"Moi je ne crois pas en Dieu de toute façon !"
C'est péremptoire, mais pas inattendu. C'est une interpellation fréquente quand on s'avoue étudiant en théologie.
"Et à quel Dieu tu ne crois pas, au juste ?"
Une seconde interloqué, mon interlocuteur prend la question au sérieux. Un Dieu qui déciderait de tout dans sa vie, qui déroulerait un destin implacable, inaccessible à tout et surtout à la parole humaine. Un Dieu planqué dans les cieux. Un Dieu qui encourage le mal sur la terre en avançant les religions et les religieux comme des pions. Un Dieu qui hait et qui méprise. Un Dieu père absolu, indépassable, jugeant, terrible.
"Ben heureusement que tu n'y crois pas, à ce Dieu-là ! Mais est-ce que c'est le bon ?"
Dieu-concept, Dieu imaginaire, Dieu créé par les humains pour s'arranger de leur faiblesse. Dieu faux. Un Dieu dont on ne peut que parler, et alors ?
"Oui. Et alors, en effet."

Lundi dernier, un étudiant en Master pro a soutenu son mémoire sur l'esthétique de l'oeuvre de Karl Barth. En l'écoutant évoquer ce "centre vide" que Barth nomme la Parole de Dieu, toujours inaccessible, mais pourtant toujours coeur et centre vivant de sa systématique, je me disais que la vérité libératrice propre à la théologie, c'est de dire qu'on ne peut pas parler de Dieu, mais qu'il le faut pourtant. Ca nous donne la formidable de liberté de dire "non, ce Dieu dont tu me parles, ce n'est pas celui auquel je crois". Le Dieu auquel je crois, il parle.
Reste à savoir comment on peut dire ça...
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