Se mettre à l'épreuve de l'écoute de l'autre c'est toujours difficile, c'est toujours un risque, au fond. Se mettre à l'épreuve de l'écoute de l'autre qui souffre, c'est encore bien plus difficile... parce que ça renvoie celui ou celle qui écoute à sa finitude, à ses propres angoisses, à son histoire - mais surtout à sa propre impuissance. Parfois, souvent, presque toujours peut-être, en situation d'écoute de l'autre, je ne peux tout simplement rien pour lui, pour elle. Il y a là une limite infranchissable, quelque chose d'impossible qui limite, qui vient à rebours de mon désir d'aider, de réparer l'autre, de faire que pour lui, pour elle, tout redevienne vivable.
Cette limite nous est insupportable, parce que les humains ont une propension certaine à vouloir se croire tout-puissants et à croire que leur finitude n'est pas irrémédiable. La science vit souvent de cet horizon-là, peut-être.
Pourtant, cette limite est aussi salutaire. Parce que prendre acte du fait qu'elle est là, qu'il y a de l'impossible, du radicalement hors de notre portée et insoluble par nous, ça pose clairement notre rôle. Je peux renoncer à la culpabilité rampante qui ne cesse de dire "tu aurais pu faire quelque chose". Non, je n'aurais pas pu, et c'est comme ça. Je peux aussi revenir à ma juste place d'être humain qui écoute un autre être humain. En vertu de notre commune humanité. Je peux enfin remettre à un Autre tout ce que nous les humains nous n'avons pas le pouvoir de faire, et simplement laisser passer dans les mots, les mots écoutés et les mots parlés, quelque chose de cette altérité.
Finalement, cette question difficile m'a permis de cheminer sur la question de l'écoute, de l'accompagnement pastoral, du ministère tout entier. Cette limite-là, au coeur de l'écoute, elle est finalement salutaire. Et peut-être bien même à tous les sens du terme...
PRG
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire