Maison
d’étude à Montpellier – trois semaines déjà
Les
anciens nous en avaient parlé, c’est ici, dans un quartier de
Montpellier, l’ancienne maison de l’économiste Charles Gide,
transformée en lieu de cours, avec des salles, des espaces, et même
des liaisons internet pour ceux qui ne peuvent pas venir souvent.
Une bibliothèque bien fournie a fleuri dans le parc, lumineuse,
ultra-moderne, pour rendre accessible la mémoire des chercheurs de
Dieu. De la place, du calme, des bouquins : on est comme hors la
ville à deux pas de l’arrêt du tramway. C’est la Faculté libre
de théologie protestante, l’IPT, au sens propre une maison
d’étude.
Etudiants,
chercheurs, auditeurs libres, professeurs. L’ambiance est
joyeusement studieuse, sans barrières. Les étudiants, français ou
pas, de tous âges, viennent d’horizons variés du christianisme,
ont parfois déjà vécu plusieurs métiers, plusieurs vies, et ne
savent en général pas quelle sera la suivante. C’est au fond
d’eux mêmes qu’ils se sont engagés.
Les
professeurs sont des trublions ; si vous espériez penser en
rond, si vous comptiez réétayer à peu de frais vos certitudes
enfantines, tant pis pour vous ; dès le premier amphi général
il y a trois semaines, comme de bons larrons savamment complices, ils
ont déménagé la maison ; vous ne savez plus où vous
habitez ; vous allez pouvoir rechercher vos marques.
A
Bible ouverte, et ça tombe bien, ils la connaissent par cœur, dans
la langue de votre choix en plus, comme si c’étaient eux qui
l’avaient traduite, et si j’en crois le liminaire de ma NBS, çà
doit être le cas de plusieurs d’entre eux, à Bible ouverte donc,
ils vont vous initier à cet étrange jeu de piste. Figurez-vous
qu’en presque trois mille ans, le code a changé ; le contexte
n’est plus le même, on ne racontait pas les choses comme on les
dirait aujourd’hui.
D’une
génération à l’autre ces textes se font écho, leurs symboliques
se répondent. Il est salutaire de découvrir que toutes les
questions que vous avez toujours voulu vous poser sur la foi
chrétienne, sans vraiment oser vous les formuler, même à vous
même, ont déjà été posées par d’autres qui vous précèdent,
ont été débattues, rebattues, contredites, dépassées, et que la
réponse est toujours à nouveau à dire. Quand les hommes
d’autrefois nous racontent l’histoire de la quête de Dieu par
leurs ancêtres, pour que nous puissions repartir de leurs marques,
on comprend qu’ils ont mis beaucoup d’eux-mêmes dans le récit.
Pour nous autres étudiants, cette lecture est un lent déchiffrage,
un incessant questionnement.
Et
si justement l’important était ce chemin? Et si la rencontre
pouvait se répéter ? Si ce passé pouvait se retrouver au
futur ? Certainement l’aventure de la quête de Dieu continue,
« Wir sind Gott’s Betteler » – « Nous sommes
des mendiants de Dieu » – aimait à dire Luther. Les
générations successives ont vécu cette recherche au présent,
comme la Bible en rend compte, et comme plus près de nous l’histoire
le raconte ; cette génération à son tour réinterroge les
réponses des générations précédentes, et s’aventure à la même
quête.
Dans
la maison d’études, le mardi à 13h, des étudiants, à tour de
rôle, s’essaient, avec la Bible et avec leurs mots, à faire culte
dans la chapelle. A la chapelle (comme ailleurs dans la maison
d’étude), la place est nette. Pas de décoration, pas de symbole,
sauf ici une Bible et une croix en creux, devant la lumière, comme
pour signifier à la fois le manque, l’écoute, et la perspective
de la recherche.
GC
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