jeudi 16 mai 2013

La foi n'est pas un système racinaire

Voilà l'Evangile que nous avons entendu hier soir au cours du culte de fin d'année : la foi ne vient pas des racines, elle ne se diffuse pas en sous-sol par ce qui y serait déjà présent. La foi vient d'une poignée de grains lancés à toute volée sur la terre, au risque de se perdre. Elle vient d'ailleurs... et pourtant elle se partage. On peut partager l'extrême surprise à la voir prendre racine, en soi. Nous pouvons voir chaque demain comme un champ nouveau où la Parole sera lancée à toute volée. Nous y participons, à notre manière. Imparfaite, inattendue, maladroite. Toujours pleine de promesse. C'est bien cette promesse qui nous envoie vers l'avenir ! 
De l'avenir, il en a été question lors du dîner. Ceux qui partent ont partagé leur départ. Ceux qui restent savent qu'ils ne sont pas ici comme des buissons enracinés définitivement mais qu'ils sont appelés à sauter à demain pour d'autres ensemencements. Oui, l'avenir est toujours possible. 
Merci à tous et à chacun pour la soirée d'hier. Nous souhaitons à tous ceux qui partent - proposants, étudiants qui rentrent chez eux ou vont voir ailleurs comment ça se passe, futurs Master pro, notre doyen aussi bien sûr - de vivre encore et toujours de cette grâce. Et à ceux qui restent, nous souhaitons de continuer à voir cette institution comme un lieu où l'important n'est pas de prendre racine, mais de savoir recevoir toujours à nouveau ce qui vient d'ailleurs.
Un mot un peu personnel : l'inauguration de l'exposition Dürer à la bibliothèque de l'IPT a eu lieu ce soir. Il se trouve que les planches ont été gravées à partir de l'oeuvre de Dürer par mon grand-père, Henri Renaud, qui était graveur sur bois, pour le compte d'un éditeur d'art dans les années 1970. La fidélité en est presque parfaite, comme l'explique Estelle Leutrat, professeur d'histoire de l'art à Rennes 2, qui a bien voulu rédiger les notices de l'exposition. Ce grand-père, je l'ai peu connu, c'était un homme très secret. Homme d'une foi profonde, très engagé dans l'Eglise, il n'a pourtant jamais témoigné directement de sa foi à ses petits-enfants. A la différence de bien des enfants protestants, je n'ai pas connu la transmission "par les racines" de la foi chrétienne et de la culture protestante. Mais voilà que je suis en faculté de théologie, à rebours de ce qu'on aurait pu attendre dans la vie que j'avais. Et je me dis ce soir que dans ce silence, dans cette extrême discrétion, il s'est pourtant bien transmis quelque chose. Pas par les racines. Mais par le témoignage silencieux de ce que quelque chose avait été semé. Alors l'avenir ? Oui, il est possible.
PRG

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