jeudi 3 mai 2012

Tradition ?

Ils sont venus, on a vu, la Parole a vaincu... ce n'est pas un très bon résumé, ça. La réalité des choses, c'est que nos collègues de l'Institut catholique de théologie de Toulouse sont venus nous rendre visite, en retour de notre visite chez eux il y a quelques mois (clic), pour parler à nouveau du sujet qui avait été retenu cette année, "Ecriture et Tradition". Faire échanger des catholiques et des protestants sur ce sujet, c'est courir le risque de ne pas pouvoir s'entendre, au sens littéral : que nos discours respectifs restent inaudibles. Si pour les protestants, la question de l'autorité chez les catholiques semble assez simple à comprendre ("il y a le magistère"), en sens inverse les choses sont plus compliquées. Où se situe l'autorité chez les protestants ? Quand la question nous est posée, on se regarde, on hausse les sourcils et on dit "euh... c'est compliqué..." avant de tenter de dire qu'en régime protestant, il n'y a pas de parole unique, de vérité unique. Il y a des discours pluriels, en tension, en dialogue, dans une confrontation permanente des paroles humaines, à la recherche de sens pour la Parole.
Il faut bien avouer que cette réponse, ça interroge, ça laisse perplexe devant tant de pluralité. Pour autant, est-ce que le fait de ne pas avoir une réponse précise, constitue une absence de réponse ? Sans doute pas, mais force est de constater que pour une personne extérieure, l'image renvoyée est celle d'un joyeux désordre. Mais on peut aussi considérer que ce désordre, est en réalité une place laissée à l'expression de chacun, où l'autorité est partagée entre tous les croyants. Est-ce inquiétant que cela ne nous inquiète pas ? Notre ecclésiologie s'en arrange bien, elle... tout comme la structure de l'Eglise évolue, la parole de l'Eglise évolue en permanence : il n'y a pas de discours surplombant, mais des prises de parole, ponctuelles, sur des sujets donnés.
Quant à la méthode historico-critique que nous évoquions en plénière le matin, soyons honnêtes, en protestantisme elle pose parfois problème aussi. Mais pour nous qui sommes ici, en faculté de théologie, il ne nous semble pas aberrant, ni intellectuellement ni spirituellement, de dire qu'on peut suspendre une lecture croyante pour laisser une place à une lecture savante. Suspendre, temporairement... pas éliminer. Si une lecture savante peut dire quelque chose du texte, ce n'est pas pour mettre celui-ci à distance, mais en enrichir la lecture, individuelle et communautaire.
Alors à nous, le dialogue est aussi naturel que de saisir notre bible, pain quotidien... Dialoguer pour évoquer ce dialogue-là, ça nous est naturel aussi. Et il nous a semblé hier que la joie de nos échanges témoignait d'une volonté commune, côté catholique (et orthodoxe !) et côté protestant, de prendre le risque du dialogue. Nous avons souhaité poursuivre cette expérience, espérant que l'an prochain nous aurons à nouveau l'occasion de nous rencontrer, de dialoguer, de tenter de comprendre. Grâces soient rendues au Seigneur qui nous rassemble ainsi !
PRG & NR

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