lundi 24 juin 2013

Rond & carré #5

Pendant mes dernières semaines à Montpellier, j'ai assisté à une visite guidée de Pierres Vives. Ce bâtiment impressionnant est une vraie oeuvre d'art de l'architecte irako-britannique Zaha Hadid. Elle a utilisé beaucoup de béron, d'une manière à la fois très visible et presque douce en même temps. 
Notre guide nous racontait que l'appellation de Pierres Vives était inspirée par Rabelais. Bon, une fois n'est pas coutume, nous, théologiens, savons mieux ! Car je serais étonné que Rabelais n'ait pas été lui-même inspiré par la première épître de Pierre qui utilise l'image des pierres vivantes bien avant Rabelais : "Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ." (1 Pierre 2,4-5).
Je me suis battu avec la première épître de Pierre cette année. Il y a plein de trucs dedans avec lesquels je ne suis pas du tout d'accord. Parfois je n'ai pas hésité à dire que c'est du grand n'importe quoi. Bref, il y a eu des moments où je l'ai rejetée, cette épître. Mais j'en ai repris aussi, au moins des petits cailloux. 
Ce sont entre autre des artistes qui m'ont aidé à découvrir la beauté et la richesse de l'image des pierres vivantes. Bob Marley par exemple, avec sa chanson émouvante Corner Stone qui reprend cette image précise. Ce qui me touche dans cette chanson ? Marley ne chante pas seulement qu'il ne faut pas rejeter cette pierre. Il demande aussi à la pierre qu'elle ne le rejette pas ! Il y a donc une réciprocité : accepter et être accepté. Le magnifique documentaire sur la vie de Bob Marley (2012) nous apprend qu'il avait lui-même grand-mal à assumer sa propre identité, à s'accepter lui-même.
L'image de la pierre évoque une certaine dureté, mais aussi une stabilité, une continuité : solid as a rock ! Une pierre est quelque chose qui n'est pas a priori négatif. Et l'adjectif "vivante" y ajoute une dynamique qui fait que ça bouge, qu'il y a du progrès et donc de l'espérance. 
Je crois que cette image résume bien le développement personnel que j'ai pu faire à Montpellier. J'essayé d'explorer ce qui est essentiel pour moi dans la vie. J'ai gagné en confiance. Grâce à de belles rencontres et des expériences riches, je peux dire que j'ai quitté la France en pierre vivante. Mieux encore : je rentre aux Pays-Bas en pierre dansante. 
Fabian Keijzer
Groningen, le 23 juin 2013


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