vendredi 31 août 2012

Un jour en colonie...


En ce moment, sur ce blog, nous voyageons beaucoup. Après une escapade dans l’Est de la France, puis en Grèce, je vous propose de vous envoler pour la Lozère. Oui, c’est moins glamour, je vous l’accorde. Mais on m’a souvent posé la question suivante : « tu nous parle souvent de tes camps que tu fais : mais ça se passe comment une journée ? » ainsi, sur ce billet je vous raconte comment se passe une  journée à Grizac, un hameau situé prés de la commune du Pont de Montvert, qui accueille chaque été plus de 100 enfants. Pendant ce mois de juillet, il y a environ 70 enfants, répartis en trois tranche d’âge : 6-8 ans, 9-11 ans, et 11-14 ans. Je m’occupais d’animer ces derniers, les pré-ados donc. Attention, on se projette dans le temps, c’est parti !

« Dring, dring, drinnnnnnnng ! »
« pfffffffff…. »
Dans ma tente, je m’étire : il fait déjà jour, le soleil commence a transpercer la toile. Quelle heure est-il ? Je regarde machinalement l’heure sur mon portable : 7h15. Je retrouve mes vêtements, je m’habille, sort de la tente : le soleil berce déjà, mais il fait un peu frais : on est quand même à 1000M d’attitude…
A 7h30, je retrouve les courageux de l’équipe d’animation et de l’équipe technique pour le Rendez-vous du matin : un partage sur un texte biblique, autour d’un café. Nous discutons et nous prions : indispensable pour que notre journée se passe sous le regard et la protection du Seigneur. 

8h, la majorité de nos jeunes sont levés. Nous tirons les derniers du lit pour le petit déjeuner. 
Après, c’est l’heure du rangement : j’ai de la chance, avec mon groupe, ils sont plutôt grand, donc ça passe. Même si, en ce qui me concerne, je suis loin d’être en modèle là-dessus…

A 10h, c’est la première activité du matin : aujourd’hui, on poursuit les travaux manuels. Toutes les tranches d’âges sont réunies. Dans mon groupe, les enfants approfondissent leurs œuvres d’art en poterie et en terre glaise. Ce qu’ils font est autour des planètes, des étoiles, des galaxies, car c’est le thème de notre camp pour les grands jeux. A la fin, les enfants qui le veulent pourront exposer leurs œuvres à la journée parents (le dernier jour, où tous les parents viendront) et bien sûr, ils pourront repartir avec.
Une heure après, à 11h, c’est le temps spirituel, moment fort de la journée. Il commence, avec tous les enfants et les jeunes par un important moment de chants et de louange. On chante donc plusieurs chants, orientés jeunesse (mais pas uniquement !) accompagnés à la guitare, au piano, aux percussions, voir à la flûte traversière… Ensuite, le pasteur fait une brève introduction sur le thème de la discussion  que nous allons avoir dans les différents groupes. Le fil rouge pour les temps spirituels pendant ce camp est « qui est ce Dieu ? » A travers plusieurs textes bibliques, nous explorons les multiples « facettes » de Dieu et de Jésus. Aujourd’hui, le thème abordé est « un Dieu qui dépasse la mort » nous parlons donc de la mort et de la résurrection de Jésus. Pendant que le groupe des plus jeunes entendent une histoire tirée de celle des brigands sur la croix avec Jésus, mon groupe, celui des pré-ados, s’attable sur le récit de la résurrection de Jésus dans Mc 16, après que l’on l’ai lu. 
Nous débattons par petits groupes sur les questions suivantes :
- la mort de Jésus pour vous as-t-elle un sens ? Pourquoi est-elle importante
-A sa résurrection, comment réagissent les personnes qui sont au tombeau ? 
- Pourquoi les femmes sont-elles mises tant que cela en avant ?
- Jésus nous dit d’annoncer sa résurrection à la terre entière. Est-ce que vous en parlez autour de vous ? Comment ça se passe ?
Ces questions ne sont pas exhaustives bien sûr, elles servent à avoir un fil conducteur dans la discussion. Il est évident que chaque jeune peut parler en toute liberté, ainsi que poser ses questions. Une place est faite à la fin à la prière. On se rend d’ailleurs compte que plus le camp avance, plus les temps de discussion se rallongent. Bon signe !

A 12h15, c’est le repas. Nous le prenons par tranche d’âge séparés. Après le repas, il y a une heure de temps libre ou ils en profitent pour se défouler, puis de 13h30 à 14h30, temps calme, pour les petits dans les chambres, pour les pré-ados près des tentes. Ce temps-là est souvent difficile à gérer, mais il est indispensable, car c’est le moment de la journée où il fait le plus chaud. Il faut prendre également des forces avant l’activité de l’après-midi… Pendant que deux animateurs surveillent le bon déroulement du temps calme, les autres se retrouvent au « café partage »Un moment où l’on se retrouve entre les animateurs et le personnel technique pour chanter quelques chants et entendre un ou deux témoignage de l’un d’entre nous sur sa rencontre, sa relation son cheminement avec Dieu. Aujourd’hui, c’est une animatrice du groupe des petits qui nous raconte qu’elle a décidé de se faire baptiser à la suite d’un rassemblement pour jeunes chrétiens, endroit où elle a redécouvert l’Evangile quelques jours après avoir vu un drame sous ses yeux. Témoignage émouvant.

A 14h30, c’est l’activité de l’après-midi, souvent un grand jeu. Nous partons notre groupe, les pré-ados, dans la forêt après une petite demi-heure de marche. L’activité de l’après-midi est de se préparer au troisième grand jeu qui aura lieu le lendemain. Notre groupe va être le groupe des « méchants » : ils ont volés le moteur à réaction du vaisseau spatial, ce qui empêche les habitants de la planète « vlourp » (planète où nous sommes, dans l’imaginaire) ainsi, nous ne pouvons pas retourner sur terre. Cependant, certains de nos membres sont prêts à négocier, ils peuvent avoir quelques pièces détachés qui peuvent être soudoyées, mais il faut qu’ils les gagnent en attrapant ceux qui les ont, et en les trouvant dans leurs poches. C’est le principe du « douanier-contrebandier » ! Nous avons donc, avec nos jeunes, repérés les lieux stratégiques où se dérouleront le jeu, vu le lancement, attribués les rôles… Et nous avons aussi fait, grand moment, une simulation du jeu ! Divisés en deux groupes, chacun à donc pu jouer les deux rôles. Nous avons donc réalisés un « cocktail explosif » avec des jeunes que nous avons mis en situation de responsabilité, tout en conservant un côté ludique. C’est important pour nos pré-ados qu’ils sentent qu’ils sont mis en valeur !

Après avoir goûter sur place, nous rentrons à la colo, il est 17h passés. Nous avons donc maintenant un temps libre, ponctué du temps des douches. Ce temps-là permet à chacun de souffler mais aussi de créer des affinités et des liens entre jeunes, avec  les animateurs… Les animateurs profitent également de ce temps là pour approfondir la relation avec l’enfant. Par exemple, moi je passe dans un groupe où ils jouent au foot, je tape quelques minutes la balle avec eux. Je vais ensuite voir un autre groupe entrain de chanter des chants accompagnés à la guitare ; nous chantons un peu ensemble. Un passage pour voir si tout se passe bien aux douches, puis je rejoins deux de mes collègues pour faire un point rapide sur la veillée qu’il y aura le soir même.
Déjà 19h : c’est l’heure du dîner. Nous le prenons, puis passons à la veillée. C’est une veillée que nous faisons en commun avec le groupe des grands colons (9-11 ans). Il s’agit d’un tournoi de match d’improvisation théâtrale : les groupes sont mélangés, et chaque groupe tire un sujet au sort, souvent ambigu ( ex : L’incroyable Hulk au sport d’hiver )  et doit le jouer. Ils ont 3 minutes de préparation et deux minutes pour passer sur scène. On rigole bien, quelle imagination peuvent avoir ces enfants ! moi je fais le présentateur, pendant que deux animateurs regardent en surveillant si tout se passe bien, 5 autres personnes sont membres du jury. Une fois la prestation terminée, ils attribuent une note. Les deux équipes ayant la meilleure note jouent la finale.
Voilà, la veillée est terminée. Le groupe des 9-11 ans va se coucher, le nôtre reste un peu, on chante quelque chants, on finit par une prière libre, puis, dans les tentes. Il est un peu plus de 22h. Le coucher c’est souvent difficile : il faut être ferme, dans les tentes, on se dépêche, on se tait…
Un animateur reste de garde, les autres vont à la réunion. A la réunion, nous faisons d’abord un tour de table : comment s’est passé la journée dans les différents groupes ? Qu’est ce qui a été positif, négatif ? Y’a-t-il eu des problèmes ou des points importants à soulever ? Ensuite, nous faisons notre propre bilan en équipe, et nous récapitulons pour la journée du lendemain : qu’est ce que nous avons prévu ? Qui fait quoi ? 23h15 : c’est enfin le « 5éme » moment de détente entre animateurs autour de nourriture et boissons. On discute, on rigole, on essaye de parler d’autre chose que de la colo, même si c’est souvent ce qui reviens sur la tapis. Normal, on est encré dedans… Vers minuit, nous allons prendre notre douche, puis nous nous couchons Nous faisons un rapide tour des tentes, pour vérifier s’il n’y a pas de bruit. Ça va, tout est calmes. Derniers bavardages et chuchotages dans la tente, il est plus de minuit quand nous nous endormons. Nous sommes fatigués. Environ 7h à dormir et encore 4 jours à tenir sur ce rythme.


On peut donc, après avoir vu cela se demander : qu’est ce qui te motive à animer ces camps ? C’est fatiguant, parfois difficile, c’est beaucoup de responsabilité… C’est vrai. Et quelques fois, tellement on en a marre, on se demande ce qu’on fait là. Mais le plus important est dans ce qu’on vit, ce qu’on partage : le sourire des enfants, notre joie de les voir s’épanouir. La bonne ambiance qui se créée, dans un cadre magnifique. Des souvenirs forts, des répliques cultes (par exemple, question que m’a posée une fille de 13 ans : « Simon, pourquoi quand tu parles des fois tu bégaye alors que quand tu pries ou que tu lis la bible, tu parles de manière fluide ? ») et au final une ambiance de groupe forte, un sentiment d’un travail bien fait quand tu vois que l’enfant a progresser. Une nostalgie qui se créé, et quelques mois après quand tu y repense tu ne rêves que d’une seule chose c’est de… repartir l’année prochaine ! Ce sera surement le cas pour moi !

Simon 



jeudi 30 août 2012

Jours 6-7 : Longues journées ? Vous avez dit longues journées ?


Au commencement du Comité Central du Conseil Oecuménique des Eglises (COE), vint l'allocution du modérateur. Cette allocution donne en principe le ton de la session, et celle-ci promet d'être placée sous le signe de l'enthousiasme prudent. Enthousiasme de voir toutes ces confessions réunies au nom de l'Eglise et de Dieu, enthousiasme aussi de pouvoir évoquer des questions qui sont chères aux chrétiens. Mais prudence, parce que, le monde traverse une période de crises, crises financière, monétaire, politique, crise de confiance, crise de foi pourrait-on dire.
Quant au COE, d'aucuns pensent qu'il traverse une crise en rapport avec sa vision du monde : depuis sa création, il était réputé pour avoir une vision « prophétique » du monde, et certains pensent que cet aspect est en train de se perdre. Mais il ne faut pas perdre de vue, que le COE lui aussi a connu des heures sombres d'un point de vue budgétaire et financier. C'est ce qu'est venu confirmer le rapport du secrétaire général, le pasteur Olav Fykse Tveit.
Malgré tout, le pasteur Walter Altmann, (modérateur du Comité Central) a souligné des signes d'espérance en matière d'oecuménisme. Son allocution a été saluée par une salve d'applaudissements, ce qui a mis la session que nous visons sur de bons rails.

Première journée où le comité a siégé, et première surprise : juste avant l'interruption de la séance (pour cause d'épuisement du sujet évoqué), le modérateur a signalé que la reprise de la séance ne serait ouverte qu'aux membres du comité (alors que de nombreux observateurs et de nombreux conseillers, ainsi que quelques médias assistent habituellement aux séances, tout comme les équipes du COE, ainsi que l'équipe de Stewards dont je fais partie). J'apprendrai par les bruits de couloirs, qu'une épineuse question devait être traitée : celle de l'intégration ou non d'une Eglise au sein du COE. La séance a été plus longue que prévu, ce qui témoigne d'âpres débats, ponctués par des applaudissements nourris, que j'ai pu entendre de l'extérieur ! Je ne sais pas quelle a été la décision prise concernant cette Eglise, mais quoiqu'il en soit, les membres du Comité Central ont l'air de bien vivre ensemble, malgré leurs différences et leurs divergences de point de vue.
Quoiqu'il en soit, l'ordre du jour de la journée a été épuisé vers 20h30 heures, le temps pour les participants de se rendre à l'extérieur du bâtiment qui renferme l'amphithéâtre, où a lieu la « prière du soir », qui est en fait un condensé d'une liturgie.

Les journées sont dont longues, et celle d'aujourd'hui (jeudi 30), ne fait pas exception à la règle.
Nous commençons la journée à 7h30 par la mise en place de l'amphithéâtre, la vérification de tout le matériel technique (projection, micros, écouteurs pour la traduction, distribution des documents...) avant que les membres du Comité arrivent pour l'étude biblique.

Après quoi les débats reprennent leurs droits avec un programme un menu chargé : une séance sur la mission d'un point de vue oecuménique, une à propos de l'unité, une autre sur les problématiques publiques, puis, après le repas suivi d'une pause, une autre séance sur la gouvernance du COE, avant que la journée ne soit close par des réunions par région(par continent en réalité).

J'aimerais revenir sur les deux premières séances de la journée, qui m'ont particulièrement intéressé : je me suis beaucoup retrouvé dans l'analyse faite par le rapporteur du texte sur la mission. Ses conclusions ressemblent assez à celles (toute proportion gardée bien sûr) que l'équipe d'ERF on Tour a pu tirer : une évangélisation nécessaire, mais en restant prudents, humbles, et en nous mettant à la portée des personnes rencontrées ; une mission qui doit aussi concerner les personnes marginalisées par les institutions...
Concernant l'unité de l'Eglise, ce qui m'a surtout marqué, c'est que deux blocs sont apparus (avec sans doute des distinctions à faire au sein des blocs, des nuances ayant pu m'échapper, les débats étant en anglais) : le premier « bloc » serait le bloc des orthodoxes, tandis que le second serait celui des protestants en général : les premiers considèrent que l'unité ne peut avoir lieu sans une communion, et donc une hospitalité eucharistique, hospitalité qu'ils refusent pour des raisons que j'ai déjà évoquées lors d'un précédent billet (ce qui vous forcera à le lire si ce n'est déjà fait!!) ; les seconds au contraire mettent l'accent sur le fait qu'unité ne rime pas avec uniformité, mais qu'au contraire la diversité vient nourrir cette unité, et lui permet d'évoluer. Position exigeante sans doute, mais qui permet à chaque confession de préserver son point de vue, tout en étant prêt à écouter le point de vue des autres confessions, et même à les accueillir là où les questions ecclésiologiques ne devraient plus exister : lors de la Sainte Cène, lieu même de l'unité, célébration de cette unité.
Il me semble que tous les apôtres étaient là lors de la Cène, même Judas, celui qui allait trahir : point de raison donc d'exclure dans un moment qui devrait à mon sens rassembler !

Les journées sont donc bien chargées, et les repas sont autant d'occasion de discuter avec des personnes de tous horizons, même si nous apprécions (les stewards) de pouvoir nous retrouver pour faire le bilan du jour.

Comme vous pouvez le constater, mes billets ont une fâcheuse tendance à croître. J'espère que leur lecture n'en est pas pénible ; je m'efforcerai dans les prochains jours de ne pas les rallonger trop, mais j'essaie de dire tout ce qu'il m'est important de partager. Car à une journée chargée, correspond un long billet !


mardi 28 août 2012

Jour 5 : Être ou ne pas être steward, telle est la question !


En avant-première pour vous qui suivez mon périple, voici la photo officielle des stewards (et de leurs responsables) du Comité Central du Conseil Oecuménique des Eglises, qui se déroule à Kolympari en Crète, du 28 août au 5 septembre.

Je me permets d'enfreindre la règle que je m'étais imposée, qui consiste à rapporter les évènements de deux jours consécutifs dans un même billet.

En effet, le 28 août marque le début du Comité Central, qui commence par un temps cultuel d'ouverture en début de soirée. Or, pour les stewards, cela sonne le glas de nos activités préparatoires. Le groupe est maintenant solidement constitué, et nous avons passé la journée à nous préparer concrètement aux tâches qui vont nous incomber durant l'ensemble du Comité Central. Certains d'entre nous vont assister les équipes de traduction (les sessions sont traduites en trois langues : allemand, français et espagnol, tandis que le langage officiel du Conseil Oecuménique est l'anglais) ; d'autres sont affectés au service documentation ; d'autres encore vont s'atteler à la délicate tâche de préparer l'ensemble des célébrations oecuméniques en tenant compte de toutes les sensibilités. Pour ma part, je fais partie de l'équipe la plus nombreuses (16 stewards sur 26), qui aura pour tâche de s'occuper de la salle plénière, où se réunira le Comité Central. Evidemment, la tâche de l'accueil des participants nous incombe, mais d'autres tâches plus discrètes mais tout aussi importantes vont nous revenir : vérifier la bonne marche de l'ensemble du matériel présent sur place, enregistrer l'ensemble des débats, afficher les noms des intervenants, assister la modérature dans son rôle, en permettant (ou non) aux différents membres du Comité Central de prendre la parole...

Nos journées seront encore plus denses que les précédentes, commençant dès 7h30 par l'installation et le nettoyage de l'amphithéâtre qui accueille les séances plénières, et se terminant au delà de 21 heures par le rangement du matériel, de la salle, la sauvegarde des données, suivi d'un debriefing de la journée avec notre responsable.

Autant dire que nous n'allons pas nous ennuyer, et que les discussions sur l'unité de l'Eglise, sur l'écojustice, et sur le thème du comité central (God of Life, lead us to justice and peace) promettent quelques billets savoureux.

lundi 27 août 2012

Hospitalités et Hospitalisés


Aujourd'hui dimanche, était un jour un peu particulier pour l'ensemble des Stewards : nous sommes en effet allés assister à une célébration orthodoxe dans un monastère de sœurs. Jusque-là, rien de bien extraordinaire, puisque 96% des grecs se considèrent orthodoxes. Mais, lorsque nous sommes arrivés à 8h30 du matin, alors que la célébration commençait à 7h30 par une première partie « privée » entre les popes orthodoxes et les sœurs, nous n'avions plus de place pour nous asseoir en groupe et bénéficier d'une traduction d'un des membres de l'encadrement (qui doit prochainement devenir pope au demeurant). Aussi nous sommes-nous pour la plupart retrouvés hors des murs de la chapelle, devant la porte (ouverte), à devoir assister à un office auquel nous ne comprenions que peu de mots (l'office étant célébré en grec). Autant dire, que nous en avons profité pour discuter entre nous de nos Eglises d'origine, des différences entre les Eglises...

Puis, nous sommes allés déjeuner à Chania, la « capitale » du district ouest de la Crète, dans un restaurant où nous avons pu déguster quelques spécialités crétoises, notamment le fameux digestif raki, mais aussi le mouton cuit avec des herbes avec son gras, ou encore la salade crétoise, composée de pain dur (voire rassi), de tomates concassées mélangées à de l'huile qui viennent humidifier le pain, et de fêta.

L'après-midi qui suivit était libre, et certains en ont profité pour piquer une tête dans la mer méditerranée, tandis que d'autres ont pris le parti de faire un peu de shopping, non sans avoir pris quelques photos, dans quelques lieux du vieux Chania (La Canée en français).


Au soir du troisième jour (j'ai l'impression de parler comme dans les Evangiles...), pendant le repas, avec un autre steward presbytérien, nous avons instinctivement, et sans arrière-pensée, souhaité prendre la Cène que nous n'avions pas pu partager le matin dans l'Eglise orthodoxe grecque (qui n'offre pas l'hospitalité eucharistique pour la raison suivante : l'unité doit être vécue pendant la communion, c'est à dire qu'il faut être uni pour pouvoir communier, donc être membre de la même église). Or pour nous presbytériens, l'unité peut se vivre au moment où Christ nous invite à vivre ensemble, à partager : c'est le moment où, tout au contraire des orthodoxes, les protestants offrent la possibilité d'être rassemblés sans exclure quiconque.
Cela a entraîné la réaction d'une nigériane qui a passé plus de dix ans en Grèce et qui est membre d'une Eglise orthodoxe : elle nous a demandé ce que nous faisions, et nous avons eu l'occasion d'expliquer ce qu'était pour nous la communion, et que quiconque croyait en Dieu et le reconnaissait comme Sauveur et Seigneur pouvait y prendre part. Alors certes, la liturgie de la Cène n'a pas été respectée du tout, mais nous étions clairement dans une démarche spontanée et sincère, mais aussi dans une démarche d'exposition de nos convictions (dans l'après-coup).

Nous devions avoir à la fin de la troisième journée une soirée culturelle où chaque steward pouvait partager quelque chose venant de son pays en moins de cinq minutes (une chanson, une danse, une histoire, un poème...), malheureusement la soirée d'hier a dû être annulée en raison d'un passage aux urgences hospitalières de deux stewards : rien de grave, mais par solidarité, nous avons préféré attendre qu'ils soient revenus pour partager nos différentes cultures. Aussi je ne peux pas vous parler de la première partie de ces cultural evening. Finalement, l'ensemble des stewards passera ce soir, et la soirée promet d'être aussi longue qu'enrichissante.

Pour revenir à ce qui s'est passé durant le quatrième jour (lundi), nous avons comme chaque matin pris un temps de « culte » au sens générique du terme : les stewards sont rassemblés en fonction de leur continent d'origine, et chaque continent anime un matin dans le séjour. Les liturgies qui nous ont été offertes étaient originales, mais dans la plupart des cas, la théologie véhiculée est quelque peu différente de celle de l'Eglise Réformée de France : les notions de péché, de sacrifice reviennent assez souvent dans ces liturgies, ce qui, je dois bien avouer, n'est pas ma tasse de thé. En revanche, la forme est très intéressante, notamment lorsque l'Afrique a présenté son travail collectif : chaque steward avait apporté à la liturgie un élément de sa confession, de son Eglise, ce qui aboutissait à une liturgie très riche, variée, (avec une ligne directrice pas toujours très claire cependant).
Ce qu'il faut retenir de tout ceci à mon sens, c'est qu'on peut toujours s'enrichir de la manière dont chaque confession, dans son propre contexte vit l'Eglise (invisible). Nous sommes tous amenés à évoluer au sein de notre propre contexte, en raison de l'environnement qui nous entoure, mais il me semble que nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas seuls, que notre église, quand bien même elle nous est chère, n'est pas l'Eglise absolue et définitive.
Hier, (au troisième jour de mon séjour sur place), une intervenante nous a rappelé que nous devons toujours garder à l'esprit que nous connaissons d'abord et surtout notre propre contexte et nos propres convictions, sans connaître ou en ne connaissant que peu les convictions des autres confessions, notamment lorsqu'elles sont situées dans d'autres contextes.
Il nous faut donc rester humbles face à la diversité, même si au premier abord, la manière dont certaines confessions vivent leur foi ne nous correspond pas.

Si je devais résumer ce que cette journée m'a apporté, je dirais que, même lorsqu'on se sent mal à l'aise par rapport à la pratique de l'autre, on ne doit pas oublier qu'aucune confession ne peut prétendre détenir l'entière et absolue vérité concernant Dieu, qui n'est pas enfermable dans une institution humaine. Alors je prends le parti et je fais le pari d'essayer de voir dans chacun des stewards ici présent, et plus largement dans chaque personne que je suis amené à rencontrer, la trace de Dieu, et de ne pas dénigrer ce que cette personne qui est tout autant un sujet que moi, et qu'à ce titre je dois respecter comme tel, peut m'apporter concernant la représentation que je me fais de Dieu. La maison de Dieu n'a pas de localisation géographique, chacun d'entre nous pouvant être d'une façon ou d'une autre hôte de Dieu.

samedi 25 août 2012

Jours 1-2 : Communauty Building


Alors que nous sommes à peine arrivés à bon port (surtout pour ceux qui ont atterri à une heure avancée de la nuit),  les sessions d'introduction commencent déjà.

Nous sommes logés au sein de l'Académie Orthodoxe de Crète qui jouxte un monastère orthodoxe lui aussi (monastère qui apparaît au premier plan de la photo ci-contre).

Nous apprenons à nous connaître petit à petit à travers les discussions et les activités, basées sur la constitution d'un groupe (communauty building), pour que ce même groupe puisse être au service du Comité Central dans quelques jours. Ces activités visent aussi à nous faire prendre conscience des limites du langage, en particulier quand tout le monde n'a pas le même niveau en anglais, que ce soit en terme de compréhension, ou d'expression. Du coup, le langage corporel, non verbal, vient en aide pour arriver à saisir l'ensemble de ce que l'autre veut communiquer.
L'ambiance est en tout cas très bonne, et chaque culture, chaque confession vient enrichir l'autre. Je tirerais volontiers un premier enseignement de ce constat : nous ne pouvons pas nous considérer comme étant seuls en tant que chrétiens, même au plus profond de notre solitude et quand bien même nous lirions la Bible en solitaire. Être chrétien, cela signifie avant tout et peut-être surtout, être en relation avec la communauté des croyants.

Mais revenons-en au soir de mon arrivée, jeudir soir. Dès la fin du repas du soir au cours duquel je suis arrivé, les discussions théologiques sont apparues, et surprise, la théologie francophone (protestante) n'est pas inconnue de tous (en tout cas pas au Liban dans les académies orthodoxes). Certes, elle est connue exclusivement à travers les auteurs traduits en anglais, parmi lesquels Daniel Marguérat figure en bonne place. Mais c'est déjà une belle surprise de constater que, même au niveau théologique, l'oecuménisme peut se vivre, ce dont je doutais pourtant en arrivant. L'oecuménisme ne peut pas se limiter à une simple reconnaissance d'une foi commune en Jésus-Christ, il se doit d'aller plus loin quitte à ce que le consensus soit plus difficile à obtenir.
Quoiqu'il en soit, au sein du groupe des stewards, il y a certes des dissensions, des divergences, mais je crois que nous allons pouvoir aller au-delà pour trouver les points de convergences.
Je trouve qu'il règne ici une certaine ouverture d'esprit (peut être changerai-je d'avis dans les prochains jours) qui permet de s'ouvrir aux autres, et de passer par-delà les différences de confession pour pouvoir discuter entre sujets libres, capables d'évoquer leur foi et de formuler leurs convictions.

Ce matin, qui correspond à la deuxième journée du programme introductif, nous avons eu un temps de réflexion autour du texte de Ruth au chapitre 3, sur les relations entre les genres (masculins, féminins) et sur la place de chacun dans le groupe.
Après cela, la coordinatrice du projet nous a communiqué une sorte de charte concernant les cas de harcèlement sexuel. En effet, étant donné qu'il y a autant de nationalité que de stewards (soit 26), chacun n'a pas forcément, au sein de sa culture, la même compréhension de ce qui peut être gênant pour l'autre ou non. Il s'agissait donc que chacun soit au clair avec les comportements proscrits, et ceux qui ne le sont pas, sachant que l'élément crucial qui permet de déterminer si une conduite est répréhensible ou non, est celui du consentement des deux personnes.
Là encore, l'idée est que le groupe puisse vivre sereinement, qu'on se sente bien au sein du groupe, et que nous puissions établir des relations de confiance avec chacun des stewards.

Pour ce faire, à la fin de chaque journée, et avant le repas du soir, nous nous réunissons en petits groupes appelés home groups, qui n'excède pas 5 stewards. Au cours de ce temps, nous faisons le bilan de la journée, et nous avons l'occasion de dire ce qui s'est bien passé, ce qui ne s'est pas bien passé, ce que nous aurions aimé faire en plus, mais aussi comment chacun se sent au sein du groupe.
Ces temps sont à mon sens important, pour que chacun puisse prendre la parole, même ceux qui sont les moins à l'aise en anglais.

Pour terminer ce billet, je ne pouvais pas ne pas évoquer la nourriture terrestre qui nous est servie abondamment à l'Académie (que je ne vous ai pas encore présentée du reste : http://www.oac.gr/ ).
Nous mangeons en effet remarquablement en Grèce, même si les plats qui nous sont servis ne ressemblent pas spécialement à de la cuisine locale : hier soir nous mangeâmes ainsi un repas italien (pizzas, spaghettis et tutti quanti), tandis qu'aujourd'hui à midi, le très fameux poulet-pommes de terre nous fut présenté à table. Enfin, que dire de la glace à la banane dont la couleur m'évoque davantage l'adjonction massive de colorants, qu'elle ne me laisse apprécier le plaisir de pouvoir déguster une crème glacée.
Heureusement, les « hérésies » ne sont pour l'instant que culinaires, et c'est en fin de compte tout à fait appréciable !

vendredi 24 août 2012

ERF in Tour boucle ses valises

Avisse à la population ! En attendant le retour des aventures crétoises de l'ami Nico, retrouvez sur le blog d'ERF on Tour la vidéo officielle (clic) concoctée par l'ami Benji, sur la brûlante question "Evangéliser à la sauce réformée, c'est possible ?" Préparez vos cafetières...
N'oubliez pas de cliquer sur le lien bonus à la fin, ça vaut son pesant de croquettes (relou, ce chat).

jeudi 23 août 2012

Voyage, voyage...


Pour ce premier billet, j'ai décidé de commencer en douceur. Les questions théologiques, ecclésiologiques et tous les gros mots de la même engeance arriveront bien assez tôt. Alors je vais vous parler de quelque chose de beaucoup plus prosaïque.
Vous le savez peut-être (mais peut-être ne le saviez-vous pas), j'ai l'honneur d'avoir été choisi pour faire partie d'un programme de Stewards à l'occasion du Comité Central du Conseil Oecuménique des Eglises http://www.oikoumene.org/fr/
Or, le Comité Central a cette année lieu en Crète. 
Pour aller en Crète à partir de la France, il existe deux solutions : la rapide, et la plus longue.
La plus longue, pour commencer par celle-ci, consiste à acquérir (ou louer) une embarcation, et à naviguer jusqu'à destination. La seconde, plus rapide, celle pour laquelle j'ai opté, consiste à s'embarquer dans un ou plusieurs avions, avec tous les à côtés inhérents à ce moyen de transport.

La journée commence donc à Lyon où je me rends à la gare pour prendre le train direction aéroport Charles de Gaulle.
Première surprise quand j'arrive sur le quai, un transfèrement de détenu était prévu dans la voiture où ma place était réservée. Voir une personne menottée, sévèrement encadrée par des gendarmes, même quand on croit être habitué, ça ne laisse jamais indifférent. Pendant le voyage somme toute tranquille, j'ai aussi croisé trois sœurs catholiques dont je ne m'aventurerais pas à dire à quelle congrégation elles appartenaient. Trois gendarmes, trois sœurs, l'équilibre était sans doute bon.

Mais le vrai voyage, celui qui devait me conduire hors de France ne faisait que commencer.
Premier avion à destination d'Athènes donc, un Airbus A 321 pour les connaisseurs, un moyen courrier. Et comme dans toute compagnie qui se respecte, les passagers avaient droit à un plateau repas, quand bien même il était déjà 15 heures lorsque nous le prîmes.
Puis déjà, intervint l'atterrissage, sans doute – avec le décollage – le moment le plus spectaculaire du vol.
J'avoue ne pas avoir du tout pu profiter du panorama d'Athènes, l'aéroport étant situé relativement loin de la ville : je n'ai même pas pu apercevoir l'Acropole depuis l'avion...décevant, mais j'étais déjà tendu vers mon objectif, à savoir, me rendre rapidement à la porte d'embarquement pour ne pas manquer l'avion qui devait m'emmener jusqu'à Chania, en Crète.
En sortant de l'avion qui venait de Paris, j'eus la surprise de rencontrer une malgache dont je savais qu'elle allait, elle aussi, participer au COE. Malheureusement (pour elle surtout), elle ne prenait pas le même avion que moi, et allait arriver tard dans la nuit en Crète. D'ailleurs à l'heure où j'écris, elle n'est toujours pas arrivée...

J'ai écrit au début de ce billet que je ne parlerais pas de théologie, mais impossible de me retenir lorsque au moment d'évoquer mon arrivée en Crète. Nous voilà à bord d'un taxi passant au dessus de la baie de Souda, plus grand port « naturel » d'Europe selon les dires de notre conducteur. Et, au détour d'un virage, j'ai eu la sensation de comprendre un peu davantage la poésie des récits de création de la Genèse : en effet, en Crète (comme sans doute sur la plupart des îles), l'expression de « terre émergée de l'eau », de terre asséchée prend tout son sens. Les montagnes se jettent littéralement dans la mer, l'île semble sortir de nulle part. Le séjour commence donc en beauté et le voyage en taxi qui dura près d'une heure, fut quasiment silencieux, tant les paysages à contempler étaient magnifiques.
La suite au prochain numéro !    

                                                                                                                NR



samedi 4 août 2012

Cours, jette !

Pour une suffragance en août, il est conseillé d'aimer les courgettes, les tomates et les haricots du jardin. Quand on est dans le Sud-Ouest, il n'est pas inapproprié d'aimer aussi le confit et le jambonneau. Ca tombe bien, c'est mon cas. Les fenêtres du presbytère donnent sur la Montagne Noire et quand la pluie tombe sur Mazamet, les éclairs éclairent jusqu'à Saint-Amans. Le reste du temps, les grillons chantent. 
Le premier jour, des pots de confiture nous attendaient en même temps que les légumes frais et des paroles de bienvenue ont résonné avec les recommandations pour l'aspirateur récalcitrant. Le deuxième jour, j'ai eu la surprise de devoir assurer deux cultes en maison de retraite au débotté. Quand c'est comme ça, on n'a plus le temps de se torturer l'esprit à se demander si on est bien digne de tout ça. Et c'est en parlant, en serrant une vieille main dans la sienne, qu'on se dit que le Christ est partout sur nos chemins de vie. Jusqu'au bout. 
On court comme un "vrai" pasteur, on passe d'une activité à l'autre, d'un temps de méditation à une animation biblique, d'une quiche à mettre au four pour le repas partagé à un plongeon dans le grec pour la prédication du dimanche, d'une recette de pâte à sel à une bataille avec internet, de mots partagés dans un vieux texte à une réflexion sur l'ici et maintenant de la foi. Et on espère jetter ici ou là quelques paroles qui, venues d'ailleurs, diront quelque chose de ce mystérieux Evangile qui ne fait que nous échapper, parce qu'il ne nous appartient pas.