jeudi 30 août 2012

Jours 6-7 : Longues journées ? Vous avez dit longues journées ?


Au commencement du Comité Central du Conseil Oecuménique des Eglises (COE), vint l'allocution du modérateur. Cette allocution donne en principe le ton de la session, et celle-ci promet d'être placée sous le signe de l'enthousiasme prudent. Enthousiasme de voir toutes ces confessions réunies au nom de l'Eglise et de Dieu, enthousiasme aussi de pouvoir évoquer des questions qui sont chères aux chrétiens. Mais prudence, parce que, le monde traverse une période de crises, crises financière, monétaire, politique, crise de confiance, crise de foi pourrait-on dire.
Quant au COE, d'aucuns pensent qu'il traverse une crise en rapport avec sa vision du monde : depuis sa création, il était réputé pour avoir une vision « prophétique » du monde, et certains pensent que cet aspect est en train de se perdre. Mais il ne faut pas perdre de vue, que le COE lui aussi a connu des heures sombres d'un point de vue budgétaire et financier. C'est ce qu'est venu confirmer le rapport du secrétaire général, le pasteur Olav Fykse Tveit.
Malgré tout, le pasteur Walter Altmann, (modérateur du Comité Central) a souligné des signes d'espérance en matière d'oecuménisme. Son allocution a été saluée par une salve d'applaudissements, ce qui a mis la session que nous visons sur de bons rails.

Première journée où le comité a siégé, et première surprise : juste avant l'interruption de la séance (pour cause d'épuisement du sujet évoqué), le modérateur a signalé que la reprise de la séance ne serait ouverte qu'aux membres du comité (alors que de nombreux observateurs et de nombreux conseillers, ainsi que quelques médias assistent habituellement aux séances, tout comme les équipes du COE, ainsi que l'équipe de Stewards dont je fais partie). J'apprendrai par les bruits de couloirs, qu'une épineuse question devait être traitée : celle de l'intégration ou non d'une Eglise au sein du COE. La séance a été plus longue que prévu, ce qui témoigne d'âpres débats, ponctués par des applaudissements nourris, que j'ai pu entendre de l'extérieur ! Je ne sais pas quelle a été la décision prise concernant cette Eglise, mais quoiqu'il en soit, les membres du Comité Central ont l'air de bien vivre ensemble, malgré leurs différences et leurs divergences de point de vue.
Quoiqu'il en soit, l'ordre du jour de la journée a été épuisé vers 20h30 heures, le temps pour les participants de se rendre à l'extérieur du bâtiment qui renferme l'amphithéâtre, où a lieu la « prière du soir », qui est en fait un condensé d'une liturgie.

Les journées sont dont longues, et celle d'aujourd'hui (jeudi 30), ne fait pas exception à la règle.
Nous commençons la journée à 7h30 par la mise en place de l'amphithéâtre, la vérification de tout le matériel technique (projection, micros, écouteurs pour la traduction, distribution des documents...) avant que les membres du Comité arrivent pour l'étude biblique.

Après quoi les débats reprennent leurs droits avec un programme un menu chargé : une séance sur la mission d'un point de vue oecuménique, une à propos de l'unité, une autre sur les problématiques publiques, puis, après le repas suivi d'une pause, une autre séance sur la gouvernance du COE, avant que la journée ne soit close par des réunions par région(par continent en réalité).

J'aimerais revenir sur les deux premières séances de la journée, qui m'ont particulièrement intéressé : je me suis beaucoup retrouvé dans l'analyse faite par le rapporteur du texte sur la mission. Ses conclusions ressemblent assez à celles (toute proportion gardée bien sûr) que l'équipe d'ERF on Tour a pu tirer : une évangélisation nécessaire, mais en restant prudents, humbles, et en nous mettant à la portée des personnes rencontrées ; une mission qui doit aussi concerner les personnes marginalisées par les institutions...
Concernant l'unité de l'Eglise, ce qui m'a surtout marqué, c'est que deux blocs sont apparus (avec sans doute des distinctions à faire au sein des blocs, des nuances ayant pu m'échapper, les débats étant en anglais) : le premier « bloc » serait le bloc des orthodoxes, tandis que le second serait celui des protestants en général : les premiers considèrent que l'unité ne peut avoir lieu sans une communion, et donc une hospitalité eucharistique, hospitalité qu'ils refusent pour des raisons que j'ai déjà évoquées lors d'un précédent billet (ce qui vous forcera à le lire si ce n'est déjà fait!!) ; les seconds au contraire mettent l'accent sur le fait qu'unité ne rime pas avec uniformité, mais qu'au contraire la diversité vient nourrir cette unité, et lui permet d'évoluer. Position exigeante sans doute, mais qui permet à chaque confession de préserver son point de vue, tout en étant prêt à écouter le point de vue des autres confessions, et même à les accueillir là où les questions ecclésiologiques ne devraient plus exister : lors de la Sainte Cène, lieu même de l'unité, célébration de cette unité.
Il me semble que tous les apôtres étaient là lors de la Cène, même Judas, celui qui allait trahir : point de raison donc d'exclure dans un moment qui devrait à mon sens rassembler !

Les journées sont donc bien chargées, et les repas sont autant d'occasion de discuter avec des personnes de tous horizons, même si nous apprécions (les stewards) de pouvoir nous retrouver pour faire le bilan du jour.

Comme vous pouvez le constater, mes billets ont une fâcheuse tendance à croître. J'espère que leur lecture n'en est pas pénible ; je m'efforcerai dans les prochains jours de ne pas les rallonger trop, mais j'essaie de dire tout ce qu'il m'est important de partager. Car à une journée chargée, correspond un long billet !


1 commentaire:

Pascale a dit…

Croîs donc, Nico, et même multiplie, on se régale à te lire ! merci pour ces compte-rendus qui nous font voyager, ailleurs...