Hier on parlait des commencements. On a aussi parlé au GIT, ces
jours-ci, des fins. Le salut, c’est quoi ? Pour les
contemporains de Calvin, on imagine que ça devait aller de soi.
Echapper à l’enfer. Gagner son paradis. Mais aujourd’hui ?
Comment dire le salut aujourd’hui ? Qu’est-ce que ça
signifie au juste ? Nous étions une dizaine ; tous
théologiens, pasteurs pour la plupart. Et pourtant nous avons eu la
surprise, dans la liberté de parole qui a caractérisé nos
échanges, de constater que nous ne savions pas... Nous avons une
idée, pour nous-mêmes, de ce que ça peut signifier. On peut
évoquer notre espoir que le salut est pour tous. Mais c’est comme
si c’était un point aveugle de nos théologies respectives –
nous n’abordons la question qu’avec prudence. La systématique ne
rejoint pas l’existentiel (pardon pour les gros mots!). C’est
quoi, le salut, pour vous ?
Le salut, le jugement et la grâce, on en a parlé ailleurs et je ne
compte pas y revenir ici. Ca fait partie des questions que je
ramènerai.
Ce matin, c’était picture time pour tout le monde, puis
tout le monde ou presque a embarqué dans un taxi pour aller qui
faire ses dernières emplettes de batik, qui visiter une fabrique de
bijoux en argent, qui simplement faire un tour à pied avant qu’il
ne fasse trop chaud. Je crois que cet après-midi, un tour à la
plage est prévu, et demain ce sera le zoo. Il ne reste plus dans le
dorm que quelques isolés, sous le relais du modem, ou la
guitare à la main, ou simplement assis sur les marches à penser à
autre chose. C’est un vrai soulagement que les cours soient finis.
Ca a été très intensif en terme de temps, et le travail en commun
pour les presentations de fin de cours a exigé une certaine
énergie. C’est parfois difficile d’élaborer une œuvre commune
quand on a des théologies vraiment divergentes et des aptitudes
différentes face à la langue anglaise. Mais au bout du bout, chacun
a pu mettre la main à la pâte.
Sur l’announcement board, il y a un « 02 » sur
l’affichette « days left of the GIT 2012 ». Les groupes
de discussion se sont réunis une dernière fois pour un bilan.
Qu’est-ce qu’il faudrait changer pour la prochaine fois ?
(ce sera dans deux ans en Amérique latine) En regardant autour de
moi chacun de ces visages devenus familiers, je pense à ces quelques
minutes ou ces longues heures de conversation avec l’un ou l’autre,
ou au simple sourire échangé. Et je sais qu’à un moment ou à un
autre, nous avons été Christ l’un pour l’autre.
Alors je repense à Luther, et je me dis qu’en étant ensemble
ainsi, par-delà le prétexte du travail académique, ce que nous
avons pu vivre c’était de protester pour. Pour l’espoir
d’une vie possible dans ce monde, pour l’amitié et la fraternité
(gandong en indonésien), pour la simplicité de la rencontre.
On passe notre vie à protester contre, ici aussi d’ailleurs,
contre la pauvreté, l’injustice, les inégalités, la désunion,
la guerre et la famine. Et alors ? C’est ça qu’on est
supposés faire ? Non ! On est supposés annoncer une bonne
nouvelle, pas lutter contre les mauvaises. Et ma bonne nouvelle elle
est là. Je proteste pour, avec tout ceux qui sont ici, et
bientôt de retour en France, avec tout ceux qui seront là-bas.
Salut !
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