vendredi 27 avril 2012

Jardin 4-dimensions


Cette semaine, pendant le cours d'histoire, nous nous sommes trouvés en face d'un enseignant de l'Ecole nationale supérieure de l'Architecture à Versailles et de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Mulhouse. Ce n'est pas habituel pour les théologiens in spe que nous sommes. Bien que, après le cours, j'aie compris que même l'architecture peut avoir sa place dans un cursus de théologie et que cette discipline peut ainsi se placer dans la longue liste des champs de recherche qui apportent à la réflexion théologique.

Les dimensions du jardin, surtout pendant la Renaissance, forment le thème du cours. Pendant un petit rappel historique il nous est mentionné qu'au Moyen-Âge le jardin avait surtout une dimension fonctionnelle ainsi que - et voilà qu'on voit apparaître le lien avec la théologie - spirituelle. Par contre, les jardins pendant l'époque de la Renaissance étaient conçus comme œuvres d'art ; ils ont perdu leur dimension spirituelle. Pourtant, le savant, écrivain, potier et peintre Bernard Palissy (1510- ~1590) a décrit dans son traité Recette véritable le concept d'un jardin avec dimension spirituelle.
A l'époque, plusieurs concepts sur la manière de faire un jardin se nourrissaient du jardin d'Eden. L'originalité de Palissy est qu'il se base sur le psaume 104, qui bénit le Créateur pour toutes ses œuvres magnifiques qui sont décrites poétiquement. Ces réflexions résultent en un jardin de 4 carrés similaires, avec des bâtiments au milieu et à chaque extrémité ayant des textes bibliques gravés sur les frises et tympans. Ce jardin fait, de loin, également penser à la Nouvelle Jérusalem. Ainsi, un concept d'un jardin peut avoir des bases et des échos qui recouvrent tous les lieux théologiques.

Ces concepts qui mettent en avant différentes dimensions du jardin m'ont fait faire un tour des dimensions que peuvent avoir le magnifique jardin de notre faculté. Tout d'abord, il a, certes, une dimension fonctionnelle, comme au Moyen-Âge, avec un figuier et du thym. Il possède également une dimension esthétique, avec tant d'arbres et de plantes différentes qui changent avec leur fleuraison chaque saison son apparence. Une dimension d'art n'est pas absente non plus. N'y a-t-il pas un cercle de verdure - forme du jardin idéale selon l'un des concepts à l'époque de la Renaissance -, avec juste au milieu une fontaine ? Cette fontaine pourrait en même temps faire l'objet de l'intégration d'une dimension spirituelle. Certes, un certain nombre d'étudiants s'est déjà assis sur son bord pour entonner des cantiques. Mais, au-delà de ça, elle pourrait inviter à une méditation à partir du texte de l’Évangile de Jean 4. Dans ce chapitre Jésus est assis au bord de la source, près des champs de Jacob. Avec la Samaritaine qui vient puiser de l'eau il échange sur l'eau vive que Dieu donne et qui deviendra « une source d'eau vive qui jaillira pour la vie éternelle ». Avec ce texte en tête, un passage auprès de la fontaine inciterait la réflexion sur 'l'eau' qui nous fait vivre (à condition qu'il y ait de l'eau dans la fontaine, mais, faute d'eau, les poissons d'avril n'y ont pas encore trouvé leur place...).
Les jardins plein de dimensions n'appartiennent donc pas qu'au passé. Il suffit d'un cours d'histoire pour les découvrir près de chez soi.

MV

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