Le contexte – au début, le contexte. Au début, en tête de toute
vie possible, il y a un monde vivable. La création de ce monde ne
dépend pas de nous. La langue que nous parlons nous précède. La
lumière qui nous éclaire vient d’ailleurs. Il faut faire avec. Il
faut aussi faire avec l’idée qu’une partie de cette création ne
nous est pas accessible : « bereshit bara elohim
hashamayim weha’aretz.. » Vous pouvez vivre dans les cieux,
vous ? Mais sur la terre, oui, un petit bout de terre où nous
avons atterri sans l’avoir demandé. Ce petit bout de terre, cette
langue, cette lumière nous les partageons avec d’autres – voilà
le contexte dans lequel nous devons vivre.
Ici, le concept de contexte prend une dimension toute particulière.
J’ai commencé à en prendre conscience ici, intellectuellement
d’abord, avec la théologie contextuelle. Chacun était appelé à
annoncer ce qui, dans son propre contexte, donnait l’arrière-plan
de la théologie qu’on y pratique. « In my context... »
J’ai eu du mal à le définir, ce contexte : est-ce mon
continent, mon pays, ma région, ma langue, mon université, mon
Église, ma paroisse, ma famille, mes amis... ? Ca fluctue selon
les situations, et parfois c’est en contradiction (en tension, on
dit chez nous). Aucun contexte n’est parfaitement unifié. La
nuance, c’est à la fois la richesse et la malédiction (« stop
with the endless nuancing ! ») de notre tradition
réformée, nous disait hier matin notre professeur dans le cours
« Living Out Reformed Theology and Identity ».
Mais dans la pratique... ce n’est pas si compliqué. Comprendre le
contexte de l’autre, ça se fait comme tout le reste dans l’écoute
patiente et attentive. Quand j’écoute Lia, j’apprends la façon
dont on peut penser sa vie et sa relation aux autres en pensant
comment la nature se comporte. « Regarde ce ruisseau qui sort
d’un tuyau dans la terre pour alimenter la rizière ! Tu peux
penser comme ça ! » Et puis en marchant dans la rue, en
croisant le regard des gens, on échange un sourire. Ca fait partie
du contexte : ici, on peut se sourire pour dire « je t’ai
vu, je te vois en train de mener ta vie, bon chemin ! » Le
contexte, comme la foi, ne dépend pas des dogmes. On en hérite, on
ne le possède pas, on ne l’enferme pas dans des lois, mais on en
vit, d’une certaine manière.
Dans la langue indonésienne (langue commune du pays qui en compte
des centaines), c’est le contexte qui permet de comprendre :
les verbes ne se conjuguent pas, et parfois le genre ne se dit pas
non plus. Il s’agit de faire attention à ce que pense l’autre et
il y a toujours la possibilité de ne pas se comprendre. C’est un
jeu risqué. Si on ne se comprend pas, m’explique un ami
indonésien, ça peut mener à une « guerre froide »,
chacun se sentant incompris. Mais c’est aussi une langue où on rit
beaucoup, où on se moque gentiment de l’autre et de soi. C’est
frustrant pour moi de ne pas pouvoir vous la faire entendre !
Cette sonorité me manquera. Il faudrait apprendre la langue – et
pourquoi pas – pour commencer à entrer un peu dans ce contexte.
Bon, en attendant, on écrit : nous sommes plusieurs à tenir à
un blog (voir les liens dans la colonne de droite), plusieurs à
entretenir une correspondance avec « the folks at home »
ou à tenir un journal ; certains aussi qui n’ont jamais le
temps de le faire ont pris la plume pour se souvenir plus tard. Ca en
fait, des mots... Ce matin, nous avons aussi partagé des « signes
d’espoir » : chacun était appelé à lire une lettre
évoquant ce qui, dans son propre contexte, lui semblait devoir
témoigner d’un espoir pour l’avenir. Justice, égalité,
dialogue, sens de la communauté, réconciliation, service et
hospitalité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion... nous
avons bien des choses en commun dans ce que nous espérons pour nos
Églises et nos cultures.
J’ai pensé aux signes d’espoir que j’ai pu rencontrer ces deux
dernières années à l’IPT et ailleurs. Et ce qui m’a semblé le
plus sensé, c’était de partager cette confession de foi qu’une
toute petite poignée de « jeunes » théologiens a écrite
l’été dernier – tous différents, en dialogue, pleins d’espoir.
Pour l’occasion je l’ai traduite en anglais (allons, ça ne vous
tuera pas de la lire en anglais ! Mais vous trouverez l’original ici, clic). C’est à la fois un point d’arrivée et un point de
départ. Bereshit...
We believe that God is present in our lives. We believe
that he gathers us together and that he manifests himself where we
don’t expect him, in the unexpected occasions of life. We believe
that he also manifests himself where we have long expected him, in an
unexpected manner and unexpected ways. We believe that he can never
be imprisoned within an institution or a definition. We believe that
he makes us free and that his hand picks us up when he have fallen.
We believe that he gives us the strength to act and to change the
world.
We believe that Jesus-Christ comes to us on the path of
life. We believe that we are walking in his presence. We believe that
he is talking to us and answering us, in the present moment of our
life.
We believe that the Spirit is breathing God’s presence
in our frailties and in the beauty of our days. We believe that he
guides us in the world God created for us and where we are living
until the novelty of the Kingdom.
We believe that salvation is for all, without
distinction. We believe that in the very middle of this life, which
is so beautiful and so complicated, salvation is announced as a
promise. We believe that this good news gives every human an
irrevocable dignity and the courage to live, from the first breath to
the last.
Amen
1 commentaire:
La confession de l'erf on tour , je l'ai encore utilisée... au culte de Bagnols ...elle a bcp plu. J'ai laissé des copies (on me les a demandés).Je pense qu'elle circulera, peut être.
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