jeudi 22 mars 2012

Quand l'actualité vous (r)attrape

Comme beaucoup d'autres concitoyens, je rattrape au vol les infos de 20h pour me jeter dans le ramdam médiatique qui analyse (en moins de 30 heures de temps!), décrypte, décortique le profil psycho-socio-religieux du tueur de Toulouse et Montauban. Entre nous, j'aimerais bien faire une exégèse en autant de temps.
Mais c'est lorsque les trois photos des militaires assassinés apparaissent à l'écran, qu'un des visages me donne l'impression de déjà vu...
Oui. J'avais oublié le nom, mais pas le visage. Imad était le responsable de la cellule "escale aérienne" du camp d'Abéché, à l'ouest du Tchad lorsque j'y ai été envoyé l'été dernier au titre d'aumônier militaire. J'avais passé deux semaines à Abéché où j'ai vécu des instants hors du commun. Imad était chargé de toute la préparation des vols de ravitaillements, des sauts opérationnels, de la logistique pour chaque vol. Bref, il était le guichet embarquement du camp. Nous avions eu l'occasion de bavarder de longs moments et à de nombreuses reprises tous les deux, dans son petit bureau au coin gauche du hangar hélico, ou bien à table au réfectoire. C'est lui qui m'avait arrangé le coup pour que je puisse embarquer lors d'un saut opérationnel pour assister au largage de ses homologues parachutistes du 35ème RAP (Régiment d'Artillerie Parachutiste).
Je me rappelle un gars délicieux, d'une discrétion et d'une finesse qui faisait contraste avec la démarche primesautière et virile des jeunes recrues faisant le gros des troupes. Puisque les liaisons entre Abéché et Ndjaména (le camp principal) n'étaient pas toujours régulières, je me souviens lui avoir couru après pour connaître les dates qu'il avait... "Mais vous êtes bien avec nous M'sieur l'aumônier!" qu'il me lançait à chaque fois...
Mais le Maréchal des Logis-chef Ibn Ziaten est mort... Mort parce qu'il était musulman et militaire français et qu'à ce titre il incarnait la figure d'un traître...
Ca ne vous rappelle rien? Si avec François Bovon l'on peut à peu près être certain que le Jésus historique a dû finir dans une fosse commune (je vous renvoie à son commentaire de l'évangile de Luc), je vous laisse deviner ce qui a pu arriver au Judas de l'histoire... Il y a fort à parier qu'il ne n'est pas "tombé la tête la première et s'est éventré de telle sorte que ses intestins se sont répandus" (Ac2:18)... tout seul!
Mais ça, je vous laisse y réfléchir.

Le Christ veillera sur les proches d'Imad, et avec nos prières.

Arnaud

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