jeudi 11 octobre 2012

Maison d'étude


Maison d’étude à Montpellier – trois semaines déjà

Les anciens nous en avaient parlé, c’est ici, dans un quartier de Montpellier, l’ancienne maison de l’économiste Charles Gide, transformée en lieu de cours, avec des salles, des espaces, et même des liaisons internet pour ceux qui ne peuvent pas venir souvent. Une bibliothèque bien fournie a fleuri dans le parc, lumineuse, ultra-moderne, pour rendre accessible la mémoire des chercheurs de Dieu. De la place, du calme, des bouquins : on est comme hors la ville à deux pas de l’arrêt du tramway. C’est la Faculté libre de théologie protestante, l’IPT, au sens propre une maison d’étude.

Etudiants, chercheurs, auditeurs libres, professeurs. L’ambiance est joyeusement studieuse, sans barrières. Les étudiants, français ou pas, de tous âges, viennent d’horizons variés du christianisme, ont parfois déjà vécu plusieurs métiers, plusieurs vies, et ne savent en général pas quelle sera la suivante. C’est au fond d’eux mêmes qu’ils se sont engagés.

Les professeurs sont des trublions ; si vous espériez penser en rond, si vous comptiez réétayer à peu de frais vos certitudes enfantines, tant pis pour vous ; dès le premier amphi général il y a trois semaines, comme de bons larrons savamment complices, ils ont déménagé la maison ; vous ne savez plus où vous habitez ; vous allez pouvoir rechercher vos marques.

A Bible ouverte, et ça tombe bien, ils la connaissent par cœur, dans la langue de votre choix en plus, comme si c’étaient eux qui l’avaient traduite, et si j’en crois le liminaire de ma NBS, çà doit être le cas de plusieurs d’entre eux, à Bible ouverte donc, ils vont vous initier à cet étrange jeu de piste. Figurez-vous qu’en presque trois mille ans, le code a changé ; le contexte n’est plus le même, on ne racontait pas les choses comme on les dirait aujourd’hui.

D’une génération à l’autre ces textes se font écho, leurs symboliques se répondent. Il est salutaire de découvrir que toutes les questions que vous avez toujours voulu vous poser sur la foi chrétienne, sans vraiment oser vous les formuler, même à vous même, ont déjà été posées par d’autres qui vous précèdent, ont été débattues, rebattues, contredites, dépassées, et que la réponse est toujours à nouveau à dire. Quand les hommes d’autrefois nous racontent l’histoire de la quête de Dieu par leurs ancêtres, pour que nous puissions repartir de leurs marques, on comprend qu’ils ont mis beaucoup d’eux-mêmes dans le récit. Pour nous autres étudiants, cette lecture est un lent déchiffrage, un incessant questionnement.

Et si justement l’important était ce chemin? Et si la rencontre pouvait se répéter ? Si ce passé pouvait se retrouver au futur ? Certainement l’aventure de la quête de Dieu continue, « Wir sind Gott’s Betteler » – « Nous sommes des mendiants de Dieu » – aimait à dire Luther. Les générations successives ont vécu cette recherche au présent, comme la Bible en rend compte, et comme plus près de nous l’histoire le raconte ; cette génération à son tour réinterroge les réponses des générations précédentes, et s’aventure à la même quête.

Dans la maison d’études, le mardi à 13h, des étudiants, à tour de rôle, s’essaient, avec la Bible et avec leurs mots, à faire culte dans la chapelle. A la chapelle (comme ailleurs dans la maison d’étude), la place est nette. Pas de décoration, pas de symbole, sauf ici une Bible et une croix en creux, devant la lumière, comme pour signifier à la fois le manque, l’écoute, et la perspective de la recherche.


GC

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