lundi 30 avril 2012

La Force d’être debout



Vendredi, nous avons reçu en cours de théologie pratique le Directeur général de la Fondation John Bost, oeuvre médico-sociale pour personnes polyhandicapées, et malades mentaux. Cette fondation fut créée par un pasteur protestant, John Bost, qui déclarait « Ceux que tous repoussent, je les accueillerai au nom du Maître ». Cette fondation s’occupe donc de la prise en charge de ces personnes, avec la perspective qu’un mieux est toujours possible pour quiconque. En effet, chacun a une valeur, un don à apporter aux autres, et peut recevoir de l’autre. C’est donc avec un objectif d’espérance que sont accueillis les résidents. Une des spécificités de ce lieu est qu’il se trouve dans un immense parc intégré un village de La Force, en Dordogne (un signe ?) où il n’y a ni clôtures, ni barrières. Ainsi, John Bost, son fondateur, voulait que des « fleurs soient mises sur le chemin. » C’est donc le cas, au sens propre. La totale liberté de circulation des résidents est donc preuve que l’on peut avoir confiance en eux et que la rencontre et l’échange sont les facteurs clés dans cet institut. Premier employeur du département de la Dordogne, la Fondation John Bost accueille plus de 1000 résidents et près de 1400 salariés. Une autre spécificité, et c’était le thème plus spécifique de notre cours, est que cette Fondation joue un rôle très important dans le témoignage évangélique et la vie spirituelle des résidents avec de la catéchèse, des temps de partage biblique, un accompagnement des familles, et des cultes célébrés tous les dimanches. Trois aumôniers protestants à plein temps sont employés par la fondation, de même que le directeur qui est pasteur, comme le veut la tradition depuis la création de la fondation. Nous y voyons donc un autre versant de la diaconie : accueillir son prochain, tel qu’il est, étant convaincu que nous pouvons recevoir de lui. Au-delà d’une aide strictement médicale et physique, la Fondation se veut avant tout une institution ouverte sur l’humain en privilégiant l’écoute, le dialogue, l’échange, la convivialité.

Prendre soin de notre prochain et le considérer comme un frère, n’est-ce pas un des principes même de l’Evangile ? Qui que nous soyons, nous avons de la valeur aux yeux de Dieu. Qui que nous soyons, Dieu nous aime. Qui que nous soyons, nous sommes Un en Christ. Pour comprendre et se faire une idée de la vie à la Fondation, nous avons regardé un film de présentation. J’ai été très ému, lorsque j’ai entendu chanter par plusieurs résidents ce magnifique chant d’Hugues Auffray qui me rappelait des souvenirs « Allez, Allez, mon troupeau ». J’ai pensé que les résidents étaient comme un troupeau, non un troupeau de stupides moutons se suivant naïvement, mais plutôt un troupeau dont le Seigneur est le Berger est d’où ils ne manqueront de rien. La quatrième strophe de ce chant et son refrain disent :          

« Ce soir, la lune est belle
 Le printemps n’est pas loin
Fleuriront sur les guerresLes roses de la paix
Puisque nous serons frères
Dans ce monde nouveau
Allez, allez
Allez, allez mon troupeau

Allez, allez

Nous arriverons bientôt. »         

Où vont-ils et où arriveront-ils ? Peu importe. L’essentiel est que ce troupeau avance dans l’espérance, et dans la certitude qu’ils y vont ensemble, de manière unie, fraternelle et solidaire. Une belle leçon de vie !        
Simon

dimanche 29 avril 2012

vous avez dit Bonne Nouvelle?

Ben afficheLogis Bonne Nouvelle


La fac de théologie, c’est un lieu où l’on prend l’apéro, où l’on mange ensemble… certes ! Bon mais on y étudie aussi. Et on y étudie quoi d’abord? En plus de l’histoire du christianisme, vous avez pu constater une large palette de réflexions, autour de questions éthiques, de l’évolution des dogmes, de théories de la pratique, des explorations des textes jusqu’à ces tentatives de recherche de la forme la plus originelle à travers la critique textuelle et l’étude des variantes dans ces langues anciennes que sont le grec, l’hébreu et pourquoi pas l’ougaritique pour sortir un peu des clous… ce n’est pas canon tout ça ?
Toutefois, non seulement, nous étudions la Bible et ce qui constitue le témoignage chrétien à travers les siècles, mais nous traversons des jardins, découvrons les autres religions pour une « conversation continue » avec elles…
Dès lors, quel est ce noir désir, obscur, étrange, qui a conduit les étudiants ici ? Oh Marlène, ce n’est pas la haine qui nous a amené là, jusqu’en dehors des combats de la vie, d’une activité professionnelle, dans des études  un peu spéciales… non, certes les motivations sont variées,  mais il paraîtrait que, pour certains d'entre nous, c’est l’Evangile qui nous a amenés là… pour devenir pasteur ? Pourquoi pas ?

Mais alors, quelle est cette Bonne Nouvelle ? Une station de métro à Paris… oui, mais à part ça ? Quel est cet Evangile, qui nous dérange et nous bouscule, pour lequel on peut mettre quelques années de côté et se lancer dans des études, et chambouler tout en s’en remettant aux méandres théologiques ?
C’est cette question que je me pose aujourd’hui, que je te pose, et que tu te poses aussi, en voyant ces originaux qui parlent d’un Dieu et d’une bonne nouvelle, qui font de la théologie au lieu de faire des sciences, de l’économie, du droit, l’archi, les beaux arts, des lettres ou que sais-je encore ?… des filières normales, quoi !

Et voici donc quelques réponses, prises sur le vif, comme ça, sans que les étudiants interviewés n’aient trop le temps de réfléchir, parce que le cruel interviewer brûlait d’entendre des réponses parlantes et immédiates, et parce malgré tout, ce message qui se faufile au gré des maelström a encore su se dire.


C’est quoi cette Bonne Nouvelle ? Qu’est-ce qui fait Bonne Nouvelle pour toi ?
     C’est difficile comme question ! Attends, je réfléchis !
                Non ! C’est quoi qui te parle, et qui pourrait parler à d’autres aujourd’hui ?
     Jésus est mort et ressuscité pour nous !
     On peut partager la parole de Dieu, c’est une parole différente, sainte.
     La bonne nouvelle ? J’ai une famille, j’ai une vie.
     On est sauvé par Jésus !
                Et alors ?  Ça ne me parle pas ton truc, pourquoi c’est une bonne nouvelle pour toi ? Et pour moi comment ça peut être une bonne nouvelle ? Moi, c’est bon je suis sauvé, on me dit salut tous les jours !
     Pourquoi ? Chacun peut voir. Le Seigneur t’aime. Dieu peut t’aimer et te connaître, il a un bon plan pour toi. C’est une présence tous les jours, en chacun de nous, tout le temps, il est là. Je le sens, je le sais.
     Il témoigne de sa présence. Même loin, d’autres vivent la même chose que nous autrement, dans la confiance en son amour.
     Qu’est-ce que ça fait pour moi ? Tout… avancer, progresser, se remettre en question et aider les autres.
     Oui, avec Dieu, le Livre, c’est un peu ça, tu viens et tu vois par toi-même, pour toi-même.
     La Bonne Nouvelle, c’est ce qui donne un sens à ta vie. Dieu, je lui parle, je l’engueule, non, mais oui, si, et il me fait voir des trucs. On est des pauvres gens. Notre vie, elle a du sens, elle a du poids. Et c’est ça qui me donne la joie, oui la joie.
     On peut lui remettre un sujet de prière, lui parler.
     Je peux lui demander…  la Bonne Nouvelle nous propose de prier maintenant et de voir, pour nous, par nous-mêmes.
     La Bonne Nouvelle, c’est le contraire de l’enfermement. C’est ce qui fait qu’il y a une sortie possible, même si ça s’oppose parfois à ce qui est bien et légitime.
     Dieu répond, il nous accueille tous, et il nous donne une issue, là où on pensait que ce n’était pas possible, plus possible.
     On est sauvé soi-même, et on est sauvé avec les autres. Il nous aime, chacun(e) de nous, et fort de cet amour, on peut aimer chacun, chacune dans cette rencontre avec le Seigneur.
     Je suis libéré ! En chemin, j’ai un aperçu de ce qui est là. Quelqu’un a frayé le chemin. Jésus, le chemin, la vérité et la vie. Libéré par quoi ?  Par son amour pour moi, c’est évident. La bonne nouvelle, c’est l’Amour de Dieu. Il a envoyé son fils… une présence, un accompagnement, un guide. On a une présence du témoignage de Dieu. Il a un message pour chacun et chacun en tire un message différent.
     On est sauvé de nos fautes, de nos égarements, des occasions de périr. On est aimé d’un amour sans limite. La grâce, c’est vraiment ce qu’il y a d’unique.
     Dieu m’aime tel que je suis. Il m’aime et il m’appelle à aimer les autres, à témoigner de cet amour.
     La bonne nouvelle, c’est ce qui fait sens. L’Evangile ne contient pas toute la bonne nouvelle. C’est une parole qui fait sens, qui met en route, en mouvement. Comme dans une prédication longue, ça peut être juste une chose, un moment. Chaque fois, cette parole permet une dynamique qui met en chemin. C’est une religion de la personne plus que celle du livre. Pour moi, chrétien, sans la Bible, on n’est rien.
     La Bonne Nouvelle, c’est un nom.
     Que ton nom soit sanctifié.
     C’est une bonne nouvelle si tu le reconnais… c’est dans la reconnaissance. Sinon, tu passes peut-être à côté de quelque chose. Ça change toute ma vie. Parce que ma vie n’est pas facile, j’ai de la peine pour vivre. Et quelqu’un me propose de partager sans condition. Quand même c’est une bonne nouvelle pour la vie, non ?

                                                                                PseudoRémi

vendredi 27 avril 2012

Jardin 4-dimensions


Cette semaine, pendant le cours d'histoire, nous nous sommes trouvés en face d'un enseignant de l'Ecole nationale supérieure de l'Architecture à Versailles et de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Mulhouse. Ce n'est pas habituel pour les théologiens in spe que nous sommes. Bien que, après le cours, j'aie compris que même l'architecture peut avoir sa place dans un cursus de théologie et que cette discipline peut ainsi se placer dans la longue liste des champs de recherche qui apportent à la réflexion théologique.

Les dimensions du jardin, surtout pendant la Renaissance, forment le thème du cours. Pendant un petit rappel historique il nous est mentionné qu'au Moyen-Âge le jardin avait surtout une dimension fonctionnelle ainsi que - et voilà qu'on voit apparaître le lien avec la théologie - spirituelle. Par contre, les jardins pendant l'époque de la Renaissance étaient conçus comme œuvres d'art ; ils ont perdu leur dimension spirituelle. Pourtant, le savant, écrivain, potier et peintre Bernard Palissy (1510- ~1590) a décrit dans son traité Recette véritable le concept d'un jardin avec dimension spirituelle.
A l'époque, plusieurs concepts sur la manière de faire un jardin se nourrissaient du jardin d'Eden. L'originalité de Palissy est qu'il se base sur le psaume 104, qui bénit le Créateur pour toutes ses œuvres magnifiques qui sont décrites poétiquement. Ces réflexions résultent en un jardin de 4 carrés similaires, avec des bâtiments au milieu et à chaque extrémité ayant des textes bibliques gravés sur les frises et tympans. Ce jardin fait, de loin, également penser à la Nouvelle Jérusalem. Ainsi, un concept d'un jardin peut avoir des bases et des échos qui recouvrent tous les lieux théologiques.

Ces concepts qui mettent en avant différentes dimensions du jardin m'ont fait faire un tour des dimensions que peuvent avoir le magnifique jardin de notre faculté. Tout d'abord, il a, certes, une dimension fonctionnelle, comme au Moyen-Âge, avec un figuier et du thym. Il possède également une dimension esthétique, avec tant d'arbres et de plantes différentes qui changent avec leur fleuraison chaque saison son apparence. Une dimension d'art n'est pas absente non plus. N'y a-t-il pas un cercle de verdure - forme du jardin idéale selon l'un des concepts à l'époque de la Renaissance -, avec juste au milieu une fontaine ? Cette fontaine pourrait en même temps faire l'objet de l'intégration d'une dimension spirituelle. Certes, un certain nombre d'étudiants s'est déjà assis sur son bord pour entonner des cantiques. Mais, au-delà de ça, elle pourrait inviter à une méditation à partir du texte de l’Évangile de Jean 4. Dans ce chapitre Jésus est assis au bord de la source, près des champs de Jacob. Avec la Samaritaine qui vient puiser de l'eau il échange sur l'eau vive que Dieu donne et qui deviendra « une source d'eau vive qui jaillira pour la vie éternelle ». Avec ce texte en tête, un passage auprès de la fontaine inciterait la réflexion sur 'l'eau' qui nous fait vivre (à condition qu'il y ait de l'eau dans la fontaine, mais, faute d'eau, les poissons d'avril n'y ont pas encore trouvé leur place...).
Les jardins plein de dimensions n'appartiennent donc pas qu'au passé. Il suffit d'un cours d'histoire pour les découvrir près de chez soi.

MV

jeudi 26 avril 2012

Soeur Christiane

Un lieu où se placer devant Dieu. C'est ainsi que notre invitée hier soir désignait ce lieu de vie où elle a choisi de placer sa vie devant Dieu, en compagnie d'autres soeurs. Lorsqu'elle en parle, ses yeux pétillent de joie... Quand elle évoque Soeur Antoinette Butte, la fondatrice de la communauté, et ses écrits qui continuent à guider sans les enfermer les réflexions des soeurs, ou quand elle raconte la vie quotidienne de la communauté, rythmée par les quatre offices quotidiens et la rencontre avec les gens accueillis, Soeur Christiane est une conteuse : ses mots résonnent non seulement comme une histoire, mais aussi comme une expérience humaine qui se dit et se partage dans le bonheur de la rencontre.
La communauté a pour vocation la prière et l'accueil. Aimer Dieu pour lui-même, aimer Dieu à travers les autres : ce sont deux volets de la même vocation. Il y a actuellement onze soeurs dans la communauté. Au Seigneur, on ne se prête pas, on se donne... c'est le fondement des voeux qui engagent ces femmes pour une vie de service au sein de la communauté, pour l'accueil (des retraites sont proposées dans un cadre magnifique, pour des particuliers, des familles, des groupes, à l'occasion aussi de rencontres et de conférences), pour la participation à la vie de l'Eglise, pour des rencontres avec d'autres communautés et dans le cadre de rencontres internationales. Vivre par la foi, c'est aussi croire à l'unité de l'Eglise, en portant le message que l'unité de l'Eglise n'est pas à faire, mais à reconnaître et à vivre. C'est une tentation de vouloir conquérir le monde pour l'offrir à Dieu, mais on peut chercher plutôt à vivre l'Eglise telle qu'elle est. C'est le fondement de l'engagement oecuménique de la communauté et de son ouverture sur le monde. Il faut être avant de faire, et ce qu'on fait est un fruit de l'être... Dans un beau texte que nous a lu Soeur Christiane, chacun est considéré comme un fil de couleur dans une tapisserie commune, et chaque couleur a sa place, telle qu'elle est. Il a été question d'interdépendance : le partage de la vie communautaire, avec les gens accueillis, avec les autres soeurs, est témoignage de cette responsabilité prise dans le monde. La vie communautaire s'organise donc, à la grâce de Dieu, toujours entre l'impératif de l'accueil et le déroulement liturgique des journées et des années. C'est une forme de diaconie, une diaconie des coeurs, des esprits et des âmes, car l'accueil est une conséquence de la vie de prière : prier, ça engage... on ne peut pas prier pour le pain de chacun et refuser à celui qui arrive le pain de ce jour... 
Que peuvent apporter ces témoignages de vie communautaire dans la vie de l'Eglise ? Une complémentarité, répond Soeur Christiane, une communion. Dans nos vies d'Eglise, cette communion ne se ressent pas forcément de façon très claire, or dans une communauté religieuse, elle est la base même de la vie quotidienne. C'est une présence de gratuité ; la mise en question, par ce style de vie dépouillée, sous le voeu communautaire et personnel de pauvreté, d'une recherche permanente de rentabilité. C'est un "poil à gratter", pour le monde et pour l'Eglise ! La tentation de l'institution, c'est de faire, mais la vie d'Eglise est d'abord organique avant d'être organisée : une Eglise, ça vit ! Cette vie de prière est donc le témoignage de ce qu'il est possible, et même vital, de se tenir devant Dieu dans la disponibilité et dans l'écoute. C'est une autre incarnation, un autre mode d'être l'Eglise que l'institution qui organise et encadre la vie. 
Lors de ses études de théologie dans cette maison, Soeur Christiane était déjà engagée dans sa communauté. Cet engagement n'était pas toujours compris : on a pu la traiter de "crypto-catholique"... et c'est vrai qu'en régime protestant, un engagement à vie peut paraître suspect. Mais c'est un engagement qui découle d'une vocation, dans le sens du baptême reçu, et ce mardi soir cette question résonnait pour plusieurs d'entre nous. On s'engage, de toute façon. Et le récit de sa conversion nous a touchés, interpelés, car une vocation vous tombe dessus sans qu'on s'y attende, toujours. Et toujours il s'agit de décrypter la volonté de Dieu. "Tu es là pour être le levain dans la pâte", lui a répondu Soeur Antoinette lorsque Christiane est venue lui parler de ce qui lui arrivait. Alors elle est venue, et elle est restée... Enracinée dans cette vie de prière qui engage toute une vie, qui transforme la vision de Dieu et du monde et fait entendre autrement la Parole. 
Il ne fait pas de doute que nous ayons beaucoup à apprendre de ces témoignages, tranquilles, pas spectaculaires, qui font que nous aussi nous pouvons nous considérer comme le levain de la pâte... Un grand merci à Soeur Christiane et toutes nos salutations à la communauté de Pomeyrol. Nous espérons que ces paroles puissent continuer à résonner longtemps, ici et ailleurs, dans le monde et dans l'Eglise. "A Dieu tout est possible, c'est notre espérance..."
PRG

Vous pouvez visiter le site de la communauté ici (clic). Rappelons aussi que ce fut le lieu où furent écrites en 1941 les fameuses "thèses de Pomeyrol", pendant français de la déclaration de Barmen, et qu'il n'est sans doute pas inutile de relire ces jours-ci... 

mercredi 25 avril 2012

Réalités avant-dernières

Vivre dans ce monde sans être du monde, cela implique-t-il de se désintéresser de son sort ? Non bien sûr, et même, paradoxalement, c'est s'y intéresser d'encore plus près. 
D'une part, Dieu aime le monde. Il nous guide et nous protège dans ce monde-là, pas pour la destruction de ce monde mais pour y vivre ensemble. Pour y esquisser une fraternité qui tient son origine d'un autre monde, même si dans sa réalité cette fraternité a conservé toutes les rudesses de l'humanité qui ne supporte pas l'altérité chez l'autre. On ne cesse jamais de lutter pour y croire et pour la mettre en oeuvre, tout en sachant que c'est utopique. Ce serait de cesser d'espérer qui serait terrible - et donc aussi de cesser de se battre.
D'autre part, le monde est déjà jugé. Toutes les puissances d'asservissement sont déjà tombées sous le coup du jugement. Aucune idole qui puisse y échapper : toutes nos idoles (le pouvoir, l'argent, l'auto-suffisance, l'orgueil, toutes les puissances d'un monde qui voudraient nous faire croire qu'elles sont seules au monde) sont déjà démasquées comme idoles. Encore faut-il accepter de le voir... Et ça ne va pas de soi. C'est pour ça qu'à chaque culte, nous répétons la confession des péchés : on n'y échappe pas, au péché, de toute façon, et il consiste à se soumettre à de faux dieux. En connaissance de cause ou pas. Par faiblesse ou par calcul. Par aveuglement ou par choix. De toute façon, seuls on ne peut guère qu'y céder, parce que nous ne sommes pas surhumains, parce que nous ne sommes pas des dieux. Dire les choses comme ça, ça implique que tout en sachant que ces idoles sont dans le monde, nous tenons de la grâce de Dieu la possibilité d'y échapper. C'est ça, le salut. C'est de savoir que nous sommes jugés, et graciés. C'est de savoir que nous n'échappons pas au jugement et que c'est une chance, une formidable force de vie. C'est à un autre que revient le jugement ultime sur nos vies.
Pourquoi parler de tout ça maintenant ? Parce que je me dis que ça n'est peut-être pas sans rapport avec la vie politique de ce pays en ce moment. S'il y a une posture chrétienne a tenir sur la politique, ce serait peut-être celle-là : tenir que le monde ne se réduit pas à ses apparences, que le pouvoir ne se réduit pas à qui a ou n'a pas le pouvoir, mais que la seigneurie sur le monde se situe ailleurs. Et que penser en chrétiens la politique, c'est chercher à toujours résister à ce qui cherche à nous faire croire que tout est joué d'avance. Rien n'est joué d'avance. Poser des actes, voter, refuser, choisir, c'est avancer en faisant le pari que ces actes sont sous le regard de Dieu, toujours. Et qu'ils peuvent contribuer à rendre ce monde plus conscient, plus juste, plus aimant. 
Il y a des choses à refuser. Il y a des choses à exiger. Il y a des choses à espérer. Tout ça va ensemble, au fond... et si ça n'est pas de la politique, je ne sais pas ce que c'est !
PR

mardi 17 avril 2012

Sentinelle de la parole



Hé oui!! Nous sommes actuellement dans cette période de vacances!! Période studieuse avant d'appréhender les sessions d'examens et pris dans les travaux de validation... Mais aussi, temps de repos qui touche toujours trop tôt à sa fin... mais quand même chacun de nos camarades étudiants nous manque, et ce sera un grand plaisir de se retrouver à la rentrée! 


Et déjà nous vous proposons une rencontre dans le cadre des jeudi "je dis" de l'Amicale


Nous aurons en effet le plaisir d'accueillir Soeur Christiane, qui va partager avec nous son expérience au sein de la communauté religieuse de Pomeyrol.
http://www.pomeyrol.com/communaute-pomeyrol.htm


MARDI 24 AVRIL 2012

“Pomeyrol, une expérience religieuse dans le protestantisme”.
Soeur Christiane,. ancienne étudiante à l'IPT, nous raconte et ouvre des horizons


à la salle Vincent, la salle de l'Amicale à 18H


Une occasion d'écouter la voix de quelqu'un d'autre quelques jours après l'occasion qui vous est donnée d'exprimer votre "je dis" dans les bureaux de vote ce dimanche!

vendredi 13 avril 2012

Dans cette maison

Dans cette maison, on l'aura compris, on étudie la théologie. Et parfois, on est filmé le faisant (comme on en parlait, déjà, ici). Voici la bande-annonce de l'émission de dimanche, il suffit de suivre le lien que voici que voilà : 



(Photo Elda)
(Qui n'a rien à voir - la photo - avec le reportage, mais ce n'est pas parce qu'un chat n'a pas la parole qu'il n'a pas voix au chapitre, lui aussi.)

jeudi 12 avril 2012

"Nous nierons plus hautbois... "

Eu égard à Mary Higgins Clark, un petit billet pour signaler la sortie de l'album du pasteur JEAN-CHRISTOPHE ROBERT, en poste à l'Eglise réformée française de Stockholm.
Certain diront: "Pas de pot: c'est de la musique de chambre". D'autres: "Le classique, c'est fantastique"...
Bref. Qu'en bons réformés, qu'on ait pris l'habitude de bouder ceux de chez nous qui ont des idées — comme Calvin et Barth — et piquer au voisin des trucs plus cool (qu'ils disent!) — comme Luther et Bonhoeffer — je remarque qu'on n'en a pas oublié pour autant de collectionner dans les bibliothèques de pasteurs la fameuse Dogmatique et l'Institution de la Religion Chrétienne.
Les temps ont un peu changé, mais la mentalité est demeurée: "Moi j'aime pas le hautbois" diront les Schtroumpfs grincheux ou les excités de la gratouille évangélique (qui n'évangélise, soit dit en passant, que celles et ceux qui sont déjà évangélisés!). "Moi j'adoooooooooooore cette classituuuuuude" diront les Schtroumpfs intellos et les bourgeois gentilshommes mondains à souhait (les bourgeoises gentilles-femmes existent aussi!).
D'autres enfin, des gens biens (style étudiants en théologie protestante) diront:
"Voilà un exemple intéressant pour réfléchir la manière de rejoindre nos contemporains de façon affichée (on voit le mot pasteur, un hautbois tenu en mains et un drôle d'habit derrière) mais sans connotations dissimulées comme les petites lignes en bas des contacts alléchants. Finalement, être "orthodoxe", n'est-ce pas être dans la droite voie, c'est-à-dire dans celle qui mène à autrui le plus simplement du monde? Dans ce cas, ce disque est réussi: la forme est le discours; la pochette est le disque; le hautbois est la voix; la musique est la prédication. Et pour le coup, tout le monde y a accès grâce à un savant mélange de répertoire .
Bref:  pour une fois qu'un pasteur réformé français fait autre chose qu'un bouquin de théologie ... bon sang!  Rien que pour ça, ça vaut la peine de plébisciter ce disque qui vous coûtera environ 13 euros dans les grandes surfaces de la toile mondiale.
Alors que votre "oui soit oui et votre non soit non"... mais après l'avoir écouté!

Arnaud

mardi 10 avril 2012

Le gâteau atout

Une recette de base, des dizaines de variations (un Evangile, des prédications). Des oeufs, du beurre, du sucre, des amandes (des mots, encore des mots et toujours des mots). Cette recette a quelque chose de parabolique, en fait (pas comme le récepteur, comme le texte). On est toujours surpris du résultat quand on se met à faire jouer les choses ensemble.


Gâteau à tout (aux amandes)


100g de beurre fondu + 4 oeufs + 200g de sucre + 200g d'amandes en poudre, 25 mn à 200°. Et voilà.
Pour les variations : remplacer une partie du sucre par de la confiture (orange amère, super), de la crème de marrons, du chocolat fondu, de la compote de pommes, etc. On peut aussi ajouter des petits bouts de chocolat blanc ou noir, d'abricots secs, de noix caramélisées, de l'extrait d'amande amère, etc. On peut aussi le glacer, le décorer avec des petits champignons en sucre, etc.
Laissez parler votre créativité, quoi. Il suffit d'oser les combinaisons. 

lundi 9 avril 2012

Dimanche de Pâques à l'IPT

On peut chasser beaucoup de choses : le blues, l'aoriste, le patar quand il est furtif... Mais à l'IPT, ce dimanche de Pâques, on a chassé les oeufs. En chocolat, les oeufs. Après un culte au temple de Maguelone, dans le centre ville de Montpellier, quelques-uns ont démonté l'exposition consacrée à la Bible pendant que les autres rentraient à la fac préparer le déjeuner et cacher les friandises. Imaginez : une grande tablée sous les pins, une belle brochette de théologiens et amis de théologiens qui commencent à dorer au soleil printanier, un agneau à l'indienne délicieux (préparé par une Néerlandaise), des petits plats partout, des pies qui volent, un chat qui ronronne... Et une équipe de chasseurs menée par un petit bonhomme perspicace qui n'a pas les yeux dans sa poche. Le temps de trouver, le chocolat n'avait presque pas fondu, ce qui est un exploit parce que certaines cachettes étaient compliquées. Le lapin perché s'en souvient encore. Notre pasteur malgache en résidence, agile comme tout, l'avait déposé délicatement en haut d'une branche, style Zachée, et puis s'en était allé. Les autres, plus prudents peut-être, n'osaient pas grimper là-haut, tout là-haut. Il a fallu un travail d'équipe : l'un a dit "et avec un ballon ?", l'autre a foncé à l'Amicale chercher le ballon de foot, un troisième s'est mis à le lancer, un quatrième à le rattraper, un cinquième à donner des conseils sur l'angle d'attaque, un sixième, septième et huitième à faire des commentaires et c'est un neuvième qui, en disant "ça marchera jamais", a réussi à faire tomber sans presque lui casser les oreilles l'objet de notre convoitise. Qui a été croquée, comme il se doit, au dessert, et même un peu avant (il paraît que le mélange concombre-chocolat au lait est fameux).
La théologie en équipe, il n'y a que ça de vrai. 
Ensuite, la journée s'est alanguie tranquillement. La résurrection est une belle nouvelle qui se savoure, se dit, se partage. Ca résonne... comme un tombeau vide. Et l'écho en parcourt la terre. 
Joyeuses Pâques à tous !

jeudi 5 avril 2012

Lire, une découverte.




   Un regard circulaire dans la pièce. Des pasteurs, des professeurs, des spécialistes, des novices, des étudiants, tous à la même échelle, tous des lecteurs.
Je suis moi-même lectrice de ce livre. Parfois je fais dire ce que je veux au texte et je m'emballe. D'autres fois j'écoute les autres en parler et j'apprends, parfois j'encourage certains à s’émerveiller devant. Lorsque je n'ai pas envie, je fais la morte, je m’obstine, non, ce texte ne me parle pas et ne me parlera jamais. Je tourne la page, voire pire : je ferme le livre (à double tour). 

   Livre-objet, livre d'étude, livre à griffonner, livre à oublier, livre à avoir dans tous les exemplaires possibles, livre en langues anciennes, ce livre qu'est la Bible dont parfois je ne sais trop qu'en faire. En fait, j'ai remarqué : j'oublie souvent d'être lectrice. 

   Lire, ce n'est pas ici laisser courir ses yeux sur des mots et ne rien en retenir. Lire, à travers ce travail d'animation biblique, c'est découvrir, partager, c'est apprendre ensemble, c'est guider, se laisser guider, rencontrer le texte et le laisser devenir sujet. Au départ, cette idée me paraissait saugrenue. J'ai découvert que c'était possible, pas seulement en le lisant pour soi, en voulant garder ce qu'on savait de lui, mais en le lisant à la fois pour soi et pour les autres. Oser se poser les bonnes questions. Pas celles que l'on croit bonnes, non-non, celles qui permettent de faire bouger notre vision des choses, celles qui permettent d'hocher la tête le sourire en coin, celles qui laissent apparaître les yeux brillants, celles qui changent le regard. On l'a tous remarqué : lire un texte ensemble c'est un enrichissement, c'est donner du poid au texte sans qu'il devienne un fardeau.

   Dans cet apprentissage de l'animation biblique, je crois que la lecture a retrouvé tout son sens. Lire, relire, relier, souligner, jamais barrer, en discuter, partager, réagir.

   Et surtout, pour nous, pendant ces séances, dé-cor-ti-quer !
Une entrée dans le texte, qui peut se faire de différentes manières, à l'aide d'une image, d'un stylo, d'un tableau blanc, d'une bédé, d'un jeu de rôle,...de quoi déconstruire, reconstruire, peut-être mieux se connaître sans trop se dévoiler.
Une visite guidée du texte à l'aide de questions. Se confronter soi-même au texte, se demander si on l'avait bien compris la première fois, c'est de temps à autre en rire, être surpris du regard de l'autre, et savoir l'accepter aussi, que l'on soit animateur, lecteur, participant.
Un temps d’appropriation, sans devenir propriétaire, emprunter au texte, le garder pour plus tard dans un coin de la poche. 

   Enfin, oser se séparer, être lié à l'autre dans la liberté d'aller ensuite, pour soi-même, au creux, au cœur de notre existence, faire parler ce message fort découvert et ce temps partagé, comme une bonne nouvelle pour aujourd'hui. 

Le site internet d'animation biblique : http://www.animationbiblique.org/

dimanche 1 avril 2012

Le petit bleu

Pour fêter l'arrivée du printemps, le Conseil de faculté a décidé de remettre en service le bassin au milieu de la pelouse et d'y mettre des poissons rouges. Seul problème, ce n'était pas prévu au budget du Conseil de l'IPT qui s'est tenu samedi dernier, il va donc falloir faire appel aux bonnes volontés des étudiants pour balayer le bassin, le rejointer, y mettre de l'eau et les poissons. Merci de vous faire connaître au plus vite auprès de l'intendante (les balais, ciment, seaux et poissons sont fournis). Nous espérons que le bassin sera opérationnel pour la grande chasse aux oeufs de dimanche.