lundi 27 août 2012

Hospitalités et Hospitalisés


Aujourd'hui dimanche, était un jour un peu particulier pour l'ensemble des Stewards : nous sommes en effet allés assister à une célébration orthodoxe dans un monastère de sœurs. Jusque-là, rien de bien extraordinaire, puisque 96% des grecs se considèrent orthodoxes. Mais, lorsque nous sommes arrivés à 8h30 du matin, alors que la célébration commençait à 7h30 par une première partie « privée » entre les popes orthodoxes et les sœurs, nous n'avions plus de place pour nous asseoir en groupe et bénéficier d'une traduction d'un des membres de l'encadrement (qui doit prochainement devenir pope au demeurant). Aussi nous sommes-nous pour la plupart retrouvés hors des murs de la chapelle, devant la porte (ouverte), à devoir assister à un office auquel nous ne comprenions que peu de mots (l'office étant célébré en grec). Autant dire, que nous en avons profité pour discuter entre nous de nos Eglises d'origine, des différences entre les Eglises...

Puis, nous sommes allés déjeuner à Chania, la « capitale » du district ouest de la Crète, dans un restaurant où nous avons pu déguster quelques spécialités crétoises, notamment le fameux digestif raki, mais aussi le mouton cuit avec des herbes avec son gras, ou encore la salade crétoise, composée de pain dur (voire rassi), de tomates concassées mélangées à de l'huile qui viennent humidifier le pain, et de fêta.

L'après-midi qui suivit était libre, et certains en ont profité pour piquer une tête dans la mer méditerranée, tandis que d'autres ont pris le parti de faire un peu de shopping, non sans avoir pris quelques photos, dans quelques lieux du vieux Chania (La Canée en français).


Au soir du troisième jour (j'ai l'impression de parler comme dans les Evangiles...), pendant le repas, avec un autre steward presbytérien, nous avons instinctivement, et sans arrière-pensée, souhaité prendre la Cène que nous n'avions pas pu partager le matin dans l'Eglise orthodoxe grecque (qui n'offre pas l'hospitalité eucharistique pour la raison suivante : l'unité doit être vécue pendant la communion, c'est à dire qu'il faut être uni pour pouvoir communier, donc être membre de la même église). Or pour nous presbytériens, l'unité peut se vivre au moment où Christ nous invite à vivre ensemble, à partager : c'est le moment où, tout au contraire des orthodoxes, les protestants offrent la possibilité d'être rassemblés sans exclure quiconque.
Cela a entraîné la réaction d'une nigériane qui a passé plus de dix ans en Grèce et qui est membre d'une Eglise orthodoxe : elle nous a demandé ce que nous faisions, et nous avons eu l'occasion d'expliquer ce qu'était pour nous la communion, et que quiconque croyait en Dieu et le reconnaissait comme Sauveur et Seigneur pouvait y prendre part. Alors certes, la liturgie de la Cène n'a pas été respectée du tout, mais nous étions clairement dans une démarche spontanée et sincère, mais aussi dans une démarche d'exposition de nos convictions (dans l'après-coup).

Nous devions avoir à la fin de la troisième journée une soirée culturelle où chaque steward pouvait partager quelque chose venant de son pays en moins de cinq minutes (une chanson, une danse, une histoire, un poème...), malheureusement la soirée d'hier a dû être annulée en raison d'un passage aux urgences hospitalières de deux stewards : rien de grave, mais par solidarité, nous avons préféré attendre qu'ils soient revenus pour partager nos différentes cultures. Aussi je ne peux pas vous parler de la première partie de ces cultural evening. Finalement, l'ensemble des stewards passera ce soir, et la soirée promet d'être aussi longue qu'enrichissante.

Pour revenir à ce qui s'est passé durant le quatrième jour (lundi), nous avons comme chaque matin pris un temps de « culte » au sens générique du terme : les stewards sont rassemblés en fonction de leur continent d'origine, et chaque continent anime un matin dans le séjour. Les liturgies qui nous ont été offertes étaient originales, mais dans la plupart des cas, la théologie véhiculée est quelque peu différente de celle de l'Eglise Réformée de France : les notions de péché, de sacrifice reviennent assez souvent dans ces liturgies, ce qui, je dois bien avouer, n'est pas ma tasse de thé. En revanche, la forme est très intéressante, notamment lorsque l'Afrique a présenté son travail collectif : chaque steward avait apporté à la liturgie un élément de sa confession, de son Eglise, ce qui aboutissait à une liturgie très riche, variée, (avec une ligne directrice pas toujours très claire cependant).
Ce qu'il faut retenir de tout ceci à mon sens, c'est qu'on peut toujours s'enrichir de la manière dont chaque confession, dans son propre contexte vit l'Eglise (invisible). Nous sommes tous amenés à évoluer au sein de notre propre contexte, en raison de l'environnement qui nous entoure, mais il me semble que nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas seuls, que notre église, quand bien même elle nous est chère, n'est pas l'Eglise absolue et définitive.
Hier, (au troisième jour de mon séjour sur place), une intervenante nous a rappelé que nous devons toujours garder à l'esprit que nous connaissons d'abord et surtout notre propre contexte et nos propres convictions, sans connaître ou en ne connaissant que peu les convictions des autres confessions, notamment lorsqu'elles sont situées dans d'autres contextes.
Il nous faut donc rester humbles face à la diversité, même si au premier abord, la manière dont certaines confessions vivent leur foi ne nous correspond pas.

Si je devais résumer ce que cette journée m'a apporté, je dirais que, même lorsqu'on se sent mal à l'aise par rapport à la pratique de l'autre, on ne doit pas oublier qu'aucune confession ne peut prétendre détenir l'entière et absolue vérité concernant Dieu, qui n'est pas enfermable dans une institution humaine. Alors je prends le parti et je fais le pari d'essayer de voir dans chacun des stewards ici présent, et plus largement dans chaque personne que je suis amené à rencontrer, la trace de Dieu, et de ne pas dénigrer ce que cette personne qui est tout autant un sujet que moi, et qu'à ce titre je dois respecter comme tel, peut m'apporter concernant la représentation que je me fais de Dieu. La maison de Dieu n'a pas de localisation géographique, chacun d'entre nous pouvant être d'une façon ou d'une autre hôte de Dieu.

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