vendredi 28 septembre 2012

Vous avez dit dialogue ?

Je vous propose une petite expérience. 
Voici une première photo. Vous remarquerez le message tout à fait évangélique qui se trouve au-dessous. On peut l'interpréter comme un bel encouragement, une direction à suivre. Ca peut être une de ces phrases qui habitent une journée pour lui donner une saveur particulière et nous donne le sourire quand on y repense. La voici donc : 


Voici une deuxième photo. Toujours selon le message en dessous, vous remarquerez qu'on est dans un registre totalement opposé. Comme s'il s'agissait d'un message directement en contradiction avec le message ci-dessus. Le genre de message qui nous fait froncer les sourcils quand on se l'est mis en tête le matin et qu'on y repense dans la journée. La voici :


Maintenant, mettons-les en dialogue. Que se passe-t-il ? Est-ce qu'elles peuvent dialoguer, ces deux photos ? ou simplement entrer en confrontation directe ?
Mais je vous dois la vérité. 
En fait, ces deux photos ont été prises à quelques secondes d'intervalle, tout simplement parce qu'elles se trouvaient au-dessus du même rayonnage. De vente de bougies. Ces deux affichettes sont des recommandations de sécurité. Elles ne sont pas destinées à entrer en dialogue, mais à dire la même chose. Ne pas laisser s'éteindre la flamme toute seule c'est ne pas risquer l'incendie ; toujours l'étouffer soi-même c'est éviter qu'elle n'enflamme toute la maison... 
Qu'est-ce que ça nous dit sur le dialogue, tout ça ? Il me semble que ça nous dit que tout dépend de la façon dont on conçoit le dialogue en lui-même. Si on s'attend à être en opposition, on le sera. Si on s'attend à, au fond, mais d'une manière qui nous échappe encore, dire la même chose, on aura une recherche commune de la vérité, de cette forme de vérité qui fonde l'humain. Ca tient à pas grand-chose...

Tout ça pour revenir sur ce que Colette Poggi évoquait pour nous hier soir au cours public, sous le titre « Soi ou non-Soi ? La mise en scène d’un débat fondamental entre hindous et bouddhistes chez le philosophe Abhinavagupta (X-XIe s.) ». Elle nous parlait de l'extraordinaire osmose entre penseurs hindouistes et bouddhistes dans le Cachemire de l'époque : pour résoudre le problème de l'être-au-monde, de la conscience, ils sont entrés en dialogue et ont forgé, finalement, des outils communs (le Soi, la compassion, la vacuité, l'absolue transcendance) pour parvenir à évoquer, chacun par son approche, une vision de l'être humain. Car le constat est le même : il faut venir en aide aux êtres humains et les aider à sortir de la coquille dans laquelle ils s'enferment, celle du moi. Les deux traditions, portées par un même optimisme métaphysique, affirment que la connaissance est ce qui permet à la conscience de déchirer le voile des choses.
Ca ne vous dit rien ? la vérité voilée... l'homme incurvé... la question de qui vit en nous... Pour des théologiens chrétiens, ça résonne aussi. Et il n'y a pas de bonne raison de vouloir échapper au dialogue qui peut encore se nouer, des siècles plus tard. Mais de le vouloir ou pas, c'est vrai, ça tient à pas grand-chose...
PRG

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