jeudi 28 juin 2012

Jour 22 - Bereshit


Le contexte – au début, le contexte. Au début, en tête de toute vie possible, il y a un monde vivable. La création de ce monde ne dépend pas de nous. La langue que nous parlons nous précède. La lumière qui nous éclaire vient d’ailleurs. Il faut faire avec. Il faut aussi faire avec l’idée qu’une partie de cette création ne nous est pas accessible : « bereshit bara elohim hashamayim weha’aretz.. » Vous pouvez vivre dans les cieux, vous ? Mais sur la terre, oui, un petit bout de terre où nous avons atterri sans l’avoir demandé. Ce petit bout de terre, cette langue, cette lumière nous les partageons avec d’autres – voilà le contexte dans lequel nous devons vivre.
Ici, le concept de contexte prend une dimension toute particulière. J’ai commencé à en prendre conscience ici, intellectuellement d’abord, avec la théologie contextuelle. Chacun était appelé à annoncer ce qui, dans son propre contexte, donnait l’arrière-plan de la théologie qu’on y pratique. « In my context... » J’ai eu du mal à le définir, ce contexte : est-ce mon continent, mon pays, ma région, ma langue, mon université, mon Église, ma paroisse, ma famille, mes amis... ? Ca fluctue selon les situations, et parfois c’est en contradiction (en tension, on dit chez nous). Aucun contexte n’est parfaitement unifié. La nuance, c’est à la fois la richesse et la malédiction (« stop with the endless nuancing ! ») de notre tradition réformée, nous disait hier matin notre professeur dans le cours « Living Out Reformed Theology and Identity ».
Mais dans la pratique... ce n’est pas si compliqué. Comprendre le contexte de l’autre, ça se fait comme tout le reste dans l’écoute patiente et attentive. Quand j’écoute Lia, j’apprends la façon dont on peut penser sa vie et sa relation aux autres en pensant comment la nature se comporte. « Regarde ce ruisseau qui sort d’un tuyau dans la terre pour alimenter la rizière ! Tu peux penser comme ça ! » Et puis en marchant dans la rue, en croisant le regard des gens, on échange un sourire. Ca fait partie du contexte : ici, on peut se sourire pour dire « je t’ai vu, je te vois en train de mener ta vie, bon chemin ! » Le contexte, comme la foi, ne dépend pas des dogmes. On en hérite, on ne le possède pas, on ne l’enferme pas dans des lois, mais on en vit, d’une certaine manière.
Dans la langue indonésienne (langue commune du pays qui en compte des centaines), c’est le contexte qui permet de comprendre : les verbes ne se conjuguent pas, et parfois le genre ne se dit pas non plus. Il s’agit de faire attention à ce que pense l’autre et il y a toujours la possibilité de ne pas se comprendre. C’est un jeu risqué. Si on ne se comprend pas, m’explique un ami indonésien, ça peut mener à une « guerre froide », chacun se sentant incompris. Mais c’est aussi une langue où on rit beaucoup, où on se moque gentiment de l’autre et de soi. C’est frustrant pour moi de ne pas pouvoir vous la faire entendre ! Cette sonorité me manquera. Il faudrait apprendre la langue – et pourquoi pas – pour commencer à entrer un peu dans ce contexte.
Bon, en attendant, on écrit : nous sommes plusieurs à tenir à un blog (voir les liens dans la colonne de droite), plusieurs à entretenir une correspondance avec « the folks at home » ou à tenir un journal ; certains aussi qui n’ont jamais le temps de le faire ont pris la plume pour se souvenir plus tard. Ca en fait, des mots... Ce matin, nous avons aussi partagé des « signes d’espoir » : chacun était appelé à lire une lettre évoquant ce qui, dans son propre contexte, lui semblait devoir témoigner d’un espoir pour l’avenir. Justice, égalité, dialogue, sens de la communauté, réconciliation, service et hospitalité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion... nous avons bien des choses en commun dans ce que nous espérons pour nos Églises et nos cultures.
J’ai pensé aux signes d’espoir que j’ai pu rencontrer ces deux dernières années à l’IPT et ailleurs. Et ce qui m’a semblé le plus sensé, c’était de partager cette confession de foi qu’une toute petite poignée de « jeunes » théologiens a écrite l’été dernier – tous différents, en dialogue, pleins d’espoir. Pour l’occasion je l’ai traduite en anglais (allons, ça ne vous tuera pas de la lire en anglais ! Mais vous trouverez l’original ici, clic). C’est à la fois un point d’arrivée et un point de départ. Bereshit...


We believe that God is present in our lives. We believe that he gathers us together and that he manifests himself where we don’t expect him, in the unexpected occasions of life. We believe that he also manifests himself where we have long expected him, in an unexpected manner and unexpected ways. We believe that he can never be imprisoned within an institution or a definition. We believe that he makes us free and that his hand picks us up when he have fallen. We believe that he gives us the strength to act and to change the world.
We believe that Jesus-Christ comes to us on the path of life. We believe that we are walking in his presence. We believe that he is talking to us and answering us, in the present moment of our life.
We believe that the Spirit is breathing God’s presence in our frailties and in the beauty of our days. We believe that he guides us in the world God created for us and where we are living until the novelty of the Kingdom.
We believe that salvation is for all, without distinction. We believe that in the very middle of this life, which is so beautiful and so complicated, salvation is announced as a promise. We believe that this good news gives every human an irrevocable dignity and the courage to live, from the first breath to the last.
Amen



1 commentaire:

cristof a dit…

La confession de l'erf on tour , je l'ai encore utilisée... au culte de Bagnols ...elle a bcp plu. J'ai laissé des copies (on me les a demandés).Je pense qu'elle circulera, peut être.