Au
commencement du Comité Central du Conseil Oecuménique des Eglises
(COE), vint l'allocution du modérateur. Cette allocution donne en
principe le ton de la session, et celle-ci promet d'être placée
sous le signe de l'enthousiasme prudent. Enthousiasme de voir toutes
ces confessions réunies au nom de l'Eglise et de Dieu, enthousiasme
aussi de pouvoir évoquer des questions qui sont chères aux
chrétiens. Mais prudence, parce que, le monde traverse une période
de crises, crises financière, monétaire, politique, crise de
confiance, crise de foi pourrait-on dire.
Quant
au COE, d'aucuns pensent qu'il traverse une crise en rapport avec sa
vision du monde : depuis sa création, il était réputé pour
avoir une vision « prophétique » du monde, et certains
pensent que cet aspect est en train de se perdre. Mais
il ne faut pas perdre de vue, que le COE lui aussi a connu des heures
sombres d'un point de vue budgétaire et financier. C'est ce qu'est
venu confirmer le rapport du secrétaire général, le pasteur Olav
Fykse Tveit.
Malgré
tout, le pasteur Walter Altmann, (modérateur du Comité Central) a
souligné des signes d'espérance en matière d'oecuménisme. Son
allocution a été saluée par une salve d'applaudissements, ce qui a
mis la session que nous visons sur de bons rails.
Première
journée où le comité a siégé, et première surprise : juste
avant l'interruption de la séance (pour cause d'épuisement du sujet
évoqué), le modérateur a signalé que la reprise de la séance ne
serait ouverte qu'aux membres du comité (alors que de nombreux
observateurs et de nombreux conseillers, ainsi que quelques médias
assistent habituellement aux séances, tout comme les équipes du
COE, ainsi que l'équipe de Stewards dont je fais partie). J'apprendrai
par les bruits de couloirs, qu'une épineuse question devait être
traitée : celle de l'intégration ou non d'une Eglise au sein
du COE. La séance a été plus longue que prévu, ce qui témoigne
d'âpres débats, ponctués par des applaudissements nourris, que
j'ai pu entendre de l'extérieur ! Je ne sais pas quelle a été
la décision prise concernant cette Eglise, mais quoiqu'il en soit,
les membres du Comité Central ont l'air de bien vivre ensemble,
malgré leurs différences et leurs divergences de point de vue.
Quoiqu'il
en soit, l'ordre du jour de la journée a été épuisé vers 20h30
heures, le temps pour les participants de se rendre à l'extérieur
du bâtiment qui renferme l'amphithéâtre, où a lieu la « prière
du soir », qui est en fait un condensé d'une liturgie.
Les
journées sont dont longues, et celle d'aujourd'hui (jeudi 30), ne
fait pas exception à la règle.
Nous
commençons la journée à 7h30 par la mise en place de
l'amphithéâtre, la vérification de tout le matériel technique
(projection, micros, écouteurs pour la traduction, distribution des
documents...) avant que les membres du Comité arrivent pour l'étude
biblique.
Après
quoi les débats reprennent leurs droits avec un programme un menu
chargé : une séance sur la mission d'un point de vue
oecuménique, une à propos de l'unité, une autre sur les
problématiques publiques, puis, après le repas suivi d'une pause,
une autre séance sur la gouvernance du COE, avant que la journée ne
soit close par des réunions par région(par continent en réalité).
J'aimerais
revenir sur les deux premières séances de la journée, qui m'ont
particulièrement intéressé : je me suis beaucoup retrouvé
dans l'analyse faite par le rapporteur du texte sur la mission. Ses
conclusions ressemblent assez à celles (toute proportion gardée
bien sûr) que l'équipe d'ERF on Tour a pu tirer : une
évangélisation nécessaire, mais en restant prudents, humbles, et
en nous mettant à la portée des personnes rencontrées ; une
mission qui doit aussi concerner les personnes marginalisées par les
institutions...
Concernant
l'unité de l'Eglise, ce qui m'a surtout marqué, c'est que deux
blocs sont apparus (avec sans doute des distinctions à faire au sein
des blocs, des nuances ayant pu m'échapper, les débats étant en
anglais) : le premier « bloc » serait le bloc des
orthodoxes, tandis que le second serait celui des protestants en
général : les premiers considèrent que l'unité ne peut avoir
lieu sans une communion, et donc une hospitalité eucharistique,
hospitalité qu'ils refusent pour des raisons que j'ai déjà
évoquées lors d'un précédent billet (ce qui vous forcera à le
lire si ce n'est déjà fait!!) ; les seconds au contraire
mettent l'accent sur le fait qu'unité ne rime pas avec uniformité,
mais qu'au contraire la diversité vient nourrir cette unité, et lui
permet d'évoluer. Position exigeante sans doute, mais qui permet à
chaque confession de préserver son point de vue, tout en étant prêt
à écouter le point de vue des autres confessions, et même à les
accueillir là où les questions ecclésiologiques ne devraient plus
exister : lors de la Sainte Cène, lieu même de l'unité,
célébration de cette unité.
Il
me semble que tous les apôtres étaient là lors de la Cène, même
Judas, celui qui allait trahir : point de raison donc d'exclure
dans un moment qui devrait à mon sens rassembler !
Les
journées sont donc bien chargées, et les repas sont autant
d'occasion de discuter avec des personnes de tous horizons, même si
nous apprécions (les stewards) de pouvoir nous retrouver pour faire
le bilan du jour.
Comme
vous pouvez le constater, mes billets ont une fâcheuse tendance à
croître. J'espère que leur lecture n'en est pas pénible ; je
m'efforcerai dans les prochains jours de ne pas les rallonger trop,
mais j'essaie de dire tout ce qu'il m'est important de partager. Car
à une journée chargée, correspond un long billet !
1 commentaire:
Croîs donc, Nico, et même multiplie, on se régale à te lire ! merci pour ces compte-rendus qui nous font voyager, ailleurs...
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