Hier soir, dans le cadre des "Jeudis de l'Amicale", nous avons reçu Hervé Ott, ancien étudiant de l'IPT Montpellier, théologien et formateur en "transformation constructive des conflits". Il nous a rappelé l'importance du rôle joué par les non-violents au moment des luttes du Larzac, dans les années 70, avant d'exposer les grandes lignes de ce qui est bien une pensée politique, au meilleur sens du terme : celui qui interroge les conditions du vivre ensemble.
Il nous a rappelé que le conflit fait partie de la condition humaine, mais que certains sont destructeurs car ils provoquent la souffrance. Ce sont ceux-là qu'il faut transformer. Or souvent, des conflits qui concernaient à l'origine un objet précis finissent par se cristalliser sur les personnes et c'est ce passage d'un conflit d'objet à un conflit de personnes qui crée la souffrance. Les émotions, l'agressivité s'en mêlent alors et il devient des plus difficiles de démêler l'écheveau. C'est pourtant une nécessité éthique, et Hervé Ott nous a rappelé les données biblico-théologiques qui sous-tendent cette nécessité.
La difficulté, c'est que la confiance est absolument nécessaire pour pouvoir négocier et sortir d'un conflit. Or la confiance ne se décrète pas : elle découle de tout un ensemble de conditions, essentiellement des règles claires, un cadre, qui garantit le non-jugement et permet à la parole de sortir. Cela va à l'encontre de notre expérience ordinaire, de nos "instincts" culturels. Surtout, cela fait appel à l'expression d'un ressenti personnel, ce pour quoi notre éducation, notre système culturel, ne nous a pas vraiment formés. Nous sommes plutôt habitués à considérer que montrer ses émotions, c'est faire preuve de vulnérabilité. Il faut donc que dans un groupe, il y ait un garant du respect des uns et des autres.
Dans l'idéal, le groupe fonctionne dans le "respect du respect" s'il parvient à des décision par consensus et non pas des décisions majoritaires. Mais lorsque la violence n'est pas seulement inter-personnelle, mais structurelle, c'est le signe d'un dysfonctionnement, le plus souvent parce que les règles sont mal posées, ou restent implicites, voire interdisent la parole à certains. Hervé Ott nous a fait remarquer à ce sujet que dans nos Eglises, il n'y a pas vraiment de lieu où la parole puisse se libérer sans jugement, où la colère et la tristesse puissent se dire. D'où parfois le sentiment d'échec et le départ, dans la douleur, de certains qui n'ont pas pu être entendus adéquatement.
Or on peut être d'accord d'être en désaccord. Et après tout l'Eglise n'est pas appelée à être un corps social sans conflit, mais bien plutôt un lieu où il est possible de vivre ensemble, même en étant en désaccord. Le partage de la Cène pourrait alors être le signe du fait que c'est un lieu de communion, malgré tout. Peut-être que notre peur du conflit nous pousse à ignorer ceux qui y sont bien pourtant, par désarroi, parce que nous ne savons pas qu'en faire. Cela appelle finalement à nous interroger sur notre interprétation, théologique, de la violence dans notre société, et ce qu'en chrétiens nous sommes appelés à en faire. L'ignorer ? préférer l'attribuer à un autre toujours étranger ? ou la reconnaître en nous-mêmes ? A la limite, cette question ne se sépare pas d'une réflexion tout à fait fondamentale sur la question du péché et du mal.
Elle ne se sépare pas non plus d'une espérance : nous savons que même en opposition, nous restons dans la fraternité, car cette fraternité vient d'ailleurs, elle ne relève pas de nous. Les êtres aimés de Dieu sont à égalité entre eux. Or c'est bien cette irruption d'un tiers, d'un autre, qui transforme toute violence en dialogue possible. Hervé Ott nous a rappelé ce passage dit de la "femme adultère" chez Jean, qu'il appelle un "évangile dans l'Evangile", où Jésus n'agit pas en justicier, mais force par son attitude chacun à se pencher sur sa conscience, pour dépasser le tragique, la contradiction morale, et repartir, malgré tout, vers la vie.
Les outils existent pour transformer les conflits. Il mettent en jeu l'écoute, le non-jugement, l'accueil des émotions, l'expression de la limite, la détermination de règles communes. Les étudiants en Master pro, tous les ans, suivent une formation pour expérimenter ces outils. Le rôle du pasteur est en effet, souvent, au coeur de ces problématiques.
Nous avons vécu là une soirée très dense, conclue par un repas partagé dans la bonne humeur et la convivialité. Une façon de mettre en actes, peut-être, l'espérance et la confiance dans le partage possible...
La difficulté, c'est que la confiance est absolument nécessaire pour pouvoir négocier et sortir d'un conflit. Or la confiance ne se décrète pas : elle découle de tout un ensemble de conditions, essentiellement des règles claires, un cadre, qui garantit le non-jugement et permet à la parole de sortir. Cela va à l'encontre de notre expérience ordinaire, de nos "instincts" culturels. Surtout, cela fait appel à l'expression d'un ressenti personnel, ce pour quoi notre éducation, notre système culturel, ne nous a pas vraiment formés. Nous sommes plutôt habitués à considérer que montrer ses émotions, c'est faire preuve de vulnérabilité. Il faut donc que dans un groupe, il y ait un garant du respect des uns et des autres.
Dans l'idéal, le groupe fonctionne dans le "respect du respect" s'il parvient à des décision par consensus et non pas des décisions majoritaires. Mais lorsque la violence n'est pas seulement inter-personnelle, mais structurelle, c'est le signe d'un dysfonctionnement, le plus souvent parce que les règles sont mal posées, ou restent implicites, voire interdisent la parole à certains. Hervé Ott nous a fait remarquer à ce sujet que dans nos Eglises, il n'y a pas vraiment de lieu où la parole puisse se libérer sans jugement, où la colère et la tristesse puissent se dire. D'où parfois le sentiment d'échec et le départ, dans la douleur, de certains qui n'ont pas pu être entendus adéquatement.
Or on peut être d'accord d'être en désaccord. Et après tout l'Eglise n'est pas appelée à être un corps social sans conflit, mais bien plutôt un lieu où il est possible de vivre ensemble, même en étant en désaccord. Le partage de la Cène pourrait alors être le signe du fait que c'est un lieu de communion, malgré tout. Peut-être que notre peur du conflit nous pousse à ignorer ceux qui y sont bien pourtant, par désarroi, parce que nous ne savons pas qu'en faire. Cela appelle finalement à nous interroger sur notre interprétation, théologique, de la violence dans notre société, et ce qu'en chrétiens nous sommes appelés à en faire. L'ignorer ? préférer l'attribuer à un autre toujours étranger ? ou la reconnaître en nous-mêmes ? A la limite, cette question ne se sépare pas d'une réflexion tout à fait fondamentale sur la question du péché et du mal.
Elle ne se sépare pas non plus d'une espérance : nous savons que même en opposition, nous restons dans la fraternité, car cette fraternité vient d'ailleurs, elle ne relève pas de nous. Les êtres aimés de Dieu sont à égalité entre eux. Or c'est bien cette irruption d'un tiers, d'un autre, qui transforme toute violence en dialogue possible. Hervé Ott nous a rappelé ce passage dit de la "femme adultère" chez Jean, qu'il appelle un "évangile dans l'Evangile", où Jésus n'agit pas en justicier, mais force par son attitude chacun à se pencher sur sa conscience, pour dépasser le tragique, la contradiction morale, et repartir, malgré tout, vers la vie.
Les outils existent pour transformer les conflits. Il mettent en jeu l'écoute, le non-jugement, l'accueil des émotions, l'expression de la limite, la détermination de règles communes. Les étudiants en Master pro, tous les ans, suivent une formation pour expérimenter ces outils. Le rôle du pasteur est en effet, souvent, au coeur de ces problématiques.
Nous avons vécu là une soirée très dense, conclue par un repas partagé dans la bonne humeur et la convivialité. Une façon de mettre en actes, peut-être, l'espérance et la confiance dans le partage possible...
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