Aujourd'hui
dimanche, était un jour un peu particulier pour l'ensemble des
Stewards : nous sommes en effet allés assister à une
célébration orthodoxe dans un monastère de sœurs. Jusque-là,
rien de bien extraordinaire, puisque 96% des grecs se considèrent
orthodoxes. Mais, lorsque nous sommes arrivés à 8h30 du matin,
alors que la célébration commençait à 7h30 par une première
partie « privée » entre les popes orthodoxes et les
sœurs, nous n'avions plus de place pour nous asseoir en groupe et
bénéficier d'une traduction d'un des membres de l'encadrement (qui
doit prochainement devenir pope au demeurant). Aussi nous sommes-nous
pour la plupart retrouvés hors des murs de la chapelle, devant la
porte (ouverte), à devoir assister à un office auquel nous ne
comprenions que peu de mots (l'office étant célébré en grec).
Autant dire, que nous en avons profité pour discuter entre nous de
nos Eglises d'origine, des différences entre les Eglises...
Puis,
nous sommes allés déjeuner à Chania, la « capitale »
du district ouest de la Crète, dans un restaurant où nous avons pu
déguster quelques spécialités crétoises, notamment le fameux
digestif raki, mais aussi le mouton cuit avec des herbes avec
son gras, ou encore la salade crétoise, composée de pain dur (voire
rassi), de tomates concassées mélangées à de l'huile qui viennent
humidifier le pain, et de fêta.
L'après-midi
qui suivit était libre, et certains en ont profité pour piquer une
tête dans la mer méditerranée, tandis que d'autres ont pris le
parti de faire un peu de shopping, non sans avoir pris quelques
photos, dans quelques lieux du vieux Chania (La Canée en français).
Au
soir du troisième jour (j'ai l'impression de parler comme dans les
Evangiles...), pendant le repas, avec un autre steward presbytérien,
nous avons instinctivement, et sans arrière-pensée, souhaité
prendre la Cène que nous n'avions pas pu partager le matin dans
l'Eglise orthodoxe grecque (qui n'offre pas l'hospitalité
eucharistique pour la raison suivante : l'unité doit être
vécue pendant la communion, c'est à dire qu'il faut être uni pour
pouvoir communier, donc être membre de la même église). Or pour
nous presbytériens, l'unité peut se vivre au moment où Christ nous
invite à vivre ensemble, à partager : c'est le moment où,
tout au contraire des orthodoxes, les protestants offrent la
possibilité d'être rassemblés sans exclure quiconque.
Cela
a entraîné la réaction d'une nigériane qui a passé plus de dix
ans en Grèce et qui est membre d'une Eglise orthodoxe : elle
nous a demandé ce que nous faisions, et nous avons eu l'occasion
d'expliquer ce qu'était pour nous la communion, et que quiconque
croyait en Dieu et le reconnaissait comme Sauveur et Seigneur pouvait
y prendre part. Alors certes, la liturgie de la Cène n'a pas été
respectée du tout, mais nous étions clairement dans une démarche
spontanée et sincère, mais aussi dans une démarche d'exposition de
nos convictions (dans l'après-coup).
Nous
devions avoir à la fin de la troisième journée une soirée
culturelle où chaque steward pouvait partager quelque chose venant
de son pays en moins de cinq minutes (une chanson, une danse, une
histoire, un poème...), malheureusement la soirée d'hier a dû être
annulée en raison d'un passage aux urgences hospitalières de deux
stewards : rien de grave, mais par solidarité, nous avons
préféré attendre qu'ils soient revenus pour partager nos
différentes cultures. Aussi je ne peux pas vous parler de la
première partie de ces cultural evening. Finalement,
l'ensemble des stewards passera ce soir, et la soirée promet d'être
aussi longue qu'enrichissante.
Pour
revenir à ce qui s'est passé durant le quatrième jour (lundi),
nous avons comme chaque matin pris un temps de « culte »
au sens générique du terme : les stewards sont rassemblés en
fonction de leur continent d'origine, et chaque continent anime un
matin dans le séjour. Les liturgies qui nous ont été offertes
étaient originales, mais dans la plupart des cas, la théologie
véhiculée est quelque peu différente de celle de l'Eglise Réformée
de France : les notions de péché, de sacrifice reviennent
assez souvent dans ces liturgies, ce qui, je dois bien avouer, n'est
pas ma tasse de thé. En revanche, la forme est très intéressante,
notamment lorsque l'Afrique a présenté son travail collectif :
chaque steward avait apporté à la liturgie un élément de sa
confession, de son Eglise, ce qui aboutissait à une liturgie très
riche, variée, (avec une ligne directrice pas toujours très claire
cependant).
Ce
qu'il faut retenir de tout ceci à mon sens, c'est qu'on peut
toujours s'enrichir de la manière dont chaque confession, dans son
propre contexte vit l'Eglise (invisible). Nous sommes tous amenés à
évoluer au sein de notre propre contexte, en raison de
l'environnement qui nous entoure, mais il me semble que nous ne
devons pas oublier que nous ne sommes pas seuls, que notre église,
quand bien même elle nous est chère, n'est pas l'Eglise absolue et
définitive.
Hier,
(au troisième jour de mon séjour sur place), une intervenante nous
a rappelé que nous devons toujours garder à l'esprit que nous
connaissons d'abord et surtout notre propre contexte et nos propres
convictions, sans connaître ou en ne connaissant que peu les
convictions des autres confessions, notamment lorsqu'elles sont
situées dans d'autres contextes.
Il
nous faut donc rester humbles face à la diversité, même si au
premier abord, la manière dont certaines confessions vivent leur foi
ne nous correspond pas.
Si je
devais résumer ce que cette journée m'a apporté, je dirais que,
même lorsqu'on se sent mal à l'aise par rapport à la pratique de
l'autre, on ne doit pas oublier qu'aucune confession ne peut
prétendre détenir l'entière et absolue vérité concernant Dieu,
qui n'est pas enfermable dans une institution humaine. Alors je
prends le parti et je fais le pari d'essayer de voir dans chacun des
stewards ici présent, et plus largement dans chaque personne que je
suis amené à rencontrer, la trace de Dieu, et de ne pas dénigrer
ce que cette personne qui est tout autant un sujet que moi, et qu'à
ce titre je dois respecter comme tel, peut m'apporter concernant la
représentation que je me fais de Dieu. La maison de Dieu n'a pas de
localisation géographique, chacun d'entre nous pouvant être d'une
façon ou d'une autre hôte de Dieu.
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