Mardi soir s'est tenue à Sète une de ces belles réunions dont nos Eglises ont le secret : des gens souhaitent évoquer ensemble un thème de société en y réfléchissant à la lumière de l'Evangile. Ce soir-là, le thème était la justice, et plus précisément la "justice restaurative". L'aumônerie nationale aux prisons de la FPF (dont nous avons reçu l'an dernier le responsable, Brice Deymié, pour une soirée de l'Amicale) a en effet fait traduire récemment aux éditions Labor et Fides un ouvrage d'Howard Zehr consacré à la justice restaurative.
Le principe de cette justice qu'on pourrait dire aussi "réparatrice" (ce qui est peut-être plus parlant) est des plus simples. Il consiste à poser d'emblée que ce qui importe le plus, ce sont les personnes et les relations interpersonnelles. Dans l'Ancien Testament, on trouve notamment ce beau mot de shalom, traduit souvent par paix, mais qui recouvre beaucoup plus. C'est un état de bien-être pour chacun au sein d'une communauté humaine, bien-être par rapport aux autres, à Dieu et à soi-même. "Dans une paix", "dans la paix donnée par Dieu", sont des expressions qui reviennent souvent et désignent cet état, précieux entre tous, d'équilibre dans une communauté humaine sous le regard de Dieu. Dans d'autres civilisations on trouvera d'autres mots, qui désignent toujours la même chose : ubuntu en bantou, hozho pour les Navajos ou whakapapa pour les Maoris.
Dans la philosophie de la justice restaurative, lorsqu'il y a eu infraction, il faut réfléchir dans ce cadre-là et se poser la question "et maintenant, on vit comment ?" Non seulement la victime, mais aussi celui qui a causé le tort, et la communauté tout entière. Disons tout de suite que cette perspective a été utilisée en Afrique du Sud et au Rwanda pour permettre de surmonter les traumatismes pour vivre à nouveau ensemble, en mettant en place des possiblité de rencontre, pour dire la faute, réparer lorsque c'est possible, prendre des engagements en commun pour affronter l'avenir. Ca ne répare pas l'irréparable, mais ça donne une chance à l'espérance. Et ça marche.
Il existe des outils qui permettent de mettre en oeuvre ces principes. Il s'agit notamment de permettre à chacun de dire ce qui s'est passé pour lui, pour elle. En effet, bien souvent dans nos tribunaux, ce sont les avocats et les juges qui causent... mais il est rare qu'une parole de vérité puisse émerger et venir poser des mots pour chacun sur ce qui s'est passé. Or c'est essentiel. Pour recommencer à vivre. Pour pouvoir dire "je suis coupable de ça" ; pour pouvoir dire "j'ai souffert de ça". Pour qu'une communauté (les proches, les gens du quartier, la famille élargie, etc.) puisse prendre acte de ce qui s'est passé et soutenir la victime comme l'infracteur pour revenir à une vie acceptable, il faut que ça soit dit. Et que chacun sache, ensuite, les étapes qui mèneront à la possibilité, peut-être, de revivre en harmonie autant qu'il est possible.
Il existe des outils qui permettent de mettre en oeuvre ces principes. Il s'agit notamment de permettre à chacun de dire ce qui s'est passé pour lui, pour elle. En effet, bien souvent dans nos tribunaux, ce sont les avocats et les juges qui causent... mais il est rare qu'une parole de vérité puisse émerger et venir poser des mots pour chacun sur ce qui s'est passé. Or c'est essentiel. Pour recommencer à vivre. Pour pouvoir dire "je suis coupable de ça" ; pour pouvoir dire "j'ai souffert de ça". Pour qu'une communauté (les proches, les gens du quartier, la famille élargie, etc.) puisse prendre acte de ce qui s'est passé et soutenir la victime comme l'infracteur pour revenir à une vie acceptable, il faut que ça soit dit. Et que chacun sache, ensuite, les étapes qui mèneront à la possibilité, peut-être, de revivre en harmonie autant qu'il est possible.
Lorsque la justice "rétributive" s'intéresse à la culpabilité de l'infracteur, la justice "restaurative" s'intéresse aux besoins de chacun (victime, infracteur, communauté) et aux obligations qui en découlent. Lorsque la justice rétributive se préoccupe de la sanction, la justice restaurative recherche la réparation (de la faute lorsque c'est possible, mais surtout des liens humains). Lorsque la justice rétributive réfléchit en termes de torts faits à la société, la justice restaurative parle de torts commis envers les autres et envers soi-même.
Est-ce à dire que la justice restaurative est amenée à remplacer la justice rétributive et qu'un beau jour nos prisons seront vides ? Non sans doute. Ce sont deux modèles différents, mais ils sont sans doute complémentaires.
Quoi qu'il en soit, il y a tout à gagner à repenser notre conception de la justice en mettant au centre le respect de la personne. Après tout, nous sommes bien là pour témoigner de ce que ce respect est inconditionnel de la part de Dieu. Ca s'appelle la grâce. Et ça signifie que personne n'est enfermé pour toujours dans la fatalité : la grâce, ça rend libre. En prison comme ailleurs.
1 commentaire:
il est une justice! ça relie et relisse, ça répare et ça repart... (mieux qu'avec un Mars et sa guerre comme en 40)... Shalom
Toda
Enregistrer un commentaire