dimanche 19 février 2012

Prose et élitisme

Quand on voit ce qu'on et qu'on entend ce qu'on entend, je suis de plus en plus persuadé qu'on a bien raison de penser ce qu'on pense...


Mais au-delà de ce remarquable exemple de Tout-ce-qu'il-ne-faut-surtout-pas-faire, nous voilà confronté(e)s à la pugnace question de la frontière entre "christianisme" et "chrétienté": le premier est un mouvement de foi s'attachant à la figure du Christ — l'Emmanuel — reconnu dans les témoignages néotestamentaires (Parole écrite), mais aussi dans la prédication (Parole prêchée) et enfin dans tous ces instants fugaces où la foi lucide reconnaît la présence du Ressuscité (Parole révélée).

La seconde relève de l'ordre civilisationnel et culturel par l'implication des organes ecclésiastiques dans l'appareil d'Etat des divers systèmes sociétaux de l'Antiquité, de la féodalité, de la monarchie etc.

On n'en voudra pas à nos amis de cette paroisse — désespérée à ce point que ce placard (on en a pourchassé pour moins que ça!) ressemble plus au chant du cygne qu'à l'invite de l'Evangile — qui ont pour leur décharge ce terrible fardeau d'être à la fois citoyen du Royaume et citoyen d'un Etat ecclésiastique, le Vatican. Quand l'église du coin est perçue comme l'annexe de la maison vaticane, quand on se représente l'absence de l'immense majorité des "administrés" lors des cérémonies communautaires comme une trahison, une désertion, un acte antipatriotique... on peut comprendre à un autre niveau ce qui traîne dans l'air : je parle de ce discours détestable où l'allocataire, l'assisté, devient le catalyseur de tous les soupçons, de toutes les menaces insidieuses. Quand le chômeur devient comme le "juif" à l'étoile jaune, quand l'immigré devient le "colabo" de la dette souveraine, pas étonnant que le chrétien culturel deviennent la cible de celles et ceux qui se croient les véritables disciples de leur(s) Christ(s).

"Tu seras bien content(e) de nous trouver quand tu seras mort(e)...!"; "T'étais bien content(e) de nous trouver pour te marier...!". "Alors, n'oublie pas de te montrer un peu plus méritant(e), un peu plus reconnaissant(e), s'il-te-plaît, tu seras gentil(le)."
Voilà en gros le message sous-jacent de cette vilaine pancarte: fini, les arguties de la grâce; fini, le baratin sur la gratuité. L'Eglise (catholique romaine) se mettrait-elle à l'heure du néolibéralisme? : "seul le résultat compte..." (c'est même devenu un concept en soi: on dit "faire du résultat", comme on fait "du chiffre", comme on fait "du gras"). Pourquoi pas mettre en place un système sarkozien où au bout de deux propositions à venir à la messe, on obligerait l'indigent à accepter de gré ou de force à intégrer la paroisse la plus proche, sinon... que dalle pour une demande de baptême; que dalle pour une demande de mariage; que dalle pour un service funèbre. Voilà un système dans l'air du temps! Y'a qu'à faire un Raffarindum!

L'Eglise est une vieille dame... dira-t-on. Mais au moins, de grâce, lorsqu'elle veut s'injecter un coup de Botox pour plaire un peu, qu'elle fasse appelle à quelqu'un d'averti. Ca lui éviterait de se défigurer elle-même et d'effrayer plus que jamais.

A bon entendeur,

Salut ??!


Arnaud

Aucun commentaire: