mercredi 31 octobre 2012

EPUF si muove

Voici le nouveau logo de l' "Eglise protestante unie de France - communion luthérienne et réformée". Croix huguenotte et rose luthérienne, couleurs de la vie et ouverture sur une espérance, à-venir et vibrant présent... c'est ce que nous sommes et ce que nous espérons être. Pas pour nous-mêmes, mais pour le monde. 


lundi 29 octobre 2012

Théologie en Hongrie

Je vous écris de Sarospatak. J'ai visité ce matin une des quatre facultés de théologie hongroises. Fondée en 1531 et réouverte en 1990 après l'ère communiste, elle est installée dans un bâtiment historique : le prince Ferenc était acquis à la Réforme calviniste au seizième siècle. Le professeur d'histoire nous a fait visiter la bibliothèque : incunables, écrits en latin datant des débuts de la Réforme, traductions d'ouvrages littéraires (j'ai vu un magnifique livre illustré de Victor Hugo dans une des vitrines), éditions annotées de la Bible dont un tome superbe d'une édition en hébreu, grec, latin et hongrois, constituent le fonds ancien. Dans la partie plus moderne voisinent des ouvrages en hongrois et en anglais. De nombreux chercheurs viennent chaque année travailler ici. Quant à la faculté proprement dite, elle compte environ 60 étudiants régulièrement inscrits (chercheurs et futurs pasteurs de l'Eglise réformée) et plus d'une centaine d'étudiants par correspondance et en parcours aménagé. La taille de l'institution, le style d'enseignement et l'ambiance me rappellent l'IPT.
On enseigne ici toutes les disciplines de la théologie. La professeur qui m'héberge enseigne notamment l'histoire de la dogmatique. Elle m'explique qu'elle trouve passionnant de partager avec les étudiants l'évolution de la théologie, toujours à comprendre à nouveaux frais. La place de l'imagination en théologie est donc toujours d'ouvrir la réflexion, de renouveler pour aujourd'hui ce dont d'autres ont eu l'intuition. On actualise en permanence, pour le monde et les préoccupations d'aujourd'hui. 



Elle est également responsable du programme Erasmus. On suit ici le système LMD, comme chez nous. Ca signifie que les cours peuvent être suivis par des étudiants originaires d'autres pays que la Hongrie. Les professeurs, outre le hongrois, parlent l'anglais, parfois l'allemand ou le hollandais. Mon guide de ce matin parlait un excellent français. Parmi les cours donnés en anglais, on trouve un cours sur la spiritualité postmoderne, sur le concept de Dieu dans la trilogie d'Ingmar Bergman, sur la théologie morale de Dietrich Bonhoeffer ou encore sur les défis ecclésiologiques dans l'Eglise réformée hongroise (pour plus d'informations, voir sur le site de la faculté de théologie, programme Erasmus). Nous rêvons ensemble à la possibilité d'échanges entre nos facultés : échange d'étudiants, échanges de professeurs, conférences... Pourquoi pas ? Ce sera aux collèges des enseignants de s'emparer de cette question, en tout cas le fait que l'IPT fasse à présent partie du programme Erasmus pourra faciliter les choses. Ce que mes voyages m'ont appris, c'est que le contact avec des théologiens du monde entier permettent de reformuler nos propres prises de position. On voit mieux que la systématique, c'est vraiment avoir affaire à un système : quand on essaie d'intégrer à son propre positionnement des idées venues d'ailleurs, ça fait nécessairement bouger l'ensemble et il faut travailler sur la globalité pour que chaque élément prenne sa place. En ce sens, tout théologien est systématicien. Mais aussi historien, bibliste, praticien... Ce n'est pas un hasard si pendant longtemps, la théologie était la reine des disciplines, celle qui couronnait toute une éducation. 
Le dialogue entre théologiens n'est pas qu'un dialogue entre cultures. Encore que ce soit un aspect tout à fait agréable de ce voyage que de partager un bon vin (Tokay est tout près d'ici) ou de délicieux gâteaux hongrois au coin de la monumentale cheminée en céramique !
PRG

samedi 27 octobre 2012

Voyage à Rome (1er - 5 mars 2013)

Cette année, les deux facultés de Paris et Montpellier co-organisent un voyage d'étudiants à Rome, du 1er au 5 mars. Les inscriptions côté Paris ont été closes aujourd'hui, vingt personnes (étudiants et professeurs) se sont inscrites. A noter que seuls les étudiants régulièrement inscrits à la faculté peuvent s'inscrire au voyage. Nous visiterons le musée du Vatican, des catacombes, des églises, le Forum romain, ferons le tour du Colisée, verrons le ghetto juif et la place où Giordano Bruno a été brûlé. Nous espérons aussi rencontrer des étudiants de la fac de théologie vaudoise, peut-être pourrons-nous assister à un cours, façon de nouer des liens. Il y aura aussi les balades, les glaces et le temps partagé... 

Nous devons réunir les inscriptions au plus vite à Montpellier, et le nombre de places est limité à 20 également, autant dire que vous avez tout intérêt à vous inscrire rapidement ! Pour cela, envoyez un mail à l'Amicale (amicale.theo (@) yahoo(.)fr) le plus vite possible.
Côté organisation, nous tablons sur un prix maximum de 300 euros par personne, qui comprend le voyage en car (départ le jeudi 28 février au soir, retour le mercredi 6 mars en matinée), l'hotel Foresteria Valdese dans le centre avec petit déjeuner, le pass transports et les visites sur place. Les autres repas seront en plus mais pourront être négociés pour pas trop cher. 
L'Amicale s'efforce de faire baisser les prix au maximum (nous avons prévu des ventes de gâteaux et autres initiatives), mais pour lancer les réservations il nous faut tabler pour l'instant sur ce tarif de 300 euros. Ensuite, si vous avez des idées géniales pour gagner des sous pour le projet Rome, nous sommes tout ouïe ! 
Alors, dans l'ordre : inscrivez-vous par mail ; à la rentrée, nous demanderons un chèque d'acompte qui nous permettra de réserver le transport, enfin nous vous demanderons des copies de vos cartes de réduction éventuelles pour organiser les visites. Vingt places seulement, ne tardez pas !



vendredi 26 octobre 2012

La part des anges


Je ne suis pas oenologue, mais il me reste le souvenir poétique de ce que la part des anges, c'est cette partie du cognac qui disparaît de la barrique pendant le processus de vieillissement naturel, pendant que les saveurs se concentrent... et le cognac, dans la région de Barbezieux où se tenait le synode régional de la région Ouest le week-end dernier, on connaît bien. Tous les synodaux sont d'ailleurs repartis avec une adorable petite bouteille pleine du précieux nectar. D'où la part des anges, donc, avait disparu depuis longtemps, mais on en conserve le souvenir.
La part des anges, ça peut se dire aussi quand, au milieu de la discussion sur le sujet synodal, on se demande s'il serait judicieux de prélever un pasteur dans le Cognaçais pour le mettre en Basse-Marche, histoire de rationaliser l'utilisation des énergies, ou de concentrer de belle façon le nectar pastoral, comme vous voulez. De la même façon, les remerciements aux membres des CP qui ne seront pas présents l'an prochain, pour le premier synode de la nouvelle Eglise unie (EPUF si muove, comme le murmurait un synodal facétieux), sont une façon de dire merci pour l'énergie dépensée dans le processus sans fin de prise de décision dans notre Eglise, et c'est un merci qui fait la part des anges.
C'est vrai que le débat sur le découpage géographique des régions de la nouvelle Eglise n'a pas soulevé les foules, mais comme le faisait remarquer la présidente de la région, l'Eglise avance, à tâtons peut-être mais opiniâtrement, comme l'escargot emblème des Charentes. Vaille que vaille, l'Eglise se construit, s'habite comme une coquille sur le dos. Malgré sa cécité, sa lenteur et sa fragilité, la cagouille mène son chemin. 
On a parlé hospitalité, aussi. La encore la part des anges... accueillez, car vous ne savez pas si, des fois, ça ne serait pas un ange que vous accueillez ! (J'en entends d'ici ricaner sur la métaphore : je vous l'accorde, imaginer d'accueillir dans une coquille d'escargot ça n'est pas très simple...). Mais au fond, si on y réfléchit une seconde, l'hospitalité comme la grâce se définissent par l'inconditionnalité et par la gratuité. Du coup, en allant au bout de l'idée, témoigner de la grâce c'est vivre l'hospitalité, vraiment, visiblement, en étant accueillants pour l'autre, quel qu'il soit, qu'il soit dedans ou dehors, dans la coquille ou pas, dans l'Eglise ou ailleurs. Et donc, témoigner ça se joue comme ça, en témoignant de l'accueil reçu, en offrant l'accueil. Le voeu qui a été proposé et voté par le synode sur l'évangélisation se voulait témoignage de ce qu'il est possible de vivre cette démarche en Eglise. Témoigner simplement, en sortant de nos murs, de l'accueil reçu. Ca passe par le don : don de présence, d'écoute, de café, de paroles aussi. Ca fait peur, ça ne fait pas partie de notre culture réformée, ça revient "comme un serpent de mer" disait l'un, à tel point qu'on ne croyait plus que c'était possible disait l'autre. Mais c'est possible, et joyeux.
Comme était joyeux le moment du dévoilement du logo de la nouvelle Eglise unie par le président du Conseil national de l'ERF, lui-même ancien président de la région Ouest, qui nous a fait une démonstration de la réalité de la région à base de salade de fruits... La joie du partage en synode passe aussi par ça : la liberté de ne pas se prendre au sérieux au coeur même du sérieux des débats et des prises de décision. Une Eglise unie, libre et joyeuse... l'unité et la diversité... la confiance et le mouvement... une Eglise visible qui ne cherche qu'à montrer un chemin où nous sommes tous précédés, et non à se montrer elle-même. C'est un horizon qui donne du sens à notre présent. Et comme nous l'avons entendu, "il y a ceux qui regardent les choses telles qu'elles sont et se disent pourquoi ? et ceux qui regardent les choses telles qu'elles pourraient être et se disent pourquoi pas ?" alors tout simplement, montrer et suivre ce chemin c'est un témoignage d'espérance. Ca se vit, en avançant sans cesse, comme l'escargot. Tiens d'ailleurs, vous connaissez la différence entre un pasteur et un trolleybus ? Quand le trolleybus perd le fil, lui, il s'arrête.
Des fois qu'y montent des anges, peut-être...
PRG

jeudi 25 octobre 2012

Cure d'âme

Le nouvel épisode de la série "Paroles en l'air" dans le cadre de "Ecoute ! Dieu nous parle...
Vous avez des angoisses existentielles ? Vous n'êtes pas insensibles aux épîtres de Jean ? vous aimez l'histoire de David et Goliath ? vous voulez vous pencher sur la difficile lecture de livres ludiques ? 
Alors, une cuillerée le matin, une cuillerée le soir, l'Evangile c'est radical !


mercredi 17 octobre 2012

L'Amicale, année nouvelle

Il y a une semaine avait lieu l'élection des nouveaux membres du Conseil de l'Amicale des étudiants de l'Institut protestant de théologie de Montpellier. La preuve, en photos !

Le Conseil
(de g. à d. derrière) Pascale, Dominique, Maxime, Lucas, Claire, Elda, Hélène, Romy, Guy, Anna
(de g. à d. devant) Rémi, Vanessa, Juliane
Le Bureau


L'ancien présidus, l'ancien vice-présidus, la nouvelle présidente, la nouvelle vice-présidente (comme dirait Nicolas, sur deux ans la parité est respectée)

Amicale passation de pouvoir

mardi 16 octobre 2012

Rond & carré # 1


Peut-on connaître trop sa langue maternelle ? C’est l’acteur suisse Bruno Ganz qui le dit, dans une interview au Monde de ce weekend : « La langue maternelle est comme un objet qu’on utilise tout le temps. A force, on la connaît trop. »

Ces propos m’ont toute de suite fasciné. D’abord, ma première réaction c’était plutôt du genre : « Quelle aberration ! », parce que, pour moi, en tant qu’étranger en France, ce qui me manque le plus c’est quand même ma langue maternelle. Et c’est une vraie découverte, je me suis jamais rendu compte jusqu’à quel point une langue maternelle soit liée avec l’identité. Malgré le fait que je parle français, je me sens souvent enfermé et stupide car je n’arrive pas toujours à dire ce que je veux dire avec les mots qu’il faut. Ma créativité et ma générosité me semblent atteintes. Bref, sans cet objet que j’utilise tout le temps, je suis perdu.

Heureusement, ma fascination pour les propos de Bruno Ganz ne s’arrête pas avec cette frustration personnelle. Il y a des questions derrière qui se posent : ça veut dire quoi en fait, ‘connaître trop’ ? Est-ce bien possible ? Peut-on, par exemple connaître trop sa famille ou sa compagne ? Je n’en suis pas sûr du tout.

Néanmoins, vu dans son contexte, je comprends un peu mieux ce que veux dire Bruno Ganz. Il dit : « Quand on ne joue pas dans sa langue maternelle, c’est étrange, parce qu’on ne se sent pas vraiment chez soi, et en même temps ça apporte quelque chose. » Et voilà ! Peut-être on pourrait dire que sortir de sa comfort zone de la langue maternelle, ça crée des opportunités de communiquer autrement. On est forcé de retourner à l’essentiel afin d’être bien compris, c’est-à-dire : faire parler sa voix au lieu de simplement dire les textes. Ou bien plus fort encore, communiquer avec son corps entier.

Pour l’acteur, c’est même presque évident. Mais il ne l’est pas moins pour moi-même, si j’y réfléchis bien. Trop souvent, j’ai été très focalisé sur les mots, sur la parole. Déformation professionnelle, en tant que juriste ? Certes, mais ce n’est pas une excuse. Quand j’ai commencé à jouer au hockey sur gazon, j’ai appris ce que veut dire de littéralement prendre sa place et se battre physiquement. En suivant un atelier de danse moderne, j’essaie d’aller encore plus loin.

Finalement, en décidant de m’installer à Montpellier, j’ai fait le choix de laisser derrière cette comfort zone de mon pays d’origine et de ma langue. Et oui, c’est une expérience souvent assez frustrante, mais qui apporte quand même beaucoup : se concentrer sur l’aspect relationnel d’une conversation, d’autant plus essayer de lire le body language ou s’exprimer plutôt avec un geste qu’avec une blague quand on voit que quelqu’un ne va pas bien... C’est enrichissant pour le petit juriste trop cérébral que je suis. Ici, sans ma langue maternelle, ma chambre se remplit avec d’autres objets à utiliser très souvent, et je m’en réjouis.
FK

dimanche 14 octobre 2012

Carrés chocolat-caramel


Il arrive, vous le savez, que nous fassions la cuisine et la dégustions ensemble ensuite. D'où l'occasion qui nous est donnée ici aujourd'hui de partager une recette... de la théologie du sucre et du chocolat à la théologie de la grâce, il n'y a peut-être qu'un pas.

Carrés chocolat-caramel

Mélangez 150g de beurre ramolli, 50g de sucre, 250g de farine et un sachet de sucre vanillé. Tassez au fond d'un plat à four et mettez à four chaud (180°) jusqu'à ce que ça soit légèrement doré.
Mélangez une petite boîte de lait concentré, 75g de cassonnade et 75g de beurre fondu, versez sur la pâte et remettez au four pour faire prendre le caramel. Laissez refroidir. 
Faites fondre du chocolat blanc d'un côté, du chocolat noir de l'autre, et disposez des cuillères de chaque en damier sur la pâte, puis tapotez pour faire se toucher les nappes de chocolat. Ensuite, faites des volutes à l'aide d'une pointe de couteau et mettez au frais. Quand le chocolat a durci, vous pouvez couper le gâteau en petits carrés.

samedi 13 octobre 2012

Une parole qui met à l'écoute


Nous apprenons à parler ; çà s’appelle homilétique, et en soi le vocable est une leçon d’anti-communication. Mais l’avantage de commencer par un gros mot, c’est que tout après paraît plus simple.
Pour la vingtaine que nous étions ce mercredi matin-là les professeurs Michel Bertrand, Dany Nocquet et Elian Cuvillier nous disaient leur tendresse pour les textes ; mais ils ne nous faisaient pas mystère des pièges pour le futur prédicateur, un défi qu’ils nous invitaient à relever.
Naturellement les auteurs des textes bibliques étaient déjà des théologiens ; même dans les récits de l’Ancien Testament apparemment les plus indéchiffrables pour notre culture – la peau cloquée de Naaman, les fesses de la belle Rachel –, il y a souvent l’illustration d’un message enfoui qui nous concerne. Comme on prêche le Nouveau Testament, on peut prêcher l’Ancien.
Quel que soit le passage biblique retenu, il faudra dépasser notre travail préalable d’explication mot à mot : nécessaire pour éviter les contresens, il ne suffit pas à en faire entendre l’inspiration. Mieux vaut se mettre à l’écoute du message du texte, et y accompagner l’assemblée.
A l’écoute du texte, ce n’est donc pas développer sa préoccupation personnelle, ou se laisser envahir par son idée du moment. Mieux vaut se rendre disponible à l’interpellation dérangeante qui résonne à la lecture du texte, que se raconter soi-même, ou gloser sur l’actualité immédiate, ou encore se mettre à la remorque de l’idéologie à la mode. Le risque de ces captures, c’est de se priver, et de priver l’auditoire, de la leçon du texte lui-même, qui nous interroge et souvent nous déplace.
C’est peut-être une évidence, mais la chaire n’est pas non plus le lieu de régler des comptes ; le prédicateur doit s’appliquer à lui-même l’interpellation qu’il entend dans le texte ; les vraies vérités sont bonnes pour tout le monde, et pour le prédicateur en premier lieu.
C’est parce qu’on se sera mis devant l’Ecriture, loyalement, avec le goût de la lire et de la faire lire, sans la capturer d’aucune manière, qu’elle pourra être entendue par les membres de l’assemblée : cette histoire me concerne, aujourd’hui, dans mon existence, elle me transmet quelque chose d’important. Cette vérité devant la parole est un chemin de crête, en réalité, et chacun de nous est à son tour, et si peu que ce soit, concerné par les travers qu’on vient de décrire, si bien qu’il est parfois pénible de s’écouter parler, alors qu’on aurait voulu entendre l’annonce de l’Evangile, toujours au delà de ce que nous disons.
Heureusement Luther ne mâche pas ses mots: « le fait que Dieu nous donne sa parole par de méchants fripons et par des impies, n’est pas une petite grâce ». Au fond, cela nous rassure pour relever les défis de la prédication.

vendredi 12 octobre 2012

Parole et écriture

Jean-Daniel Causse nous rappelait hier soir au cours public (sous l'intitulé "Judaïsme et christianisme : un thème constitutif de la tradition psychanalytique ?") que le christianisme n'est pas une religion de l'écriture ni du livre. C'est une religion de la parole. Ce qui est constitutif pour les chrétiens, c'est que le Christ soit venu comme Parole incarnée parmi les humains. Ce qui se joue au cours du culte chrétien, c'est le rappel de cette vérité : la Parole de Dieu est ce qui vient nous rejoindre, toujours à nouveaux frais, toujours en déplacement par rapport à ce qu'on en entend, ce qu'on en attend. C'est l'Evangile, au fond. Ca s'échappe, et pourtant c'est ce qui nous fait vivre.
La psychanalyse s'est construite autour de l'idée que tout est écriture, plutôt que parole. Il y a déchiffrement, réagencement des signifiants, parce qu'il est possible de voir quelque chose de ce qui se joue, sur une autre scène, dans l'ordre d'un espace saturé de mots, mais des mots tracés, comme une écriture qui se trouve conservée dans la mémoire de l'inconscient. Le rêve est un rébus, un hiéroglyphe : c'est une écriture énigmatique à interpréter. La visée infinie des interprétations s'appuie sur ce constat, cette nécessité qu'a l'être humain de décrypter en permanence ce qui le fait être en vérité. Or, au coeur de cette écriture à toujours interpréter, il y a un manque : le mot juste qui pourrait dire qui nous sommes en vérité. Pas un "nous" général, mais chacun, sujet différencié de tous les autres sujets. JDC nous expliquait que cette façon de considérer l'inconscient comme une écriture pouvait s'adosser à la façon dont le peuple d'Israël vivait son rapport à Dieu, comme une alliance qui passait par le don d'une loi écrite. La loi de Moïse n'est pas une retranscription d'une parole première, elle est immédiatement gravée, écrite.
Qu'y a-t-il en premier ? la parole/le verbe ? ou l'écrit ? Finalement, la frontière théologique entre judaïsme et christianisme est, bien sûr, une frontière christologique. Et sans doute que la psychanalyse permet de faire jouer ce dialogue, de comprendre autrement cet enjeu en mettant en relief des enjeux insoupçonnés, du côté de la vérité du sujet.
PRG

jeudi 11 octobre 2012

Maison d'étude


Maison d’étude à Montpellier – trois semaines déjà

Les anciens nous en avaient parlé, c’est ici, dans un quartier de Montpellier, l’ancienne maison de l’économiste Charles Gide, transformée en lieu de cours, avec des salles, des espaces, et même des liaisons internet pour ceux qui ne peuvent pas venir souvent. Une bibliothèque bien fournie a fleuri dans le parc, lumineuse, ultra-moderne, pour rendre accessible la mémoire des chercheurs de Dieu. De la place, du calme, des bouquins : on est comme hors la ville à deux pas de l’arrêt du tramway. C’est la Faculté libre de théologie protestante, l’IPT, au sens propre une maison d’étude.

Etudiants, chercheurs, auditeurs libres, professeurs. L’ambiance est joyeusement studieuse, sans barrières. Les étudiants, français ou pas, de tous âges, viennent d’horizons variés du christianisme, ont parfois déjà vécu plusieurs métiers, plusieurs vies, et ne savent en général pas quelle sera la suivante. C’est au fond d’eux mêmes qu’ils se sont engagés.

Les professeurs sont des trublions ; si vous espériez penser en rond, si vous comptiez réétayer à peu de frais vos certitudes enfantines, tant pis pour vous ; dès le premier amphi général il y a trois semaines, comme de bons larrons savamment complices, ils ont déménagé la maison ; vous ne savez plus où vous habitez ; vous allez pouvoir rechercher vos marques.

A Bible ouverte, et ça tombe bien, ils la connaissent par cœur, dans la langue de votre choix en plus, comme si c’étaient eux qui l’avaient traduite, et si j’en crois le liminaire de ma NBS, çà doit être le cas de plusieurs d’entre eux, à Bible ouverte donc, ils vont vous initier à cet étrange jeu de piste. Figurez-vous qu’en presque trois mille ans, le code a changé ; le contexte n’est plus le même, on ne racontait pas les choses comme on les dirait aujourd’hui.

D’une génération à l’autre ces textes se font écho, leurs symboliques se répondent. Il est salutaire de découvrir que toutes les questions que vous avez toujours voulu vous poser sur la foi chrétienne, sans vraiment oser vous les formuler, même à vous même, ont déjà été posées par d’autres qui vous précèdent, ont été débattues, rebattues, contredites, dépassées, et que la réponse est toujours à nouveau à dire. Quand les hommes d’autrefois nous racontent l’histoire de la quête de Dieu par leurs ancêtres, pour que nous puissions repartir de leurs marques, on comprend qu’ils ont mis beaucoup d’eux-mêmes dans le récit. Pour nous autres étudiants, cette lecture est un lent déchiffrage, un incessant questionnement.

Et si justement l’important était ce chemin? Et si la rencontre pouvait se répéter ? Si ce passé pouvait se retrouver au futur ? Certainement l’aventure de la quête de Dieu continue, « Wir sind Gott’s Betteler » – « Nous sommes des mendiants de Dieu » – aimait à dire Luther. Les générations successives ont vécu cette recherche au présent, comme la Bible en rend compte, et comme plus près de nous l’histoire le raconte ; cette génération à son tour réinterroge les réponses des générations précédentes, et s’aventure à la même quête.

Dans la maison d’études, le mardi à 13h, des étudiants, à tour de rôle, s’essaient, avec la Bible et avec leurs mots, à faire culte dans la chapelle. A la chapelle (comme ailleurs dans la maison d’étude), la place est nette. Pas de décoration, pas de symbole, sauf ici une Bible et une croix en creux, devant la lumière, comme pour signifier à la fois le manque, l’écoute, et la perspective de la recherche.


GC

mardi 9 octobre 2012

Tout est communication


En ce lundi 8 octobre, un grand nombre de personnes, des autorités civiles aux simples étudiants en passant par les professeurs, les responsables de la vie collective à l’IPT, les habitués de notre faculté et des membres de l’Eglise de Montpellier, se sont rassemblés dans la Salle des Actes à la faculté. Toutes les chaises disponibles étaient occupées, ce qui témoigne d’un grand intérêt pour cette soirée de rentrée solennelle.

Dire « tout est communication », c’est dire que les humains ne communiquent pas avec des paroles seules. Un long silence peut communiquer autant de choses. Ce soir, ce n'est pas le silence qui a voulu nous dire quelque chose. La soirée a débuté par des mélodies baroques enchantées à la flûte à bec et à la viole de gambe.

Cette communication musicale est suivie par la communication verbale. Nous avons revisité l'année passée avec le rapport du décanat, fait par le vice-doyen. Ce rapport était un merci à tous ceux qui mettent en place et rendent possible une vie agréable à la faculté. Le rapport a également insisté sur le côté international de notre faculté, avec des étudiants du monde entier et des échanges de professeurs qui dépassent les frontières des continents. Sans même parler de passer les frontières géographiques, l'année a été marquée par des échanges, entre étudiants à la faculté et avec ceux d'autres instituts qui sont venus jusqu'à Montpellier ou que nos étudiants sont allés visiter dans leur lieu d'études, à l’Institut catholique de Toulouse.

La fin du rapport a été suivi par d'harmonieuses notes par les mêmes musiciens. Elles nous ouvrent les oreilles encore plus grandes pour écouter la leçon inaugurale du doyen sur la communication : « La communication, une histoire sans parole ? ».

Le contenu du discours nous fait voir la grande importance de la communication en ce qu'elle empêche un chaos social de s'installer. C'est dans ce but que les moyens de communication modernes ont été promus au lendemain des grandes guerres.

Le doyen nous rend également attentif à ce que, si tout est communication, même l'ordre des mots communique quelque chose. Justement, la communication n'est pas tout. Si un message a besoin d'un moyen de communication pour être transmis, ce contenant perd son intérêt sans contenu. Il resterait une communication pour la communication. Ainsi, la communication risque de devenir une histoire sans parole.

En plus, au delà des informations échangées, la communication permet d'aller vers l'autre, de le rencontrer. Communiquer c'est faire advenir la parole au langage, tout en sachant que le locuteur ne maîtrise pas le résultat de son énoncé. Cela parce que le langage trahit. Les signifiants utilisés par le locuteur peuvent susciter des signifiés différents chez celui qui écoute, car celui-ci accueille l'énoncé là où il en est, dans sa vie et sa situation.

Il en est de même de l'accueil spirituel, d'une rencontre avec Dieu. Cette rencontre passe par les paroles humaines ou d'autres supports, car la Parole ne vient pas dans l'histoire sans médiation humaine. C’est la logique de l’'incarnation, qui nous rappelle l'importance de travailler son discours, son langage, sa rhétorique, même si l'effet de l'acte de parler échappe, car il est impossible de se passer du langage. Ainsi, la communication chrétienne se trouve, pour Kierkegaard, entre la communication directe qui veut faire connaître en faisant passer une information et la communication indirecte qui veut faire reconnaître dans le secret de l'intériorité.

Le propos bien communiqué du doyen se termine du point de vue verbal, mais continue sans doute à parler dans le silence ou dans d'autres formes de communication...

Une communication de retour et de revoir continue pendant l'excellent buffet qui suit dans le parc. Le sourire des cuisiniers qui ont mis en place le buffet est à la hauteur du bon goût du repas. Les réactions et les expressions des visages ont également communiqué que le buffet et la soirée étaient appréciés : tout est communication !

MV

jeudi 4 octobre 2012

Ecoute !

Ou la preuve en images sonorisées que oui, Dieu parle... même si on peut avoir des façons inattendues de l'écouter !