mercredi 26 juin 2013

Non pas, hommes impies, non pas !

"On répondra ici à tous ceux qui se scandalisent de ce qui a été dit de la foi et qui objectent: "Si l'on doit tout à la foi et qu'à elle seule elle suffise à nous justifier, pourquoi donc les bonnes oeuvres sont-elles prescrites ? Nous nous abandonnerons donc à l'oisiveté et nous ne ferons rien, nous contentant de la foi." Non pas, hommes impies, non pas ! Il en serait bien ainsi, il est vrai, si nous étions, sans reste, des hommes tout intérieurs, ce qui n'arrivera pas avant le dernier jour, à la résurrection des morts. Tant que nous vivons dans cette chair, nous ne faisons que commencer et progresser dans ce que la vie à venir verra s'achever. C'est pour cela que l'apôtre appelle prémices de l'Esprit ce que nous avons dans cette vie; nous recevrons la plénitude de l'Esprit dans la vie future. [C'est ainsi que] le chrétien est le serviteur de tous et qu'il est soumis à tous. En tant qu'il est libre, en effet, le chrétien n'accomplit pas d'oeuvres, mais en tant qu'il est serf, il les accomplit toutes."
Martin Luther, Traité de la liberté chrétienne

lundi 24 juin 2013

Rond & carré #5

Pendant mes dernières semaines à Montpellier, j'ai assisté à une visite guidée de Pierres Vives. Ce bâtiment impressionnant est une vraie oeuvre d'art de l'architecte irako-britannique Zaha Hadid. Elle a utilisé beaucoup de béron, d'une manière à la fois très visible et presque douce en même temps. 
Notre guide nous racontait que l'appellation de Pierres Vives était inspirée par Rabelais. Bon, une fois n'est pas coutume, nous, théologiens, savons mieux ! Car je serais étonné que Rabelais n'ait pas été lui-même inspiré par la première épître de Pierre qui utilise l'image des pierres vivantes bien avant Rabelais : "Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ." (1 Pierre 2,4-5).
Je me suis battu avec la première épître de Pierre cette année. Il y a plein de trucs dedans avec lesquels je ne suis pas du tout d'accord. Parfois je n'ai pas hésité à dire que c'est du grand n'importe quoi. Bref, il y a eu des moments où je l'ai rejetée, cette épître. Mais j'en ai repris aussi, au moins des petits cailloux. 
Ce sont entre autre des artistes qui m'ont aidé à découvrir la beauté et la richesse de l'image des pierres vivantes. Bob Marley par exemple, avec sa chanson émouvante Corner Stone qui reprend cette image précise. Ce qui me touche dans cette chanson ? Marley ne chante pas seulement qu'il ne faut pas rejeter cette pierre. Il demande aussi à la pierre qu'elle ne le rejette pas ! Il y a donc une réciprocité : accepter et être accepté. Le magnifique documentaire sur la vie de Bob Marley (2012) nous apprend qu'il avait lui-même grand-mal à assumer sa propre identité, à s'accepter lui-même.
L'image de la pierre évoque une certaine dureté, mais aussi une stabilité, une continuité : solid as a rock ! Une pierre est quelque chose qui n'est pas a priori négatif. Et l'adjectif "vivante" y ajoute une dynamique qui fait que ça bouge, qu'il y a du progrès et donc de l'espérance. 
Je crois que cette image résume bien le développement personnel que j'ai pu faire à Montpellier. J'essayé d'explorer ce qui est essentiel pour moi dans la vie. J'ai gagné en confiance. Grâce à de belles rencontres et des expériences riches, je peux dire que j'ai quitté la France en pierre vivante. Mieux encore : je rentre aux Pays-Bas en pierre dansante. 
Fabian Keijzer
Groningen, le 23 juin 2013


mardi 28 mai 2013

Voyage Voyages!

 L'IPT organise un voyage:

VOYAGE A TURIN


                                            

Giorgio Tourn - Les Vaudois - L'étonnante aventure d'un peuple-église (1170-1999).


Mardi 18 JUIN 
               Mercredi 19 JUIN


Au Programme:

MARDI 18 après-midi: 
                   - Visite du Musée Egyptien de Turin

MERCREDI 19 matin: 
                   - Rencontre avec Giorgio TOURN, auteur de "Les Vaudois, L'étonnante aventure d'un peuple-église (1170-1999), Claudiana éditrice, Turin, 1999, 293 pages.

L'Eglise Vaudoise est composée des disciples de Pierre Valdo, un marchand Lyonnais du 12ème siècle, ayant fait le choix de pauvreté, "suivre nu le Christ nu" et qui prêcha l'Evangile dans les rues en s'adressant dans la langue du peuple. N'étant pas lui-même prêtre, clerc, il lui était interdit alors de prêcher et s'est d'abord vu chassé de Lyon avec ses premiers disciples "les Pauvres de Lyon" et contraints à la clandestinité. Excommuniés, puis jugés comme hérétiques par la Grande Eglise Romaine en 1215 , ils furent persécutés par l'Inquisition.
Ils étaient particulièrement présent dans le Piémont et le Dauphinois, où ils ont prêché la Bonne Nouvelle. 

                  - Visite du musée Vaudois 

Après la visite du Musée du Louvres, et du voyage à Lourmarin des étudiants de la Faculté de Montpellier, ce voyage de l'IPT est une continuation de ces découvertes historiques importantes pour notre parcours théologique. Alors un voyage en Italie pour rencontrer l'Egypte et les Vaudois, beau Programme

L'hébergement sera au Foresteria de Torre Pellice. Vous pouvez vous inscrire auprès de Corinne Lanoir qui se charge de l'organisation et que nous remercions chaleureusement, ainsi que Dany Nocquet. 
Corinne.Lanoir   @   iptheologie.fr  

Bon voyage et bonne route pour tous!

vendredi 17 mai 2013

Bienheureux !

Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes :
     ils n'ont pas fini de s'amuser.
Bienheureux ceux qui savent distinguer
     une montagne d'une taupinière :
     il leur sera épargné bien des tracas.
Bienheureux ceux qui sont capables de se reposer,
et de dormir sans chercher d'excuses :
     ils deviendront sages !
Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter :
    ils en apprendront des choses nouvelles.
Bienheureux ceux qui sont assez intelligents
pour ne pas se prendre au sérieux :
    ils seront appréciés de leur entourage.
Bienheureux ceux qui sont attentifs à l'appel des autres,
sans toutefois se sentir indispensables :
    ils seront semeurs de joie.
Bienheureux êtes-vous si vous savez
regarder sérieusement les petites choses
et paisiblement les choses sérieuses :
     vous irez loin dans la vie.
Bienheureux êtes-vous si vous savez admirer un sourire
et oublier une grimace :
     votre route sera ensoleillée.
Bienheureux êtes-vous si vous êtes capables
de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes d'autrui,
même si les apparences sont contraires :
     vous passerez pour des naïfs, mais l'Amour est à ce prix.
Bienheureux ceux qui pensent avant d'agir
et qui prient avant de penser :
     ils éviteront des bêtises.
Bienheureux surtout,
vous qui savez reconnaître le Seigneur
en tous ceux que vous rencontrez :
     vous avez trouvé la Lumière vraie
     et la véritable sagesse.

(Texte issu d'un recueil liturgique de la région CAR)

jeudi 16 mai 2013

La foi n'est pas un système racinaire

Voilà l'Evangile que nous avons entendu hier soir au cours du culte de fin d'année : la foi ne vient pas des racines, elle ne se diffuse pas en sous-sol par ce qui y serait déjà présent. La foi vient d'une poignée de grains lancés à toute volée sur la terre, au risque de se perdre. Elle vient d'ailleurs... et pourtant elle se partage. On peut partager l'extrême surprise à la voir prendre racine, en soi. Nous pouvons voir chaque demain comme un champ nouveau où la Parole sera lancée à toute volée. Nous y participons, à notre manière. Imparfaite, inattendue, maladroite. Toujours pleine de promesse. C'est bien cette promesse qui nous envoie vers l'avenir ! 
De l'avenir, il en a été question lors du dîner. Ceux qui partent ont partagé leur départ. Ceux qui restent savent qu'ils ne sont pas ici comme des buissons enracinés définitivement mais qu'ils sont appelés à sauter à demain pour d'autres ensemencements. Oui, l'avenir est toujours possible. 
Merci à tous et à chacun pour la soirée d'hier. Nous souhaitons à tous ceux qui partent - proposants, étudiants qui rentrent chez eux ou vont voir ailleurs comment ça se passe, futurs Master pro, notre doyen aussi bien sûr - de vivre encore et toujours de cette grâce. Et à ceux qui restent, nous souhaitons de continuer à voir cette institution comme un lieu où l'important n'est pas de prendre racine, mais de savoir recevoir toujours à nouveau ce qui vient d'ailleurs.
Un mot un peu personnel : l'inauguration de l'exposition Dürer à la bibliothèque de l'IPT a eu lieu ce soir. Il se trouve que les planches ont été gravées à partir de l'oeuvre de Dürer par mon grand-père, Henri Renaud, qui était graveur sur bois, pour le compte d'un éditeur d'art dans les années 1970. La fidélité en est presque parfaite, comme l'explique Estelle Leutrat, professeur d'histoire de l'art à Rennes 2, qui a bien voulu rédiger les notices de l'exposition. Ce grand-père, je l'ai peu connu, c'était un homme très secret. Homme d'une foi profonde, très engagé dans l'Eglise, il n'a pourtant jamais témoigné directement de sa foi à ses petits-enfants. A la différence de bien des enfants protestants, je n'ai pas connu la transmission "par les racines" de la foi chrétienne et de la culture protestante. Mais voilà que je suis en faculté de théologie, à rebours de ce qu'on aurait pu attendre dans la vie que j'avais. Et je me dis ce soir que dans ce silence, dans cette extrême discrétion, il s'est pourtant bien transmis quelque chose. Pas par les racines. Mais par le témoignage silencieux de ce que quelque chose avait été semé. Alors l'avenir ? Oui, il est possible.
PRG

Rond & carré #4


C’est quoi, l’inspiration ? Et est-ce que ça existe vraiment ? « Je ne crois pas au mythe de l’inspiration » disait le chanteur Nick Cave récemment aux Inrockuptibles : « c’est très surestimé. Il y a parfois des révélations, mais sans travail derrière elles ne servent à rien. »
J’ai lu cet interview avec approbation. Oui, je l’avoue, je suis un petit-fils de ma grand-mère qui, même à 93 ans, reste une workaholic. La création demande du taf ! De temps en temps , c’est bien de démystifier les choses. Si on veut être créatif, forcément ça veut dire qu’on doit bosser. Il faut sortir de notre ‘paresse naturelle’ : l’inspiration c’est quelque chose à chercher activement. C’est pourquoi chaque matin Nick Cave dit à sa femme : « Je vais au bureau ! » avant de se mettre à écrire de la musique.
En même temps, j’ai du mal à croire que travailler seulement suffit à créer des belles choses. Mes propres expériences, aussi banales soient-elles, m’obligent quand même à croire à ce que Nick Cave appelle des ‘révélations’. Ça m’est arrivé en rédigeant des textes, que ce soit un plaidoyer en tant qu’avocat, ou que ce soit une prédication en tant que théologien.
Écrire, ça commence pour moi avec lire. Je cherche le silence pour lire dans tous les sens, jusqu’au moment où il y a des mots qui entrent, qui me touchent. Là, je commence à me poser des questions. Pourquoi ça me touche ? Quel intérêt ? Quels échos ça donne ? Je laisse mijoter les mots, je mâche mes mots, si vous voulez. Et j’attends, sans trop attendre, s’il y a quelque chose qui me dépasse, qui se crée et qui crie - pour rompre le silence.
Il y un lien invisible entre lire et écrire. C’est le lien indissociable entre créer et être créé. Et c’est dans ce domaine-là que se trouve l’inspiration. J’ai connu une bibliothèque où il y avait un avertissement à l’entrée : « Prenez garde, de ne pas vous faire dévorer par les livres ! » Effectivement, créer c’est chercher activement l’inspiration et la subir ensuite. L’initiative est à moi, mais le résultat reste en quelque sorte insaisissable. Ou mieux : c’est le résultat qui me saisit, à ma propre surprise.
Ou est-ce que je me trompe ? C’est bien possible que ce que j’appelle des révélations ne le sont point. Alors, faut-il les démystifier ? J’en suis pas sûr. J’aime trop mon petit pays de merveilles dans mon coeur, qui se trouve entre ma cour de récré et ma cuisine intérieure. J’en suis même dépendant, comme je suis dépendant du taf d’ailleurs. Et finalement, j’aime bien les mythes. Ça fait rêver.
Fabian Keijzer

mercredi 1 mai 2013


Les diaconesses de Reuilly ! Aux"Je dis"de l'amicale.

Des soeurs... rayon bleu lumineux.

Marge qui met en mouvement.
Inattendu, décalage, irruption.
Un ancien président « des réformés ».
Voix d'homme pour dire ces femmes.
Pour dire au-delà de ces femmes.

« Pars vers la source caché de toute chose.
Quitte tout et tu trouveras tout.
Prends le temps de vivre amicalement
Avec toi même. Respire. Reprend haleine
Apprends dans le repos du corps et de l'esprit,
la calme lenteur de toute germination ».
                             Extrait de la Règle de Reuilly p57.

Dans le cadre des jeudi de l'amicale, Marcel Manoël ancien président du CNERF
et actuel président de la fondation des soeurs de Reuilly http://www.diaconesses-reuilly.fr/ vient nous parler d'une composante du protestantisme qui gagne à être connu ?

Un autrement ...assurément. 
De 18 à 20 heures, salle Vincent, mardi 7 mai.




mardi 16 avril 2013

Prochains rendez-vous

Voici que la fin d'année arrive... Quelques rendez-vous à venir :


  • Mercredi 17 avril à 19h (salle Vincent) : apéro italien et partage autour du voyage à Rome avec un visionnage de diaporama
  • Jeudi 18 avril, 19h30 (salle Bois) : soirée de louange organisée par les étudiants. Merci de vous faire connaître auprès de Juliane si vous souhaitez participer.
  • Mardi 7 mai, 18h, "Je dis de l'Amicale", rencontre avec Marcel Manoel pour évoquer les diaconesses de Reuilly.
  • Mercredi 15 mai : fête de fin d'année autour du thème "International Day. Merci de contacter Rémi pour le dîner (chacun est invité à apporter un plat de son pays ou de sa région) et Vanessa pour la soirée animée. Le culte est à 18h et sera présidé par le doyen Michel Bertrand, suivi d'un apéro offert par l'Amicale et de la soirée festive traditionnelle.

Sinon, la chorale tient toujours ses répétitions le mardi soir.
Enfin, notez que la bibliothèque restera ouverte pendant le pont du 8 mai pour permettre aux étudiants de préparer les examens de fin d'année. Merci aux bibliothécaires !

dimanche 14 avril 2013

Postes à pourvoir au Défap

Elisabeth Marchand, venue nous parler il y a quelques mois du Défap (le service protestant de missions) nous prie de communiquer les postes suivants ouverts à candidature : des candidats sont recherchés activement pour plusieurs missions de service civique. 

  • répétiteur/animateur de français dans un orphelinat à Madagascar
  • répétiteur de français dans un lycée protestant au Caire (Egypte)
  • assistant d'éducation dans une école primaire protestante à Tunis

Toutes ces missions se dérouleraient sur l'année universitaire prochaine sur 9-10 mois environ (départ en septembre 2013 jusqu'à mai ou juin 2014). Ce sont des missions de service civique, accessibles à la condition d'avoir moins de 25 ans au moment du départ en mission. Pour plus d'informations et pour contacter Elisabeth, voir le site du Défap (clic).


vendredi 12 avril 2013

Mag Bible

Ne manquez pas ce dimanche l'émission Présence protestante sur France 2, à 10h ! Au programme, le Mag Bible avec notre professeur d'AT Dany Nocquet, un reportage sur Marc Chagall, la Bible au salon du livre avec les éditions Empreinte temps présent, un conte biblique sur la terre promise et les personnages de Jacques et Jean, fils de Zébédée. 
Bande-annonce :


vendredi 29 mars 2013

Service protestant

Ces dernières semaines et jusqu'à dimanche prochain, quatre de nos professeurs ont participé au culte dominical diffusé chaque semaine sur France Culture à 8h30. Si vous les avez manqués, vous pouvez les retrouver en podcast sur le site de la radio (clic). Une autre façon de les entendre et de dérouler la Parole... Bonne écoute ! 

vendredi 22 mars 2013

Les pierres et Paul

Dans le cadre de l'atelier d'exégèse dont les travaux portent cette année sur les "textes impossibles" de la Bible, nous avons fait une incursion cette semaine dans une problématique connexe qui concerne les stratégies de lecture. Quel peut être aujourd'hui l'apport de l'archéologie pour l'exégèse biblique du Nouveau Testament ? Daniel Gerber, professeur à Strasbourg, a ainsi évoqué avec nous son expérience d'exégète qui choisit de se confronter aux découvertes archéologiques dans la ville de Corinthe. Nous savons que Paul s'est rendu dans cette ville et qu'il a entretenu une correspondance avec l'Eglise corinthienne dans les années 50-60. 
De fait, beaucoup de touristes viennent en "pèlerinage" sur les traces de Paul dans l'ancienne Corinthe. On peut comprendre cette fascination pour les lieux qui ont vu naître le christianisme et l'émotion qui peut naître d'être "là où ça s'est passé".
Mais il y a de mauvais usages de l’archéologie. Trouver une pierre portant une inscription évoquant une synagogue en plein centre de l’ancienne Corinthe ne signifie pas forcément qu’il y avait, là précisément, une synagogue, ce serait une conclusion hâtive. Dans une région à l’activité sismique importante et une culture où les pierres étaient régulièrement réutilisées dans les constructions successives, il faut être beaucoup plus prudent. De même, tirer de l’architecture des villas de la population la plus aisée la certitude que la première communauté chrétienne se réunissant dans des maisons particulières, c’est risquer de tirer des conclusions d’un fait qu’il faut peut-être relativiser : d’autres lieux existaient sans doute. Il faut réexaminer les textes à la lumière des découvertes archéologiques actuelles pour mieux en saisir les enjeux. En découvrant qu’il existe plusieurs hypothèses possibles, il ne s’agira plus alors de comprendre précisément quel type de maison est désigné par le texte mais d’ouvrir les compréhensions possibles du texte.
Mais l’archéologie est parfois aussi un apport déterminant pour l’exégèse. C’est ainsi que la découverte à Delphes du temple d’Apollon (celui-là même où la Pythie s’exprimait en langage codé et où les fidèles devaient payer pour le décodeur, c’est-à-dire les prêtres, comme le décrivait Daniel Gerber) a permis de mettre au jour des inscriptions sur un mur. Ces inscriptions seraient un genre de livre d’archives évoquant notamment le rachat d’esclaves par le dieu Apollon. En réalité, cela recouvre une réalité complexe : les esclaves pouvaient s’ils en avaient les moyens racheter leur liberté à leur maître. La somme était versée, non pas au maître directement, mais donnée symboliquement à Apollon qui rachetait ainsi l’esclave et lui donnait la liberté. Lorsque Paul évoque en 1 Co 6 et 7 le « grand prix » par lequel les convertis ont été rachetés, il fait donc résonner le vocabulaire technique qui, pour les esclaves et les affranchis, touchait à une réalité très immédiate. Elle n’est plus la nôtre aujourd’hui, mais la trace dans le texte de la profondeur existentielle de cette thématique nous permet, si nous en saisissons mieux les enjeux chez les premiers chrétiens, de comprendre ce qu’il en est aussi pour nous.
Le dialogue entre archéologues et exégètes est donc fécond pour les exégètes. Quant aux archéologues confrontés, parfois avec un certain amusement, à des visiteurs en recherche de « l’ADN » de Paul et de ses compagnons, cela leur permet peut-être de mieux resituer les enjeux de leur recherche pour ceux qui poursuivent un tout autre but.
A écouter ces histoires, nous avons pu mesurer à quel point l’intelligence de la foi est toujours un pari et que, parfois, elle donne à la foi elle-même une profondeur qui serait restée insoupçonnée sans ce détour inattendu.
PRG

vendredi 1 mars 2013

Journée mondiale de prière

Ce vendredi 1er mars a lieu la "Journée mondiale de prière", mouvement international de femmes de toutes confessions chrétiennes. Chaque premier vendredi de mars est organisée dans 170 pays de par le monde une journée de prière commune, avec la devise "S'informer, prier, agir". C'est un pays différent qui organise la rencontre chaque année (préparation de la célébration, choix des textes et rédaction des prières) et c'est l'occasion de s'informer sur la vie de de ces femmes, de prier pour exprimer et enrichir l'échange entre chrétiennes de tous horizons et d'agir pour manifester par un geste concret de solidarité, avec les fruits de l'offrande qui permettent de soutenir des associations et des mouvements qui oeuvrent pour la promotion des droits des femmes. 
C'est la France qui cette année a préparé cette journée mondiale. Le thème en est "J'étais étranger et vous m'avez accueilli". Que signifie aujourd'hui pour nous être étranger, que signifie accueillir ? Ca passe par de véritables relations humaines. Nous nous souvenons de cette parole, "chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". 
Rendez-vous à 18h30 au temple de la rue Maguelone à Montpellier (ou dans plus de 300 lieux de célébration en France).

mercredi 20 février 2013

Protestants en fête

Du 27 au 29 septembre 2013 se tiendra à Paris le grand rassemblement "Protestants en fête" : villages thématiques, forums, expositions, spectacles, jeux, concerts... L'IPT sera présent avec un stand et des animations. Le samedi soir, grand concert et le dimanche, culte à Bercy. Les inscriptions sont ouvertes, ici (clic), si vous voulez participer au culte notamment c'est très fortement conseillé ! 
Vous trouverez le programme, des informations pratiques (dont une "bourse au logement" pour trouver un hébergement chez l'habitant), une boutique (en partenariat avec le SEL) et toutes les informations mises à jour sur le site de Protestants en fête, ici (clic). Allez, c'est parti pour un Paris d'espérance !

lundi 18 février 2013

Carême


Ce dimanche ont commencé sur France Culture les conférences de Carême, conférence protestante de 16h à 16h30 et catholique ensuite, moments pour réfléchir ensemble. 
La conférence donnée en la cathédrale Notre-Dame de Paris par le vicaire général Mgr Bruno Lefèvre-Pontalis sous le titre "Croire, une chance pour tous" avait des accents étonnamment barthiens (clic). Côté protestant, on méditera au cours de ces 6 dimanches en compagnie des pasteurs Marianne Guéroult, Pascal Hubscher et Alain Joly sur le thème "De la révolte à l'espérance, Job !" (clic pour réécouter, télécharger le texte de l'émission ou podcaster). Cette première conférence portait sur l'éternelle question du mal : impossible de répondre à "pourquoi", et pourtant une infinie espérance peut naître... 


Quarante Jours nous sont donnés : comme un temps de chance. Quarante Jours pour nous lever de notre fatigue. Quarante Jours pour éveiller notre impatience. Quarante Jours pour regarder le Christ, qui nous rejoint dans notre faiblesse. Quarante Jours pour nous relever de l'accablement permanent qui alourdit notre quotidien. Quarante Jours pour avancer avec Jésus et laisser son Esprit nous insuffler la bonne nouvelle de son Évangile. Quarante Jours pour avancer avec lui et semer de façon visible, tangible sa parole et son amour. Quarante Jours pour avancer avec le Christ.
Avancer avec le Christ est ce aussi simple ? Cela mérite réflexion. Cela vaut bien 40 jours de recul, de retrait, pour bien peser ce en quoi on s’engage à la suite du Christ.

samedi 16 février 2013

vendredi 15 février 2013

ROND & CARRÉ #3


Voyager permet de lire et de réfléchir. Le jour va venir où je consacrerai un billet entier à un éloge du TGV Paris - Montpellier. En toute sincérité, c’est un de mes lieux préférés en France.

C’est donc dans ce train que je viens de lire un magazine qui s’appelle « TGV Magazine ». Bref, un pseudo-glossy avec zéro prétention, mais pourtant, je suis tombé sur deux articles qui m’ont troublé. Moi, qui me définit, selon les jours, comme « pas très croyant » ou simplement « protestant libéral ». Car justement, c’est de liberté et de religion qu’on parle.

Ça commence avec un entretien avec Marjane Satrapi, artiste et cinéaste franco-iranienne. On lui pose la question : « D’où vous vient votre esprit libre ? » Réponse hallucinante : « J’ai eu une éducation totalement en dehors de religion. J’ai été élevée par des gens qui ont su développer chez moi un sens éthique - pas un sens moral - et qui m’ont toujours poussée à avoir une pensée personnelle. »

D’accord, l’Iran n’est pas le pays modèle où religion et liberté vont main dans la main. Mais ce qui m’énerve, c’est que – si on suit cette argumentation – les croyants sont a priori définis comme des moutons sans trop de pensées personnelles. Sans pour autant vouloir fermer mes yeux sur les dérives, et avec le tout petit peu de foi qui est le mien, je revendique une force libératrice et émancipatrice que la religion peut apporter aussi. Et je suis obligé de défendre cette affirmation, car j’avoue qu’elle a souvent besoin de pédagogie pour être bien comprise...

On tourne la page du magazine pour trouver un entretien avec Sophia Aram, comédienne et chroniqueuse sur France Inter, que j’apprécie beaucoup. Mais avec toute l’estime et le respect que je lui dois : on continue les bêtises ! Je cite : « En tout cas, on peut être sûr que Dieu n’est pas une femme. (...) Les trois grandes religions monothéistes n’arrivent pas à se mettre d’accord sur grand-chose. À part la place de la femme dans la religion... et l’homosexualité ! »

N’importe quoi, chère Sophia ! Vous l’aurez compris, j’ai quitté le TGV un peu déprimé. C’est pas comme ça qu’on va faire avancer les débats.

Heureusement, il y a aussi des petites merveilles pour retrouver le courage. Dépêchez-vous pour aller voir au cinéma le film Wadjda, premier film saoudien qui est réalisée par une femme, Haifaa Al-Mansour. Toutes ces grandes questions compliquées de liberté et de religion abordées par le prisme d’une petite histoire très fine. Synopsis : Wadjda, une fille de dix ans, rêve d’avoir un vélo, mais en Arabie Saoudite ce n’est pas permis aux filles de faire du vélo... Grâce a sa finesse et sa luminosité, ça donne un film puissant, qui invite à penser plus loin que le simple constat que les femmes en Arabie Saoudite sont opprimées. Le film traite la religion avec beaucoup de respect, ce qui n’empêche pas une prise de position claire : c’est la liberté, et pas la soumission, qui aura le dernier mot.

Fabian Keijzer

jeudi 14 février 2013

Appel à témoins

Ne manquez pas dimanche prochain à dix heures la diffusion du documentaire "Appel à témoins", on y parle notamment des Cultes Café Croissant, dont nous vous avions parlé l'été dernier (voir ici, clic).
Bande-annonce visible ici (clic) !

mercredi 13 février 2013

On se ramasse à l'appel

Il arrive que le choix des cantiques soit pour le moins hasardeux. C'est un des risques du métier.
Nous préparons ces jours-ci le culte dit des vocations qui aura lieu à Montpellier, au temple de Maguelone, dimanche prochain. Thème : l'appel. 
Dans le recueil de cantiques Arc-en-Ciel nous avons retenu le 416, O Seigneur, ta voix m'appelle, et passons à autre chose quand quelqu'un, tout fredonnant, s'interrompt soudain : 
"Euh... tu n'as pas peur que ça décourage les vocations, ça ?"
"Pardon ?"
"La strophe 2 : n'as-tu pas donné ta vie pour me sauver, bon Pasteur ?"
Tout bien pesé, on a mis autre chose. 

mardi 12 février 2013

Conférence de Claude Baty

Demain soir mercredi 13 février aura lieu une conférence de Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France, sur le thème "Quelle espérance pour le protestantisme français d'aujourd'hui ?"
Salle des Actes à 20h30 (juste après l'apéro !)

Que le doc ne tique

Imaginez que vous vous réveilliez un matin de vent à décorner une toute petite biquette avec dans l'idée de virer de votre liste de trucs à faire quelques-uns des trucs à faire. Au menu, rendre visite au médecin pour qu'il vous donne un certificat d'aptitude au service du ministère pastoral. Aujourd'hui ou un autre jour - autant y aller aujourd'hui. Vous nouez votre écharpe autour de votre petit cou délicat pour le protéger, lui au moins, des vilains microbes qui traînent, vous coupez le sifflet au journaliste qui tire les vers du nez d'un vaticaniste éminent (un vaticaniste est éminent ou il n'est pas), vous empoignez votre courage avec autant de mains que nécessaire pour cette tâche et vous mettez les bouts, direction le cabinet médical où vous auriez vos habitudes si vous aviez l'habitude de fréquenter les professions médicales. Ce qui, en l'occurence, n'est pas le cas. 
Le bon monsieur qui ouvre la porte de la salle d'attente ne vous est donc pas connu, et inversement. Il vous scrute par-dessus le bord de ses lunettes, vous serre la paluche et vous invite à vous asseoir. "Alors, qu'est-ce qui vous amène ?"
"Alors voilà, je suis étudiant en théologie et engagé dans le parcours qui mène au ministère de pasteur. Dans la liste des documents à réunir pour ce faire, il nous est demandé de passer devant un psychiatre, et de fournir un certificat médical délivré par un généraliste."
Ca n'a duré qu'une demi-seconde mais vous le jureriez : le doc a tiqué. 
"Un psychiatre ? Ah oui remarquez, ça vaut mieux. Un pasteur, c'est comme un prêtre non ? protestant, un truc comme ça ? Oui, il vaut mieux qu'il ne se mette pas à dézinguer tout le monde au milieu d'un prêche." 
"..."
"Alors, il faut vérifier quoi ? La tension ?"
"Oui, la tension essentiellement... Enfin vous pouvez juste mettre que je suis apte au service, ça ira très bien."
En vous patouillant ensuite selon les règles du jeu médical, le doc ne cesse de vous zieuter et vous sentez qu'une question lui brûle les lèvres au milieu d'une barbe à fois hirsute et bien taillée (c'est un exploit). Il finit par se décider entre palpation de la rate (ça chatouille) et prise de la tension (complète). 
"Mais ça vous a pris comme ça, à votre âge ?"
Vous repartez en rigolant dans le joli vent de bientôt printemps, tout à fait insoucieux des microbes. La route vers le ministère pastoral est semée de rencontres étonnantes. (Toute ressemblance avec des personnes réelles serait bien sûr tout à fait fortuite.)

mercredi 6 février 2013

Du café et décroissant


A la fin du mois de janvier se tenait à Oullins près de Lyon la rencontre annuelle de la Mirly (clic), sur le thème "Emploi et progrès, pouvons-nous, devons-nous attendre la croissance pour donner sa place à chacun ?" Au terme de deux jours très denses de discussions, un texte a été produit, reprenant théologiquement les thèmes et questionnements de cette rencontre. Vous le trouverez sur le site du christianisme social (clic) et nous le proposons ici également. 



CROISSANCE ET EMPLOI : QUEL MODELE VOULONS-NOUS ?

Ce texte a été produit suite aux rencontres de la MIRLY de janvier 2013, qui ont réuni plus de 60 personnes pendant deux jours pour réfléchir au thème « croissance et emploi ». 

En tant que chrétiens, nous mettons notre confiance dans l’amour de Dieu promis à tous les hommes : il nous rend libre d’agir en ce monde pour le changer, il nous empêche de croire qu’il y a des inutiles parmi les humains, il nous rend dignes et nous donne le courage de remettre en question le système économique dans lequel nous vivons.
Nous pensons qu’aucun système, économique ou de société, ne peut libérer l’homme : Dieu seul peut le faire. Il n’appartient donc pas aux Églises (pas plus qu’à toute autre instance) de désigner une norme par laquelle on accéderait à cette libération, ce qui reviendrait à transformer une réalité humaine ou sociale en idole. Cependant, il leur appartient de lutter contre tout ce qui amoindrit et aliène l’être humain. De ce préambule nous tirons deux conclusions :
  • Rechercher dans une réalité humaine ou sociale, fut-elle la plus noble et la plus admirable, le lieu du salut c’est tromper nos contemporains et nous tromper nous-mêmes et, en dernière instance, trahir l’Evangile. 
  • Nous avons la liberté d’agir en ce monde : nous agissons en hommes bénis par Dieu. Cela nous libère de toute exigence de résultat et du fantasme d’être efficaces par nous-mêmes, ce à quoi le message du Christ nous appelle aujourd’hui 


A partir de ces présupposés, nous posons qu’une exigence éthique en matière d’emploi devrait nous rendre attentifs aux soubassements anthropologiques de tous les modèles économiques. 
Nous avons considéré plus particulièrement trois modèles économiques pour notre société :
  • un modèle poussant à rechercher la croissance économique pour créer des emplois pour tous (« travailler plus pour travailler tous ») : c’est le modèle en vigueur actuellement
  • un modèle visant une réduction forte du temps de travail individuel pour donner de l'emploi à tous (« travailler moins pour travailler tous ») : c’est le modèle des 32h (ou moins)
  • un modèle visant une abolition de la valeur travail, pour ne produire que ce qui est nécessaire (« travailler moins pour travailler moins ») : c’est le modèle des objecteurs de croissance, ou décroissants.

Le modèle dominant à l’heure actuelle nous pousse à oublier qu’en disant le « mot croissance » nous n’avons plus à l’esprit que la croissance économique ; or bien d’autres choses ont besoin de croître : le bien-être, la santé, la liberté de nouer des relations avec nos frères humains, la tolérance pour ceux qui ne nous ressemblent pas, etc. L’horizon de ces idées de croissance, c’est le Royaume de Dieu. En nous incitant à croire que le salut viendrait de la croissance économique, le modèle économique dominant à l’heure actuelle méconnaît toute une dimension de l’être humain. Nous reconnaissons que le travail peut être perçu comme un moyen d’épanouissement de la personne et de contribution au bien social, mais nous réfutons que ce soit le seul moyen et refusons de laisser croire qu’il s’agirait d’un but en soi. En d’autres termes, tout en reconnaissant la nécessité d’un encadrement légal du travail et le besoin d’une réflexion politique de fond pour soutenir l’action publique, nous ne mettons pas notre confiance dans l’optimisme d’une croissance qui règlerait le problème de l’emploi.

Le modèle du partage du temps de travail ne remet pas fondamentalement en cause les fondements anthropologiques du modèle précédent. Il pose que le travail est un trésor collectif qu’il convient de partager équitablement afin que chacun puisse en bénéficier. Or nous affirmons que ce qui donne sa dignité à l’être humain n’est pas le travail : l’être humain est digne de naissance. En termes théologiques, il est digne parce qu’il est adopté par Dieu comme son enfant ; nous ne mettons donc pas notre confiance dans le partage du temps de travail pour garantir à tous une égale dignité. Nous reconnaissons cependant que la trop grande disparité des moyens d’accès à la dignité sociale est un fléau social contre lequel nous sommes appelés à lutter et cela passe par une préoccupation de justice sociale, y compris dans le monde du travail. 

Le modèle de la remise en cause de la valeur du travail, à travers l'objection de croissance ou la décroissance, pose comme centrale l’aspiration de l’être humain à vivre pleinement, libéré de la contrainte du travail. Ce modèle présuppose une anthropologie optimiste et positive, autrement dit il met sa confiance dans la nature humaine. L’idée d'un revenu inconditionnel garantissant à chacun le libre choix de son activité, rémunérée ou non, va dans le sens d’une plus grande liberté de l’individu face aux contraintes du marché du travail, autrement dit d’une désaliénation de l’homo economicus. L’inconditionnalité est au cœur de notre foi : la grâce donnée n’est pas à rendre et l’être humain n’en est pas digne par lui-même. Nous ne méconnaissons pas cependant le nouvel enfermement auquel les humains se soumettent volontiers en posant des conditions fantasmatiques qui leurs permettent de se croire auto-fondé et appelons à la vigilance : le revenu inconditionnel comme nouveau lieu du salut ne serait qu’une nouvelle idole. Nous soulignons notamment le risque que l’individu se croie débiteur de la société ou que la société croie l’individu son débiteur : il s’agit de libérer l’individu pour le rendre libre d’agir et non pour imposer une nouvelle contrainte, plus sournoise par non dite. Un autre écueil consisterait à poser la nature en nouvelle idole : s’il est essentiel de réaliser la nécessité de préserver notre planète, il n’est pas légitime pour autant d’en faire la condition de notre salut. Ceci étant posé, nous affirmons que tout ce qui va dans le sens des  désaliénations de l’être humain relève d’une éthique chrétienne et que la réflexion actuelle sur la décroissance mérite toute notre attention. 

Où mettons-nous notre confiance ? Mettons-nous notre confiance dans le retour de la croissance économique ? Alors nous refusons de remettre en question un système qui ne conçoit l’être humain que comme un producteur et un consommateur. Mettons-nous notre confiance dans notre force de travail ? Alors nous méconnaissons la lutte qui déchire la société entre ceux qui en ont et ceux qui n’en ont pas. Mettons-nous notre confiance dans la nature humaine ? Alors nous nous leurrons sur notre statut de créature. Mettons-nous notre confiance dans une norme, qu’elle soit économique, sociale ou morale ? Alors il s’agit d’une idole.
Nous mettons notre confiance dans l’amour de Dieu promis à tous les hommes.

vendredi 25 janvier 2013

Défap, suite

Elisabeth Marchand est donc venue nous rendre visite au moment de l'apéro de l'Amicale, mercredi soir. Elle nous a parlé avec passion de cette "société de missions évangéliques" créée à Paris en 1822 et qui s'est adaptée, peu à peu, aux nouvelles réalités de l'Eglise et du monde. Etre une Eglise accueillante, c'est aussi prendre le risque du service, loin de chez nous, dans des Eglises avec lesquelles nous ne pouvons entretenir de liens humains qu'en les connaissant mieux. Vous retrouverez dans cette vidéo la voix d'Elisabeth et un exemple d'action du Défap, au Cameroun. 


Elisabeth nous indique également que les offres de postes ont été mises à jour sur le site du Carrefour de l'engagement (clic). Allez y jeter un coup d'oeil si l'envie de découvrir d'autres horizons vous démange ! 

mardi 22 janvier 2013

Défap

Connaissez-vous le service protestant de mission, de son petit nom le Défap ? Mercredi soir au moment de l'apéro de l'Amicale à partir de 18h30, une représentante du Défap viendra nous parler de cette organisation, que vous connaissez peut-être par le forum qui a eu lieu à Rouen l'an dernier et auquel bon nombre d'étudiants ont participé. Elle nous parlera des missions longues où des envoyés vont travailler à l'étranger, mais aussi des actions en France. Venez avec vos questions et vos interrogations, vos rêves et vos envies !

lundi 21 janvier 2013

Regards protestants

Connaissez-vous "Regards protestants", le portait internet des médias protestants ? Ce site, créé sous le patronage de la fondation Bersier, réunit en un lieu unique les contributions de nombreux médias protestants francophones pour en faire découvrir la richesse et la diversité. Sous différentes rubriques, vous trouverez des articles, des vidéos, des podcasts qui abordent l'actualité et des questions de fonds. 
Retrouvez le site à l'adresse suivante : http://www.regardsprotestants.com


dimanche 20 janvier 2013

Ce Dieu auquel tu ne crois pas

"Moi je ne crois pas en Dieu de toute façon !"
C'est péremptoire, mais pas inattendu. C'est une interpellation fréquente quand on s'avoue étudiant en théologie. 
"Et à quel Dieu tu ne crois pas, au juste ?"
Une seconde interloqué, mon interlocuteur prend la question au sérieux. Un Dieu qui déciderait de tout dans sa vie, qui déroulerait un destin implacable, inaccessible à tout et surtout à la parole humaine. Un Dieu planqué dans les cieux. Un Dieu qui encourage le mal sur la terre en avançant les religions et les religieux comme des pions. Un Dieu qui hait et qui méprise. Un Dieu père absolu, indépassable, jugeant, terrible. 
"Ben heureusement que tu n'y crois pas, à ce Dieu-là ! Mais est-ce que c'est le bon ?"
Dieu-concept, Dieu imaginaire, Dieu créé par les humains pour s'arranger de leur faiblesse. Dieu faux. Un Dieu dont on ne peut que parler, et alors ?
"Oui. Et alors, en effet."
On peut très bien être moral sans avoir de Dieu. On peut agir bien. Pas besoin de transcendance pour ça. De toute façon on est seul au monde. Et le pire, c'est que vous avez tous le même Dieu et que vous passez votre temps à vous entre-tuer. 

Lundi dernier, un étudiant en Master pro a soutenu son mémoire sur l'esthétique de l'oeuvre de Karl Barth. En l'écoutant évoquer ce "centre vide" que Barth nomme la Parole de Dieu, toujours inaccessible, mais pourtant toujours coeur et centre vivant de sa systématique, je me disais que la vérité libératrice propre à la théologie, c'est de dire qu'on ne peut pas parler de Dieu, mais qu'il le faut pourtant. Ca nous donne la formidable de liberté de dire "non, ce Dieu dont tu me parles, ce n'est pas celui auquel je crois". Le Dieu auquel je crois, il parle. 
Reste à savoir comment on peut dire ça...

vendredi 18 janvier 2013

Semaine de l'unité

Demain samedi, à l'occasion de la semaine de l'unité (ou dans son intitulé exact "semaine de prière pour l'unité des chrétiens"), aura lieu à l'IPT Montpellier une conférence intitulée "Vatican II : pourquoi en reparler aujourd'hui entre protestants et catholiques", avec le pasteur Marcel Manoël et Mgr Damien Sicard. 
Rendez-vous salle des Actes, de 16h à 18h.

lundi 7 janvier 2013

Vocation, de la joie à la vie

Le séminaire de Master qui réunissait des étudiants de Suisse, de Paris et de Montpellier à l'IPT de Paris s'est terminé, la fin du monde n'a pas eu lieu et l'année nouvelle est apparue. Les vacances ont pris le relais de la réflexion sur la vocation et ces vacances à leur tour se terminent. Occasion pour moi de revenir brièvement sur le sujet de la vocation, qui occupe un certain nombre de théologiens, notamment ceux qui s'interrogent sur la leur, de vocation... 
Peut-être, au fond, que la seule question qu'il soit utile et nécessaire de se poser, c'est : "Est-ce que la Parole de Dieu peut passer par moi ?" Non pas "en suis-je digne" mais "Dieu peut-il agir ainsi ?" Si quelque chose risque de mettre un obstacle tel à la Parole de Dieu que celle-ci ne puisse plus être audible, alors la vocation sera un échec. Mais si rien d'autre que la nature humaine, sa fragilité, sa faiblesse, ne se présente comme un obstacle possible, alors la vocation peut prendre racine. On ne parle pas ici d'être "digne" du ministère. En effet, identifier la personne et la fonction du ministre, c'est s'exposer à retomber dans les travers du donatisme : rechercher d'abord et avant tout la pureté des ministres c'est renoncer à la théologie de la grâce. Nous avons à annoncer que le Christ justifie tous ceux qui croient, pourquoi cela devrait-il passer par une exigence, pour nous-mêmes qui nous interrogeons sur notre vocation, de pureté morale ? Ce n'est pas là qu'agit la grâce. La grâce n'agit pas par fonction. L'Esprit souffle où il veut. 
L'introspection, l'examen de conscience, peut-il donner une quelconque assurance au ministre impétrant ? Je ne crois pas que ce soit là que se joue vraiment la vocation. Paul, avec son épine dans la chair, n'en avait pas moins la certitude d'être apôtre. Cette blessure qui revenait, s'imposait, sans qu'il puisse la contrôler en rien, n'empêchait pas la Parole de passer par lui. La bénédiction de Dieu, la grâce donnée et reçue librement, voilà ce qui lui permettait d'agir en chrétien et en apôtre : ce ne furent ni la guérison ni la certitude d'être juste par lui-même.
Il me semble d'ailleurs que dans l'examen d'une expérience aussi subjective que l'appel reçu, on ne peut guère se passer de la notion d'inconscient. Ce qui est vécu comme venant d'ailleurs et qui pourtant fait vivre et met en route, joyeusement, sans qu'on puisse le contrôler, ça ne peut relever que de l'insu. On ne met jamais précisément le doigt sur le "pourquoi" on est appelé. On peut penser avoir les qualités nécessaires, les compétences utiles, mais ça ne donne pas la joie profonde qui vient avec ce qui fait réellement vivre. L'inconscient, c'est le coeur d'une anthropologie qui décale l'être humain de son propre centre, qui lui reste toujours inaccessible. On peut le voir comme une menace (se sentir mis en route par ce qui ne nous est pas connu, au plus intime de notre être, peut être ressenti comme une perte de contrôle effrayante) ou comme une chance extraordinaire (l'abandon à la confiance). Je crois que sans une véritable réflexion sur les fondements inconscients de la vocation, on passe à côté du problème. Il ne s'agit pas d'introspection et d'auto-analyse. Il s'agit de la certitude que l'essentiel nous échappe, que nous ne sommes pas au fondement de nous-mêmes. Et que c'est bien ça qui fait vivre.
Heureusement, la fatale introspection qui condamne celui qui se pense appelé mais refuse, ne se sentant pas digne, cette introspection n'est pas le coeur du choix. Ce qui fera vraiment la différence, c'est le discernement de l'Eglise, qui affirmera qu'une vocation est reconnue par une communauté humaine. C'est la vocation externe chez Calvin, médiate dirait Luther : d'autres que lui-même pourront confirmer au futur ministre que rien ne s'oppose à ce que la Parole de Dieu puisse passer par lui. Ca ne garantit rien. Ca ne fait pas agir la grâce. Mais ça permet au ministre de partir, joyeux et confiant, sur les routes que trace la grâce déjà venue et à venir !
PRG

mardi 1 janvier 2013

Case vide

Le monde est plein. Le monde est plein de monde. Le monde est plein d'objets. Le monde est plein d'ambitions. Le monde est plein de croyances.
Le monde est si plein que Dieu s'y montre dans les interstices. A la crèche, à la croix. Là où les humains se taisent, s'interrogent et s'indignent. Le monde est plein d'idées chrétiennes devenues sages. 
Vous vous souvenez de ce petit jeu à trois sous qu'on avait, gamins ? un de ceux qui s'entassent dans un tiroir ou s'égarent sous un meuble, un jeu sans importance, qui ne sert qu'à passer le temps et sur lequel on se surprend parfois à passer des heures, un de ces petits jeux auxquels on pense aux moments les plus bizarres sans savoir pourquoi. Le genre de petit jeu qu'on a égaré depuis longtemps. 
Il a une règle tellement simple que ce n'est même pas une règle : il s'agit de mettre en ordre une série (des chiffres, des lettres ou une image). Mais le jeu n'est pas dans la règle, il est dans la matérialité du petit plateau, et quand je dis petit ce n'est pas par modestie du souvenir, c'est qu'il faut qu'il soit petit pour qu'on puisse y jouer. Un plateau minuscule, cinq ou six centimètres de côté au maximum, et des cases - des cases qui coulissent les unes par rapport aux autres à l'intérieur d'un cadre. 
Imaginez un carré en papier : vous le coupez en quatre verticalement et encore en quatre horizontalement. Vous vous retrouvez avec seize petits carrés. Et pas grand-chose à faire avec. Mais si vous en enlevez un... Là, ça devient intéressant. Vous pouvez faire bouger un des petits carrés qui restent en le poussant du bout du doigt, là où se trouve maintenant une place vide. Dans l'espace ainsi libéré, vous pouvez pousser un autre petit carré. Et ainsi de suite. Vous pouvez faire bouger l'espace vide comme ça, en le remplissant tour à tour. C'est là que c'est beau. Parce que si vous écoutez ce qui se passe en le disant à haute voix, vous entendrez ça : "un plein dans le vide, encore un plein dans le vide, le vide bouge, c'est le vide qui permet que ça bouge..." C'est exactement ça : sans vide, il n'y a pas de mouvement possible.
Pourquoi vous raconter tout ça ? Parce que c'est la nouvelle année. Quoi de plus beau à vous souhaiter ? Qu'il y ait un peu de vide quelque part, pour permettre que ça bouge. Que tout ne soit pas plein, pour que le mouvement soit possible. Un peu de vide pour de la vie... à chacun de l'interpréter sur son propre chemin ! Un peu de vide dans notre temps, dans nos certitudes, dans nos habitudes, dans notre quotidien.
A chacun donc, et à vous tous, nous souhaitons quelques cases vides... la folie de l'Evangile ! Et le plus beau, c'est le nom de ce petit jeu : le taquin. Soyons taquins...
PRG