lundi 11 juin 2012

Jour 4 - En contexte


Une affiche au réfectoire :
publicité au deuxième degré
 ou détournement ? 

Hier soir, dimanche, nous avons été reçus officiellement à l’université chrétienne Duta Wacana, avec une liturgie du repas partagé créée par un professeur mennonite spécialiste de la théologie contextuelle : danses de Java, orchestre traditionnel et en guise de pain et de vin, un gâteau de riz et de soja et du thé au gingembre et au miel. Cela nous plonge directement dans le bain : le contexte, ici, prend tout son sens comme catégorie théologique. Sur la cinquantaine d’étudiants que nous sommes, une quarantaine de nationalités sont représentées, ce qui signifie que sur un sujet donné, notre interprétation des questions posées peut être radicalement différente. On l’avait déjà constaté dans les conversations informelles, on le retrouve dans les cours qui ont commencé ce matin. Parler de la mission, par exemple, n’a pas du tout le même sens quand on vit en Inde du Nord, dans l’Est de l’Indonésie, dans une communauté rurale du Canada ou dans les faubourgs de Johannesburg. Quant à la France, il a bien fallu que j’explique quelques finesses de la laïcité à la française et ça n’est pas exactement simple ! Du coup, tout le monde est déplacé dans ses a priori. Si l’impératif missionnaire est le même pour tous, la signification pratique de l’enjeu missionnaire prend une tout autre dimension quand on commence à réfléchir à ce que ça signifie dans une culture donnée, une communauté donnée, pour des Églises qui ont des histoires différentes. Pour certains d’entre nous, être chrétien est un danger. Pour d’autres, il faut réfléchir à redonner un contenu à la signification de la Bonne Nouvelle dans un contexte entièrement sécularisé. Pour d’autres encore, la mission c’est d’abord et avant tout œuvrer à la réconciliation. 
Ceci me rappelle l’exercice auquel nous nous sommes livrés il n’y a pas si longtemps à l’IPT Montpellier : poser la question « et pour vous, la Bonne Nouvelle, c’est quoi ? ». Au fond, on en revient quel que soit le contexte à des questions centrales : l’identité, le témoignage, l’hospitalité.
Sinon, deux chocs pour moi aujourd’hui : le premier ce matin au temps cultuel, où ce sont des chants de Taizé qui ont été chantés... et je crois bien que la majorité des personnes présentes non seulement les connaissaient, mais savaient ce qu’était Taizé ! Le deuxième choc fut de constater que quelle que soit notre culture d’origine, nous avions tous les mêmes questions à propos de la théologie de Calvin (sujet du premier cours de la journée). Il ne serait pas un peu strict, des fois ? Et cet homme qui a été brûlé ? Et la prédestination ? Ce sera toute la tâche du professeur que de nous présenter des aspects de sa théologie qui, aujourd’hui, ont une profonde signification sur ce que signifie la théologie réformée dans notre monde.
Ca ressemble à des cours ordinaires – mais quand un coq se met à chanter dans le champ d’à côté, j’ai l’impression étrange d’avoir quatre ans et des couettes comme quand j’allais à l’école du village. Et quand nous traversons la ville, dans le vieux bus de l’université, entre les foules de scooters, devant les échoppes minuscules qui vendent des Blackberry, des selles de scooter, des matelas ou des beignets, sous les immenses affiches publicitaires représentant des gens souriant de toutes leurs dents pour une raison inconnue, sous le ciel blanc de chaleur et d’humidité, au milieu du concert des nations de tous ces gens qui discutent en riant sur les banquettes en skaï, je ne sais pas exactement où je suis, mais les arbres centenaires de notre beau parc me semblent bien lointains...
Demain, l’aventure continue !

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