mardi 1 janvier 2013

Case vide

Le monde est plein. Le monde est plein de monde. Le monde est plein d'objets. Le monde est plein d'ambitions. Le monde est plein de croyances.
Le monde est si plein que Dieu s'y montre dans les interstices. A la crèche, à la croix. Là où les humains se taisent, s'interrogent et s'indignent. Le monde est plein d'idées chrétiennes devenues sages. 
Vous vous souvenez de ce petit jeu à trois sous qu'on avait, gamins ? un de ceux qui s'entassent dans un tiroir ou s'égarent sous un meuble, un jeu sans importance, qui ne sert qu'à passer le temps et sur lequel on se surprend parfois à passer des heures, un de ces petits jeux auxquels on pense aux moments les plus bizarres sans savoir pourquoi. Le genre de petit jeu qu'on a égaré depuis longtemps. 
Il a une règle tellement simple que ce n'est même pas une règle : il s'agit de mettre en ordre une série (des chiffres, des lettres ou une image). Mais le jeu n'est pas dans la règle, il est dans la matérialité du petit plateau, et quand je dis petit ce n'est pas par modestie du souvenir, c'est qu'il faut qu'il soit petit pour qu'on puisse y jouer. Un plateau minuscule, cinq ou six centimètres de côté au maximum, et des cases - des cases qui coulissent les unes par rapport aux autres à l'intérieur d'un cadre. 
Imaginez un carré en papier : vous le coupez en quatre verticalement et encore en quatre horizontalement. Vous vous retrouvez avec seize petits carrés. Et pas grand-chose à faire avec. Mais si vous en enlevez un... Là, ça devient intéressant. Vous pouvez faire bouger un des petits carrés qui restent en le poussant du bout du doigt, là où se trouve maintenant une place vide. Dans l'espace ainsi libéré, vous pouvez pousser un autre petit carré. Et ainsi de suite. Vous pouvez faire bouger l'espace vide comme ça, en le remplissant tour à tour. C'est là que c'est beau. Parce que si vous écoutez ce qui se passe en le disant à haute voix, vous entendrez ça : "un plein dans le vide, encore un plein dans le vide, le vide bouge, c'est le vide qui permet que ça bouge..." C'est exactement ça : sans vide, il n'y a pas de mouvement possible.
Pourquoi vous raconter tout ça ? Parce que c'est la nouvelle année. Quoi de plus beau à vous souhaiter ? Qu'il y ait un peu de vide quelque part, pour permettre que ça bouge. Que tout ne soit pas plein, pour que le mouvement soit possible. Un peu de vide pour de la vie... à chacun de l'interpréter sur son propre chemin ! Un peu de vide dans notre temps, dans nos certitudes, dans nos habitudes, dans notre quotidien.
A chacun donc, et à vous tous, nous souhaitons quelques cases vides... la folie de l'Evangile ! Et le plus beau, c'est le nom de ce petit jeu : le taquin. Soyons taquins...
PRG

1 commentaire:

BenJ a dit…

Pour que Dieu prenne place dans nos vies, encore faut lui laisser de la place. Parfois, le vide nous surprend, on ne le maîtrise pas toujours et Dieu s'y engouffre contre toute attente. Bonhoeffer + théologie de la croix. Beau message pour 2013 dans une cohérence éditoriale formidable avec la théologie de l'IPT de Montpellier ;) ! En d'autres termes, c'est le <3 !