mardi 21 février 2012

La Cimade


"Accueillir, accompagner, défendre et témoigner". Voilà les mots d'ordre qui orientent toute l'action de la Cimade, association loi 1901 créée en septembre 1939, au moment où les populations d'Alsace et de Lorraine vivaient l'exil des évacués. Suzanne de Dietrich, une théologienne protestante, a pris toute la mesure de la détresse de ces gens déplacés contre leur gré, au fil des aléas de l'histoire, et obligés de vivre de l'accueil qui leur était réservé, avec plus ou moins de bonne grâce. A l'origine de l'association, on trouve des mouvements de jeunesse protestants (et à ce titre, de nombreux prédécesseurs de l'IPT Montpellier et Paris). S'il s'agissait au départ de témoigner de l'Evangile dans l'action et dans le partage, l'association a rapidement gagné une dimension oecuménique avant de se laïciser progressivement et de toucher d'autres publics confrontés au déracinement et au danger d'être d'ailleurs dans une société de gens d'ici. Aujourd'hui, elle s'intéresse essentiellement au sort des étrangers en situation irrégulière. Pour ses 70 ans, l'affiche de l'association comportait la phrase "Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre" (qui fait écho à ce mot de Luis Rego "Il y a de plus en plus d'étrangers dans le monde"). 
Il n'aura échappé à personne proche de l'ERF ces quelques derniers mois que le concept d'hospitalité tend à devenir un concept théologique. C'est bien là que tout se joue... Et ça se joue non seulement sur les bancs des scriptoriums que sont parfois nos facultés, mais aussi et surtout sur le terrain, là où des gens vont vraiment agir, en toute discrétion le plus souvent, mais aussi en sachant faire le foin nécessaire pour faire bouger les choses quand la brusquerie des mots devient aussi légitime que l'invisibilité des actions quotidiennes... C'est à nous qu'il appartient d'entendre, d'écouter, de comprendre que les mots recouvrent toujours des situations vécues, douloureuses, insupportables souvent. Tous, futurs pasteurs comme laïcs, ne pouvons rester indifférents face à ce qui se joue là.
Pour se tenir au courant des actions de la Cimade, allez régulièrement voir sur le site (clic). Et puis, ici, nous relaierons régulièrement ce dont nous entendons parler. Sachez aussi qu'il y a un groupe Cimade à Montpellier... D'ailleurs il y a deux jours, des Somaliens en situation irrégulière sont allés manifester pour... réclamer leur arrestation, tous ensemble. La préfecture refuse de leur délivrer un titre provisoire de séjour, ils sont régulièrement arrêtés individuellement, puis relâchés en raison des jugements en leur faveur, et ça fait des mois que ça dure... 70 dossiers sont en attente et ce sont 70 personnes qui attendent, contraintes de vivre dans la clandestinité. "Je suis parti de Somalie mais, ici, ma situation est la même que là-bas, alors qu'ici, il y a un Etat", notait l'un d'eux (citation ici, clic).
Vous pouvez voir ici (clic) une petite vidéo consacrée à la politique d'hospitalité, et ici (clic) l'appel "Urgence pour une politique d'hospitalité", que vous pouvez signer. 
L'humanité passe par l'autre...

3 commentaires:

christophe a dit…

C'est un vrai problème, qui nous fait sortir de notre quotidien étudiant parfois très douillet. le système français avec l'OFPRA en clé de voute est malgré tout assez opaque. Souvent on laisse végéter des demandeurs d'asile dans une situation de quasi non droit (interdiction d'apprendre la langue française...accueil circonscrit en CADA...) et tout ça sur des durées de 1 à 3 ans ...des" parenthèses " de vie lourdes.
En même temps quoi faire à notre niveau...ou plutôt comment faire quelque chose ? Finalement la théologie de l'hospitalité , c'est tellement évident par rapport à l'évangile, qu'il n'est pas tant question de théologiser sur la question mais plus d'agir...oui mais comment, ici? On pourrait peut être y réfléchir en cours de "diaconie" ou via l'amicale ...je lance la balle , qui s'en empare?

ps : je dois être un robot...j'arrive pas à déchiffrer les fameux deux mots

christophe a dit…

Je viens de z'yeuté les vidéos et le quizz proposé...sympa. Il y alà dedans des thèmes de réflexion extrêmement riches...et je ne suis pas d'accord avec tout , mais ça vaut le coup d'un vrai débat.
En guise d'apero sur la question, on devrait pouvoir relire avec profit , un petit texte de Ricoeur ( ça yest! je vais donner dans la "branchitude" réformée ) qui devait s'appeler le "socius et le prochain" ou l'inverse, je ne sais plus. Et qui nous rappelle toute la complexité de l'articulation des principes et de leur mises en application dans la durée.
Ps : mon premier commentaire portait sur le droit d'asile ...il faudrait dénoncer , la problématique des centres de rétentions , où par ailleurs la cimade fait un beau boulot...

Pascale a dit…

L'hospitalité, ça ne relève pas de la nature, ça relève de la culture. Donc ça peut relever d'un choix éthique. Mais pour faire un choix éthique, il faut que ce soit un choix réfléchi, informé, formulé. L'information, on peut la trouver (c'est le but de ce billet notamment) ; la réflexion, il faut se donner le temps de la mener (c'est le temps qu'on prend pour les études, dans notre cas, par exemple) ; la formulation, là il me semble que c'est bien de la théologie...
Et c'est là qu'un débat comme celui-là a toute sa place dans une faculté comme celle-ci...