mercredi 20 février 2013

Protestants en fête

Du 27 au 29 septembre 2013 se tiendra à Paris le grand rassemblement "Protestants en fête" : villages thématiques, forums, expositions, spectacles, jeux, concerts... L'IPT sera présent avec un stand et des animations. Le samedi soir, grand concert et le dimanche, culte à Bercy. Les inscriptions sont ouvertes, ici (clic), si vous voulez participer au culte notamment c'est très fortement conseillé ! 
Vous trouverez le programme, des informations pratiques (dont une "bourse au logement" pour trouver un hébergement chez l'habitant), une boutique (en partenariat avec le SEL) et toutes les informations mises à jour sur le site de Protestants en fête, ici (clic). Allez, c'est parti pour un Paris d'espérance !

lundi 18 février 2013

Carême


Ce dimanche ont commencé sur France Culture les conférences de Carême, conférence protestante de 16h à 16h30 et catholique ensuite, moments pour réfléchir ensemble. 
La conférence donnée en la cathédrale Notre-Dame de Paris par le vicaire général Mgr Bruno Lefèvre-Pontalis sous le titre "Croire, une chance pour tous" avait des accents étonnamment barthiens (clic). Côté protestant, on méditera au cours de ces 6 dimanches en compagnie des pasteurs Marianne Guéroult, Pascal Hubscher et Alain Joly sur le thème "De la révolte à l'espérance, Job !" (clic pour réécouter, télécharger le texte de l'émission ou podcaster). Cette première conférence portait sur l'éternelle question du mal : impossible de répondre à "pourquoi", et pourtant une infinie espérance peut naître... 


Quarante Jours nous sont donnés : comme un temps de chance. Quarante Jours pour nous lever de notre fatigue. Quarante Jours pour éveiller notre impatience. Quarante Jours pour regarder le Christ, qui nous rejoint dans notre faiblesse. Quarante Jours pour nous relever de l'accablement permanent qui alourdit notre quotidien. Quarante Jours pour avancer avec Jésus et laisser son Esprit nous insuffler la bonne nouvelle de son Évangile. Quarante Jours pour avancer avec lui et semer de façon visible, tangible sa parole et son amour. Quarante Jours pour avancer avec le Christ.
Avancer avec le Christ est ce aussi simple ? Cela mérite réflexion. Cela vaut bien 40 jours de recul, de retrait, pour bien peser ce en quoi on s’engage à la suite du Christ.

samedi 16 février 2013

vendredi 15 février 2013

ROND & CARRÉ #3


Voyager permet de lire et de réfléchir. Le jour va venir où je consacrerai un billet entier à un éloge du TGV Paris - Montpellier. En toute sincérité, c’est un de mes lieux préférés en France.

C’est donc dans ce train que je viens de lire un magazine qui s’appelle « TGV Magazine ». Bref, un pseudo-glossy avec zéro prétention, mais pourtant, je suis tombé sur deux articles qui m’ont troublé. Moi, qui me définit, selon les jours, comme « pas très croyant » ou simplement « protestant libéral ». Car justement, c’est de liberté et de religion qu’on parle.

Ça commence avec un entretien avec Marjane Satrapi, artiste et cinéaste franco-iranienne. On lui pose la question : « D’où vous vient votre esprit libre ? » Réponse hallucinante : « J’ai eu une éducation totalement en dehors de religion. J’ai été élevée par des gens qui ont su développer chez moi un sens éthique - pas un sens moral - et qui m’ont toujours poussée à avoir une pensée personnelle. »

D’accord, l’Iran n’est pas le pays modèle où religion et liberté vont main dans la main. Mais ce qui m’énerve, c’est que – si on suit cette argumentation – les croyants sont a priori définis comme des moutons sans trop de pensées personnelles. Sans pour autant vouloir fermer mes yeux sur les dérives, et avec le tout petit peu de foi qui est le mien, je revendique une force libératrice et émancipatrice que la religion peut apporter aussi. Et je suis obligé de défendre cette affirmation, car j’avoue qu’elle a souvent besoin de pédagogie pour être bien comprise...

On tourne la page du magazine pour trouver un entretien avec Sophia Aram, comédienne et chroniqueuse sur France Inter, que j’apprécie beaucoup. Mais avec toute l’estime et le respect que je lui dois : on continue les bêtises ! Je cite : « En tout cas, on peut être sûr que Dieu n’est pas une femme. (...) Les trois grandes religions monothéistes n’arrivent pas à se mettre d’accord sur grand-chose. À part la place de la femme dans la religion... et l’homosexualité ! »

N’importe quoi, chère Sophia ! Vous l’aurez compris, j’ai quitté le TGV un peu déprimé. C’est pas comme ça qu’on va faire avancer les débats.

Heureusement, il y a aussi des petites merveilles pour retrouver le courage. Dépêchez-vous pour aller voir au cinéma le film Wadjda, premier film saoudien qui est réalisée par une femme, Haifaa Al-Mansour. Toutes ces grandes questions compliquées de liberté et de religion abordées par le prisme d’une petite histoire très fine. Synopsis : Wadjda, une fille de dix ans, rêve d’avoir un vélo, mais en Arabie Saoudite ce n’est pas permis aux filles de faire du vélo... Grâce a sa finesse et sa luminosité, ça donne un film puissant, qui invite à penser plus loin que le simple constat que les femmes en Arabie Saoudite sont opprimées. Le film traite la religion avec beaucoup de respect, ce qui n’empêche pas une prise de position claire : c’est la liberté, et pas la soumission, qui aura le dernier mot.

Fabian Keijzer

jeudi 14 février 2013

Appel à témoins

Ne manquez pas dimanche prochain à dix heures la diffusion du documentaire "Appel à témoins", on y parle notamment des Cultes Café Croissant, dont nous vous avions parlé l'été dernier (voir ici, clic).
Bande-annonce visible ici (clic) !

mercredi 13 février 2013

On se ramasse à l'appel

Il arrive que le choix des cantiques soit pour le moins hasardeux. C'est un des risques du métier.
Nous préparons ces jours-ci le culte dit des vocations qui aura lieu à Montpellier, au temple de Maguelone, dimanche prochain. Thème : l'appel. 
Dans le recueil de cantiques Arc-en-Ciel nous avons retenu le 416, O Seigneur, ta voix m'appelle, et passons à autre chose quand quelqu'un, tout fredonnant, s'interrompt soudain : 
"Euh... tu n'as pas peur que ça décourage les vocations, ça ?"
"Pardon ?"
"La strophe 2 : n'as-tu pas donné ta vie pour me sauver, bon Pasteur ?"
Tout bien pesé, on a mis autre chose. 

mardi 12 février 2013

Conférence de Claude Baty

Demain soir mercredi 13 février aura lieu une conférence de Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France, sur le thème "Quelle espérance pour le protestantisme français d'aujourd'hui ?"
Salle des Actes à 20h30 (juste après l'apéro !)

Que le doc ne tique

Imaginez que vous vous réveilliez un matin de vent à décorner une toute petite biquette avec dans l'idée de virer de votre liste de trucs à faire quelques-uns des trucs à faire. Au menu, rendre visite au médecin pour qu'il vous donne un certificat d'aptitude au service du ministère pastoral. Aujourd'hui ou un autre jour - autant y aller aujourd'hui. Vous nouez votre écharpe autour de votre petit cou délicat pour le protéger, lui au moins, des vilains microbes qui traînent, vous coupez le sifflet au journaliste qui tire les vers du nez d'un vaticaniste éminent (un vaticaniste est éminent ou il n'est pas), vous empoignez votre courage avec autant de mains que nécessaire pour cette tâche et vous mettez les bouts, direction le cabinet médical où vous auriez vos habitudes si vous aviez l'habitude de fréquenter les professions médicales. Ce qui, en l'occurence, n'est pas le cas. 
Le bon monsieur qui ouvre la porte de la salle d'attente ne vous est donc pas connu, et inversement. Il vous scrute par-dessus le bord de ses lunettes, vous serre la paluche et vous invite à vous asseoir. "Alors, qu'est-ce qui vous amène ?"
"Alors voilà, je suis étudiant en théologie et engagé dans le parcours qui mène au ministère de pasteur. Dans la liste des documents à réunir pour ce faire, il nous est demandé de passer devant un psychiatre, et de fournir un certificat médical délivré par un généraliste."
Ca n'a duré qu'une demi-seconde mais vous le jureriez : le doc a tiqué. 
"Un psychiatre ? Ah oui remarquez, ça vaut mieux. Un pasteur, c'est comme un prêtre non ? protestant, un truc comme ça ? Oui, il vaut mieux qu'il ne se mette pas à dézinguer tout le monde au milieu d'un prêche." 
"..."
"Alors, il faut vérifier quoi ? La tension ?"
"Oui, la tension essentiellement... Enfin vous pouvez juste mettre que je suis apte au service, ça ira très bien."
En vous patouillant ensuite selon les règles du jeu médical, le doc ne cesse de vous zieuter et vous sentez qu'une question lui brûle les lèvres au milieu d'une barbe à fois hirsute et bien taillée (c'est un exploit). Il finit par se décider entre palpation de la rate (ça chatouille) et prise de la tension (complète). 
"Mais ça vous a pris comme ça, à votre âge ?"
Vous repartez en rigolant dans le joli vent de bientôt printemps, tout à fait insoucieux des microbes. La route vers le ministère pastoral est semée de rencontres étonnantes. (Toute ressemblance avec des personnes réelles serait bien sûr tout à fait fortuite.)

mercredi 6 février 2013

Du café et décroissant


A la fin du mois de janvier se tenait à Oullins près de Lyon la rencontre annuelle de la Mirly (clic), sur le thème "Emploi et progrès, pouvons-nous, devons-nous attendre la croissance pour donner sa place à chacun ?" Au terme de deux jours très denses de discussions, un texte a été produit, reprenant théologiquement les thèmes et questionnements de cette rencontre. Vous le trouverez sur le site du christianisme social (clic) et nous le proposons ici également. 



CROISSANCE ET EMPLOI : QUEL MODELE VOULONS-NOUS ?

Ce texte a été produit suite aux rencontres de la MIRLY de janvier 2013, qui ont réuni plus de 60 personnes pendant deux jours pour réfléchir au thème « croissance et emploi ». 

En tant que chrétiens, nous mettons notre confiance dans l’amour de Dieu promis à tous les hommes : il nous rend libre d’agir en ce monde pour le changer, il nous empêche de croire qu’il y a des inutiles parmi les humains, il nous rend dignes et nous donne le courage de remettre en question le système économique dans lequel nous vivons.
Nous pensons qu’aucun système, économique ou de société, ne peut libérer l’homme : Dieu seul peut le faire. Il n’appartient donc pas aux Églises (pas plus qu’à toute autre instance) de désigner une norme par laquelle on accéderait à cette libération, ce qui reviendrait à transformer une réalité humaine ou sociale en idole. Cependant, il leur appartient de lutter contre tout ce qui amoindrit et aliène l’être humain. De ce préambule nous tirons deux conclusions :
  • Rechercher dans une réalité humaine ou sociale, fut-elle la plus noble et la plus admirable, le lieu du salut c’est tromper nos contemporains et nous tromper nous-mêmes et, en dernière instance, trahir l’Evangile. 
  • Nous avons la liberté d’agir en ce monde : nous agissons en hommes bénis par Dieu. Cela nous libère de toute exigence de résultat et du fantasme d’être efficaces par nous-mêmes, ce à quoi le message du Christ nous appelle aujourd’hui 


A partir de ces présupposés, nous posons qu’une exigence éthique en matière d’emploi devrait nous rendre attentifs aux soubassements anthropologiques de tous les modèles économiques. 
Nous avons considéré plus particulièrement trois modèles économiques pour notre société :
  • un modèle poussant à rechercher la croissance économique pour créer des emplois pour tous (« travailler plus pour travailler tous ») : c’est le modèle en vigueur actuellement
  • un modèle visant une réduction forte du temps de travail individuel pour donner de l'emploi à tous (« travailler moins pour travailler tous ») : c’est le modèle des 32h (ou moins)
  • un modèle visant une abolition de la valeur travail, pour ne produire que ce qui est nécessaire (« travailler moins pour travailler moins ») : c’est le modèle des objecteurs de croissance, ou décroissants.

Le modèle dominant à l’heure actuelle nous pousse à oublier qu’en disant le « mot croissance » nous n’avons plus à l’esprit que la croissance économique ; or bien d’autres choses ont besoin de croître : le bien-être, la santé, la liberté de nouer des relations avec nos frères humains, la tolérance pour ceux qui ne nous ressemblent pas, etc. L’horizon de ces idées de croissance, c’est le Royaume de Dieu. En nous incitant à croire que le salut viendrait de la croissance économique, le modèle économique dominant à l’heure actuelle méconnaît toute une dimension de l’être humain. Nous reconnaissons que le travail peut être perçu comme un moyen d’épanouissement de la personne et de contribution au bien social, mais nous réfutons que ce soit le seul moyen et refusons de laisser croire qu’il s’agirait d’un but en soi. En d’autres termes, tout en reconnaissant la nécessité d’un encadrement légal du travail et le besoin d’une réflexion politique de fond pour soutenir l’action publique, nous ne mettons pas notre confiance dans l’optimisme d’une croissance qui règlerait le problème de l’emploi.

Le modèle du partage du temps de travail ne remet pas fondamentalement en cause les fondements anthropologiques du modèle précédent. Il pose que le travail est un trésor collectif qu’il convient de partager équitablement afin que chacun puisse en bénéficier. Or nous affirmons que ce qui donne sa dignité à l’être humain n’est pas le travail : l’être humain est digne de naissance. En termes théologiques, il est digne parce qu’il est adopté par Dieu comme son enfant ; nous ne mettons donc pas notre confiance dans le partage du temps de travail pour garantir à tous une égale dignité. Nous reconnaissons cependant que la trop grande disparité des moyens d’accès à la dignité sociale est un fléau social contre lequel nous sommes appelés à lutter et cela passe par une préoccupation de justice sociale, y compris dans le monde du travail. 

Le modèle de la remise en cause de la valeur du travail, à travers l'objection de croissance ou la décroissance, pose comme centrale l’aspiration de l’être humain à vivre pleinement, libéré de la contrainte du travail. Ce modèle présuppose une anthropologie optimiste et positive, autrement dit il met sa confiance dans la nature humaine. L’idée d'un revenu inconditionnel garantissant à chacun le libre choix de son activité, rémunérée ou non, va dans le sens d’une plus grande liberté de l’individu face aux contraintes du marché du travail, autrement dit d’une désaliénation de l’homo economicus. L’inconditionnalité est au cœur de notre foi : la grâce donnée n’est pas à rendre et l’être humain n’en est pas digne par lui-même. Nous ne méconnaissons pas cependant le nouvel enfermement auquel les humains se soumettent volontiers en posant des conditions fantasmatiques qui leurs permettent de se croire auto-fondé et appelons à la vigilance : le revenu inconditionnel comme nouveau lieu du salut ne serait qu’une nouvelle idole. Nous soulignons notamment le risque que l’individu se croie débiteur de la société ou que la société croie l’individu son débiteur : il s’agit de libérer l’individu pour le rendre libre d’agir et non pour imposer une nouvelle contrainte, plus sournoise par non dite. Un autre écueil consisterait à poser la nature en nouvelle idole : s’il est essentiel de réaliser la nécessité de préserver notre planète, il n’est pas légitime pour autant d’en faire la condition de notre salut. Ceci étant posé, nous affirmons que tout ce qui va dans le sens des  désaliénations de l’être humain relève d’une éthique chrétienne et que la réflexion actuelle sur la décroissance mérite toute notre attention. 

Où mettons-nous notre confiance ? Mettons-nous notre confiance dans le retour de la croissance économique ? Alors nous refusons de remettre en question un système qui ne conçoit l’être humain que comme un producteur et un consommateur. Mettons-nous notre confiance dans notre force de travail ? Alors nous méconnaissons la lutte qui déchire la société entre ceux qui en ont et ceux qui n’en ont pas. Mettons-nous notre confiance dans la nature humaine ? Alors nous nous leurrons sur notre statut de créature. Mettons-nous notre confiance dans une norme, qu’elle soit économique, sociale ou morale ? Alors il s’agit d’une idole.
Nous mettons notre confiance dans l’amour de Dieu promis à tous les hommes.