dimanche 23 septembre 2012

Dialogue inter-religieux

"Dialogue" de Nancy Schön
Se parler avec ouverture et franchise, c'est vital non seulement dans les relations inter-humaines, mais aussi dans la construction de l'espace commun aux hommes, c'est-à-dire les sociétés. Prendre part au débat, c'est déterminer ensemble quelles sont les règles du vivre-ensemble. Une fois ceci posé, il reste une question essentielle : qui, au juste, est légitime pour prendre part aux débats communs ? Dans notre société, la stricte séparation entre sphère privée et sphère publique et une certaine idée de la laïcité tendraient à nous faire croire que les communautés spirituelles n'ont pas voix au chapitre. Mais les religions ne peuvent-elles aussi avoir un rôle à jouer dans la détermination d'un socle de valeurs communes ? Si l'on répond "oui", on peut penser alors que les religions peuvent être un fondement puissant de la solidarité.
Mais à quel prix, dans quelles conditions et pour quelles conséquences ? C'est là le cadre du cours public qui va se tenir tous les jeudis soir de 18h à 20h à la Faculté (Salle des actes, entrée libre) pendant ce premier semestre sous le titre "Religions entre elles : une conversation continue". 
Comme le rappelait Marc Boss jeudi dernier, ce n'est pas avec des bons sentiments qu'on ose se lancer dans le dialogue inter-religieux. J'irais jusqu'à dire qu'il faut sans doute savoir reposer les questions qui fâchent et oser la controverse, voire la polémique. Voilà qui n'est pas une chose facile à concevoir en ces jours difficiles où les uns accusent les autres de blasphème pour se voir répondre que c'est haïr la liberté de penser que de s'exprimer ainsi. On sait quelle violence couve là-dessous, au point de faire irruption de la façon la plus terrible parfois. Remettre le débat au coeur de l'espace public, c'est pourtant se permettre à soi-même et permettre aux autres de dire ce qui fâche. Comme l'écrit le pasteur Stéphane Lavignotte sur son blog (clic), il faut oser "construire un vouloir vivre ensemble suffisant pour désirer nos désaccords ; un espace public nous permettant de soutenir nos désaccords, de construire - selon l'expression d'Olivier Abel - des désaccords dont la formulation est acceptée par tous, des désaccords représentatifs pour les comprendre et les résoudre ou pas, mais les vivre ensemble pour différer chacun et différer ensemble". 
On ne peut pas dire que les autres religions ne nous concernent pas. Si, justement, elles nous concernent, ou plutôt ce sont les gens qui nous concernent. Nous avons là une posture particulière. Gilles Vidal nous le rappelait dans cette première conférence, le chrétien dans ce monde est toujours totalement étranger à l'autre et totalement son frère. 
De la mauvaise foi à la bonne intelligence, il faut un pas de foi... dans ce qui nous constitue tous humains. Et donc capables de dialoguer. Même si parfois on n'en a pas vraiment l'air.
PRG

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