lundi 21 novembre 2011

Le dossier saumon

En ces temps de synodes régionaux, votre pense-cloporte était à Fontenay-le-Comte, en Vendée, pour celui de la région Ouest (clic). Quand je regarde autour de moi, quand j’entends tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons, je me dis que cette Eglise est vraiment bien vivante. Pas d’angélisme (d’ailleurs chez nous les anges ont le visage du voisin et pas de petites ailes dans le dos), nous sommes bien tous humains, nous faisons des erreurs, des bourdes, nous avons des misères et des angoisses, mais tout ça est très vivant et plein d’espérance. L’énergique présidente de la région, Valérie Mitrani, nous a encouragés cette année à compter/conter les bienfaits de Dieu. Oui, ils sont nombreux... D’ailleurs nous aussi, étudiants en théologie, on l’oublie parfois et elle l’a rappelé, nous sommes des bienfaits de Dieu pour cette Eglise... Lui seul sait comment, mais nous pouvons nous emparer de cette promesse et aller de l’avant.
Parmi les bienfaits de Dieu pour notre Eglise, il y a nos finances. Vous froncez le nez ? Vous pensez que ça n’est pas très spirituel tout ça ? Mais au cours d’un synode, c’est un des sujets de discussion les plus essentiels. C’est ce qui organise notre vivre ensemble, avec les ressources dont nous disposons, pour les projets que nous nous donnons. Tout ça, c’est dans le « dossier saumon » du cahier pré-synodal que tous les délégués reçoivent quelques semaines avant un synode.
Un petit rappel de la structure presbytéro-synodale de l’ERF pour ceux qui n’en connaîtraient pas les finesses : le principe de base, c’est que tous les membres du gouvernement de l’Eglise sont des anciens, c’est-à-dire des gens qui ont été discernés par leurs collègues et élus par les assemblées générales des associations cultuelles, une pour chaque Eglise locale, dans le ministère collégial qu’on appelle conseil presbytéral ; les pasteurs sont membres de droit de ces conseils. Les seules ressources de l’Eglise, ce sont les sommes données par les gens qui font partie des Eglises locales (dons nominatifs, quêtes...). Les finances de l’Eglise se construisent d’abord au niveau des conseils : dans chaque consistoire, chaque année, il est débattu du pourcentage d’augmentation de la « cible » (la somme versée par chaque Eglise locale à l’Eglise dans son ensemble, pour payer le salaire des pasteurs, le fonctionnement de l’IPT, les adhésions aux organismes auxquels l’ERF adhère comme la FPF, par exemple, et les frais de fonctionnement divers) que chaque Eglise locale pense pouvoir accepter pour l’année suivante. Ce chiffre est transmis à la région, qui calcule un budget en conséquence.
C’est le synode national, auquel sont délégués des membres de tous les synodes régionaux, qui vote ce qu’on appelle le nombre maximum de desservants (NMD), c’est-à-dire le nombre maximum de ministres qu’une région peut se donner. En région Ouest, le NMD est de 37. En principe donc, il devrait y avoir 37 ministres en exercice dans la région. Sauf que... Sauf qu’on n’a de quoi en payer que 33 cette année. Quand les Eglises locales décident qu’elles ne peuvent pas augmenter leur cible de façon significative, c’est le nombre de ministres en poste qui baisse. C’est aussi le nombre et la qualité les projets qui sont menés dans une région et dans chaque Eglise locale : actions de formations pour les laïcs et les pasteurs, projets culturels, évangélisation, soutien aux communautés sans ministre... Et les communautés sans ministres le vivent avec douleur : deux ans, trois ans, parfois plus, sans pasteur, ça a un effet sur la vie de l’Eglise. Autant dire que la qualité du vivre ensemble est significativement dépendante de toute discussion financière dans notre Eglise.
Alors même si ça n’est pas passionnant en soi quand on n’aime pas trop les chiffres, ça vaut le coup de se pencher sur ces questions. Nous sommes en formation dans un institut qui dépend pour son fonctionnement de cette structure financière, nous bénéficions directement de la façon dont elle fonctionne dans la réalité et pour certains d’entre nous, nous serons appelés à servir en tant que ministres dans cette Eglise. Ce n’est pas ésotérique, ça fait partie de façon très réelle de ce qui se joue du côté de l’incarnation... C’est aussi là qu’on voit si une Eglise est bien vivante ou si elle s’étiole. Il faut le savoir pour compter/conter les bienfaits de Dieu !
Enfin il n'y a pas que ça dans un synode : il y a aussi la discussion sur le sujet synodal, cette année les textes organiques sur la réunion de l'Eglise réformée de France et l'Eglise évangélique luthérienne de France (la future EPUF) ; il y a tous les votes (voeux, propositions, budgets...); il y a les temps de discussion informelle ; il y a les informations données sur les activités de la région ; il y a le stand de la librairie (c'est à peine chrétien, à mon avis, de laisser une telle tentation sous le nez de pauvres et faibles synodaux), il y a le café et les gâteaux offerts par l'Eglise accueillante... et il y a les amis, qu'on revoit avec plaisir d'année en année. Il y a le dialogue avec ceux qui nous accueillent généreusement chez eux le soir. Il y a aussi, bien sûr, les beaux moments d'aumônerie. Tout ça se vit avec fatigue, agacement parfois, mais aussi avec une grande joie. 
D'ailleurs la Vendée est particulièrement chère au coeur de certains de l'IPT, parce qu'elle a accueilli l'été dernier l'aventure ERF on Tour... et si j'ai bien compris, nous sommes attendus de pied ferme pour l'été prochain ! Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à jeter un oeil sur le blog de cette belle aventure (clic). Et puis en Vendée, il y a décidément des gens tout à fait épatants : mes hôtes m'ont fait connaître le blog du curé de Fontenay (clic) qui, ma foi, m'a tenue en haleine une partie de la nuit. L'oecuménisme au bout d'un synode réformé, qui l'eut cru ?

2 commentaires:

Olivier Gaignet a dit…

Avec un très grand merci de votre belle ouverture ! Les catholiques de Fontenay-le-Comte, nombreux à avoir hébergé des délégués réformés, ont été enchantés de ce qu'ils ont vécu à vos côtés ! J'en reparle encore dans mon bilet de blog en ce mardi. Bonne suite à vous !
Olivier Gaignet, curé de Fontenay-le-Comte

christophe a dit…

Cela m'inspire une petite chanson éphémère...que j'ai appelé

Notre Sainte Cible


- la Sola Scriptura Comptable -




Je crois en toi, Jésus-Christ
ça fait longtemps que t'es parti
Mais tu nous as laissé Ton Saint Esprit pour guide
Et la Sainte Cible

On la médite à toutes les heures
Nos bonnes oeuvres sont-elles à hauteur
Des espoirs qu'on a placé dans les objectifs
De la Sainte Cible

On se la chante comme une ode
Dans les paroisses, dans les synodes,
on y met tant de zèle évangélique

C'est notre Quête spirituelle
C'est notre Appel...à faire des legs
C'est notre Sagesse d'hommes qui se responsabilisent
Notre Sainte Cible
Vive la Sainte Cible

On se la chante comme une ode
Dans les paroisses, dans les synodes,
On l'invoque comme on gère la peur d'un vide

Je crois en toi Jésus-Christ
Mais ça fait longtemps que t'es parti
Si tu reviens, il faudra bien que tu cotises
Pour Ton Eglise...de la Sainte Cible


( peut mieux faire , mais c'est plus cher)