Nous sommes logés au sein de l'Académie Orthodoxe de Crète qui jouxte un monastère orthodoxe lui aussi (monastère qui apparaît au premier plan de la photo ci-contre).
Nous
apprenons à nous connaître petit à petit à travers les
discussions et les activités, basées sur la constitution d'un
groupe (communauty building), pour que ce même groupe puisse être au service du Comité
Central dans quelques jours. Ces activités visent aussi à nous
faire prendre conscience des limites du langage, en particulier quand
tout le monde n'a pas le même niveau en anglais, que ce soit en
terme de compréhension, ou d'expression. Du coup, le langage
corporel, non verbal, vient en aide pour arriver à saisir l'ensemble
de ce que l'autre veut communiquer.
L'ambiance
est en tout cas très bonne, et chaque culture, chaque confession
vient enrichir l'autre. Je tirerais volontiers un premier
enseignement de ce constat : nous ne pouvons pas nous considérer
comme étant seuls en tant que chrétiens, même au plus profond de
notre solitude et quand bien même nous lirions la Bible en
solitaire. Être chrétien, cela signifie avant tout et peut-être
surtout, être en relation avec la communauté des croyants.
Mais
revenons-en au soir de mon arrivée, jeudir soir. Dès la fin du
repas du soir au cours duquel je suis arrivé, les discussions
théologiques sont apparues, et surprise, la théologie francophone
(protestante) n'est pas inconnue de tous (en tout cas pas au Liban
dans les académies orthodoxes). Certes, elle est connue
exclusivement à travers les auteurs traduits en anglais, parmi
lesquels Daniel Marguérat figure en bonne place. Mais c'est déjà
une belle surprise de constater que, même au niveau théologique,
l'oecuménisme peut se vivre, ce dont je doutais pourtant en
arrivant. L'oecuménisme ne peut pas se limiter à une simple
reconnaissance d'une foi commune en Jésus-Christ, il se doit d'aller
plus loin quitte à ce que le consensus soit plus difficile à
obtenir.
Quoiqu'il
en soit, au sein du groupe des stewards, il y a certes des
dissensions, des divergences, mais je crois que nous allons pouvoir
aller au-delà pour trouver les points de convergences.
Je
trouve qu'il règne ici une certaine ouverture d'esprit (peut être
changerai-je d'avis dans les prochains jours) qui permet de s'ouvrir
aux autres, et de passer par-delà les différences de confession
pour pouvoir discuter entre sujets libres, capables d'évoquer leur
foi et de formuler leurs convictions.
Ce
matin, qui correspond à la deuxième journée du programme
introductif, nous avons eu un temps de réflexion autour du texte de
Ruth au chapitre 3, sur les relations entre les genres (masculins,
féminins) et sur la place de chacun dans le groupe.
Après
cela, la coordinatrice du projet nous a communiqué une sorte de
charte concernant les cas de harcèlement sexuel. En effet, étant
donné qu'il y a autant de nationalité que de stewards (soit 26),
chacun n'a pas forcément, au sein de sa culture, la même
compréhension de ce qui peut être gênant pour l'autre ou non. Il
s'agissait donc que chacun soit au clair avec les comportements
proscrits, et ceux qui ne le sont pas, sachant que l'élément
crucial qui permet de déterminer si une conduite est répréhensible
ou non, est celui du consentement des deux personnes.
Là
encore, l'idée est que le groupe puisse vivre sereinement, qu'on se
sente bien au sein du groupe, et que nous puissions établir des
relations de confiance avec chacun des stewards.
Pour
ce faire, à la fin de chaque journée, et avant le repas du soir,
nous nous réunissons en petits groupes appelés home groups,
qui n'excède pas 5 stewards. Au cours de ce temps, nous faisons le
bilan de la journée, et nous avons l'occasion de dire ce qui s'est
bien passé, ce qui ne s'est pas bien passé, ce que nous aurions
aimé faire en plus, mais aussi comment chacun se sent au sein du
groupe.
Ces
temps sont à mon sens important, pour que chacun puisse prendre la
parole, même ceux qui sont les moins à l'aise en anglais.
Pour
terminer ce billet, je ne pouvais pas ne pas évoquer la nourriture
terrestre qui nous est servie abondamment à l'Académie (que je ne vous ai pas encore présentée du reste : http://www.oac.gr/ ).
Nous
mangeons en effet remarquablement en Grèce, même si les plats qui
nous sont servis ne ressemblent pas spécialement à de la cuisine
locale : hier soir nous mangeâmes ainsi un repas italien
(pizzas, spaghettis et tutti quanti), tandis qu'aujourd'hui à midi,
le très fameux poulet-pommes de terre nous fut présenté à table.
Enfin, que dire de la glace à la banane dont la couleur m'évoque
davantage l'adjonction massive de colorants, qu'elle ne me laisse
apprécier le plaisir de pouvoir déguster une crème glacée.
Heureusement,
les « hérésies » ne sont pour l'instant que culinaires,
et c'est en fin de compte tout à fait appréciable !
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