mercredi 14 novembre 2012

Autorité et management

Le management en Eglise, mais vous n'y pensez pas ! d'abord l'Eglise, tout le monde y est frère, il y a le sacerdoce universel, nous sommes égaux devant Dieu... et surtout, on risquerait de ressembler aux catholiques, si on se risquait à parler d'autorité parmi nous... Et puis ce que nous avons à "vendre", ça ne nous appartient pas, de toute façon bien malin celui qui sait ce que c'est, ce fameux Evangile, et puis de toute façon personne n'en veut, alors l'Eglise-entreprise, non merci, ça ne colle pas du tout.
On pourrait tourner la page. On pourrait. Mais ça serait sans doute faire preuve d'un irénisme coupable. Parce que l'Eglise est une institution et que l'autorité s'y exerce effectivement. Encore faut-il distinguer autorité et pouvoir. L'autorité ça se reconnaît à quelqu'un. Le pouvoir ça s'exerce sur le plus grand nombre. Et si nous reconnaissons de l'autorité à d'autres qu'au Christ seul dans cette institution qu'est l'Eglise, c'est en vertu d'un mandat qui leur est confié. Par Dieu et par des humains. Ecouter un prédicateur par exemple, c'est l'inviter à parler pour soi et lui reconnaître l'autorité d'un porteur de parole. Soumettre la conduite d'une communauté locale aux décision d'un conseil presbytéral ne se fait que par délégation lors d'une assemblée générale. Reconnaître l'autorité de nos synodes et des conseils (régionaux et national) qui mettent en oeuvre leurs décisions, c'est choisir de confier à certains la conduite des affaires de tous. Et c'est bien un choix : ça ne s'impose pas. C'est le principe d'organisation de notre Eglise et c'est ainsi que nous fonctionnons, tous ensemble, pour le bien de tous et l'annonce de l'Evangile.
L'autorité en Eglise, donc, ça existe. Et il faut bien voir que l'exercer ne se fait pas en dehors des lois. Lois de la société d'abord, qui impose certaines régulations auxquelles nos institutions doivent se plier. La forme d'une association, par exemple, ce n'est pas nous qui la décidons, c'est un principe auquel nous nous conformons. Lois humaines ensuite. Il est important de savoir comment s'exerce l'autorité, quels sont les risques humains encourus dès que ça dérape d'une façon ou d'une autre. Il est important également de savoir quelles sont les qualités humaines nécessaires pour exercer l'autorité de façon constructive, au service du bien des autres et de soi-même. Il n'est pas négligeable de savoir comment gérer un conflit, comment instaurer des instances de médiation si nécessaire, comment définir avec clarté le rôle de chacun et impliquer les uns et les autres dans la conduite des affaires communes. 
Ce sont ces questions dont nous traitions hier au séminaire "Autorité et management" destiné au premier chef (si j'ose dire) aux Master pro. Ils auront, très bientôt, à se confronter à une expérience immédiate et bien réelle de l'exercice d'une autorité respectueuse de tous, au service de tous. Ca ne va pas de soi. Ca suscite des interrogations, souvent existentielles, et des questions (celles-ci et bien d'autres) que nous avons pu partager, sous la conduite bienveillante de Bernard Dugas, consultant en ressources humaines et fin connaisseur de l'Eglise, et de Michel Bertrand, qui supervise le programme de Master pro. 
PRG

Aucun commentaire: