Une affiche au réfectoire : publicité au deuxième degré ou détournement ? |
Hier soir, dimanche, nous avons été
reçus officiellement à l’université chrétienne Duta Wacana,
avec une liturgie du repas partagé créée par un professeur
mennonite spécialiste de la théologie contextuelle : danses de
Java, orchestre traditionnel et en guise de pain et de vin, un gâteau
de riz et de soja et du thé au gingembre et au miel. Cela nous
plonge directement dans le bain : le contexte, ici, prend tout
son sens comme catégorie théologique. Sur la cinquantaine
d’étudiants que nous sommes, une quarantaine de nationalités sont
représentées, ce qui signifie que sur un sujet donné, notre
interprétation des questions posées peut être radicalement
différente. On l’avait déjà constaté dans les conversations
informelles, on le retrouve dans les cours qui ont commencé ce
matin. Parler de la mission, par exemple, n’a pas du tout le même
sens quand on vit en Inde du Nord, dans l’Est de l’Indonésie,
dans une communauté rurale du Canada ou dans les faubourgs de
Johannesburg. Quant à la France, il a bien fallu que j’explique
quelques finesses de la laïcité à la française et ça n’est pas
exactement simple ! Du coup, tout le monde est déplacé dans
ses a priori. Si l’impératif missionnaire est le même pour tous,
la signification pratique de l’enjeu missionnaire prend une tout
autre dimension quand on commence à réfléchir à ce que ça
signifie dans une culture donnée, une communauté donnée, pour des
Églises qui ont des histoires différentes. Pour certains d’entre
nous, être chrétien est un danger. Pour d’autres, il faut
réfléchir à redonner un contenu à la signification de la Bonne
Nouvelle dans un contexte entièrement sécularisé. Pour d’autres
encore, la mission c’est d’abord et avant tout œuvrer à la
réconciliation.
Ceci me rappelle l’exercice auquel
nous nous sommes livrés il n’y a pas si longtemps à l’IPT
Montpellier : poser la question « et pour vous, la Bonne
Nouvelle, c’est quoi ? ». Au fond, on en revient quel
que soit le contexte à des questions centrales : l’identité,
le témoignage, l’hospitalité.
Sinon, deux chocs pour moi
aujourd’hui : le premier ce matin au temps cultuel, où ce
sont des chants de Taizé qui ont été chantés... et je crois bien
que la majorité des personnes présentes non seulement les
connaissaient, mais savaient ce qu’était Taizé ! Le deuxième
choc fut de constater que quelle que soit notre culture d’origine,
nous avions tous les mêmes questions à propos de la théologie de
Calvin (sujet du premier cours de la journée). Il ne serait pas un
peu strict, des fois ? Et cet homme qui a été brûlé ?
Et la prédestination ? Ce sera toute la tâche du professeur
que de nous présenter des aspects de sa théologie qui, aujourd’hui,
ont une profonde signification sur ce que signifie la théologie
réformée dans notre monde.
Ca ressemble à des cours ordinaires –
mais quand un coq se met à chanter dans le champ d’à côté, j’ai
l’impression étrange d’avoir quatre ans et des couettes comme quand j’allais à l’école du village. Et quand nous traversons la
ville, dans le vieux bus de l’université, entre les foules de
scooters, devant les échoppes minuscules qui vendent des Blackberry,
des selles de scooter, des matelas ou des beignets, sous les immenses
affiches publicitaires représentant des gens souriant de toutes
leurs dents pour une raison inconnue, sous le ciel blanc de chaleur
et d’humidité, au milieu du concert des nations de tous ces gens
qui discutent en riant sur les banquettes en skaï, je ne sais pas
exactement où je suis, mais les arbres centenaires de notre beau
parc me semblent bien lointains...
Demain, l’aventure continue !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire