Cette
semaine, pendant le cours d'histoire, nous nous sommes trouvés en
face d'un enseignant de l'Ecole nationale supérieure de
l'Architecture à Versailles et de la Faculté des Lettres et
Sciences humaines de Mulhouse. Ce n'est pas
habituel pour les théologiens in spe
que nous sommes. Bien que, après le cours, j'aie compris que même
l'architecture peut avoir sa place dans un cursus de théologie et
que cette discipline peut ainsi se placer dans la longue liste des
champs de recherche qui apportent à la réflexion théologique.
Les
dimensions du jardin, surtout pendant la Renaissance, forment le
thème du cours. Pendant un petit rappel historique il nous est
mentionné qu'au Moyen-Âge le jardin avait surtout une dimension
fonctionnelle ainsi que - et voilà qu'on voit apparaître le lien
avec la théologie - spirituelle. Par contre, les jardins pendant
l'époque de la Renaissance étaient conçus comme œuvres d'art ;
ils ont perdu leur dimension spirituelle. Pourtant, le savant,
écrivain, potier et peintre Bernard Palissy (1510- ~1590) a décrit
dans son traité Recette véritable le concept d'un jardin
avec dimension spirituelle.
A l'époque,
plusieurs concepts sur la manière de faire un jardin se
nourrissaient du jardin d'Eden. L'originalité de Palissy est qu'il
se base sur le psaume 104, qui bénit le Créateur pour toutes ses
œuvres magnifiques qui sont décrites poétiquement. Ces réflexions
résultent en un jardin de 4 carrés similaires, avec des bâtiments
au milieu et à chaque extrémité ayant des textes bibliques gravés
sur les frises et tympans. Ce jardin fait, de loin, également penser
à la Nouvelle Jérusalem. Ainsi, un concept d'un jardin peut avoir
des bases et des échos qui recouvrent tous les lieux théologiques.
Ces concepts
qui mettent en avant différentes dimensions du jardin m'ont fait
faire un tour des dimensions que peuvent avoir le magnifique jardin
de notre faculté. Tout d'abord, il a, certes, une dimension
fonctionnelle, comme au Moyen-Âge, avec un figuier et du thym. Il
possède également une dimension esthétique, avec tant d'arbres et
de plantes différentes qui changent avec leur fleuraison chaque
saison son apparence. Une dimension d'art n'est pas absente non plus.
N'y a-t-il pas un cercle de verdure - forme du jardin idéale selon
l'un des concepts à l'époque de la Renaissance -, avec juste au
milieu une fontaine ? Cette fontaine pourrait en même temps
faire l'objet de l'intégration d'une dimension spirituelle. Certes,
un certain nombre d'étudiants s'est déjà assis sur son bord pour
entonner des cantiques. Mais, au-delà de ça, elle pourrait inviter
à une méditation à partir du texte de l’Évangile de Jean 4.
Dans ce chapitre Jésus est assis au bord de la source, près des
champs de Jacob. Avec la Samaritaine qui vient puiser de l'eau il
échange sur l'eau vive que Dieu donne et qui deviendra « une
source d'eau vive qui jaillira pour la vie éternelle ». Avec
ce texte en tête, un passage auprès de la fontaine inciterait la
réflexion sur 'l'eau' qui nous fait vivre (à condition qu'il y ait
de l'eau dans la fontaine, mais, faute d'eau, les poissons d'avril
n'y ont pas encore trouvé leur place...).
Les jardins
plein de dimensions n'appartiennent donc pas qu'au passé. Il suffit
d'un cours d'histoire pour les découvrir près de chez soi.
MV
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