c’est dans ces moments de parole et d’écoute que l’on progresse ; il faut saluer la disponibilité de chacun, enseignant ou étudiant, à ces échanges avec chacun de nous. On pense à ces universités anglaises, où le professeur coache un ou deux étudiants, sous la lampe, dans de profonds fauteuils, et derrière des fenêtres assourdies par des rideaux, sauf qu’ici, c’est parfois encore dans le jardin, au soleil ou sous les arbres, sur les bancs et les tables, entre salles de cours et bibliothèque, ou encore à la salle de l’Amicale, avec ses canapés et sa bouilloire.
Après les élections à l’Amicale et aux diverses commissions, les équipes se rôdent ; c’est la démocratie protestante, avec ses usages et ses moments obligés ; c’est un apprentissage à part entière ; bientôt, dans conseils et synodes, les étudiants revivront ces moments de débats argumentés mais toujours policés.
Tous les rythmes de présence existent, les pensionnaires et les sessionnaires, les temps partiels et les internet, les habitués et les oiseaux de passage, comme les flamants roses sur les lagunes à deux pas d’ici. Toutes les cultures aussi : accueil d’enseignants, mais aussi d’étudiants, d’autres facs, protestantes ou catholiques, françaises ou européennes. Parmi les débutants, ce n’est qu’une impression, une large fraction n’est pas initialement de culture protestante.
On jargonne peu dans ces conversations, parfois quelqu’un laisse échapper un mot entendu autrefois, ou lu d’un auteur obligé et est salué d’un souriant : « Oh, vous, vous utilisez des gros mots… » précédant un appel à définir simplement de quoi on parle, et si on se réfère au message de la Bible, d’en apporter la référence, la citation, et de l’environner de son contexte. De même, les langues anciennes ne sont pas cultivées pour elles-mêmes, mais pour l’accès qu’elles procurent à un supplément de compréhension des textes ; parfois ça diffracte des nuances insoupçonnées, bonheur pour qui prépare de nouveaux commentaires.
Nuances, c’est bien le mot ; rien n’est jamais noir ou blanc ; les états de la pensée ne sont que des étapes ; on est « en mouvement », on est en « tension », la réflexion continue à infuser ; si vous n’arrivez pas à intégrer tout ça, nous a-t-on dit un jour, ce n’est pas grave, vous êtes en sciences humaines, ce n’est pas comme ces sciences dures où si on loupe une étape de la démonstration le fil du discours est perdu, ici on décrit des climats d’idées par touches successives, si vous n’intégrez pas tout le tableau aujourd’hui, il se dessinera mieux une autre fois, quand on reprendra indirectement ou directement le même sujet.
Les mots d’aujourd’hui, les sciences de l’homme aujourd’hui, pour lire des problématiques de tous les temps ; les apports de la critique historique, de la psychanalyse en ce qu’elle aide à analyser le tréfonds des mythes les plus anciens de l’humanité, de la psychologie, tout cela pour apprendre à dialoguer avec nos contemporains dans leur bonheur ou leur souffrance, avec notre fragilité, nourris seulement de la perspective que ces paroles échangées les accompagnent dans leur chemin de vie, et les mettent à l’écoute d’un autre comme nous voulons l’être nous-mêmes.
Il y a deux mille ans, de braves gens, le plus souvent sans éducation, abasourdis par la mort de celui dont la parole leur avait ouvert des horizons radicalement nouveaux, ont été éblouis par la certitude que cette parole ne pouvait pas ne pas continuer à cheminer avec eux ; ils en ont répandu la nouvelle ; c’est ce moment dont se transmet ici l’écho, avec la ferme assurance qu’il se reproduit, de génération en génération, avec la même nouveauté.

GC

samedi 10 novembre 2012

Joyeuse collaboration

Mercredi soir, lors du traditionnel apéro de l'Amicale, Eva Nocquet, pasteur de l'Eglise de Sète et du bassin de Thau, est venue nous parler de son expérience dans sa communauté et partager quelques questions. Comment intéresser des gens à la fréquentation de l'Eglise et de ses activités ? Comment s'adresser à des générations jeunes (les deux "générations absentes", enfants et moins de 50 ans) qui ne voient pas forcément l'intérêt de venir écouter et participer ?
Au cours d'un échange informel, nous avons proposé certaines choses, pour des interventions ponctuelles dans différents lieux possibles, soit dans l'espace protestant (temple, centre familial du Lazaret) soit dans la Cité : une animation autour d'un film avec débat et/ou théâtre forum ; un "culte-autrement" avec musiques modernes et discussion ; une réunion avec les étudiants en théologie, ouverte à tous ; du théâtre autour d'une pièce écrite ensemble pour le projet de vie "constituer un trésor d'Eglise", avec une porte ! Pourquoi pas aussi une "chorale pour tous", comme cela se fait en Allemagne ?
Cela n'aurait pas lieu dans le cadre de l'Amicale (qui n'a pas vocation à ça) mais comme une façon de faire des choses ensemble, d'apprendre au contact de la réalité. Il n'y a pas de génération spontanée, mais peut-être peut-on considérer ces projets comme le signe d'un genre de ministère spontané, dans une joyeuse collaboration !
Pour plus d'infos et proposer vos idées, toujours précieuses, contacter Pascale à l'Amicale.

vendredi 9 novembre 2012

Voyage à Rome


L'Amicale vous rappelle que la date limite pour l'inscription au voyage à Rome, c'est ce week-end ! Le chèque d'acompte de 150 euros qui valide l'inscription est à remettre à la présidente de l'Amicale, Elda,  ou aux gardiens de la trésorerie, Maxime ou Vanessa, ce vendredi ou lundi matin au plus tard
Le coût réel du voyage est de 300 euros. Quelques informations qui expliquent ce coût :

Voyage en autobus : 82€/personne
Départ avec Eurolines par autobus le jeudi 28 février 2013 de Montpellier à 17h, arrivée Rome 11h le vendredi 1er mars 2013. Retour Rome mardi 5 mars à 17h, arrivée Montpellier vers 11h le 6 mars 2013.
Hébergement : 35€x4 nuits soit 140€/personne (PDJ inclus)
Pass visites : 24€/personne
Nourriture : à la charge de chacun
Total : 246 euros mais nous n'avons pas encore les dépenses pour les sorties et visites, d'où les 300 euros envisagés. 

L'Amicale est en train de mettre en place des campagnes pour aider le financement de ce voyage et permettre à chacun de payer le minimum, sachant que l'IPT nous aidera financièrement de façon substantielle. Pensez à ceci si vous hésitez encore à partir... oui il y aura une partie à payer outre les 150 euros d'accompte, mais nous ferons TOUS notre maximum pour que cette somme soit réduite!
Nous rappelons à tous que ce voyage est un voyage d'études : pour ce voyage seuls les étudiants de la faculté inscrits en cycle normal (hors cour par correspondance et étudiants ne suivant qu'un ou deux cours) pourront s’inscrire. Des emails seront envoyés aux inscrits par la suite mais n'oubliez pas de consulter le blog de l'Amicale pour suivre les évènements.  

Attention, tempête de cerveau !

La commission communication, c'est un organe important du grand corps qu'est notre faculté. Il s'agit de réfléchir ensemble à notre façon de communiquer, en interne comme en externe. Nous réfléchissons ensemble au site institutionnel, à l'affichage des informations sur la vie quotidienne, à la diffusion des informations qui peuvent intéresser le grand public (expositions, conférences...), bref, à tout ce qui touche de près ou de loin à la diffusion des informations qui nous concernent. Si vous êtes étudiant ici, vous avez dû remplir ces jours-ci un questionnaire sur la façon dont vous avez entendu parler de l'IPT pour la première fois. Bonne question ! Par internet, via un membre de l'Eglise, par hasard... tout peut arriver. Etre visibles, audibles, pour ceux qui n'appartiennent pas à notre petit monde n'est pas une mince affaire.
Ce qui m'amène à la demande que la commission communication a adressée cette semaine aux étudiants de l'IPT Montpellier. Vous savez qu'en bas de notre beau parc passe la voie rapide nommée l'avenue de la Liberté. Parfois, aux heures de pointe, les automobilistes qui sont arrêtés bien malgré eux ne sont qu'à quelques mètres de notre belle institution et ne s'en doutent même pas. D'où l'idée d'installer au fond du parc un panneau visible depuis la voie rapide, et qui permette de dire "Eh oh, on est là !". Sauf que "Eh oh, on est là" n'est pas un slogan très porteur ni très représentatif de ce que nous sommes. Alors voilà : on lance un brainstorming grandeur nature pour avoir vos idées : qu'est-ce qu'on y met, sur ce panneau ? 
Quelqu'un aujourd'hui a proposé "On a tous besoin d'un peu de théologie" qui nous plaît beaucoup ; il y a sûrement d'autres possibilités. On peut aussi imaginer d'évoquer le sens de la vie, proposer un verset, une citation, que sais-je... Et puis ajouter l'adresse du site, sûrement, peut-être un logo...
Allez, à vos idées tout le monde ! pour envoyer vos réponses, vous avez les commentaires ici sous ce billet de blog, ou vous pouvez héler un membre de l'Amicale dans les couloirs, ou encore envoyer un mail à l'adresse de l'Amicale. Vous avez les moyens, faites chauffer les cerveaux, on vous fait confiance !

jeudi 8 novembre 2012

L'Eglise de Montpellier

L'Eglise réformée de Montpellier a des activités pour les étudiants, notamment le groupe d'étudiants qui se réunit le mardi soir à 19h30 au temple de Brueys en dehors des vacances scolaires (partage biblique, culte, sortie, soirée, rencontre des témoins, projets, rencontre d'étudiants d'autres filières, d'autres pays... c'est vous qui décidez...). Des engagements divers sont possibles pendant l'année (jeunesse, évangélisation, catéchèse, culture, diaconie...), avec un besoin particulier le mercredi à Jacou (tram direct de la fac), soit pour le centre de loisirs protestant en journée, soit pour le KT le soir de 18h à 21h. Prenez contact soit avec les pasteurs de l'ERM, soit avec l'Amicale qui vous mettra en contact. 
Enfin, un des pasteurs de Montpellier a accepté d'occuper la fonction d'aumônier des étudiants en théologie. Vous pouvez le joindre à son adresse mail, laquelle est affichée au foyer des étudiants.
Pour toutes les autres informations sur l'Eglise de Montpellier, il existe un livret d'accueil disponible sur internet à l'adresse www.eglise-reformee-montpellier.org

mercredi 7 novembre 2012

ROND & CARRÉ #2


Pourquoi lire les passages de la Bible qui sont illisibles et de temps en temps indigestes ? La question se pose, car il y en a, des passages comme ça ! Fréquemment, on entend par exemple des gens évoquer des passages cruels de l’Ancien Testament, souvent suivis par une apologie maladroite qui essaye de relativiser : « oui, mais c’était une culture moins développée ». Ou même une apologie qui met en avant le Nouveau Testament, basée sur l’idée fausse que le Nouveau Testament soit supérieur à l’Ancien Testament et ainsi ‘couvre’ la cruauté de ce dernier.

Moi, ça m’arrive aussi de trouver dans le Nouveau Testament des passages que je digère mal. Expérience très récente pendant le cours d’exégèse, où on lit la première épître de Pierre : celle avec l’appel à la soumission des femmes et des domestiques. J’éprouve dans ce texte un sectarisme insupportable, et j’ai l’impression que pour manipuler ses lecteurs, l’auteur joue sur la peur que les premiers chrétiens doivent avoir eu vis à vis une société qui leur était hostile. Ce sectarisme me fait me révolter contre le texte et, franchement, je refuse de m’y identifier. Je repose donc ma question : pourquoi lire des passages indigestes ?

Première raison hypothétique : peut-être parce que le texte me touche, fusse-t-il de façon hostile ? Evidemment, il n’y a pas de monopole de la lecture. Notre professeur nous propose une lecture beaucoup plus bienveillante que la mienne. Par exemple, elle suggère que dans l’idée de soumission même on peut trouver une force libératrice, en soulignant que dans le mot ‘soumission’, il y a le mot ‘mission’. Je respecte beaucoup notre prof et aussi ceux qui apprécient cet teinterprétation, mais je trouve cette lecture pas convaincante du tout. Ça me rend même assez cynique et à la limite, la bienveillance envers cette épître m’énerve. Néanmoins, l’émotion avec laquelle je lis le texte montre bien que je suis en relation avec lui. Une relation tendue, certes, mais a priori une relation pas moins réelle que celle des amateurs de l’épître.

À part le contenu, voici ma deuxième raison : peut-être qu’il y a aussi des motifs littéraires pour continuer à lire ces passages. Pendant notre travail de traduction et d’exploration lors des cours d’exégèse, on s’émerveille de ses richesses rhétoriques et artistiques. Comme des chasseurs de trésor bienheureux, on trouve à chaque instant de nouvelles surprises, références et inventions littéraires. Oui, paradoxalement, j’aime beaucoup l’immense beauté du texte.

C’est ça donc, une relation intense mais cynique et l’appréciation pour la qualité littéraire expliquent-elles que je n’abandonne pas ces passages durs ? Je ne m’en sors pas. Et je pense intuitivement à un poème de Rutger Kopland, poète et psychiatre néerlandais qui est mort récemment. Je sais, on ne peut pas vraiment traduire la poésie sans la détruire, mais voici quand même une tentative, juste pour vous donner une idée :

Les verts pâturages, les eaux paisibles,
je les ai cherchés et effectivement
trouvés, ils étaient encore plus jolis
qu’on m’avait promis,
splendides.

Et dans ce paysage doux, le fils
du créateur, cloué à un arbre,
mais aucune trace de violence
ou de résistance, seulement
de la paix, du repos.

Ses yeux vides regardent le paysage,
autour de sa bouche des questions éternelles,
pourquoi donc, qui es tu,
t’étais où, etc.

Sans reproches, il a forcément dû savoir
ce qui allait se passer.
Je n’ai pas de réponse.

Fabian Keijzer, Montpellier le 5 novembre 2012

mardi 6 novembre 2012

ERF on Tour, c'est reparti !

Si vous suivez ce blog depuis un moment, vous connaissez cette aventure menée par un groupe d'étudiants en théologie depuis deux ans. Ca s'appelle ERF on Tour et ça consiste à sortir des murs de la fac pour aller voir ailleurs ce qui s'y fait. Il y a deux étés nous étions en Vendée pour deux semaines dans des Eglises locales, à proposer des rencontres, des animations, des discussions entre acteurs locaux de l'Eglise et étudiants en théo. L'été dernier, nous avons orienté les choses un peu différemment en allant dans l'Est participer à une réflexion et des actions d'évangélisation. On a même distribué du café dans la rue (clic, voir ici) ! Cette réflexion en action nous a passionnés. Comment on fait pour rencontrer ceux qui n'entrent pas dans nos lieux de culte ? est-ce que c'est seulement possible ? pourquoi ? et pour dire quoi ? 
Cette année, l'aventure ERF on Tour va prendre un tour un peu différent. Nous avons été sollicités pour donner un coup de main dans une Eglise locale, à Sète, à deux pas de Montpellier. Actions dans la Cité, rencontres avec les étudiants en théologie, soirées animations... on a plein d'idées et l'Eglise de Sète plein d'envies. Du coup on s'est dit que c'était logique de travailler ensemble. Demain mercredi, au traditionnel apéro de l'Amicale un peu après 18h à la salle Vincent, Eva Nocquet, la pasteur de Sète, vient rendre visite aux étudiants pour une rencontre informelle. Elle nous parlera de la dynamique de sa paroisse et des projets du CP pour s'ouvrir à l'extérieur. Les étudiants pourront parler de leurs envies d'animation, de leurs hésitations à aller rencontrer ceux que nous ne rencontrons habituellement pas, de leur volonté d'aller y voir quand même... Ce sera l'occasion de rêver à ce qui serait possible et d'imaginer ce qu'on a envie de faire ensemble.
Mettre notre théologie à l'épreuve de la réalité, ça fait partie de la beauté des études en théologie !

jeudi 1 novembre 2012

Mission

Pour arriver à notre rendez-vous il faut traverser la montagne, à deux pas de la frontière avec la Slovaquie. La forêt est jaune vif et quelques langues de neige lèchent les troncs noirs. Sur une pente, une source jaillit d'un tuyau. Les villages rassemblent quelques maisons aux façades jaune vif, bleu pâle ou gris, les jardins sont soignés et encore pleins de fleurs. Le long des routes, on vend des chrysantèmes, Toussaint oblige, et aux abords des cimetières les voitures s'agglutinent (on voit une vieille Traban bleu nuit au passage, à la joie de notre conductrice, elles sont devenues rares). 
En arrivant, on traverse un premier village dont la population est majoritairement gitane (on n'utilise guère ce mot ici car il est péjoratif, mais mes hôtes travaillent avec les gitans et usent de la même appellation qu'eux). Les maisons sont délabrées, certaines n'ont presque plus de toit, les fenêtres sont cassées. Un garçon emmitouflé sort d'une maison et enlève son bonnet pour mieux nous voir passer. Un peu plus loin, c'est un village plus traditionnel. Nous allons rendre visite au couple de pasteurs qui s'y est installé il y a quelques années. Après leurs études au séminaire de Sarospatak, ils ont passé un an en Suisse puis sont revenus s'installer dans leur région d'origine. Ici, peu de ministres de l'Eglise souhaitent servir une communauté aussi rurale et perdue dans les montagnes, dans la région la plus pauvre de Hongrie. Quand ils sont arrivés, ils ont commencé par remettre en état le presbytère. Pourquoi ? pour pouvoir pratiquer l'hospitalité. Nous retrouvons la femme pasteur dans une ancienne écurie transformée en local de traitement du miel, occupée à verser le précieux liquide doré dans de petites bouteilles destinées à être vendues, surtout à l'étranger. Avec cet argent et une aide financière suisse et néerlandaise, ils parviennent à gérer une petite école. Son mari nous la fait visiter, en l'absence des enfants puisque ce sont les vacances ici aussi, pour une semaine. Les locaux sont neufs, spacieux, colorés, lumineux. Il n'y a que huit à douze enfants par classe pour l'instant mais ce n'est ouvert que depuis la rentrée. Ils espèrent, lentement mais sûrement, arriver à une centaine d'enfants en tout. 
L'Eglise a accepté de s'occuper de cette école en lieu et place de l'Etat, mais les professeurs sont toujours les mêmes. Il a fallu travailler ensemble pour trouver des bases communes, de nouvelles façons de travailler. A présent, les "temps spi" font partie intégrante du temps communautaire. Une particularité de cette école est qu'elle accueille des enfants gitans. Certains parents n'en sont pas ravis, mais ça fait partie de la façon dont les pasteurs souhaitent travailler. Peu à peu, ça semble fonctionner. 
Dans une longue conversation avec eux, j'essaie de comprendre comment ils conçoivent leur ministère. Est-ce que leur formation les a préparés à ce travail ? Elle éclate de rire. Pour commencer dans une telle communauté, il faut savoir abattre un arbre et refaire un toit ! C'est ainsi qu'ils ont gagné la confiance des membres de la communauté qui sont venus les aider, de façon très concrète. C'est un travail au long terme. A présent, le presbytère est le centre de la vie communautaire. C'est un lieu où chacun est accueilli, autour d'un café, pour parler d'éducation des enfants, se confier, poser des questions sur Dieu. Les enfants comme les adultes se savent toujours bienvenus. D'ailleurs la première chose qu'ils ont construite de leurs mains, c'est un terrain de jeux avec balançoire et planche d'escalade. Le pasteur se met à rire aussi : "vous n'avez pas des étudiants qui aimeraient donner un coup de main ?!" Beaucoup sont venus, quelques semaines à la fois, pour aider à construire de leurs mains les bâtiments, remettre en état des terrains. Quelle meilleure façon d'apprendre, d'ailleurs, qu'une telle immersion à l'école d'une théologie aussi pratique ? Peu à peu, mes interlocuteurs se confient et disent la joie toujours renouvelée d'être au service de la communauté de cette façon. Les raisons théologiques en sont profondes. Ce sont à la fois des praticiens élevés à l'école d'une dure réalité et, fondamentalement, des théologiens. 
A présent, c'est vers la communauté gitane qu'ils se tournent, toujours avec un soutien financier étranger. Nous retournons dans le premier village que nous avons traversé pour aller au centre communautaire, une sorte de maison paroissiale où se trouvent une salle de culte, des salles de jeux pour les enfants, des stocks de produits de première nécessité. Ici aussi, les enfants sont toujours bienvenus. Eux qui ont beaucoup de mal à apprendre à l'école d'Etat, qui n'est pas faite pour eux, parviennent ici, parfois, à lire et à écrire, à partager des activités communautaires. Qu'est-ce qui est si difficile dans le travail avec les gitans ? Est-ce la pauvreté ? Pas nécessairement. C'est plutôt que leur façon de penser est très particulière. Ils vivent dans un éternel présent. On ne possède rien, on ne projette rien sur l'avenir. On utilise ce qui arrive, au jour le jour. Pas d'histoire : la mémoire s'arrête avec la mort des anciens. Pas de futur : la naissance d'un enfant est une joie communautaire pour aujourd'hui, mais l'agriculture n'a aucun sens.  Le nomadisme a été éradiqué par le communisme qui les a forcés à s'installer ; cette ancienne culture du déplacement perpétuel a disparu, ces repères aussi. Comment alors parler d'Evangile ? comment dire ce qui fait bonne nouvelle pour un peuple, pour l'individu, à des gens qui ne pensent pas dans ces catégories ? 
Il n'y a (quasiment) pas de théologiens gitans. La théologie de la libération qui a été développée par les dalits en Inde, par exemple, ne trouve pas d'ancrage ici. Mais, me font remarquer les pasteurs, le peuple gitan est en Hongrie depuis des siècles. Il faut s'adapter à eux. C'est à l'Eglise de trouver des moyens de mener la mission. 
Ils regrettent cependant que le système ecclésial de l'Eglise hongroise ne permette pas de prendre le problème de front. Ils sont l'exception : c'était leur choix personnel que de venir ici, entreprendre ce travail, dans ces conditions et avec ces gens. C'est le résultat d'une conviction profonde, d'une vocation, d'une piété personnelle qui les appellent à ça. Et ils continuent, opiniâtrement, joyeusement. Les difficultés s'amoncellent mais ils les traversent. C'est par ce témoignage de vie, croient-ils, qu'ils peuvent vraiment agir. Le reste est à la grâce de Dieu.